TANNOY KENSINGTON Gold Reference Prestige Origine : Grande Bretagne
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TANNOY n’est pas une simple marque d’enceintes acoustiques (parmi d’autres), c’est une institution qui cultive la tradition, et qui, au fil des années, a su également s’ouvrir sur ère plus contemporaine. Les bases sont jetées dès 1920, et la marque a entrepris de développer des haut-parleurs au concept révolutionnaire marqué, entre autres, par la technologie coaxiale et le principe de chambre à compression. L’ébénisterie aux contours artistiques et plus généralement l’assemblage sont entièrement réalisés à la main – tradition oblige – en Grande Bretagne.Le modèle KESINGTON GOLD REFERENCE PRESTIGE qu’il m’a été donné de découvrir est équipé d’un de ces fameux haut-parleurs coaxial, ici un modèle de 25 cm de diamètre. Cette enceinte arbore une présentation très « british » que je qualifie même de vintage, de grande classe et qui tranche avec à peu près tout ce qui est produit à l’heure actuelle. Cette enceinte d’aspect plutôt massif adopte le principe de la charge bass-reflex. Ne cherchez pas un ou plusieurs évents de décompression classique en face avant ou arrière. Cette charge bass-reflex est confiée à deux évents laminaires verticaux très fins qui « strient » toute la façade avant de part et d’autre du haut-parleur donnant un effet de style fort sympathique à l’œil et surtout d’une efficacité à l’écoute redoutable autour de 30 Hz.Bien évidemment, l’élément principal est le fameux haut-parleur coaxial de 25 cm de diamètre qui intègre en son centre un « segment » à chambre de compression qui se termine par une section en forme de tulipe dédié au seul registre aigu. La membrane principale est en pulpe de cellulose avec suspension double rouleau en tissus. En périphérie, un joint spécifique a pour but de limiter les « effets de bord ». Le système d’aimants Alnico et le célèbre Tannoy Pepperpot WaveGuide ™ contribuent à l’efficacité de la directivité tant sur le plan horizontal que vertical. On retiendra que le circuit magnétique est un vecteur n’énergie puissant qui facilite l’expression et dope la rapidité et la dynamique de l’infra grave à l’extrême aigu.L’intérieur du somptueux coffret plaqué vrai bois est rempli de laine de roche afin de juguler les phénomènes liés aux ondes stationnaires et assurer l’amortissement nécessaire à l’équilibre général.Ces enceintes ont une particularité : elles sont en quelque sorte « paramétrables » : au bas de la face avant trône un tableau métallique massif plaqué or qui autorise le réglage de la courbe de réponse à partir de 1000 Hertz. L’utilisateur aura le choix du réglage de niveau général à -2 dB, – 4 dB, et – 6 dB dB par octave, et pourra ajuster à sa guise les fréquences comprise entre 5 kHz et 27 kHz selon l’agencement de la pièce d’écoute et des matériaux qui la garnissent. Ces réglages se feront manuellement et à « l’oreille » of course !TANNOY a soigné, comme il se doit, son bornier HP, mais à ma grande surprise celui-ci comporte un nombre impair de connecteurs. Nous trouvons quatre bornes pour une bi-amplification passive ou un bi-câblage éventuel, auquel s’ajoute une cinquième borne installée aux fins de décharger l’électricité statique qui se sera formée à la surface de la membrane du haut-parleur coaxial. Ces bornes vissantes autoriseront les fourches, un fil nu de forte section, et des fiches bananes. Cela est cossu, bien réalisé, et fait pour durer. |
ECOUTE :
Les tests d’écoute ont été effectués en auditorium avec le matériel suivant : amplificateur AIR TIGHT ATM 1 S – préamplificateur NAIM Nac 202 et bloc de puissance NAIM Nap 200, lecteur CD DCS Puccini, câbles de modulation ESPRIT Kappa et câbles HP ESPRIT Kappa et YBA Diamond.
