SPENDOR D7
Origine : Grande Bretagne
Enceinte 2,5 voies, 3 HP
Charge : bass-reflex
Sensibilité : 90 dB pour 1 watt à 1 mètre
Impédance : 8 ohms
Puissance nominale : 200 watts
Réponse en fréquence : 29 Hz à 25 kHz
Dimensions : ( H x L x P ) 95,0 x 20,4 x 34,4 cm
SPENDOR fait partie de ces marques britanniques qui perpétuent une sorte de légende qui inspire avant tout la confiance en matière de technologie, de qualité de fabrication, et de musicalité. SPENDOR cultive la tradition notamment au travers la gamme Classic qui rompt avec les standards du moment. Cependant SPENDOR propose également une gamme plus « conventionnelle » avec la série A et la série D qui comprend la D7 qui fait l’objet du présent banc d’essai.
La D7 est une colonne de taille moyenne de 95 cm de haut de type bass-reflex montée sur un support en métal qui sécurise la stabilité et toute forme de vibrations. Quatre cônes en acier assurent un découplage efficace. L’évent à flux linéaire placé en face arrière et en bas du coffret intègre une chicane centrale profilée afin de réduire la vitesse de l’air et de l’équilibrer de même que la pression acoustique.
La D7 est une enceinte dite à 2,5 voies munie de trois haut-parleurs spécialement développés pour elle. Son tweeter propriétaire LPZ (Linear Pressure Zone) est un modèle du genre. Il est construit autours d’une plaque frontale en acier inoxydable qui forme une chambre acoustique directement en face du dôme textile en polyamide. La correction de phase microfoil égalise les longueurs de trajet des ondes sonores tout en générant un environnement de pression stable afin que le tweeter puisse fonctionner en mode linéaire équilibré.
Pour les registres médium et grave, le concepteur a implanté deux haut-parleurs de 18 centimètres de diamètre. Ils sont assemblés autours d’un châssis en alliage de magnésium. Leur moteur est à très haut rendement avec un amortissement électro-dynamique optimisé, avec une dissipation thermique qui a fait l’objet d’une attention toute particulière. Le haut-parleur médium / grave intègre une membrane polymère EP77 de dernière génération, tandis que le woofer en kevlar composite est entièrement destiné aux fréquences graves .
A noter que SPENDOR a opté pour une ouverture asymétrique des renforcements du coffret afin de disperser les ondes stationnaires internes. Un amortissement dynamique en polymère à certains points clés d’interface d’énergie convertit instantanément l’énergie parasite en chaleur inaudible. L’objectif est d’aboutir à une enceinte rigide mais silencieuse délivrant un son engageant et naturellement rapide.
Le bornier situé en bas du coffret ne comprend que deux fiches pour une connexion en mono-câblage.
Enfin, plusieurs finitions seront disponibles en option : la finition Spendor Dark, un bois naturel foncé laqué, pour un look moderne séduisant, et Spendor White, une finition laqué blanche de grande qualité, pour un look plus contemporain. Les finitions standards sont chêne clair, noyer foncé, merisier et frêne noir.
ECOUTE :
Les tests d’écoutes ont été réalisés en auditorium en plusieurs épisodes avec le matériel suivant : amplificateur intégré VTL IT-85, préamplificateur VTL TL 2.5 I & bloc de puissance ST-150 – amplificateurs intégrés MOON 340 i, MOON 600 i – lecteur CD SIM AUDIO Moon 260 D & DAC 380 D – câbles modulation Nordost et Audioquest Sydney et HP Nordost Heimdall 2.
