Origine : Japon
Fabrication : Chine
Amplificateur intégré – lecteur CD – tuner – lecteur réseau
Puissance : 2 x 40 watts / 8 ohms
Puissance : 2 x 60 watts / 6 ohms
Réponse en fréquence (entrée analogique) : 5 Hz – 22 kHz
Rapport signal/bruit : 90 dB
Distorsion : 0,10 %
1 Entrée analogique
1 Sortie ligne analogique
1 Sortie caisson de grave
2 Entrées numériques S/PDIF optique
2 Entrées numériques USB dont 1 en façade
1 Prise RJ-45 Ethernet
1 Sortie casque jack 6,35 en façade
Il faut bien vivre avec son temps et se rendre à l’évidence, la mode actuelle consiste à s’équiper d’un produit « tout-en-un » qui regroupe une foule de fonctionnalités. Nous en trouvons à tous les prix et dans des gammes aussi diverses que variées. Bien que, jusqu’ici, je n’ai pas particulièrement eu l’envie de me pencher sérieusement sur la question, je n’ai pas souhaité occulter totalement cette catégorie de produits qui semble intéresser un grand nombre d’audiophiles. L’opportunité m’ayant été donné d’auditer les M-CR 511 et M-CR 611 de la gamme Melody MARANTZ, j’ai choisi de partager avec vous mes impressions face à ce produit qui remporte un beau succès commercial et me faire une idée précise de ce que pouvait apporter musicalement un tel « objet ».
Le M-CR 611 étant déjà bien connu du « grand public », je ne vais pas m’étendre sur ses nombreuses possibilités car il est capable d’exploiter à peu près tous les supports grâce à sa connectivité étendue et sa « carte numérique » qui prend en charge Spotify Connect, ainsi qu’un éventail d’autres médias numériques et de fonctionnalités de lecture dont le lecteur CD intégré au seul format 16 bits / 44,1 kHz (pas SACD). En outre, il permet la lecture de bibliothèques musicales stockées sur un NAS (serveur de stockage en réseau) ou un ordinateur et l’accès à des milliers de stations de radio Internet et prend même en charge Apple AirPlay. Enfin, le M-CR611 est également compatible ALAC, ainsi que WAV haute résolution 192 kHz/24 bits, FLAC, les fichiers AIFF, les fichiers DSD 2.8MHz et la lecture sans interruption.
L’ensemble des éléments mécaniques, alimentation, et électroniques à « haut coefficient d’intégration » sont contenus au sein d’un mignon boîtier très compact à la finition, il faut le souligner, un peu « clinquante » imitation aluminium brossé. Le constructeur propose différents coloris : noir, argent, noir et argent.
La face avant disponible en plusieurs coloris regroupe les fonctions principales et accueille un prise casque et un port USB. L’ensemble des fonctionnalités et réglages sont pris aussi en charge par la télécommande.
La face arrière est plutôt bien garnie……en entrées numériques seulement. La section analogique se limite à une entrée RCA Ligne et une sortie pour un caisson de grave complétée d’une sortie ligne à niveau fixe. Fidèle à sa tradition, MARANTZ a cru bon de doubler ses borniers HP afin de permettre l’utilisation de deux paires d’enceintes acoustiques ou d’avoir recours au bi-câblage. On regrettera cependant une prise secteur qui, à défaut d’être prisonnière du boîtier interdira l’utilisation d’un bon câble secteur muni d’une prise IEC.
Ecoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués en auditorium, et dans diverses configurations personnelles. Ont été utilisées les enceintes acoustique suivantes : DAVIS Acoustics Vinci Héritage, FOCAL Chorus 726 et Aria, B&W 683 S2 et 685 S2, et PEL Kantor.
Des tests complémentaires ont été réalisés avec un lecteur CD séparés YBA Classic Player 3, préamplificateur phono MOON 310 LP et câble secteur ESPRIT Alpha, platine REGA RP8 & cellule MC REGA Ania.
Câbles HP basiques, DIY, et ESPRIT Aura. Câbles de modulation sources / MC-R611 : ESPRIT Beta et VAN DEN HUL The Orchid.
Pour l’alimentation secteur : barrettes simples et barrette FURUTECH F-TP 615, câble secteur G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque.