CD utilisés : Requiem de Mozart par Karajan – » Kyrie » tiré de la » Misa Criolla » d’Ariel Ramirez – Double jeu par Laurent Korcia – Celtic Spectacular par Erich Kunzel – Suite Symphonique » Lieutenant Kué » de Serge Prokofiev – Dance Intro Internity par Omar Faruk Tekbilek – La Folia de la Spagna par Gregorio Panagua – Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Quiet Nights par Diana Krall – Air Varié d’après Colombi (école de Madène 17ème siècle) – » Stabat Mater » de Vivaldi sous la direction de Christopher Hogwood – Porgy and Bess de Gershwin / suite orchestrale dirigée par Franck Chacksfield, etc….
1° Découverte et premières observations
Par sa présentation atypique, en comparaison avec les enceintes acoustiques du moment, on ne peut pas dire que les Kensington Gold Référence Prestige passeront inaperçues ou laisseront insensibles. Sur le plan esthétique, on appréciera ou…..pas ! Ce modèle, à l’instar de ceux de la même série, a un style – oui, mais excusez du peu, quel style !
Derrière cette présentation typique de la tradition britannique en générale et propre à TANNOY en particulier, se cache une technologie qui apporte quelque chose de nouveau en matière de restitution musicale, et ce modèle surprendra sans nul doute davantage les mélomanes que les audiophiles. Associée aussi bien avec l’amplificateur AIR TIGHT ATM 1 S qu’avec l’ensemble NAIM Nac 202 et NAP 250, cette enceinte « rappelle à l’ordre » en quelque sorte pour nous dire que la musicalité de haut niveau n’est pas qu’une affaire de budget ou de technologie. On sent ici que TANNOY a réellement mis tout son savoir faire et a déployé tous les moyens nécessaires pour présenter une référence simplement musicale.
Vous prenez place dans un confortable fauteuil, vous tamisez votre éclairage ambiant, vous placez sur leurs sources respectives vos meilleurs CD ou meilleurs disques vinyles, vous fermez les yeux et vous vous laissez aller à déguster la musique comme peut-être vous ne l’avez jamais entendue. De prime abord, les Kensington Gold Référence Prestige semblent s’adapter à tous les styles qui leur sont confiés. Mais, elles font mieux que cela, elles vous transporteront carrément au cœur du lieu de la prise de son. En effet, qu’il s’agisse d’une prise de son en public, ou d’un studio d’enregistrement, ou encore d’une salle de concert, vous sentirez immédiatement l’endroit et les conditions de la prise de son, ou encore l’ambiance qui peut régner au cœur de la fosse d’orchestre d’un théâtre dont l’acoustique a été sérieusement pensée.
Sans apparaître ultra analytiques, ces enceintes acoustiques vont sans détours à l’essentiel : elles vous baignent immédiatement dans « climat musical » assez magique, authentique, grâce à l’excellente limpidité du message sonore. Mieux encore, ces enceintes établissent instantanément un lien de confiance entre l’auditeur et les interprètes – comment ? : c’est ce que je vais tenter de vous décrire dans les paragraphes qui suivent.
2° Timbres – équilibre général – transparence
Dire que les Kensington Gold Référence Prestige sont des enceintes totalement neutres ne serait pas exact. Dire que ces enceintes sont un peu caricaturales serait tout aussi inexact. Non, les Kensington Gold Référence Prestige jouent sur un registre assez différent de la concurrence, et à ce titre, je dirais qu’elles jouent plutôt la carte de la sensualité.
La bande passante subjective s’avère extrêmement étendue avec un registre aigu d’une extrême finesse, comme j’ai pu m’en rendre compte en écoutant l’album ‘’ Double jeu ‘’ de Laurent Korcia. Sur l’extrait ‘’ Minor Waltz ‘’, on a le sentiment que l’archet glisse littéralement sur les cordes du violon lui donnant ainsi une texture particulièrement douce et soyeuse, qui de surcroît file de manière haute et claire, tout en conservant les moindres inflexions et les infimes variations du « phrasé » mélodique. Le « son » du violon prend alors sa couleur boisée originale. En arrière plan, l’accompagnement de l’accordéon confirme une analyse sans faille et une richesse en harmoniques qui retiennent en permanence l’attention.
Nul besoin de tendre l’oreille, cette enceinte acoustique s’y entend pour fouiller le message sonore et extirper de la masse orchestrale une foule de substances qui montrent à quel point la transparence est l’un des points clef qui singularisent cette enceinte acoustique.
