Origine : Autriche
Platine vinyle
Entraînement : courroie plate
Vitesses : 33,33 tr/m – 45 tr/m
Précision de la vitesse : ± 0,60 % à 33,33 tr/m & ± 0,70 % à 45 tr/m
Pleurage et scintillement : ± 0,19 % à 33,33 tr/m & ± 0,17 % à 45 tr/m
Rapport signal / bruit : 68dB
Bras : de type droit
Cellule : Ortofon 2M Red
Cellule Ortofon 2M Red
Type de cellule : à aimant mobile
Diamant : elliptique
Réponse en fréquences : 20 à 22 kHz
Séparation des canaux : 22 dB à 1kHz
Niveau de sortie : 5,5 mV à 1000 Hz
Impédance de charge : 47 Kohms
Compliance : 20 μm / mN
D’origine Autrichienne, la marque de platines vinyles PRO-JECT fait, depuis près de 30 ans, beaucoup parler d’elle. Son modèle « phare » Debut Carbon et ses multiples déclinaisons fait bien souvent la « une » des supports médiatiques HI-FI et autres. Grâce à son prix de vente démocratique et aux 9 coloris disponibles, cette platine remporte un beau succès commercial.
La Debut Carbon est une platine à entraînement par courroie plate qui entraine un contre-plateau de matière synthétique sur lequel repose un plateau en acier pourvu d’un couvre plateau en feutrine. Le changement de vitesse s’effectue manuellement : l’utilisateur sera contraint de repositionner la courroie sur la gorge souhaitée du moteur – un système, à mon avis, un peu rudimentaire.
Le moteur mono vitesse synchrone est alimenté par un boîtier externe DC via une carte qui assure une régulation relativement stable. Il est désolidarisé du socle par un système de suspension fait d’une paire de silentblocs en sorbothane sensés juguler les vibrations.
L’ensemble « tournant » contre-plateau et moteur sont insérés dans un socle en MDF relativement lourd qui, visiblement, assure une bonne rigidité. Ce socle repose sur 4 pieds en plastique visiblement réglables. On notera également la présence de fiches RCA de bonne qualité permettant à l’utilisateur de choisir son câble de modulation. A défaut, le constructeur livre d’origine un câble qui a tout l’air d’être respectable.
La Debut Carbon DC est équipée du bras ’’8,6’’ en fibre de carbone, d’un seul tenant signé Pro-Ject, a largement fait ses preuves. Combiné à la cellule 2M Red Ortofon, ce bras de 21,85 centimètres de long, ultra rigide et extrêmement léger (6 grammes) assure une jonction optimale entre le support et la cellule.
Si le réglage de la force d’appui s’effectue par rotation d’un contrepoids, l’antiskating est réglé par un petit contrepoids latéral placé au bout d’un fil en nylon – un dispositif inspiré des platines Thorens de la grande époque.
Ecoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués à domicile avec les éléments suivants :
– cellule MM ORTOFON 2M Red
– préamplificateur phono MOON 310 LP Mk2
– Préamplificateur YBA Classic 3 Delta & bloc de puissance YBA 3 Delta / double transformateur 2 x 400VA
– enceintes acoustiques PEL Kantor
– Câbles de modulation ESPRIT Beta 8G 2019, YBA Glass, VAN DEN HUL the Orchid, VAN DEN HUL the Name
– Câbles HP ESPRIT Aura, ESPRIT Beta 8G 2019, YBA Diamond, MELODIKA Brown Sugar BSSC45.
Pour l’alimentation secteur : barrette FURUTECH F-TP 615 et ESPRIT Volta, câble secteur de tête FURUTECH G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque. Câbles secteur ESPRIT Alpha, Celesta & Eterna.
Une écoute préliminaire a été effectuée avec un amplificateur MARANTZ PM 6007, enceintes colonnes Q Acoustics 3050i, câbles ordinaires.
