Cellule phonocaptrice
Bobine mobile (MC)
Origine : Danemark
Niveau de sortie : 0,30 mV
Réponse en fréquence : 20 Hz à 25 kHz à – 3 dB
Impédance interne : 5 Ohms
Charge recommandée : > 20 Ohms
Séparation des canaux : 23 dB à 1 kHz
Compliance : > 80 µm à 315 Hz
Force d’appui : 2,1 à 2,5 grammes
Poids : 9 grammes
Forte de son histoire et de son expérience, ORTOFON est considéré comme un constructeur de référence en matière de cellules phonocaptrices. Très large, son offre s’adresse à un public qui ne l’est pas moins. Chez ORTOFON, il y en a pour tous les goûts, toutes les applications et tous les budgets.
La série Quintet s’inscrit dans une gamme « intermédiaire ». Elle comprend cinq références, toute à bobine mobile dont un modèle monophonique. Celle qui se situe au sommet de cette gamme est la Quintet Black S qui nous occupe aujourd’hui. La version S actuelle prend la succession de la Quintet Black d’origine.
La structure de la Quintet Black S est moulé sur la base d’un corps thermoplastique ABS (Acrylonitrile, Butadiène et Styrène) et aluminium. L’idée est de limiter le poids total de la cellule à 9 grammes et accroître la rigidité et les capacités d’amortissement de celle-ci.
Cette cellule bénéficie d’une bobine en aucurum – une variété de cuivre de catégorie 9X plaqué or et d’un diamant de type Shibata. La tige sur laquelle est fixée le diamant, appelée aussi cantilever, est en saphir. Ce choix vise à limiter la transmission d’interférences dans le fonctionnement de la cellule. A l’intérieur, nous trouverons des aimants néodyme.
Ecoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués en auditorium avec les éléments suivants :
– Platine vinyle MARK LEVINSON N° 5105
– Préamplificateur phono MOON 110 LP Mk2
– Palet-presseur / stabilisateur : MARK LEVINSON
– Accessoire : brosse dépoussiérage / antistatique ANALOG Relax AR-ASAB1
– Amplificateur intégré MOON 600i V2
– Enceintes acoustiques APERTURA Armonia Evolution
– Câble de modulation NORDOST Blue Haeven
– Câbles HP NORDOST Heimdall 2
Pour l’alimentation secteur : barrette NORDOST QB 8 Mk2, câbles secteur Leif Red Dawn de la même marque.
• Vinyles sélectionnés : Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield – Soul Bossa Nova ~ Quincy Jones – Ted Heath Salutes Benny Goodman – Nameless & Stay Tuned ~ Dominique Fils-Aimé – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Barry Lyndon ~ bande originale du film – All Time Favorite Melodies of Japan – La découverte ou l’ignorance ~ Tri Yann – Concertos Brandebourgeois N° 1,2,3 de Jean-Sébastien Bach ~ The English Chamber Orchestra ~ Direction Benjamen Britten – Workshop & Down Home ~ Chet Atkins – Shadow Hunter ~ Davy Spillane – A mémorial for Glenn Miller : the original members – « Jalousie » ~ Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli – The Complete ~ Mike Oldfield – Swinging Safari ~ Bert Kaempfert – Contrastes par Pachacamac – The Complete ~ Mike Oldfield – Shadow Hunter ~ Davy Spillane – Crucifixus ~ Jean-Christian Michel – Le Vaisseau de Pierre ~ Tri Yann – Quiet Nights ~ Diana Krall, etc…
Philosophie musicale & esthétique sonore
Cette cellule a été mise en oeuvre lors du banc d’essai consacré à la platine MARK LEVINSON N° 5105 qui fait par ailleurs l’objet d’un banc d’essai spécifique avec d’autres cellules à bobine mobile. Cela n’est pas un hasard ou un choix délibéré de ma part puisque MARK LEVINSON propose sa platine avec cette cellule.
A mon sens, il s’agit d’un choix contestable dans la mesure ou cette cellule ne convient absolument pas à cette platine. S’agissant de l’esthétique sonore, Quintet Black S ne brille vraiment pas par la couleur des timbres. La plupart du temps, nous avons affaire à une musicalité en manque de couleurs. Le côté pâle, voir fade, aboutit à une reproduction « plate », qui se remarque par des fréquences extrêmes totalement écourtées.
Le registre aigu ne file objectivement pas très haut, ce qui ne permet pas de donner aux timbres des violons la texture fine et effilée que l’on serait en droit d’attendre. Il en est de même avec la trompète dont les contours sont parfois, à mon sens très approximatifs. Il en résulte une sonorité bouchée.