Avec « l’appui » du haut-parleur coaxial, le registre médium assure cette limpidité et une forme d’ouverture que l’on appréciera sur les petits détails qui illustrent la suite orchestrale » Porgy and Bess » de Gershwin dirigée par Franck Chacksfield. Les multiples interventions de la harpe viennent distinctement compléter les « nappes » de violons et de violoncelles, et le tintement d’un triangle éclatant vient égayer et enrichir une orchestration subtile à plus d’un titre, sur laquelle se superposent quelques notes de flûte traversière qui se veulent pour la circonstance aériennes.
Le registre grave, quant à lui, descend à des « valeurs » abyssales : 29 Hz, ça n’est pas rien et cela s’entend lorsque la situation le requiert. En outre, on appréciera le dessin charnu des percussions, la formidable verve d’une contrebasse sur ‘’ Valéria ‘’ ou d’une guitare basse, qui respectivement complètent la rythmique endiablée de certains albums de Tri-Yann et aussi Celtic Spectacular dirigé par Erich Kunzel. En tous cas, toute trace d’embonpoint ou de traînage sont proscrites.
Le registre grave se déploie vers le bas avec aisance, sans aucune limite subjective, donnant du « corps » à un grand nombre d’œuvres classiques ou contemporaines qui osent s’aventurer dans les « régions » voisines de l’infra grave.
La musicalité chatoyante ne nuit à aucun moment à l’équilibre général, car les TANNOY Kensington Gold Référence Prestige garantissent une formulation naturelle réellement très pertinente. On savourera les moments passés en compagnie de Diana Krall (Quiet Nights) où l’interprète nous livre une voix suave et sensuelle, bien documentée, où l’on distinguera sans peine chaque l’articulation de chaque mot, chaque reprise de souffle. Le fond orchestrale n’est jamais relégué aux oubliettes, et les plus attentifs pourront déguster le jeu de piano, le fret d’une succession d’accords de guitares acoustiques avec un plaisir, qui je l’espère, sera partagé.
3° Présence – réactivité – scène sonore
Sur le plan comportemental, les « belles » se fondent dans le paysage orchestral au point que l’on en vient carrément à en oublier la présence du système musical. En quelques instants, on perçoit une musicalité que je qualifierais de « confortable » qui vous met en présence d’une restitution à la fois dynamique, mais qui reste mesurée. Le ‘’ Requiem de Mozart ‘’ traduit parfaitement l’état d’esprit souhaité par les concepteurs de cette enceinte acoustique : c’est le strict respect de la partition, si je puis m’exprimer ainsi, qui ressort de cette première série d’écoutes. On ressent aisément l’agilité dont sont capables ces enceintes acoustiques, et on entend distinctement les moindres inflexions de la voix de la soliste Maria Stader ainsi que celle des chœurs qui l’accompagnent. Dans le même esprit, l’orchestration se devait d’être magistrale et puissance : assurément, elles le sont !
Les montées en puissance s’effectuent de manière logique et coordonnée sans l’ombre d’une hésitation avec un côté majestueux qui met en valeur les cuivres, les cordes, les chœurs avec un remarquable contraste. Les percussions sont reproduites avec une matérialisation peu commune : le contact entre le maillet (utilisé pour frapper les percussions) et la peau des timbales est absolument déconcertant et laisse même perplexe. Le détourage et la « propreté » de ces impacts m’ont réellement interpelé. J’ai retrouvé la même sensation à l’écoute du ‘’ Kyrié ‘’ tiré de la ‘’ Misa Criolla ‘’ d’Ariel Ramirez, où le contact est à la fois franc et feutré.
