Les accessoires audio sont souvent sujets à caution. Il y a des produits exotiques dont l’efficacité n’a pas été démontrée et puis il y a tous ceux qui ne croient pas en leur efficacité. Avec tout ça, il est compliqué d’y voir clair.
Lorsqu’il s’agit d’aborder le sujet de la platine vinyle, c’est encore plus délicat. Cela dépend de la platine, de son bras, de la cellule, de la section phono et plus généralement du système audio dans son ensemble. Sans compter l’environnement : la pièce d’écoute, le support de la platine.
Une fois, qu’il a été admis que la lecture des disques vinyles requiert une attention particulière, il est bien légitime de savoir quel accessoire sera le plus efficace pour « ma » platine, corriger ses éventuels défauts et surtout ceux du disque lui-même.
Figurez-vous que le constructeur Néo-Zélandais THE WAND s’est posé la même question. Ce manufacturier, spécialisé dans la conception de bras, de platines vinyles et préamplificateurs phono, a mis au point deux produits complémentaires, au demeurant parfaitement dissociables : un couvre-plateau et un palet presseur / stabilisateur.
Le couvre-plateau The Wand Mat est constitué d’une fine couche de fibre de carbone, choisie pour sa capacité à dissiper les vibrations tout en correspondant acoustiquement au disque posé dessus. La logique des fentes dans le couvre-plateau est destinée à briser tous les modes vibratoires de l’objet lui-même.
Elles sont également utiles pour « contenir » ces vibrations dans une poche où elles se dégradent lorsqu’elles sont éloignées du stylet.
La nature mince du tapis Wand Mat lui permet d’être utilisé sans altérer les paramètres VTA (Vertical Tracking Angle) du bras de lecture, et ne nécessite aucune correction des différents angles.
Le palet presseur / stabilisateur The Wand Weight est le fruit d’une collaboration entre entre Gary Koh de Genesis Advanced Technologies et de Simon Brown de The Wand. De nombreux essais et expérimentations ont conduit à l’élimination des perturbations des modes de vibrations du microsillon en implémentant des points de contact avec le disque de façon pas totalement symétrique.
Bien entendu, The Weight prend en compte les trois lois universelles du mouvement. Le concepteur a tenu compte d’une certaine forme de déformation avec le temps des disques vinyles.
Ce palet presseur a pour objectif de stabiliser et à améliorer la cohérence d’un disque en rotation et à réduire les vibrations et la distorsion due à la déformation du disque vinyle. C’est donc le poids et la force supplémentaires qui peuvent corriger tout ou partie de ce défaut lié à l’outrage du temps.
Le corps de « l’objet » est méticuleusement usiné dans le bronze massif. Son poids est de 600 grammes. L’originalité est qu’il repose sur trois billes de matériaux différents placées dans des emplacements bien déterminés pour exercer une force d’appui idéale, en pressant le disque sur le plateau pour parfaire la stabilité de celui-ci et le rendre sa surface la plus plane possible.
Ce banc d’essai a pu se réaliser, grâce au distributeur Rhapsody HIFI, qui a mis ces accessoires à ma disposition pendant trois semaine afin de pouvoir réaliser cette analyse et vous faire partager mes impressions.
Écoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués à domicile avec les éléments suivants :
– Platine vinyle REGA RP 8 & cellule REGA MC Ania
– Préamplificateur phono MOON 310 LP Mk2
– Accessoire : brosse dépoussiérage / antistatique ANALOG Relax AR-ASAB1
– Préamplificateur YBA Classic 3 Delta & bloc de puissance YBA 3 Delta / double transformateur 2 x 400 VA
– Enceintes acoustiques PE LEON Kantor
– Câbles de modulation ESPRIT Beta, YBA Glass, VAN DEN HUL the Orchid
– Câbles HP YBA Diamond
Pour l’alimentation secteur : filtre secteur LAB12 Gordian & cable de tête Knack Mk2, barrette FURUTECH F-TP 615 et ESPRIT Volta, câble secteur de tête FURUTECH G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque. Câbles secteur ESPRIT Celesta & Eterna.
