NAIM Stageline
Origine : Grande Bretagne
Pré-amplificateur phono transistorisé
Caractéristiques techniques : non spécifiées
Version MM : 2mV/47kohms
Version MC E : 400uV/400ohms
Version MC K : 100uV/560ohms
Version MC S : 100uV/470ohms
Tension d’alimentation requise de 24 Volts depuis NaimUniti 2,
NAIT XS2, SUPERNAIT 2, préamplificateur Naim (sauf NAC-N172 XS),
Alimentations FlatCap XS, HiCap ou SuperCap
La tendance actuelle étant au disque vinyle, il m’est apparu intéressant de refaire un tour d’horizon sur les pré-amplificateurs phono de prix encore « accessibles » sur le plan tarifaire. Parmi eux, le modèle Stageline de NAIM dans sa version MM (aimant mobile 2mV/47kohms). Sur demande, ce modèle pourra être livré en versions MC (bobine mobile) sous les références E (400uV/400ohm for medium ouput cartridges), K (100uV/560ohm for selected moving coil cartridges), S (100uV/470ohm for low output cartridges). Il est un peu dommage que le constructeur britannique n’ait pas prévu une version qui permette d’adapter les deux types de cellules et leur réglages respectifs par l’utilisateur.
Le Stageline se présente dans une livrée dépouillée : seule une diode verte pour la mise sous tension vient égayer la face avant de ce boîtier aux dimensions compactes; pas de logo, pas de référence, pas d’interrupteur, pas de réglages.
La face arrière comporte deux fiches RCA d’excellente facture directement boulonnées sur le châssis et isolées téflon, plus une borne de terre. Les deux autres connecteurs sont au standard DIN (of course) : l’un est prévu pour le signal de sortie, et le second pour relier le Stageline à son alimentation. L’alimentation pourra provenir d’un pré-amplificateur ligne de chez NAIM (sauf Nac 172 XS), des amplificateurs intégrés Supernait2, Nait XS2, plus simplement des alimentation FlatCap XS, HiCap ou SuperCap. Le constructeur fournit la connectique adéquate.
A l’intérieur du boîtier en tôle pliée et aluminium d’une bonne rigidité, une seule carte contient l’électronique à composants discrets dont des transistors bipolaire, une série de résistances à film métallique, et des petits condensateurs au polystyrène et polypropylène – bref du très sérieux !
ECOUTE :
Les tests d’écoutes ont été réalisés à plusieurs reprises en auditoriums au sein de différentes configurations NAIM, et à domicile avec un amplificateur NAIM Nait XS2 – platine vinyle REGA RP6 – cellule REGA Exact2 – enceintes acoustiques B&W CM10, câbles modulation NAIM et HP YBA Diamond et ESPRIT Aura.
Vinyles utilisés : Ted Heath salutes Benny Goodman – Marquises de Jacques Brel – « Ainsi parla Zarathoustra » Opus 30 de Richard Strauss ~ Direction Zubin Metha – « Molière » – adaptation René Clémencic – Concerto Brandebourgeois N°1 et 2 de Jean-Sébastien Bach ~ direction : Benjamin Britten – Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach orchestrée par Camarata – Hunter Shadow par Davy Spillane, etc…
• Ted Heath Salutes Benny Goodman – clarinette Keith Bird
Bien campé au milieu de la scène sonore, la clarinette de Keith Bird sonne de manière magistrale et naturelle avec sa sonorité si « caractéristique ». Du swing en veux-tu en voilà : les rythmes sont soutenus et vous baignent dans l’univers de la musique de Benny Goodman sans artifices ou autres d’incongruités musicales de mauvais goût. Les cuivres qui accompagnent l’artiste sont d’une belle douceur et sonnent sans caricatures outrancières. Le piano accompagne la « danse » avec une fluidité et un délié remarquables. Chaque note est diablement détourée et le jeu de contrebasse a une densité et un suivi mélodique très bien reproduits. Le coup de cymbales qui ponctuent la partition sont d’une belle fraîcheur et nous gratifient d’une finesse réellement satisfaisantes. Le vibraphone offre des couleurs tonales étendues et variées qui mettent l’accent sur une forme de transparence non négligeable.
