P.E. LEON KANTOR
Origine : France
Enceinte 2 voies / 3 HP – bass-reflex
Rendement : 90 dB / 1w / 1m
Impédance moyenne : 4 ohms
Puissance admissible : 120 watts
Réponse en fréquence : 30 Hz à 22 kHz +/- 3db
Dimensions : ( H x L x P ) 120 x 20 x 32,5
Le modèle KANTOR coiffe la gamme actuelle de la nouvelle série d’enceintes acoustiques du concepteur français; laquelle gamme comporte pour le moment 3 modèles dont la MURANO et la QUATTRO + décrites également dans cette page. D’une façon simple, je dirais que la KANTOR est non seulement l’héritière de tout le savoir faire de Pierre Etienne LÉON, et plus précisément d’une partie du concept mis en œuvre sur la défunte KYORO.
Cette enceinte acoustique se présente sous la forme d’une colonne déjà de grande dimension dotée d’un très beau placage en aulne recouvert d’un verni non brillant sur toutes les faces extérieures mais aussi sur toutes les faces intérieures, ce qui permet d’éviter certains phénomènes de réflexion dans le registre aigu. En tout cas extérieurement, la KANTOR en » jette ». L’ensemble du coffret réalisé en MDF de haute densité repose sur un socle en acier et a fait l’objet d’une recherche particulière reposant sur des critères et des calculs précis qui visent à canaliser les vibrations et à assurer un découplage acoustique optimal.
A noter que ce socle permet d’accueillir 4 pointes de découplage en acier nicklé fourni d’origine, mais le concepteur a eu la délicatesse de livrer des pointes inversibles avec un côté pointu traditionnel, et un côté sphérique qui rassurera ceux qui ont peur de rayer leur parquet ou des sols un peu délicat. Mes essais personnels ont montré que le choix du côté conique ou sphérique n’a aucune influence sur la restitution musicale.
Sur le plan technique, il est rappelé que la KANTOR reprend le principe de charge acoustique interne » Cross Flow » développé il y a maintenant quelque années et appliqué sur tous les modèles PEL déjà décrits dans cette page.
Ce système est composé de deux cavités couplées acoustiquement (parois non parallèles) créant une régulation du flux d’ondes à l’intérieur du coffret tout en équilibrant la pression derrière les haut-parleurs médium/grave. Ce système jugulant les phénomènes d’ondes stationnaires, évite tout effet de coloration indésirable. De plus, ce principe autorise une réponse en fréquence très étendue dans le registre grave avec une excellente linéarité sur l’ensemble du spectre sonore.
La KANTOR est une enceinte 2 voies / 3 haut parleurs de type bass-reflex avec un évent en face arrière. Le tweeter d’origine Morel est un dôme de 29 cm d’une réponse en fréquences linéaire et étendue équipé d’une membrane en soie imprégnée. La bobine mobile en fil d’aluminium de section hexagonale est entourée par un puissant circuit magnétique. Ce circuit est ouvert en son centre et une cavité amortissante est située à l’arrière de celui-ci afin de diminuer la distorsion harmonique de façon conséquente.
Le registre grave / médium est confié à 2 haut-parleurs d’origine Scanspeak-Vifa-Perless de 17 cm de diamètre à cache noyau inversé. La membrane utilise un nouveau matériau : le Nomex qui a la vertu d’être très neutre acoustiquement et surtout possède la particularité d’être quasiment insensible aux phénomènes électrostatiques, d’où un gain en distorsion d’inter modulation très important, ce que nous constaterons à l’écoute.
Le filtre à couplage direct utilise des composants de très haut niveau, triés et choisis » à l’oreille » pour une restitution musicale optimale. Tous les composants sont assemblés sans circuit imprimé selon le principe du » montage en l’air ». Enfin, pour le câblage interne, PE LÉON a opté pour des conducteurs en cuivre / argent et un isolant téflon de chez Esprit. La face arrière, outre l’évent, accueille un simple borner pour une connexion à l’aide de seules fiches bananes, ce qui interdit le bi-câblage ou la bi-amplification. Ce choix technique ne limite en aucun cas les possibilités d’exploitation de l’enceinte.
