KLINGER FAVRE – D 46
Origine : France
Enceinte 2 voies / 2 HP – bass-reflex
Rendement : 90 dB / 1w / 1m
Impédance moyenne : 8 ohms
Réponse en fréquence : non spécifiée
Dimensions : ( H x L x P ) 43 x 26 x 30
C’est dans le cadre du salon CINEMOTION 2011 qui se déroulait à Terville en Moselle que j’ai fais la connaissance (enfin !) des produits Klinger Favre, et de leur concepteur – réalisateur.
Cette marque purement française ne fait pas particulièrement parler d’elle, mais les fins connaisseurs qui ont la chance d’écouter et de posséder les produits reconnaîtront que c’est une carence, ou un oubli malencontreux, car Klinger Favre a développé une gamme d’électroniques et d’enceintes acoustiques basés sur la sincérité musicale. Toutes les références sont produites entièrement sur place à Saint Dié dans les Vosges et ne font appel qu’à des composants de qualité développés soit en interne, soit sur cahier des charges très strict. Le coffret des enceintes est entièrement assemblé dans les ateliers du concepteur et fait appel à des essences de bois sélectionnées non seulement pour leur aspect esthétique, mais aussi pour leur incidence sur la restitution sonore.
Par ailleurs, les électroniques et les enceintes sont toutes découplées par un astucieux système qui fait appel à une »suspension » par bille et qui isole de manière optimale les produits de leur support, et permet de gérer et d’évacuer les vibrations produites par les appareils eux-mêmes, mais aussi de les immuniser contre celles issues du monde extérieur.
Parmi les enceintes présentées – la D 36, la D 46, la Studio 15 – j’ai choisi ici de parler de la D 46. Par la suite, je compte bien approfondir la question des autres modèles en refaisant des écoutes complémentaires plus attentives et dans de meilleures conditions.
La D 46 est un modèle de type bibliothèque 2 voies / 2 haut-parleurs à charge bass-reflex. L’évent de décompression est placé en face arrière, et il est recommandé d’éloigner un peu l’enceinte des murs arrières afin de la laisser respirer. Le haut-parleur grave / médium de 17 cm est un modèle carbone issu de chez Davis Acoustics et fabriqué pour Klinger Favre suivant un cahier des charges spécifique. Le tweeter à dôme souple en soie imprégnée est un modèle développé et construit par le concepteur.
Au verso, outre l’évent, on trouve 4 bornes de très haute qualité permettant une exploitation en bi-câblage ou carrément en bi-amplification. La finition est tout à fait exceptionnelle, placage en hêtre lamellé-collé vernis incolore. On notera enfin que les bords et les angles sont de forme arrondie, et ont pour but de se soustraire à certains phénomènes de réflexion dans les fréquences élevées.
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ECOUTE
Les tests d’écoute ont été effectués avec le matériel suivant : amplificateur Klinger Favre, Drive EmmLabs, convertisseur Klinger Favre et câbles de modulation et HP Klinger Favre.
1° Vue d’ensemble
Faire connaissance avec une paire d’enceintes acoustiques n’est jamais évident, surtout lorsque l’on a en mémoire quelques modèles de référence. D’emblée les enceintes Klinger Favre surprennent par une forme « d’expression » à laquelle, on est pas toujours habitué. Je pourrais même qualifier la D 46 d’enceinte »authentique », quand tant d’autres apparaissent comme « exotiques » !
A tout dire, la D 46 ne sonne pas comme les autres enceintes acoustiques. Dès les premières notes, on perçoit un produit mûr, qui a été mis au point à l’écoute, et qui est fondé sur une restitution sans trace de caricature ou de coloration. Neutre ?, la D 46 est mieux que cela à mon avis, elle est pure, et c’est bien cela qui la différencie des autres enceintes acoustiques. Dès les premières notes, on pourrait penser qu’il manque un certain grave, que l’aigu ne monte pas si haut, mais très rapidement on est pris dans le flot de la musique et au bout de quelques minutes, on conclut déjà que cette enceinte n’a pas pour objet d’épater la galerie en se montrant démonstrative.
2° Image et scène sonore
De ce point de vue, la D 46 emplit bien la pièce d’écoute, et on ne peut pas parler d’une focalisation à outrance de tel ou tel registre. Le côté très vivant quand la situation l’exige est au rendez vous, et sur certains extraits de Tri-Yann et l’ONPL on est bien en phase avec une restitution qui sait faire preuve de présence.
