MARANTZ – PM 6004
Origine : Japon
Amplificateur intégré à transistors
Puissance :
2 x 45 watts sous 8 ohms
2 x 60 watts sous 4 ohms
Réponse en fréquences : 10 Hz à 70 kHz
Distorsion : 0,07%
Rapport signal / bruit : 102 DB
Facteur d’amortissement : 100 / 8 ohms
1 entrée phono MM
3 entrées haut niveau RCA
2 entrées / sortie enregistreurs RCA
1 sortie casque en façade
8 sorties HP
Je ne crois pas qu’il faille encore présenter la marque MARANTZ. Celle-ci jouit depuis près de 70 ans d’une notoriété sans précédent. Sous l’impulsion de son géniteur américain Saul Marantz, on peut vraiment dire que la marque s’est toujours attachée à concevoir et réaliser des électroniques, à la fois plaisantes, musicales, et fiables, et toujours bien présentées. Certes, au fil des décennies, la marque a changé de mains et, d’américaine, la société a migré vers des horizons plus orientaux qu’occidentaux, mais j’ai toujours l’impression que l’esprit Marantz n’a jamais totalement disparu. Je crois aussi que Maître Ken Ishiwata a également contribué à perpétuer la tradition, grâce à l’optimisation de certaines références et la conception de produits qui confirment l’emprunte musicale si chère à la marque.
Sans vouloir rivaliser avec les produits High End du moment, vendus à prix astronomiques, Marantz s’attache à l’essentiel : offrir le meilleur de la musique à prix raisonnable ; challenge pas toujours évident à atteindre au moment où la concurrence ne fait aucune concession.
Sans être un produit totalement nouveau et / ou révolutionnaire, le PM 6004 est un amplificateur intégré plutôt « traditionnaliste » qui succède au PM 6003 qui a reçu de nombreuses éloges de la presse spécialisée, mais surtout, qui a fait la joie de ses nombreux possesseurs à travers le monde. Quand, j’évoque succession, je veux mettre l’accent sur les évolutions qu’a subi le PM 6004 par rapport à son prédécesseur.
Si le châssis / façade demeurent assez semblables, le constructeur a mis l’accent sur différents points : tout d’abord l’alimentation qui reçoit un nouveau transformateur torique encapsulé dans un boitier blindé, de plus grande capacité (non dévoilée), de nouveaux condensateurs de filtrage, et de nouveaux transistors de sortie. Le traitement du courant – plus important – et le contrôle des enceintes s’en trouvent ainsi facilités. La configuration générale est de type asymétrique, et la section de puissance fait appel à un circuit à contre réaction de courant.
S’agissant des sections de préamplification, par bonheur, Marantz est revenu à des composants discrets en lieu et place des circuits intégrés et autres amplis opérationnels. Ceux-ci ont été choisis à l’écoute et triés avant implantation. Le constructeur met un point d’honneur à citer en exemple son châssis plaqué cuivre destiné à filtrer tous les rayonnements et prémunir les composants internes, mais également les produits placés à proximité du PM 6004.
S’agissant de la présentation générale, la belle face avant en aluminium brossé est vraiment complète, voir même un peu chargée. Un grand nombre de fonctions sont offertes à l’utilisateur, qui aura le choix de pouvoir connecter trois sources haut niveau, deux enregistreurs avec boucle monitoring, une entrée phono à aimant mobile (MM), deux paires d’enceintes acoustiques, et un casque au standard jack 6,35.
Au chapitre des regrets, on mentionnera les inutiles réglages de tonalité grave et aigu séparés, ainsi que la fonction loundness (filtre dit physiologique), qui complexifient le schéma et introduisent un nombre de composants passifs sur le trajet du signal. En revanche, comme cela est de coutume chez Marantz, le réglage de balance est le bienvenu. Enfin, on relève une fonction « source directe ».
Le verso de l’appareil révèle une connectique riche et complète, et on mentionnera que les connecteurs exclusivement RCA sont plaqués or. Toutefois Marantz nous informe que certains circuits sont de type symétriques, mais ne donne pas de détails sur ce point … Les huit bornes HP en métal doré sont d’origine WBT, mais n’acceptent que les seules fourches. Elles permettront, cependant, de connecter 2 paires d’enceintes acoustiques, ou d’avoir recours au bi-câblage. A la grande surprise générale, le cordon secteur n’est plus prisonnier et Marantz a doté le PM 6004 d’une prise secteur de type IEC, autorisant le propriétaire à choisir son câble secteur.
|
ECOUTE
Les tests d’écoutes ont été effectués avec un lecteur Marantz CD 6004, une paire d’enceintes acoustiques KEF IQ 30 et IQ 70, et câbles de modulation ESPRIT Linéa OB 6 et OB 8 et HP.