• Vinyles sélectionnés : The Complete ~ Mike Oldfield – Nameless & StayTunedi ! ~ Dominique Fils-Aimé – Contrastes par Pachacamac – Quiet Night’s ~ Diana Krall – Stéréo à la carte ~ collection Decca Phase 4 – Guitar Genius par Chet Atkins – Georges Brassens vol.11 – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Shadow Hunter ~ Davy Spillane – Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield – Crucifixus ~ Jean-Christian Michel – All Time Favorite Melodies of Japan – A Memorial for Glenn Miller 1,2 et 3 – « Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss » ~ Direction Zubin Mehta – Bach Spectacular ~ The Kingsway Symphony Orchestra ~ Direction Camarata – Le Vaisseau de Pierre – Molière ~ bande originale du film – Barry Lindon ~ bande originale du film – « Jalousie » par Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli – Concertos Brandebourgeois N° 1,2,3 de Jean-Sébastien Bach, par The English Chamber Orchestra ~ Direction Benjamen Britten, etc…
Timbres
Registres aigu & médium
• La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – transparence
Eu égard à sa prise de son ainsi qu’à son pressage de bonne qualité, La Folia de la Spagna est le disque vinyle que l’on se doit de posséder. Il va nous permettre d’appréhender et de juger de la qualité des timbres sur les fréquences aigües et médium. A tout dire, la première constatation m’a laissée interrogatif et même perplexe. Si les hautes fréquences filent haut de prime abord, la reproduction se montre un peu sèche notamment sur les sections de violons ainsi que sur d’autres instruments.
Les différents extraits de la Folia de la Spagna me semblent aussi légèrement ternes, ce qui constitue un paradoxe avec la sécheresse évoquée ci-avant. En cause, la cellule, la platine ou l’association des deux éléments ? Les percussions sont moins étincelantes qu’avec d’autres platines vinyles et cellules. Il me semble que les fréquences médium soient davantage privilégiées. Cela ne nuit pas forcément à la transparence qui, à défaut d’être cristalline, ne brille pas. Je trouve que cet « équipage » a quelque peu tendance à simplifier le message musical, même si le contenu apparaît bien documenté dans sa globalité. Nous ne bénéficierons pas de toutes les nuances inscrites au fond du sillon, mais la Debut Carbon s’en tire cependant pas trop mal sur les informations complexes.
Malheureusement, on ne s’extasie pas forcément sur le son du clavecin, pas davantage sur celui de la cithare. En revanche, la sonorité de la flûte baroque trouve ici sa place avec une texture douce, velouté, même si je lui trouve un côté un peu sec.
Registre grave
• Le Vaisseau de Pierre ~ Tri Yann
Sur les fréquences graves, j’ai retenu deux choses. Le jeu de guitare basse ne descend pas très profondément, mais il est d’une belle « propreté » et d’une bonne lisibilité. Pas de flou ou d’approximation, chaque note peut être suivie sans difficulté apparente. Je pense que la philosophie musicale de cette platine permet justement d’avoir un bon suivi mélodique des notes graves, quitte à rogner sur d’autres paramètres.
Ce manque de grave et de consistance se ressent sur la grosse caisse de la batterie ou les coups de timbales, qui auraient pu être un peu plus « enveloppants ». Cependant, nous entendons fort bien les impacts du marteau sur la peau des tambours, ainsi que les vibrations qui en émanent.
Fluidité
• « Jalousie » par Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli
En principe, la première vertu d’une écoute vinyle passe par la notion de fluidité. Il eut été étonnant que la platine PRO-JECT Debut Carbon DC ne réponde pas parfaitement à cette exigence.
Sur ce point, nous pouvons être totalement rassurés. Cette platine enchaîne dans contraintes les différentes plages de ce disque vinyles. Par ailleurs, elle permet de goûter à la virtuosité de Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli dont le succulent duo apparaît artistiquement et musicalement réussi.
Le pressage très honorable est mis en valeur sans excès. Les coups d’archet ne sont jamais hésitants. Le comportement est sain, avec, à la clef, une belle franchise d’exécution.
Dynamique – réactivité – rigueur
• The Complete ~ Mike Oldfield
Sur le plan dynamique, cette platine se comporte correctement. Loin de « casser la baraque », les compositions les plus « musclées » qui figurent sur cette compilation de Mike Oldfield paraissent crédibles. Sans prétendre y associer une cellule à bobine mobile, la rapidité d’exécution y gagnerait certainement avec une cellule à aimant mobile plus performante.
Si la réactivité apparaît acceptable, on sent une certaine retenue qui gâche un petit peu le plaisir de l’écoute vinyle. En revanche, force est de reconnaître que la musique est reproduite de manière rigoureuse, sans artifice ni « débordements outranciers ». A titre personnel, j’aurais même apprécié que la reproduction soit un peu plus démonstrative, plus dynamique, pour tenir compte du style de musique.
Globalement, avec ce disque comme avec d’autres, nous bénéficions d’une écoute plutôt « tranquille », sans agressivité, sans artifice certes, mais assurément en manque de vivacité.
Scène & espace sonore
• Barry Lindon (B.O. du film)
Avec ce couple Pro-Ject / Ortofon, la scène sonore est finalement loin d’être ridicule en regard de la catégorie à laquelle appartiennent ces produits. Certes, nous n’atteignons pas une extension comparable à bien des platines et cellules haut de gamme, cependant le tandem ne se défend pas si mal que cela.