CD utilisés : La Folia de la Spagna par Gregorio Panagua – Tri Yann & l’Orchestre National des Pays de Loire vol.2 – Tri Yann « La Belle Enchantée » – Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Danses Slaves (édition Mercury Living Présence) direction Antal Dorati – Dance Intro Internity par Omar Faruk Tekbilek – Quiet Nights par Diana Krall – Celtic Spectacular de Erich Kunzel – Requiem de Mozart par Herbert von Karajan – etc…
1° Découverte et premières observations
Tout d’abord, ne cherchez pas de points communs avec la Classic SP2/3R² testée ICI : il n’y en a pas ! La D7 diffère totalement de la SP2/3R² tant sur le plan technique, esthétique, que sur le plan musical. Par ailleurs, le rendement de la D7 étant de 90 dB, cette enceinte est assez simple à alimenter et ne requiert pas des amplificateurs à la puissance considérable. On veillera cependant à ce que ceux-ci aient une alimentation digne de ce nom pour obtenir une restitution homogène et équilibrée. Ainsi les électroniques à tubes sont, entre autres, admises et même requises pour obtenir une musicalité confortable, agréable, et qui tend le plus possible vers le naturel. On veillera aussi à écarter les électroniques qui favorisent ou surlignent le haut du spectre : une mauvaise association conduirait inévitablement à un déséquilibre fâcheux et gâcherait à coups sûrs le plaisir de l’écoute. Enfin, pour obtenir le meilleur, la D7 requiert des câbles haut-parleurs droits et neutres qu’il sera nécessaire de sélectionner avec minutie.
2° Les timbres – équilibre général – transparence
Au premier abord, le registre haut-médium / aigu est particulièrement « affûté » et se singularise par une redoutable précision et un sens « aigu » du détail que j’ai notamment apprécié au travers dans Danses Slaves (édition Mercury Living Présence) direction Antal Dorati dont la prise de son regorge de multiples inflexions et de subtilités traduisant une richesse qui ne pourra pas laisser indifférent les mélomanes. De la masse orchestrale émerge les nombreuses variations des sections de violons, mais aussi celles de carillons, triangles, cuivres.
En dépit de sa fréquence grave relevée à 29 Hertz, quelque soit l’amplificateur mis en œuvre, fort est de constater que la D7 ne descend pas forcément à des valeurs en apparence très basses. Cependant, le registre grave atteint des « valeurs musicales » d’ensemble honorables avec une texture plutôt dégraissée. On peut d’ailleurs mettre l’accent sur une lisibilité sans défaut remarquée par la contrebasse de Valéria tiré de l’album Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida. Sur ce registre, la précision est redoutable : on sent très bien la manière avec laquelle le contrebassiste agit sur les cordes pour faire sonner son instrument. Le tempo et la cadence ne laissent aucun doute sur la rapidité d’exécution.
SPENDOR a travaillé son sujet afin de garantir une excellente linéarité de laquelle émane une élégance évidente sur l’ensemble de la bande passante audible et qui « colle » à tous les répertoires musicaux. L’équilibre me semble bien respecté et la D7 est relativement homogène.
3° Présence – réactivité
Rapide comme l’éclair, la D7 se tient prête à bondir lorsque la situation le requiert. Qu’il s’agisse des Danses Slaves (édition Mercury Living Présence) direction Antal Dorati ou bien de Tri Yann & l’Orchestre National des Pays de Loire, la musique répond présente à l’appel. La D7 réagit promptement à toutes les sollicitations avec une énergie pour le moins débordante, mais pas envahissante pour autant. Cette enceinte conserve le sens de la mesure, ce qui n’est pas la moindre de ses qualités.
Ce référence SPENDOR sait donc s’adapter au « contexte musical ». Certaines ballades qui illustrent l’album La Belle Enchantée de Tri Yann montrent que le romanesque (dans le sens poétique du terme) fait aussi partie du langage de cette belle enchantée qu’est la D7. Les vocaux sont d’une belle présence, tout comme les instruments de musique celtiques qui arborent des couleurs tonales d’une authenticité très naturelle.
On retrouve ce tempérament au travers La Folia de la Spagna par Gregorio Panagua où les instruments baroques sont reproduits avec mesure et un dosage qui rendent hommage tant aux instruments qu’à la qualité d’interprétation. Aucune trace de traînage n’a été relevée au cours de différentes séances d’écoutes et ceci, quelques soient, les électroniques associées.