CD utilisés : The Singing Clarinet par Giora Feidman – Doubles Jeux par Laurent Korcia – Carmina Burana par l’Orchestre Philarmonique de Prague, Requiem de Mozart par Karajan, la Folia de Gregorio Paniagua, Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida, Misa Criolla – Kyrié d’Ariel Ramirez par José Luis Ocejo, Tri Yann – Ramadou / Générations, Omar Faruk Tekbiletk – Dance into Eternety – Romance de la suite symphonique de « Lieutenant Kué » de Serge Prokofiev.
1° Timbres
Dès les premières minutes d’écoutes, on reconnaît instantanément les traits de caractère du PM 6004, qui ne peut renier ses origines : il s’agit d’un Marantz « pur jus ». L’aspect un peu gras et épais du bas médium / grave est une caractéristique de la marque, reprise à bon compte ici. On appréciera ou non ! Toutefois, il faut reconnaître que l’aspect un peu enveloppé est contenu par rapport aux versions antérieures.
En tout état de cause, pas une once d’agressivité ne viendra contrarier l’auditeur, même à haut niveau d’écoute. Tout se passe en douceur, avec une remarquable fluidité. Sur Valéria interprétée par le Modern Jazz Quartet, le vibraphone n’accuse aucune distorsion apparente ou désagréable. L’aspect un peu rond et chaleureux affiche clairement la couleur : toutefois, et on reconnaîtra volontiers que cette caractéristique est omni présente.
On sera plutôt séduit par le jeu de violon sur Doubles Jeux de Laurent Korcia, diffusé d’une manière douce et soyeuse. Le revers de la médaille se traduit par le fait que ce violon n’a peut-être pas le grain et la finesse attendus – je dirais même que, outre l’aspect plaisant, le côté un peu « mielleux » et légèrement caricatural ne peut être ignoré. Et même si la couleur des timbres n’est pas totalement respectée, neutre, et droite, on pardonnera volontiers au PM 6004 ses quelques écarts, dans la mesure où l’amplificateur ne cache pas grand choses des infimes détails qui peuvent se cacher au sein d’un masse orchestrale chargée. Ainsi, sur Tri Yann et l’Onpl, le PM 6004 nous montre que le petit triangle est bien présent, que le violon soliste est mis distinctement en valeur, et plus généralement les nappes de violons ou les chœurs offrent des teintes et des contrastes assez variés.
2° Transparence
Loin de vouloir rivaliser avec les ténors du moment, le PM 6004 n’est absolument pas le dernier de la classe. Certes, les enceintes KEF et les câbles ESPRIT contribuent à mettre l’accent sur un bon nombre de détails, mais le côté sain de la conception doit y être aussi pour quelque chose.
Avec la Romance de la suite symphonique de « Lieutenant Kué » de Serge Prokofiev qui contient quelques arpèges de harpe, on n’a pas ce sentiment de voile qui viendrait à couvrir certaines nuances. Les quelques notes de hautbois nous permettent de bien cerner la « consistance » de l’instrument et d’appréhender chaque note et les subtilités propres à cet instrument de musique.
Les meilleurs effets sont obtenus avec Dance into Eternety de Omar Faruk Tekbiletk où le jeu de cordes pincée et les percussions sont d’une très bonne précision. Le PM 6004 ne fouille pas à outrance les enregistrements, mais il ne laisse quasiment rien de côté. Un soupçon d’ouverture supplémentaire aurait permis de tirer meilleur profit de certains enregistrements, mais soyons corrects : l’essentiel est offert à l’auditeur.