A aucun moment, cette enceinte acoustique ne s’affole, dérape, ou offre une sorte de »bouillie » musicale, ne permettant pas de différencier les instruments de musique. Au contraire, par son côté délié, la D 46 permet de bien différencier les plans, de mettre en évidence l’orchestre, les chœurs, les instruments et vocaux solistes. Nul besoin d’aller chercher la musique, c’est la musique qui s’offre à l’auditeur.
Les chœurs et l’Orchestre National des Pays de Loire emplissent la salle d’écoute de façon confortable, mais avec la retenue nécessaire pour ne pas agresser ou envahir l’auditeur. La spatialisation permet de bien situer les interprètes au sein de la scène sonore, comme on peut le constater sur l’extrait »Cool Jazz » d’Arthur H. Un aspect très libre et très délié apparaît immédiatement et l’on constate sans peine qu’il y a beaucoup d’air entre les musiciens. Cette impression me permet immédiatement de mettre l’accent sur le côté fluide et naturel qui ne laissera pas insensible les audiophiles en quête d’émotions. Réellement, le Kyrié de la Misa Criolla d’Ariel Ramirez offre à l’auditeur une écoute très communicative, et cet excellent enregistrement permet d’avoir cette sensation de « percevoir » la présence des musiciens dans la pièce d’écoute. Les chœurs sont restitués avec une telle ferveur, qu’il est difficile de douter de la rigueur qui a présidé la mise au point de cette enceinte acoustique, et qui se traduit par un aspect totalement naturel qui confirme une cette sensation d’émotion.
Sur la Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach transcrite pour orchestre symphonique, et dirigée par Léopold Stokovski, on est pas un seul instant frustré par les dimensions relativement compactes de l’enceinte. Ici encore, la scène sonore est ample, les instruments et les différents plans sont à leur place et garantissent une restitution structurée, et sur les charges complexes, pas un seul détail n’est mis à l’écart.
3° Timbre et équilibre général
Vous l’aurez compris, la D 46 incarne la rigueur. Peu démonstrative dans le grave et l’aigu, cette enceinte comme les autres produits Klinger Favre n’a pas pour objet de faire dans le démonstratif, mais au contraire de respecter au maximum les timbres de chaque note, de chaque registre. Le registre aigu est fin, ciselé, sans être toutefois étincelant au point de devenir caricatural. Cette remarque ne laisse nullement supposer que le registre aigu accuse des limites, mais le concept permet un dosage ultra précis qui permet d’entendre de multiples détails quelque soit la circonstance.
Sur le l’extrait »Cool Jazz » d’Arthur H, les quelques notes de violon solo s’articulent de manière fine et ciselée, avec à la fois un velouté particulièrement agréable, qui ne délaisse absolument pas la précision. La même remarque peut être formulée avec Tri-Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire, où le violon – électrifié cette fois – n’offre pas une once d’agressivité et se mélange habillement à l’orchestre. Pas de traces de voile ou d’insuffisance à relever concernant les instruments de »second rang ». Ainsi, le jeu de cromorne, les quelques notes de mandoline, et les petites interventions du triangle sont bien présentes et confirment l’équilibre général, ainsi que l’aspect naturel d’ensemble.
Sans démultiplier les exemple, sur la Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach transcrite pour orchestre symphonique, on peut savourer le jeu de harpe qui vient caresser quelques note de flûte traversière avec une délicatesse réellement savoureuse. Sur ce même extrait, les jeux de cordes sont reproduits avec le velouté déjà constaté par ailleurs, et un point supplémentaire est à attribuer aux »nappes » de contrebasse et violoncelle reproduites avec beaucoup de détail et une excellente matérialisation.
Au niveau du registre grave tant attendu, il n’y a pas d’inquiétudes à avoir, si l’on a bien à l’esprit que la D 46 appartient à la catégorie des enceintes compactes. Mais, pour être encore plus rassurant, le registre grave n’apparaît pas comme limité et descend finalement assez bas pour être convainquant. Mais surtout, ce qui le caractérise, c’est sa lisibilité impeccable.