L’écoute de ‘’ Valéria ‘’ interprété par Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida revêt quelque chose de rythmé, gai, et vivant. En tout premier lieu, le « contenu » du jeu de piano reflète bien l’agilité déjà mentionnée ci-avant, mais sa dimension dans la pièce d’écoute apparaît vraisemblable par sa dimension. Chaque note de piano donne encore beaucoup de sens à la partition : ici encore les impacts et le poids sont savamment dosées. La réactivité est instantanée et aucune trace de traînage n’est à relever. A ce titre, le jeu de contrebasse avec son suivi mélodique sont d’une rectitude à citer en exemple. On ressent aisément la façon dont le contrebassiste plaque les doigts de sa main gauche pour obtenir les bons accords, et le pincement des doigts de la main droite sur les cordes nous permet de juger de la dextérité avec laquelle il travaille avec son instrument : prodigieux !
Placées à une distance acceptable de l’auditeur, la scène sonore s’illustre par une ampleur de bonne dimension, mais l’auditeur prendra soin d’être bien placé dans l’axe d’écoute afin de bénéficier pleinement des effets stéréophoniques, et des informations qui émanent du centre de la scène sonore. Cela sous-entend qu’il faille positionner correctement les enceintes et le fauteuil d’écoute pour savourer l’énorme potentiel musical que sont capables de fournir ces enceintes. Si ces quelques précautions sont prises, les TANNOY Kensington Gold Référence Prestige vous surprendront à plus d’un titre.
En dépit d’un haut-parleur unique, je dois me résoudre à admettre que l’étagement des plans est réellement convainquant. Le contraste entre les instruments de premier, de second ou de troisième rang nous met en face d’une mise en scène orchestrale aérée, bien structurée, où chaque instrument trouve sa place et peut s’exprimer sans contrainte ou effets de tassement. De fait, le détourage des instruments et voix s’en trouve renforcé.
4° Communication avec l’auditeur
En ce qui concerne la communication avec l’auditeur, les TANNOY créent un véritable dialogue entre les interprètes et les auditeurs. Ce « monument » de l’acoustique britannique a le réel pouvoir de communiquer aux véritables mélomanes des impressions, des styles artistiques, et les profondes convictions qui ont stimulé les musiciens et chanteurs / choristes à donner le meilleur de leur art musical.
A titre personnel, j’ai passé de merveilleux instants en compagnie de Serge Prokofiev au travers de la Suite Symphonique » Lieutenant Kué « , où j’ai pu me régaler de la qualité d’interprétation, la qualité de la prise de son, et du talent du compositeur. Les instruments à cordes, les cuivres, sonnent de manière tellement authentique que l’on se demande si l’orchestre n’est pas présent dans la pièce d’écoute. Les fins arpège de harpe classique, la beauté du jeu de basson, doublés de quelques notes de flûte traversière accentuent davantage la « physionomie » naturelle et renforce cette présence qui finit par vous attacher à la musique.
» Dance Intro Internity » par Omar Faruk Tekbilek révèle à son tour à quel point cette enceinte est en capacité de toucher les auditeurs et de réveiller leur sensibilité à une culture musicale qu’ils n’auraient peut-être pas soupçonnée. Certains extraits vous transporteront vers des univers musicaux bien différents de vos (nos) conditions habituelles, et il se passe dans la pièce d’écoute des « parfums » insolites. Le nombre incalculable de variations qui illustre cet album se traduisent à coups sûr par de véritables frissons de plaisir et des moments intenses d’émotion. Rien ne semble arrêter les TANNOY Kensington Gold Référence Prestige, même si l’aspect quelque peu romantique et légèrement chaleureux (ce n’est d’ailleurs pas un défaut) donnera beaucoup de charme et une âme à toute forme d’expression musicale.
Conclusion :
Les enceintes acoustiques TANNOY Kensington Gold Référence Prestige sont le fruit d’un savoir faire incontestable de près de 70 ans d’existence. Le principe du haut-parleur coaxial et de la chambre de compression montrent ici leur efficacité incontestable. Stoïques, réactives, généreuses, et pourquoi ne pas le dire attachantes, ces enceintes sont fascinantes à écouter. Faciles à mettre en œuvre, on pourra les associer à des électroniques à tubes comme à transistors de puissance moyenne, voire faible. Les électroniques AIR TIGHT et NAIM (entre autres) seront des partenaires de premier ordre.
Cotations : |
Musicalité : réaliste, naturelle
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Prix : 13 500 € (11/2014)
Test d’écoute réalisé par
Lionel Schmitt