3° Dynamique – réactivité – rigueur – Scène sonore
C’est sans doute sur ces thèmes que le PM 6004 accuse une petite faiblesse. J’aurais souhaité que les attaques soient plus franches, plus poignantes, et que les écarts de dynamique soient mieux « gérés ». Sur le Requiem de Mozart, lors de la montée en puissance de l’orchestre, j’ai eu le fâcheux sentiment que le PM 6004 avait un peu de mal à suivre. Les grands écarts de dynamique n’ont pas la réactivité attendue, et même celle d’amplificateurs de catégorie équivalente. On retrouve aussi cette tendance à « courber l’échine » sur Tri Yann et l’Onpl lorsque les chœurs et l’orchestre se veulent très expressifs. Sur les charges complexes, une sorte de cafouillage s’installe lorsque l’on pousse le potentiomètre vers 12H00.
La scène sonore, bien que d’une ampleur fort acceptable semble quelque peu se tasser dès que l’on sollicite le PM 6004. Je n’irais pas jusqu’à dire que l’amplificateur fait preuve de mollesse, mais lorsque les percussions attaquent fort, elles n’ont pas le poids et la consistance nécessaires pour apparaître comme crédibles, pleines, ou totalement libres.
L’étagement des plans, la structure de la scène sonore et notamment la profondeur de celle-ci peuvent être dans certaines circonstances contestables. En revanche, la hauteur et la largeur de scène sonore confirment la bonne santé et le bon état d’esprit dont fait preuve cet amplificateur dans sa globalité. Au fil des écoutes, le changement d’enceintes acoustiques, et l’apport de câbles de qualité ont d’ailleurs permis de mettre davantage en valeur pas mal de caractéristiques musicales, dont l’étendue de la spatialisation et l’enveloppe de la scène sonore.
4° Communication avec l’auditeur
Comme tout produit Marantz qui se respecte, le PM 6004 joue absolument la carte de la séduction. Mais, je trouve qu’il le fait avec astuce. Il ne fait aucun doute que le Kyrié d’Ariel Ramirez par José Luis Ocejo est rapporté ici avec franchise et un aspect gouleyant du plus meilleur effet. On ressent bien l’expression des interprètes et leur volonté de communiquer leur chant avec une belle conviction.
Dans le même esprit, la voix de Maria Stader sur le Requiem de Mozart par Karajan m’a procuré un effet identique : l’expression est authentique, et la choriste s’exprime avec beaucoup de chaleur et d’humanité, qui trahit ainsi la volonté du concepteur à asseoir et perpétuer la philosophie musicale propre à Marantz.
Dans un autre style musical, les quelques extraits de The Singing Clarinet par Giora Feidman démontrent que cet amplificateur a aussi des talents incontestables pour communiquer à l’auditeur des sensations et des « vibrations » qui ne pourront laisser l’auditeur insensible au charme de telle ou telle intonation. Le jeu de clarinette est reproduit de façon épanouie et naturelle : chaque note prend une signification et une saveur particulières, qui me permettent de dire que le PM 6004 joue dans la catégorie des produits aptes à immerger l’auditeur au cœur de la musique – et sur ce thème, Marantz a de bons atouts pour réussir son parcours audiophile.
C’est encore sur la Misa Criolla – Kyrié d’Ariel Ramirez interprétée par José Luis Ocejo que cet amplificateur a fini par me convaincre. Les inspirations des choristes (qui ne sont pas 500 ici !) sont reproduites avec une âme et une humanité assez singulières : l’aspect parfois décharné dont font preuve d’autres produits de la concurrence a été totalement exclu du cahier des charges. Quand Marantz parle de musique, il sait parfaitement toucher les auditeurs là ou leur sensibilité est la plus grande.
Conclusion
Sans faire de tapage intempestif, sans revendiquer la première place à tous les niveaux, ni le meilleur rapport qualité / prix, le dernier-né de Marantz arrive tout en douceur chez les revendeurs. Tout en douceur, est également l’expression qui convient à la musicalité dont il fait preuve. La coloration des timbres plaira à certains, et d’autres la critiqueront … mais le si le PM 6004 est accompagné d’un lecteur CD performant et musical, et d’enceintes acoustiques de bonne volonté et de rendement supérieur ou égal à 90 dB, de câbles neutres et droits, cet amplificateur devrait pouvoir emmener l’auditeur exigeant dans des sphères musicales de bon niveau, et de toutes les façons, plaisantes.
Cotations : |
Musicalité : 7 / 10
Appréciation personnelle : 8 / 10
Rapport qualité – prix : 7 / 10 |
Prix : 550 € (01/2012)
Ecoute réalisée par
Lionel.Schmitt
|