Vinyles sélectionnés : Barry Lyndon ~ bande originale du film Vivaldi – Concertos pour guitare & mandoline ~ Direction : Paul Kuentz – Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield – Soul Bossa Nova ~ Quincy Jones – Ted Heath Salutes Benny Goodman – Nameless & Stay Tuned ~ Dominique Fils-Aimé – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – The Secret of Climbing ~ Stephen Fearing – Barry Lyndon ~ bande originale du film – La découverte ou l’ignorance ~ Tri Yann – Concertos Brandebourgeois N° 1,2,3 de Jean-Sébastien Bach ~ The English Chamber Orchestra – Direction Benjamen Britten – Workshop & Down Home ~ Chet Atkins – Shadow Hunter ~ Davy Spillane – A mémorial for Glenn Miller : the original members – « Jalousie » par Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli – Contrastes ~ Pachacamac – The Complete ~ Mike Oldfield – Shadow Hunter ~ Davy Spillane – Crucifixus ~ Jean-Christian Michel – Le Vaisseau de Pierre ~ Tri Yann – Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach interprétée aux grandes orgues par Marie-Claire Alain – Quiet Nights ~ Diana Krall, etc…
Conditions d’utilisation & approche globale
Mettons immédiatement les choses au point : Weight & Mat n’ont pas pour objectif de juguler l’électricité statique générée par la rotation du plateau. A cette fin, il faudra avoir recours à d’autres accessoires complémentaires. Par ailleurs Weight & Mat ne créent pas d’électricité statique.
Le concepteur précise bien que ce sont les seuls phénomènes vibratoires qui sont « combattus ». On ne le sait pas suffisamment, une platine, même de haut niveau, a toujours des petits points de faiblesse au niveau de ces phénomènes. De même qu’il faut avoir en mémoire, que le disque vinyle dont l’orifice central n’est pas usiné avec précision et / ou n’a pas la planéité que l’on croit occasionne à plus ou moins grande échelle des vibrations néfastes à la lecture du disque. Nous allons donc voir comment agissent ces deux accessoires.
Nature des timbres
Au niveau de la couleur des timbres, pas de changements notables sur les fréquences médium et aigües. Pour être franc, il aura été étonnant d’entendre des différences que l’on ne saurait d’ailleurs pas rationnellement expliquer. On peut noter tout de même que les sillons très proches du centre du disque sont mieux appréhendés. Même avec les meilleurs équipements, on décèle parfois une légère distorsion sur les note élevées approchant de la fin du sillon. Avec Weight & Mat, les éventuelles distorsions reculent ou deviennent inexistantes. Ceci est déjà un bon point !
En revanche, sur les fréquences graves produites par exemple par une contrebasse; en l’occurrence celle qui accompagne Dominique Fils-Aimé sur l’album Nameless. Cette contrebasse gagne en lisibilité avec un suivi des notes mieux articulé. Nous obtenons également un gain en fermeté et en poids. Les notes du bas du spectre apparaissent plus « propres », encore mieux détourées, plus tendues. L’aspect organique de l’instrument ressort mieux. Je crois même avoir décelé une extension accrue sur les fréquences le plus graves.
Dynamique
L’utilisation des accessoires The WAND ne constitue pas un frein à la liberté d’expression. La dynamique, la réactivité et la rapidité sont toujours au rendez-vous. Leur mise en œuvre nous conforte sur la rigueur : la musique est débarrassée de toute forme de contrainte.
Scène sonore – spatialisation
Si rien ne change, on peut alors légitimement se poser la question de savoir sur quels paramètres peuvent jouer individuellement ou ensemble Weight & Mat. C’est essentiellement sur la scène sonore et son enveloppe que leur efficacité est perceptible.
Par définition, lorsque le pressage et la prise de son ainsi que l’équipement sont de bonne / haute qualité, en principe la lecture se passe conformément à ce qui devrait être reproduit. Sauf que si un paramètre vient perturber la rotation sous une forme ou une autre, et qu’une contrainte ne vienne « perturber » le très sensible suivi du diamant dans le sillon, alors c’est tout le contenu du pressage qui va en souffrir à commencer par la magie de l’organisation de la scène sonore.
• Hommage à Django Reinhart ~ Stéphane Grappelli
Ces deux accessoire contribuent à une lecture du disque noir démunie de toute « contrariété » si je puis m’exprimer ainsi. Dès lors, on perçoit mieux les ambiances de studio, l’emplacement des musiciens au moment de la prise de son. Les réverbérations du lieu de l’enregistrement apparaissent plus significativement. A écouter avec attention, je me demande même si nous n’obtenons pas, même, une petite amélioration sur les harmoniques. Les fins de notes semblent s’éteindre plus « délicatement » dans le temps et l’espace. Ces phénomènes sont flagrants tant sur le violon solo que sur le drums ou les effets de vibraphones obtenus avec le piano électrique.
Le piano classique est lui aussi libéré de toute forme de perturbation, ce qui rend cet hommage à Django Reinhart par Stéphane Grappelli encore plus agréable à écouter.
J’ai aussi eu le sentiment que la musique s’écoulait avec plus de facilité. Les enchaînements s’effectuent de manière plus ordonnée. Une petite dose supplémentaire de fluidité a été relevée au fil des heures d’écoute.