Si l’on prend pour exemple, le jeu de guitare basse de l’extrait »Cool Jazz » d’Arthur H., on arrive à suivre sans peine chaque note de musique, restituée de façon avec une redoutable précision. Avec quelques extraits de Tri-Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire, la remarque est identique, le jeu de basse électrique descend suffisamment bas pour être réaliste, sans aucune forme de boursoufflure, et se détache bien des autres plans musicaux.
Le registre médium s’articule de manière subtile autours des deux autres registres, rendant à la fois hommage aux vocaux, instruments en bois, cuivre, cordes. Tous les timbres sont proposés avec un enchaînement logique, facile à écouter, confirmant la fluidité, la douceur, et cette élégance de tous les timbres.
Une remarque s’impose à l’écoute du Requiem de Mozart vu par Herbert Von Karajan, et un point fort est à mettre à l’actif de la D 46 en ce qui concerne les chœurs, le vocal de la soliste, qui pénètrent l’auditeur avec une forme de communication assez singulière. On pourra souligner les propension de cette enceinte à délivrer une écoute transparente, et un détourage des voix et des instruments leur permettant d’être mis en valeur. Ce test du Requiem de Mozart permet de voir si les enceintes et le système dans son ensemble font »vibrer » l’auditeur, ou non. En ce qui me concerne, et malgré des conditions d’écoutes assez peu favorables, je valide l’émotion et le petit frisson qui m’est monté le long de la colonne vertébrale à l’écoute de cet extrait de musique.
4° Dynamique et lisibilité
Comme ces premières remarque pouvaient le laisser présager, je confirme que la D 46 est un enceinte dynamique, vive, et réactive. La D 46 n’en fait pas trop, elle réagit de manière spontanée, comme j’ai pu le constater sur certains extraits de Tri-Yann, où le mélange des genres, les forts écarts de dynamique, et la charge des instruments de musique peuvent parfois mettre en difficulté d’autres enceintes de petite dimension. En effet, la D 46 suit sans écarts et aucun registre, plans, n’est écorné au passage. L’intervention de la guitare électrique sur certains passage en surimpression de L’ONPL et des chœurs qui l’accompagnent se passe avec une facilité déconcertante, et même si l’enregistrement et le mixage ne sont pas au top niveau, tout est audible sans une once de déformation. Le jeu de batterie est clairement identifié, et notamment les attaques de cymbales que l’on perçoit de façon nette et précise.
Bien évidemment, la part belle est faîte avec le Requiem de Mozart, où la montée en puissance des chœurs et de l’orchestre se passe avec une aisance assez surprenante, et les percussions sont reproduites avec le poids et la lisibilité que l’on est en droit d’attendre avec des enceintes acoustiques de taille bien supérieure.
Par ailleurs, si l’on prend en considération et comme test repère la Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach, on se rend bien compte à quel point la D 46 est généreuse à tous les points de vue. La masse orchestrale est restituée avec une belle générosité, et un phrasé permettant de souligner la fidélité et l’aisance sur le plan de l’expression. Aucune bavure n’est à relever, les possibilités de réaction de cette enceinte sont vraiment à souligner. Enfin, la D 46 »encaisse bien les coups », ce qui confirme aussi l’excellente stabilité de l’image sonore, quelque soient les circonstances.
Conclusion :
Très discret sur le plan de la communication, le concepteur des électroniques et enceintes KLINGER FAVRE propose une gamme d’enceintes atypiques, mais pas exotiques pour autant. Le but recherché n’est pas de jeter de la poudre aux yeux ou aux oreilles, de flatter l’auditeur, mais au contraire de proposer une écoute neutre, naturelle, vivante, qui pourraient apparaître comme une peu mate aux yeux de certains auditeurs.
Certes, dans un premier temps la restitution pourraît être déroutante, pour qui a coutume d’écouter des enceintes relativement colorées et pour tout dire caricaturales, mais au final, on ne peut être qu’enchanté par la subtilité et l’aspect naturel qui caractérisent les enceintes KLINGER FAVRE. Ainsi, la D 46 ne déroge pas à la règle, et mérite que l’on s’y intéresse particulièrement. Les amateurs ou professionnels en quête d’émotions ne s’y tromperont sûrement pas.
Cotations :
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Musicalité : 10 / 10
Rapport qualité – prix : sans objet
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Prix : 5000 € ( 04/2011)
Ecoute réalisée par
Lionel Schmitt
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