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ECOUTE
Les tests d’écoute ont été effectués avec le matériel suivant : YBA Ligne Classic 2 Sigma et lecteur YBA CD 3 Sigma – SIM AUDIO Moon amplificateur Intégré 5.3 et SIM AUDIO Lecteur 5.3 – YBA Ligne 3 Delta DT et lecteur YBA CD Intégré Classic Sigma, ainsi que des câbles de modulation et HP YBA Glass et Diamond, ESPRIT Structura 3 en modulation et HP.
Avant d’écrire compte rendu, il a fallu attendre que ces enceintes aient pris leur place au sein de mon système audio, après un premier rodage d’une centaine d’heures considéré comme un minimum. Pour un rodage optimal, il faut tout de même compter pas moins de 300 heures de fonctionnement. Toutefois, dès les premières heures la KANTOR a déjà beaucoup de choses à raconter.
Test N° 1 : Musique Classique
J’ai effectué de nombreux tests d’écoutes avec différents styles de musique. Ce qui m’a immédiatement frappé à l’écoute de cette enceinte, c’est son absence dans la pièce d’écoute – je m’explique : la transparence assez exceptionnelle permet réellement de recréer l’ambiance d’une salle de concert ou d’une écoute en directe, mais à condition que les enregistrements soient de bonne qualité.
Sur de la musique classique, cette enceinte délivre à la fois une restitution douce et pertinente, avec un nombre incroyable de détails, sans la moindre trace d’agressivité. Avec le CD Dardanus de Jean Philippe Rameau, on retrouvera toutes les caractéristiques musicales qui ont marquées les productions précédentes du concepteur, avec tout de même quelque chose de plus. La scène sonore s’avère d’une grande ampleur, et dans une pièce d’écoute de 16 m², on a l’impression que la KANTOR agrandit les dimensions de cette pièce d’écoute tant en largeur qu’en hauteur ou profondeur.
Sur l’extrait Tambourin 1 et 2, la section de corde est d’une très belle précision, tandis que le son du clavecin – pas toujours évident à appréhender selon les systèmes – brille par sa présence, mais aussi par la précision de son jeu, et il offre aussi un très beau grain. Les percussions et la section grave des cordes font preuve d’une extraordinaire précision, d’une belle vivacité, et le registre grave descend de façon particulièrement profonde, sans toutefois en faire trop.
Cette nouvelle PE LÉON est aussi douée pour communiquer la joie et la bonne humeur musicale, que l’on appréciera notamment en écoutant le CD d’une série d’arrangements pour opéras de Mozart interprétés par l’ ensemble Zefiro & Alfredo Bernardini.
Dans un autre registre, le violon de Laurent Kora qui peut paraître agressif au sein de certains systèmes, est restitué de manière émouvante avec un magnifique velouté. L’excellente prise de son m’a permis de découvrir davantage de subtilités dans le jeu du musicien, et notamment à travers la qualité du morceau » Minor Waltz » très dépouillé; ici on perçoit nettement les infimes vibratos de la main gauche de l’artiste, et le glissement de l’archet sur les cordes. Une mention particulière est à souligner sur la restitution très naturelle de l’instrument grâce à une foule de détails.
S’agissant des détails, j’ai été très agréablement impressionné par l’accompagnement de l’accordéon dont les bruits de touches mécaniques mettent en valeur les qualités inhérentes à la transparence du message sonore. D’ailleurs, croyez moi, aucune trace d’agressivité ou d’acidité n’est à craindre de la part de la KANTOR, bien au contraire. On relèvera aussi une certaine aisance au niveau du registre médium qui s’articule fort bien avec les deux autres registres, aucun accroc ou incident n’est à craindre, les enchaînements sont parfaits.
Par ailleurs, le sobre jeu de contrebasse qui vient parachever interprétation est d’une précision magique, d’une lisibilité remarquable, et d’une profondeur impeccable. Avec la KANTOR, la musique respire tout simplement l’authenticité qui lui donne l’avantage de disparaître de la scène sonore et conforter l’aspect naturel de la restitution.
Avec cet excellent enregistrement, Laurent Kora vous fera partager son amour de la musique avec un rare sens de l’émotion à en donner des frissons.