4° Scène et image sonores
La scène sonore prend une belle extension : on sent que la musique respire à pleins poumons et donne la pleine mesure de ses capacités tant sur le plan de la largeur, de la hauteur, que de la profondeur. Les plans sont bien étagés et les contrastes entre les instruments de premier plans, de second ou de troisième plan, sont clairement identifiables. Il est fort probable que le système de charge et le positionnement de l’évent en face arrière n’est pas étranger à ce comportement.
Par son image bien structurée, l’expression d’ensemble apparait libre de toute forme de contraintes. La musique est « aérée » et s’exprime avec facilité qui suscite un enthousiasme plutôt communicatif. L’espace entre les interprètes permet de situer ceux-ci précisément au sein de la scène sonore.
Par ailleurs, la D7 offre une image sonore plutôt holographique que j’ai pu apprécier sur des orchestrations bien « fournies » telles que celles qui figurent sur Celtic Spectacular de Erich Kunzel ou encore Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire. De ce point de vue, le volume orchestral prend des dimensions plus que respectable. L’extension autorise la musique à emplir une pièce d’écoute de bonne (voir de grande) dimension.
5° Faculté d’expression et communication avec l’auditeur
Compte tenu des différents points évoqués dans les paragraphes précédents, vous aurez vite compris que la SPENDOR D7 s’affiche comme une enceinte acoustique plutôt expressive et généreuse sur bien des paramètres. Son tempérament plutôt chantant et enjoué contribue à rendre la plupart des thèmes et extraits musicaux attachants. Nous reconnaitrons et apprécieront le talent des artistes qui visent à rendre leur musique vivante comme cela a été le cas avec Dance Intro Internity par Omar Faruk Tekbilek. Cette enceinte peut aller très loin sur le plan émotionnel et les (bonnes) surprises ne se sont pas faites attendre lorsqu’il s’est agit de voir avec quel sens du réalisme de la flûte de Omar Faruk Tekbilek s’est exprimé. Un nombre multiple de variations m’ont été livrées avec des « dégradés sonores » étonnants : ils montrent combien cette enceinte essaie de « coller » à communiquer sa bonne humeur avec en toile de fond une forme de réalisme que j’ai pu retrouver sur le jeu de oud et au travers des percussions qui donnent à cette musique une originalité et un charme non dissimulé.
La D7 délivre une musicalité très pure qui tranche réellement avec d’autres références actuelles qui s’avèrent parfois sans saveurs (il en existe malheureusement encore). La clarté qui singularise s’appréciera notamment sur Quiet Nights par Diana Krall où nous retrouvons une diction de l’interprète sans « faux pli » que je peux qualifier de spontanée et communicative. L’orchestration à la fois sobre en toile de fond apparait comme fort bien « amenée » de façon à donner à cette série d’enregistrements un aspect attachant très plaisant.
Le sens du détail : la D7 n’en manque absolument pas et son degré d’analyse plutôt « poussé » m’a permis de déceler un grand nombre de subtilités, de nuances, et ainsi me rendre bien compte comment cette enceinte s’appliquait à détourer habillement les instruments et les vocaux sans pour autant dénaturer leur teinte musicale.
Enfin, sur des extraits classiques, je m’incline volontiers devant la qualité des impacts de grosse caisse, leur aspect charnu, leur « volume », la consistance et la matérialisation qui en découle. Cela contribue à donner par exemple au Requiem de Mozart les lettres de noblesse qui lui reviennent de droit.
Conclusion :
Sous ses allures plutôt classiques – voir peu originales -, cette colonne signée SPENDOR se place en bonne position pour bousculer un peu les « standards » habituels du moment. Sans prétendre que la D7 sort des sentiers battus, il faut se résoudre à admettre que cette enceinte acoustique est bourrée de qualités. Pour en tirer un profit musical optimal, on veillera à lui associer des électroniques expressives et faisant preuve d’une bonne neutralité et même d’une certaine douceur. Ces précautions de bases étant respectées, je puis vous assurer que la D7 « assurera » et saura combler de bonheur les audiophiles et mélomanes qui recherchent une musicalité riche en émotion.
Synthèse : | Musicalité : à prendre sérieusement en considération Appréciation personnelle : une belle découverte Rapport musicalité – prix : bon |
Prix : env. 4700 € (09/2016)