Origine : Grande Bretagne
Lecteur CD
Niveau sortie Ligne : 2,15 V maxi – impédance de charge minimale 10 kOhms
Niveau sortie numérique : 0,5 V – impédance de charge 75 Ohms
Fréquence d’échantillonnage numérique : 44,1 kHz
Taux de distorsion : 0,0025 %
1 paire de sorties analogiques asymétriques RCA
1 sortie numérique optique Toslink
1 sortie numérique coaxiale S/PDIF
Pourquoi, diable, reparler du lecteur CD REGA Apollo, dont les multiples évolutions ont, depuis bien des années, fait l’objet de bancs d’essais respectifs dans cette rubrique. Il paraîtrait presque inutile d’en refaire une analyse à l’heure ou le « dématérialisé » et le disque vinyle sont devenus les sources privilégiées du moment.
Le banc d’essai de la version Apollo–R date de 2013, et vous êtes encore nombreux à vous intéresser au compact disc et à posséder une collection de CD. Par ailleurs, les lecteurs CD de cette catégorie sont de moins en moins nombreux, et les constructeurs qui persévèrent dans cette voie ne sont pas légion à réaliser des lecteurs totalement aboutis sur le plan musical.
Cette dernière mouture ressemble à s’y méprendre à celle de la version R mais arbore une façade en matière synthétique arrondie, plus agréable à contempler. Cette façade conserve l’indétrônable afficheur de couleur rouge. A droite de celui-ci, quatre touches métalliques pour les principales fonctions. Une télécommande livrée d’origine autorisera l’extension des possibilités d’exploitation de l’appareil, dont la programmation.
REGA a choisi le demi format, non seulement pour s’associer harmonieusement avec l’amplificateur Brio, mais aussi « contenir » les vibrations du châssis en aluminium et opter pour un schéma électronique à pistes courtes.
Ce châssis intègre quatre patins destinés à découpler le lecteur de son support. Ce châssis accueille le mécanisme de lecture en mode central à chargement par le dessus. Pas de palet presseur magnétique : le maintien du disque est assuré par un système à billes aussi efficace que le traditionnel palet presseur. Une trappe non motorisée dissimule l’ensemble rotatif de lecture, et sert de protection contre la poussière.
Le mécanisme d’origine Sanyo est astucieusement secondé par un circuit développé par une société britannique spécialisée dans le développement informatique avec un système de gestion très avancé.
REGA est le seul fabricant à travailler avec ce système de gestion. Grâce à l’amélioration constante de la puissance des processeurs et de la capacité des mémoires, il a été possible de doter cet appareil d’une mémoire énorme, soit plus de 20MB avec une capacité de traitement numérique de 32 bits. Cela permet de respecter scrupuleusement le protocole “Red Book” établi par Sony et Philips relatif à la récupération des données sans compromettre les performances musicales.
Fidèle à lui même et pour tirer le meilleur parti des circuits numérique et analogiques, le constructeur a mis au point une alimentation spécifique à très faible bruit. Le circuit de conversion numérique / analogique a été confié à une puce Wolfson WM8742 travaillant en 24 bits – 192 kHz en capacité de traiter une plage de dynamique importante.
L’étage de sortie analogique est pourvu de composants discrets tout comme le lecteur Saturn-R dont il s’inspire fortement.
La face arrière est en tous points semblable à celle de L’apollo-R. Elle comprend une fiche secteur IEC (sans terre), deux sorties analogiques RCA de qualité moyenne, une sortie numérique coaxiale, et une sortie optique Toslink.
Ecoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués à domicile avec les éléments suivants :
– préamplificateur YBA Classic 3 Delta & bloc de puissance YBA 3 Delta / double transformateur 400 VA,
– enceintes acoustiques RECITAL Audio Define hefa, PEL Kantor,
– amplificateur casque REGA Ear & casque SENNHEISER HD 430,
– câbles de modulation ESPRIT Beta 8G 2019, YBA Glass, VAN DEN HUL the Orchid,
– câbles HP ESPRIT Beta 8G 2019, YBA Diamond.