Extraits dématérialisés : La Folia de Gregorio Paniagua – Marquises de Jacques Brel – « Prodiges » par Camille Berthollet – Jungle par Emma Louise – Quiet Nights par Diana Krall – Doubles Jeux par Laurent Korcia – « Cinéma » par Laurent Korcia – Titanic : B.O. du film, etc…
CD sélectionnés : Requiem de Mozart ~ Direction Herbert Von Karajan – CD test Naim Sampler N°6 – Stéréo Concert Séries Decca Phase 4 – « Ainsi parlait Zarathoustra » de Richard Strauss ~ Direction Lorin Maazel – La Folia de Gregorio Paniagua – Quiet Nights par Diana Krall – Collaboration par le Modern Jazz Quartet with Laurindo Elmeida – Portrait de Tri Yann – Jazz på svenska par Jan Johansson – Sirba Orchestra – Meedle de Pink Floyd – « Prodiges » par Camille Berthollet – Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach dirigé par Léopold Stokowski – Dance into Eternity par Omar Faruk Tekbilek – Marquises de Jacques Brel, etc…
Vinyles sélectionnés : Vaisseau de Pierre de Tri Yann – Concertos Brandebourgeois 1-2-3 de Jean-Sébastien Bach ~ Direction – Marquises de Jacques Brel – Barry Lindon : B.O. du film – Molière : B.O. du film – A Mémorial of Glenn Miller – Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach par Marie-Claire Alain aux grandes orgues – Crucifixus par Jean-Christian Michel – Quiet Nights par Diana Krall – Time Favorite Melodies of Japan – Quiet Nights par Diana Krall – « The Complete » par Mike Oldfield – « Jalousie » par Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli, etc…
Approche musicale et impressions d’ensemble
Globalement, la première approche se montre séduisante avec une grande part de flatterie. En effet, la philosophie musicale propre MARANTZ ressort plus ou moins en fonction notamment des enceintes connectées. Dans une petite pièce d’écoute et avec des enceintes acoustiques de rendement moyen, il serait mesquin de bouder le comportement relativement généreux du M-CR611. Qu’il s’agisse de musiques au format dématérialisé, de la radio DAB, ou de la section CD intégrée, on pourra être agréablement séduit par les « possibilités » musicales de ce « petit » produit. Il ne faut cependant pas en attendre des miracles, si on recherche la fidélité ultime !
Dans les grandes lignes, la musique s’écoule paisiblement avec la fluidité qui caractérise depuis longtemps (toujours) les produits MARANTZ. Sans paraître d’une richesse extraordinaire, le M-CR611 tient certaines promesses. J’ai cependant eu extrêmement de mal à cerner les registre médium / aigu dont le comportement m’a quelque peu destabilisé. Le côté homogène et linéaire est aléatoire, et les différences sont bien plus importantes qu’avec des amplificateurs intégrés de marques et de classes différentes – j’y inclus les électroniques MARANTZ.
La sortie casque, quant à elle, n’offre pas réellement des performances que je qualifie d’abouties. Quelque soit le « support » utilisé, la musicalité affiche une texture plutôt monotone, pour ne pas dire quelconque.
Couleur des timbres
Je dois avouer que pour moi, il a été assez fastidieux de cerner et de me forger une opinion tranchée sur la couleur des timbres, et plus précisément sur les fréquences médium et le haut du spectre. D’une paire d’enceintes acoustiques à l’autre, j’ai obtenu des résultats très opposés qui prennent des traits de caractère parfois décharnés, voir agressifs et qui peuvent aussi aboutir sur une forme de reproduction terne et plate, manquant de « peps » comme on dit. L’absence de grain fait souvent défaut et c’est bien regrettable sur des extraits musicaux de haute qualité. Si les violons filent haut, si les cymbales « frétillent », si les cuivres sonnent de manière suffisamment rutilante, j’ai tout de même eu la sensation d’une forme de limite ou de simplification du message musical. Le choix des câbles HP joue un rôle relativement limité. Aussi, j’en déduits que l’on a pas intérêt à utiliser des câbles trop « sophistiqués » pour assurer un équilibre subjectif totalement satisfaisant.
En ce qui concerne le « traitement » des basses fréquences, je n’irais pas par quatre chemins : le MC-R611 se singularise par des airs de « faux-semblants ». Le registre grave montre clairement ses limites à tous points de vue; la présence d’un filtre ajustable à 40 Hz, 60 Hz, 80 Hz ou 100 Hz n’étant pas d’un grand secours. Selon les enceintes acoustiques et les câbles HP utilisés, le suivi des notes de guitare basse ou de contrebasse m’est apparu totalement aléatoire. Sur certains enregistrements dématérialisés « haute définition », on obtient parfois une lisibilité acceptable, sans être exceptionnelle pour autant. Dans la majorité des cas, en lecture CD intégrée, c’est un peu le flou artistique qui prédomine .
Définition – transparence
A défaut de travailler efficacement sur un détourage des instruments et des voix « aiguisé », j’ai été assez surpris de constater qu’avec les enceintes acoustiques B&W, DAVIS Acoustics, et PE LEON, ce « combiné » affichait une transparence non dénuée d’intérêt. Certes, le MC-R611 ne va pas fouiller le creux de « chaque sillon » jusqu’à en extraire d’infimes substances. Un certain nombre de nuances passent même inaperçues. Toutefois, et c’est ça le paradoxe, certaines fréquences laissent passer un bon nombre d’informations qui rendent l’écoute agréable, voir fruitée, à défaut d’être totalement limpide. La notion d’ouverture suscite des interrogations tout comme le manque de lisibilité, notamment sur les fréquences bas médium / graves. Globalement, « la finition d’ensemble » m’a laissé un goût amère sur des extraits classiques ou plus contemporains, quelque soit le « support » d’enregistrement.