• Toccata & Fugue – Jean-Sébastien Bach ~ transcription Léopold Stokowski ~ Direction Tutti Camarata & Kingsway Symphony Orchestra
Passons à la vitesse supérieure avec cette excellente transcription pour orchestre de la Toccata & Fugue de Jean-Sébastien Bach mise en scène par Decca label Phase 4. C’est clair, la scène sonore gagne en extension. Elle affiche une largeur nettement plus accentuée que la version CD et dématérialisée.
Les pupitres sont mieux cernés et mis individuellement en valeur. Sur l’introduction où l’orchestre et l’orgue se répondent ou jouent concomitamment, les reliefs sont plus marqués. Qui plus est, la présentation holographique nous donne un « calibre » d’une meilleure ampleur avec le surcroît d’aération qui en découle.
La scène sonore prend du « volume » avec, à la clef, une once panache supplémentaire, pourtant bien audible. C’est donc une image étendue qui s’offre à l’auditeur, comme une impression d’extension naturelle de chaque groupe d’instrument qui colle parfaitement à ce genre d’interprétation. Chaque plan est fort bien étagé. Nous décelons les instruments ou groupes d’instruments de premier plan de ceux de second plan et de troisième plan. La profondeur de champ est aussi un élément qu’il faut prendre en considération. Celle-ci n’est pas anecdotique : elle se traduit par un déploiement accentué.
• Nameless ~ Dominique Fils-Aimé (vinyle 30 cm / 45 tr/m)
Les aficionados de Dominique Fils-Aimé, reconnaîtrons immédiatement la sobriété de l’accompagnement orchestral, le jeu de contrebasse et les subtiles percussions qui accompagnent le message doux et chaleureux de l’artiste.
Habituellement, avec un bon équipement audio, il se passe dans la pièce d’écoute quelque chose de particulier. L’utilisation de Weight & Mat accentue le phénomène de magie procuré par l’interprétation, la prise de son et le pressage de l’album Nameless. J’ai constaté une excellente focalisation sur les instruments annexes et en particulier au niveau des percussions. Leur « champ d’action » dans l’espace et dans les trois dimensions se traduit par une reproduction plus aérienne. Leur sonorité respective semble virevolter autours de la chanteuse. Le message sonore dans son ensemble est libéré de toute contrainte liée, ou non, au système audio.
• Sarabande de Haendel – Barry Lyndon ~ bande originale du film
Dans cet exercice, il me paraissait incontournable de « voir » le comportement de ce duo avec la Sarabande de Haendel extraite de le bande originale du film Barry Lyndon. Manifestement, l’assise que l’on perçoit sur les percussions et les lignes de contrebasses démontrent une assise inébranlable. Les percussions qui donnent de la » puissance » à cette œuvre sont truculents de vérité et d’une splendide expression. La consistance et l’aspect charnel des coups de timbales valident l’efficacité de ses accessoires.
Par ailleurs, et c’est souvent le propre du disque vinyle, il arrive parfois et même souvent qu’il y ait un déséquilibre entre les canaux gauches et droits. On impute le plus souvent ce défaut à l’ingénieur du son (prise de son ou mixage) voir au pressage final. Avec ces deux éléments Néo-Zélandais, la lumière est faite : ce n’est ni l’ingénieur ni le pressage qui sont en cause. Aussi, ces deux objets remettent les choses à leur place et l’équilibre gauche / droit est alors assuré.
Attention toutefois, il arrive parfois que l’anti-skating (force centripète) ne corresponde par exactement aux valeurs en adéquation avec la force d’appui. Avant d’utiliser le palet presseur, il est important de veiller à refaire un réglage complémentaire, avant et après la mise en place de l’accessoire.
En tout cas, l’écoute de cet album accrédite l’efficience de The Wand Weight & Mat sur tous les paramètres liés aux vibrations ou déformations d’un disque vinyle.
Conclusion :
Le « monde » du vinyle est complexe. Les phénomènes d’ordre vibratoire et la planéité du disque noir sont la source de dysfonctionnements qui ne permettent pas une lecture optimale. Quelques points de réflexions nous incitent dans cet article (ICI) à réfléchir sur, notamment, la mise en œuvre d’un palet presseur. THE WAND propose un palet presseur et un couvre plateau dont l’efficacité a été largement vérifiée. La réduction des phénomènes vibratoires et de déformation du disque vinyle aboutissent à une meilleure lecture des galettes noires, l’absence d’entraves au bon suivi du sillon qui se matérialisent par une musicalité plus libre de ses mouvements. Que du bonheur quoi !
Prix du couvre-plateau The Wand Mat : 130 € (11/2024)
Prix du palet presseur / stabilisateur The Wand Weight : 215 €