Alimentation secteur : barrette FURUTECH F-TP 615 et ESPRIT Volta, câble secteur G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque. Câbles secteur ESPRIT Celesta & Eterna.
• CD sélectionnés : Naim CD test Sampler N°6 – Le Son Plaisir ~ Onkyo CD test Onkyo – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Celtic Spectacular ~ Erich Kunzel & Cincinati pops orchestra – Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Le Vaisseau de Pierre ~ Tri Yann – Beethoven – Symphonies de 1 à 9 ~ Orchestre philharmonique de Münich – Direction : Rudolf Kempe (édition Esoteric SACD – CD) – The Singing Clarinet ~ Giora Feidman – Again & The Mist of Avalon ~ Alan Stivell – Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens – Meedle ~ Pink Floyd – Mademoiselle in New-York ~ Lucienne Renaudin Vary & BBC Concert Orchestra – Dance into Eternity ~ Omar Faruk Tekbilek – Jazz på svenska par Jan Johansson – Quiet Nights ~ Diana Krall – Toccata & Fugue – Jean-Sébastien Bach ~ transcription et direction d’orchestre : Léopold Stokowski – The Epics ~ The City Prague Philharmonic Orchestra and Chorus – Barry Lindon ~ bande originale du film – Prodiges » ~ Camille Berthollet, etc…
Nature des timbres
• Celtic Spectacular ~ Erich Kunzel & Cincinati pops orchestra
Ce lecteur CD comporte tous les ingrédients nécessaire pour l’analyse complète de la nature des timbres. Les extraits les plus « spectaculaires » sont reproduits en conformité avec la philosophie propre à REGA depuis ses débuts : une « emprunte » analogique proche de celle des platines vinyles.
La bande passante subjective n’est pas forcément la plus étendue qui soit, cependant sa cohérence ne peut être remise en question. Les timbres sont reproduits avec équilibre et un dosage interdisant toute forme de surlignage sur telle ou telle fréquence. Sans atteindre des sommets, le registre aigu file suffisamment haut pour permettre aux violons d’avoir la finesse et l’élégance attendue. La sonorité éclatante d’un carillon donne le sentiment que ce lecteur porte toute son attention aux micro informations.
Comme avec l’écoute du disque vinyle, le registre médium offre la garantie d’une musique riche en substance. Les chœurs, tout comme la section d’altos et de violoncelles sont reproduits de manière naturelle. Le côté aérien se décèle avec la flûte traversière ou d’autres instruments solistes. De bout en bout, le grain et l’aspect fruité sont clairement mis en avant. En outre, ce lecteur se montre un fin limier et un analyste expérimenté pour dénicher les détails les plus infimes. Je lui reconnais d’excellentes aptitudes pour détourer les instruments et les voix; aucune zone de flou n’est donc à redouter.
Le registre grave, s’il me semble dans certaines circonstances un peu léger, se distingue par un suivi mélodique et une assise de premier ordre. Sur les percussions, on perçoit beaucoup de matière. Le coups de timbales sont reproduits avec un « volume » , un poids et une consistance loin d’être anecdotiques. Les vibrations de la peau des tambours sont élogieuses par leur superbe splendeur. Si les fréquences infra-graves apparaissent écourtées (en comparaison avec d’autres lecteurs bien plus onéreux), elles offrent cependant la garantie de descendre suffisamment bas pour montrer leur présence.
Transparence
• Quiet Nights ~ Diana Krall
Comme tout produit REGA qui se respecte, l’Apollo CDP est un lecteur qui met l’accent sur les détails. Les nuances ne sont pas absentes du message sonore, loin de là. Dès lors, un de ses multiples points forts est la transparence. En écoutant Quiet Nights de Diana Krall, on comprend rapidement qu’un voile se lève sur la voix de l’artiste bien sûr, mais également sur l’orchestration qui l’accompagne.
C’est en écoutant les frets de guitare à chaque changement d’accord, que l’on s’aperçoit que ce lecteur va assez loin dans l’analyse du message sonore. Les changements d’accord sont nettement perceptibles, et viennent vous chuchoter aux oreilles de manière agréable. Les coups de cymbales sont aussi prodigieusement reproduits, avec une netteté, une transparence, un ton réaliste.