Qu’il s’agisse de la Sarabande de Haendel ou de quelques pièces instrumentales interprétées par The Chieftains, cette platine nous d’un espace scénique holographique; un espace musical aéré qui prend une belle extension lorsque les extraits musicaux le requièrent.
Certes, les reliefs ne sont pas aussi marqués que j’aurais pu le souhaiter. Les plans sont structurés, l’image est stable, les effets stéréo marqués avec une bonne séparation des canaux. Le milieu de la scène sonore est bien documenté et l’on arrive à situer chaque groupe d’instruments ou instruments soliste sans se poser de questions. Les discrètes informations, qui, parfois passent à la trappe, sont assez bien mises en évidence. Cela nous démontre que cette platine et, qui plus est, cette cellule n’ont pas pour vocation de simplifier le message sonore.
Nous assistons même à une très belle présence scénique de Derek Bell lorsque celui-ci joue Women of Ireland sur sa harpe celtique dont nous pouvons entendre tout le contenu de cet instrument, qui pour la circonstance devient même captivant.
Séquence émotion – sens de l’expression
• Nameless ~ Dominique Fils-Aimé (30 cm / 45 tr/m)
• Stay Tuned ! ~ Dominique Fils-Aimé
Loin de « renverser la table » sur le plan émotionnel, ces deux albums de Dominique Fils-Aimé se laissent écouter et apprécier.
J’ai tout même des interrogations sur la faculté d’établir un bon dialogue entre l’interprète et l’auditeur. S’agissant du vocal, de ses articulations, la diction, la respiration, cette platine fait ce qu’il faut, mais je regrette qu’elle n’aille pas assez loin en apportant cette magie qui n’appartient qu’au disque vinyle. La pureté de la voix ne fait pas défaut. Cependant, on constate une forme de simplification sur les harmoniques; l’aspect un peu sec déjà évoqué ci-avant se ressent sur les percussions et coups de cymbales dont je trouve les fins de phrase écourtées et loin d’être étincelantes.
Un bon point sur les cuivres de l’album Stay Tuned ! dont la restitution se montre lisse et « cuivrée » avec une patine particulière et une harmonie de bon ton. La trompète bouchée offre une sonorité fine et aiguisée qui fait plaisir à entendre.
Je retiendrai également le jeu de contrebasse. Celui-ci se montre précis, lisible, bien joué, épuré. Cela permet aussi de goûter à la prestation de Dominique Fils-Aimé sans avoir un sentiment de frustration.
• All Time Favorite Melodies of Japan
Prise de son et mixage effectués au Japon par Decca. Autant dire que la qualité optimale devrait être au rendez-vous. J’attendais beaucoup de sensations de cette suite de mélodies japonaises, de la sonorité du koto (cithare sur table japonaise à treize cordes) et de la petite formation composée de violons, d’altos, de violoncelles, et flute traversière et percussions en tous genres.
J’avoue que je suis resté sur ma faim. Si noble soit la sonorité du koto, je crains que cette platine accompagnée de la cellule fournie d’origine hésite à fouiller en profondeur le contenu de ce pressage. Le grain de cet instrument fait malheureusement un peu défaut. Bien que de nombreux détails soit mis en lumière, j’aurais souhaité que la sonorité ait été davantage mise en valeur. Il en est de même pour les autres instruments tels que les clochettes, carillon, triangle dont l’expression affiche une petite introversion.
La musique ne manque pourtant pas d’ouverture : elle respire mais ne chante pas ! Habituellement, ce disque me laisse toujours de fortes impressions, tant les thèmes sont prenants. Ici, la magie de cette musique traditionnelle ne s’opère pas totalement. Il manque ce « petit plus » qui fait la différence; ce « petit plus » qui vous donne un frisson de plaisir et vous incite à repasser les plus beaux extraits une seconde, une troisième fois, rien que pour le plaisir.
Conclusion :
Dans cette gamme de prix, il y a bien peu de platines complétées de cellules valables. Le modèle PRO-JECT Debut Carbon DC avec une celle ORTOFON 2M Red peut se placer en candidate intéressante pour faire ou refaire connaissance avec le disque vinyle. Plutôt réservée aux systèmes audio de début de gamme, il ne faut pas attendre non plus de cette platine des miracles.
Si le modèle Début Carbon ne se défend globalement pas trop mal, un surcroît budgétaire permettrait de monter en gamme et d’aller vers d’autres marques pour un plaisir musical accru.
Prix : 400 € (11/2021)