• « Marquises » de Jacques Brel
Avec ce préamplificateur phono, j’ai pu profiter pleinement de l’immense talent de Jacques Brel. L’artiste s’exprime à haute et intelligible voix. Pas de voile entre l’interprète et l’auditeur : la communication s’établit immédiatement et la voix de Jacques Brel vous « touchera » à coups sûrs comme elle a pu me toucher de manière assez troublante au cours des différentes séances d’écoutes. Les sensations sont assez impressionnantes et méritent alors d’être signalées. Sur Jojo, les arpèges de guitare classique sont méthodiquement « décortiqués » et forment un contraste plutôt bien amené avec la voix du chanteur. Dans le même esprit, chaque syllabe du « vocal » nous démontrent les capacités d’analyse inhérentes au concept de l’électronique qui « capte » et reproduit toutes les nuances consignées sur cet enregistrement mythique cependant déjà ancien.
L’orchestration n’accuse aucune fausse note ou autre caractéristique « déplacée ». La musique est d’une bonne fluidité et épouse habillement le phrasé de Jacques Brel, nous faisant ainsi profiter pleinement de la diction impeccablement réalisée. La Ville s’endormait et Marquises passent en boucle et on ne s’en lasse pas, c’est dire !
• « Ainsi parla Zarathoustra » Opus 30 de Richard Strauss – Direction Zubin Metha
Voici un « opus » qui ne manque pas de panache et qui se révèle ici tout à fait convainquant. L’orchestration prend ici une très bonne « dimension » dans tous les sens du terme. L’ouverture aux grandes orgues est grandiose, en dépit d’un infra-grave légèrement écourté – que l’on pourra sans doute imputer à la cellule. Il n’empêche que les effets d’ensemble sont « intéressants » ne serait-ce que par la présence de l’orgue, des cuivres, et de la montée en puissance de l’orchestre qui déferle sur vous sans crier gare. On retiendra une absence totale de confusion : ce préamplificateur fait preuve de discernement sur l’ensemble des plans et des pupitres. Les percussions se reproduites avec une forme de matérialisation qui n’a rien d’anecdotique.
Au chapitre de la dynamique, je n’ai pas relevé de limites objectives : la vivacité correspond en tous points à celle qui caractérise les produits NAIM depuis l’origine. Lorsque la situation le requiert, ce « petit » préamplificateur suit la cadence avec une docilité parfois impressionnante.
• « Molière » – adaptation René Clémencic (bande originale du film)
C’est avec cette bande originale du film Molière signée René Clémencic que je « boucle ce banc d’essai. C’est aussi avec ce disque que je me suis aperçu que ce pré-amplificateur a été conçu pour délivrer des doses d’émotions qui laissent assurément des traces lorsque l’on est pris dans une ambiance musicale aux « tonalités prenantes ». Assurément, il est impossible que le Stageline laisse quelqu’un de marbre ou insensible au charme de la musique baroque, et plus précisément au son des luths, clavecin, cornets à bouquin, flûtes baroques et autres percussions qui ressortent ici de manière charnelle et bigrement naturelle.
Mais la part belle, je la réserve pour le final « La mort de Molière » – extrait de ‘’ King Arthur ‘’ de Henry Purcell – Direction Alfred Deller qui m’a fait vibrer d’une émotion toute particulière. Ce pré-amplificateur s’emploie à vous immerger dans un univers tout à fait singulier, une autre époque, avec un talent inouï pour ne pas dire insoupçonné. La voix du baryton et des choeurs qui l’accompagnent est reproduite de manière communicative sur un rythme saccadé qui induit que de cette œuvre vous colle à la peau par sa « beauté » incomparable. Que dire de plus ?
Conclusion :
Ce pré-amplificateur phono figure au catalogue NAIM depuis quelques années. S’il ne semble pas avoir pris une ride, son tarif a cependant évolué pour les raisons liées (entre autres) à la parité euro / livre sterling, ce qui ne le rend plus tout à fait aussi compétitif qu’à l’origine.
Par ailleurs, son principal inconvénient repose sur le fait que si vous souhaitez l’utiliser au sein d’un système audio autre que NAIM, vous devrez avoir recours à une alimentation séparée d’origine NAIM qui aura pour conséquence d’alourdir la facture.
Néanmoins, ce préamplificateur phono fait « utilement » son travail et mettra en valeur vos précieuses galettes vinyles au sein d’un système audio de bonne qualité. Il reste donc une référence à prendre en considération pour compléter un système audio muni d’une platine vinyle et d’une cellule phono de référence.
Synthèse : | Musicalité : de bon niveau Appréciation personnelle : ce pré-amplificateur a retenu toute mon attention Rapport musicalité – prix : difficile à cerner |
Prix : 500 € (05/2017)