Test N° 2 : Musique à bases de vocaux Tri Yann et Henri Salvador
Après les hors d’oeuvres, on passe au plat de résistance avec l’écoute du CD Tri yann et l’Orchestre National des Pays de Loire – Volume 1 et 2 enregistrés en public.
Pas de doutes, l’ ONPL et les choeurs qui l’accompagnent s’expriment avec force et conviction, sans rien masquer ou laisser de côté. On ne peut qu’être émerveillé par les interventions occasionnelles des petits instruments tels que le triangle ou la mandoline. Le jeu des percussions est à la fois expressif et savamment dosé. La positionnement des musiciens dans l’espace est très convainquant. Les vocaux solos sont restitués avec une belle émotion, et le côté très naturel ne fait que confirmer l’aspect humain et communicatif des chansons.
Sur les parties plus » musclées », le jeu de batterie » claque » généreusement, tandis que les coups de cymbales étincellent merveilleusement bien, mais pas au détriment des autres instruments qui restent très présents et s’expriment de manière authentique. La guitare basse traduit une excellente lisibilité et descend suffisamment bas pour être crédible.
L’équilibre général de la KANTOR nous permet d’apprécier ( enfin ) les arpèges d’une harpe classique avec la transparence qui lui revient de droit, mais aussi » l’intervention » des instruments en bois que sont le hautbois, la chalémie et le basson, lesquels font preuve d’un très beau réalisme proche d’une écoute en direct.
L’excellente prise de son de » Jardin d’Hiver » interprété par Henri Salvador, se traduit simplement par une sorte de communion entre le chanteur et l’auditeur. J’ai été bluffé par la présence d’Henri Salvador dans la pièce d’écoute.
Les différents systèmes d’écoute qui accompagnent ces enceintes traduisent une restitution réaliste, riche en détails, au travers d’un aspect humain, chaleureux et naturel. La guitare acoustique fait preuve d’un excellent grain, et le reste des différentes orchestrations est proposé avec un sens de la nuance qui laisse de côté la monotonie. Cet aspect très vivant et fluide nous permet de redécouvrir à chaque écoute de nouvelles choses.
Test N° 3 : Jazz et Musique Orchestrale
Le test effectué sur de la musique de jazz grâce au CD COLLABORATION interprété par The Modern Jazz Quartet with L. Almeida, ne fait que confirmer les innombrables qualités musicales déjà évoquées.
Sur l’extrait » Valéria », on ne pourra que rester muet d’admiration devant le jeu de contrebasse absolument superbe et surtout le jeu de vibraphone si difficile à restituer. Sans pour autant descendre de manière ultra profonde, la contrebasse prend ici une dimension réelle et la restitution de la ligne mélodique de l’instrument est d’une magnifique lisibilité, et d’une rare précision. La même remarque s’applique au piano qui délivre une sonorité pleine de nuances, avec un » coffre » d’une très belle ampleur. Les attaques sont franches et massives quand cela devient nécessaire. Par ailleurs, aucun traînage n’est à déplorer de la part de la KANTOR. La scène sonore ne s’effondre jamais, même par » gros temps » comme l’on dit en langage maritime.
Malgré cet enregistrement relativement ancien, on entend distinctement une multitude de petits détails qui nous échappent parfois en d’autres circonstances : les cymbales sont d’une très bonne précision, et le discret charleston souvent masqué sort par miracle de l’ombre.
Un petit test avec The London Sessions – musiques de films de Georges Delerue, pour confirmer une fois de plus la formidable ampleur de la scène sonore dans toutes ses dimensions qui rend hommage notamment à la section de cordes très aérienne de l’orchestre. Fluidité, honnêteté musicale, finesse, sont une véritable récompense et constituent un véritable régal musical.
Conclusion :
Voici maintenant trois mois que je vis avec cette enceinte acoustique que je qualifierais d’assez exceptionnelle, et chaque écoute m’apporte quelque chose de nouveau : je vais de surprises en surprises, de découvertes en découvertes. En tout cas, associée à un système audio de haute qualité, la KANTOR pourrait bien devenir le » Chef de choeurs » de votre lieu d’écoute.
Cotations : |
Musicalité : un must qui fera date
Rapport qualité – prix : très bon |
Prix : 3350 € (10/2007)
Essai réalisé par
Lionel Schmitt
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