Les fréquences médium ne reflètent pas le fruité et la transparence à laquelle nous pourrions nous attendre. C’est un peu comme si cette cellule jetait un voile opaque sur le message sonore. Tout cela manque de luminosité, ce qui gâche le plaisir de l’écoute. Même les cuivres ne brillent pas par le côté éclatant que nous procure habituellement d’autres cellules parfois de gamme inférieure.
En ce qui concerne le registre grave, celui-ci se singularise par son manque de profondeur, même si le suivi mélodique n’est pas à remettre en question. S’il y a de la matière, le registre grave est vraiment très court. Sur certains passages, je l’ai trouvé léger pour ne pas dire superficiel.
Il est clair que sur l’ensemble de la bande passante audible, cette cellule est loin d’offrir le panache que l’on rencontre avec d’autres cellules y compris chez ORTOFON. J’ai été totalement déçu par ce côté mat absolument persistant qui nous fait passer à côté de l’essentiel.
Capacités de réaction – dynamique
Côté dynamique, ça s’arrange un peu. Je ne porterais pas de critiques vis à vis des capacités de réaction. La musique n’accuse aucun traînage et le répondant permet de rehausser la reproduction sans pour autant nous faire oublier le manque flagrant de couleurs tonales. Les accélérations sont prises en charge normalement, sans excès, avec cependant, une certaine parcimonie qu’il appartiendra à chacun d’apprécier à sa juste valeur et en fonction de ses attentes.
Le côté « entraînant » de certaines partitions se matérialise par un message sonore plutôt dynamique qui ne laisse pas de place à l’approximation. Pour l’exemple, je l’ai relevé sur la Sarabande de Haendel, tout comme sur « Jalousie » interprété aux violons par le duo Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli.
Heureusement, cette cellule ne fait pas preuve de sécheresse : au contraire, je dois volontiers lui reconnaître la fluidité du message qu’elle délivre.
Scène & espace sonore
Cette cellule n’a toutefois pas tous les défauts. Si je me réfère à la notion de spatialisation, Quintet Black S nous gratifie d’une écoute confortable. La scène sonore est ample, étoffée. Sur les bons pressages on décèle un côté aérien attrayant où la musique semble respirer. Il y a de l’air entre les musiciens, les groupes d’instruments et les différents plans. Ces derniers sont assez bien marqués. Certes le côté magique ne transparaît pas de prime abord. Toutefois nous arrivons à cibler correctement la place occupée par les musiciens au sein de la scène sonore.
Par ailleurs, il y a un paradoxe entre la notion d’expression pure qui, selon les pressages se révèle parfois éloquente, et la distance qui s’installe le plus souvent entre les interprètes et l’auditeur. L’expression manque le plus souvent de reliefs et de contrastes. L’étagement des plans aurait aussi largement gagné à être plus marqué.
Communication avec l’auditeur – sens de l’expression
Très clairement avec la Quintet Black S, la magie habituelle de l’écoute vinyle ne s’opère pas. L’écoute de Nameless et Stay Tuned de Dominique Fils-Aimé m’a laissé totalement sur ma faim. Le vocal et plus précisément la diction sont certes reproduits avec chaleur et humanité. J’ai aussi senti une bonne volonté sur le sens de l’expression, mais l’ensemble manque de nuances, voir un peu de consistance si l’on en juge par le jeu de contrebasse. Les percussions apparaissent « sombres », sans ce côté étincelant qui donne de la vie à ces enregistrements richement dotés en matière d’harmoniques.
Globalement, j’ai eu le net sentiment que la musique restait collée aux enceintes acoustiques. Les notes et les sons ne viennent pas spontanément flatter l’oreille de l’auditeur. Même la truculente Sarabande de Haendel ou les autres extraits traditionnels Irlandais qui figurent sur la bande originale du film Barry Lindon ne sont pas parvenus à me faire vibrer. L’extinction des notes est plutôt « sévère » et brutale : elles ne s’écoulent et ne s’éteignent pas dans l’espace et le temps délicatement et graduellement.
Conclusion :
Jusqu’ici, en me référant aux tests des cellules 2M Blue et Cadenza Black (bancs d’essais respectifs ICI et ICI), j’étais plutôt serein et enthousiaste à l’idée de pouvoir juger des performances musicales de la Quintet Black S montée sur la platine MARK LEVINSON N° 5105. Quelle déception, en définitive.
A l’évidence, cette cellule est loin d’être adaptée à cette platine. Mais, son point faible est sa restitution terne qui restera par ailleurs perceptible avec la plupart des platines vinyles de milieu et de haut de gamme. Pour ma part, j’émets beaucoup de réserves sur ce choix, qui sans une écoute attentive, deviendrait aléatoire.
Prix : 850 € (03/2022)