Les nappes de violons qui garnissent le fond musical, sont élégamment amenées un peu plus sur le devant de la scène. On y décèle des nuances et des articulations montrant que ce lecteur ne fait pas de tri ou ne privilégie pas un spectre en particulier au détriment d’un autre.
Capacités de réaction – dynamique – rigueur
• Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida
Avec tant d’années d’expérience, il eut été étonnant que le CDP démérite sur le plan de ses capacités en dynamique. Même isolé de l’amplificateur Brio, et associé à un système plus expressif, je dois reconnaître que ce petit lecteur étonne. Je dois avouer qu’il se tire de situations complexes telle que celles que je lui ai infligé, comme par exemple Valeria tiré de Collaboration interprété par le Modern Jazz Quartet.
Ultra dynamique ? certes non, mais ce lecteur travaille tout en harmonie selon le rythme dicté par l’extrait musical lui-même. Aussi, nous ne serons pas frustrés par ses capacités à rendre les rythmes du piano et de la contrebasse vivaces, enjoués, et « ponctuels ».
Notre petit lecteur CD nous fait bénéficier de la belle force intérieure qui l’anime pour traiter le difficile jeu de vibraphone avec une excellente rigueur, une belle réactivité et toute l’agilité requise par le difficile jeu de de cet instrument aux multiples facettes. Les différents et rapides changement de tonalité, leur intensité, et la couleur de chaque note sont restitués avec une maîtrise que l’on aurait pas soupçonné de prime abord avec un lecteur de cette catégorie.
Cette facilité à « dompter » les phrases musicales complexes contribue notamment à écouter la musique de manière décontractée et engendre un vrai plaisir d’écoute y compris à fort niveau d’écoute.
Espace et scène sonores
• Beethoven – Symphonies de 1 à 9 ~ Orchestre philharmonique de Münich – Direction : Rudolf Kempe (édition Esoteric SACD – CD)
Quitte à tester ce lecteur CD dans des conditions réelles, et le pousser dans ses derniers retranchements, autant lui soumettre le « top » des enregistrements numériques.
Bien que ce coffret de SACD-CD édité par Esoteric soit davantage destiné à des lecteurs de marques pouvant lire les deux couches, ces 9 Symphonies de Beethoven dirigées par Rudolf Kempe sont de pures merveilles, tant sur le plan artistique que sur le plan technique.
Eh bien, la surprise n’est pas mauvaise du tout. Notre petit compétiteur s’en tire plutôt bien en ce qui concerne la spatialisation et « l’ordonnancement » de la scène musicale. Outre sa section de conversion N/A, nous sentions bien que l’étage de sortie analogique et l’alimentation ont été conçus pour offrir à l’auditeur une scène sonore d’une ampleur appréciable. Celle-ci n’a pas une extension démesurée lorsque ce lecteur est associé avec un système de haut de gamme, cependant il faut noter qu’elle ne laisse pas paraître pour autant de traces de confinement.
Le REGA CDP nous fait bénéficier d’une musicalité aérée que l’on peut apprécier sur l’ensemble de ces 9 Symphonies de Beethoven. Les effets stéréo sont bien marqués et le milieu de la scène sonore est correctement documenté. Chaque plan et groupe d’instruments est identifiable. Les contrastes sont moins marqués et la profondeur de champ n’est pas identique à celle du REGA Saturn-R. Cependant, ce lecteur offre une musicalité tellement attachante, qu’on en oublie bien vite ces quelques manquements.
Séquence plaisir & émotion – sens de l’expression
• Marquises ~ Jacques Brel
A l’évidence, et dans la continuité des lecteurs CD des générations précédentes, la version CDP est plutôt à l’aise sur les vocaux. La reproduction de Marquises de Jacques Brel vous fera passer des grands moments en compagnie de l’auteur – compositeur – interprète.