Soyons, cependant objectif, nous obtenons une meilleure définition sur des enregistrements en mode dématérialisé – le section CD intégrée n’étant pas totalement « optimale » et convaincante dans cette série de tests.
Dynamique – réactivité – rigueur
Sur ce point précis, j’ai réellement eu l’impression que la section amplificatrice arrivait rapidement à bout de souffle. J’ai eu le sentiment que l’alimentation, sur laquelle nous n’avons d’ailleurs aucune information, a été réalisée avec « légèreté ». Les grands écarts de dynamique manquent un tantinet de réactivité, notamment à moyen et fort niveau d’écoute. Le changement d’environnement et d’enceintes acoustiques ne modifie pas réellement le « comportement » de l’appareil. La stabilité est à remettre en question lorsque le message musical s’avère complexe et ou chargé. Sur One of these Days extrait de l’album Meedle de Pink Floyd, le punch se fait cruellement attendre : nous assistons à une sorte de retenue qui freine l’entrain de ce morceau « endiablé ».
Les grandes orchestrations plus classiques, tels que le Requiem de Mozart, manquent également de « flexibilité ». Elles ne brillent pas par le panache habituellement procuré avec des électroniques, certes plus ambitieuses et couteuses, mais aussi face à des amplificateurs intégrés de début / milieu de gamme et qui revendiquent une vocation, disons….. plus audiophile.
Scène sonore
Peu importe les enceintes acoustiques connectées, je définirais la scène sonore suffisamment ample pour être crédible et affirmer la présence des musiciens dans la pièce d’écoute. Dans les trois environnements (tous différents), je n’emets pas de réserves particulières à porter au passif de cet appareil. Cependant, il n’y a pas de miracles à attendre d’une éventuelle structuration en trois dimensions de l’espace sonore doublée de contrastes hyper marqués.
Par ailleurs, ce « système intégré » vous assurera une excellente séparation des canaux et une aération de la scène sonore relativement convaincante en regard de la classe à laquelle appartient le MC-R611. Je relève tout de même comme un vide entre les enceintes; cela est probablement du à la focalisation un peu trop prononcée sur chaque canal; une forme d’artifice qui joue cependant favorablement en faveur des effets stéréophoniques plutôt bien marqués, qui induisent « gestion » de la diaphonie très correcte.
Pouvoir d’expression et communication avec l’auditeur
Il n’est peut-être nécessaire de perdre son temps, comme je l’ai fait, en opérant des tests « tordus » avec une platine vinyle, une cellule, un préamplificateur phono destinés à rejoindre des systèmes plus ambitieux. L’exercice avec un lecteur CD de référence n’a pas réellement d’objet non plus.
En qualité d’amplificateur, le MARANTZ M-CR611 ne brille pas par une générosité démesurée pour tout ce qui a trait à la notion d’émotions. J’émets donc des réserves relatives à son comportement quelque peu « anémique » qui bride assez singulièrement l’expression des enregistrements à consonance vivante. Les limites de l’expression nuisent à la spontanéité et à la vivacité attendue.
Aussi, en terme d’émotions pures, le compte n’y est pas réellement. Des vocaux de Diana Krall en passant par le Requiem de Mozart, j’ai senti qu’il manquait beaucoup de choses en matière d’expressivité : une sorte de retenue, plus ou moins prononcée selon les enceintes acoustiques associées et / ou le support d’enregistrement (CD intégré, lecteur CD séparé, platine vinyle, « support dématérialisé »).
Les « moments magiques » rencontrés habituellement au travers de La Folia de Gregorio Paniagua ou Marquises de Jacques Brel, pour ne citer que ceux là, passent totalement à la trappe, au profit d’une musicalité un peu « pâle » et en manque de chaleur humaine. L’aspect « organique » d’un bon nombre d’instruments et la gestion des harmoniques simplifiée ne rendent pas toujours l’écoute « attachante ».
Conclusion :
A tout dire, dans la globalité, je reste un peu dubitatif face aux prestations musicales de ce combiné. Tout séduisant qu’il puisse paraître, je pense que ce système ne pourra malheureusement pas rejoindre le rang des produits haute fidélité les plus « aboutis ». Pourtant, pratique à utiliser, éclectique à souhait dans ses fonctions, le MC-R611 offre une musicalité acceptable, sans être exceptionnelle non plus.
A mon sens, le MC-R611 devra, avant tout, être considéré comme un « produit d’appoint », un second système, à qui nous devons reconnaître tout de même quelques qualités musicales qui pourront satisfaire un nombre importants de « clients » dont le budget est restreint. Dans le même esprit, le MC-R611 peut être un produit destiné, qui sait, à faire vos premiers pas dans le monde de la haute fidélité.
Prix : 699 € (10/2018)