La finesse, l’élégance, la pureté du message sonore sont les principales caractéristiques qui viennent à l’esprit lorsque l’on écoute ce CD. Nous retrouverons les teintes d’un bon pressage vinyle « lu » sur une platine vinyle de marque REGA par exemple. Les chansons sont à la fois légères, humaines, et la proximité de l’auteur avec l’auditeur est assez phénoménale pour être soulignée. Ce lecteur se concentre sur une reproduction naturelle, charnelle, et d’une excellente « propreté » qui induit un réalisme qui efface toute trace d’agressivité et de sonorité numérique qui viendrait perturber le plaisir de l’écoute.
• Le Son Plaisir ~ Onkyo CD test 1992
Ce CD contient un bon nombre de plages musicales et bruitages fort bien enregistrés. Parmi eux, un Air varié d’après Colombi – Ecole de Modène 17ème siècle.
Cet Air dont le rythme est dicté par le clavecin est reproduit avec une belle douceur. Cette « patine à l’ancienne » ne masque absolument rien des nuances propres à l’instrument. Celui-ci se montre étincelant, pertinent : chaque note teinte dans le temps et l’espace avec une très beau panache. Ce panache, nous le devons au très beau grain qui ressort de façon modulée et nuancée.
Autours de cet instrument, un violon et un violoncelle baroque s’animent avec une agilité et une tonalité simplement mélodieuse. Ainsi, les trois instruments forment un ensemble riche en substance, dépourvu de caricatures. Les timbres réalistes et la fluidité légendaire des produits REGA donnent envie de passer cet extrait en boucle, rien que pour le plaisir.
Justement, le plaisir de l’émotion, nous la retrouvons en compagnie du magnifique Kyrié de la Misa Criolla d’Ariel Ramirez. Dans la pièce d’écoute, il n’y a que vous et: l’ensemble vocal de José Luis Ocejo. Le CDP a une sacrée vocation pour vous faire oublier votre système d’écoute – l’idée est de vous conduire directement au vif du sujet. Les chœurs resplendissent magnifiquement avec toute la puissance de cet ensemble vocal si expressif. Le réalisme de l’interprétation est bouleversant au point de procurer de sacrés frissons qui, en général, n’appartiennent qu’aux sources de catégories bien supérieures.
• Dance into Eternity ~ Omar Faruk Tekbilek
Immerger l’auditeur au cœur d’une petite formation, le faire participer à un spectacle haut en couleur : assurément, le lecteur REGA Apollo sait le faire.
Là, ou certains lecteurs CD, lecteurs réseau, convertisseurs ont parfois tendance à simplifier le message sonore, les ambiances d’une prise de son pourtant bien réalisée, l’Apollo, lui se concentre sur le lien entre les musiciens et d’auditeur.
Notre petit champion d’Outre Manche s’y entend pour faire vivre la musique, la rendre enthousiasmante. Les extraits les plus « prenants » de cet album Dance into Eternity sont simplement exquis. La flûte tout comme le oud prennent les couleurs « exotiques » d’origine. La pureté du message sonore revêt un caractère étonnant pour un lecteur de cette catégorie. Les harmoniques sont subtilement traitées : les différentes percussions sonnent dans le temps et l’espace avec une sorte de magie qui donne du baume au cœur. La musique, toujours délicieuse, s’écoule avec une magnifique fluidité. D’un extrait à l’autre, la musique se renouvelle – elle prend des allures sucrées, poétiques, divines mêmes qui la rende charmante et captivante.
Conclusion :
L’année 2004 vit la naissance du lecteur Apollo. Ce dernier s’inspire alors largement du modèle Planet de 2000. Et puis, REGA n’a cessé depuis cette époque de lui donner le coup de jeune nécessaire qui lui a permis pendant plus de quinze de se hisser à la plus haute marche du podium des lecteurs de sa catégorie.
Toujours aussi musical, naturel, cette version est le complément idéal de l’amplificateur Brio ou de L’Elex-R. Il saura aussi accompagner harmonieusement d’autres amplificateurs intégrés dont il ne trahira jamais leur qualités d’expression. Le lecteur REGA Apollo CDP répondra toujours présent. Je dirais même qu’il vous prendra par les sentiments.
Prix : 850 € (12/2020)