Jean-Marie REYNAUD Euterpe Suprême Origine : France
ECOUTE Les tests d’écoute ont été effectués en auditorium avec le matériel suivant : amplificateur intégré ATOLL IN 100 SE, NAIM Nait 5 Si – lecteur CD ATOLL CD 100 SE, CAMBRIDGE 651 Azur, ROTEL RCD 1570, NAIM CD 5 si – câbles modulation et HP YBA Glass et LEEDH. CD utilisés : CD test NAIM Sambler N° 6 – La Folia de la Spagna par Gregorio Panagua – Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Air Varié d’après Colombi (école de Madène 17ème siècle) – Quiet Nights par Diana Krall – Dire Straits – Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire – Tri Yann Ramadou – ‘’ Requiem de Mozart ‘’ par Karajan – Dance Intro Internity » par Omar Faruk Tekbilek,etc… 1° Découverte et premières observationsAutant l’avouer tout de suite, les premières impressions sont engageantes. La nouvelle JMR incarne la musique vivante et je peux dire en préambule qu’il sera difficile de s’ennuyer avec elle. Cette enceinte acoustique est « facile à vivre », et chose importante, grâce à sa sensibilité de 90 dB, elle sera simple à mettre en œuvre. Elle pourra accompagner harmonieusement un grand nombre d’électroniques à tubes comme à transistors. Son caractère analytique requiert toutefois de laisser de côté les électroniques, sources, câbles, au comportement hasardeux, et / ou qui ont tendance à mettre en évidence artificiellement le haut du spectre. Ainsi, son tempérament neutre pourra rendre l’EUTERPE sensible à toutes formes de « débordements » outranciers. Autre caractéristique qui a retenu mon attention : le côté un peu romantique des anciennes versions, que j’ai eu l’occasion d’écouter par le passé, s’estompe et laisse la place à une musicalité plus « variée ». Ainsi, j’ai trouvé que la nouvelle mouture apparaissait plus « polyvalente » en matière de styles musicaux. Elle ne privilégie pas uniquement la musique classique ou à base d’instruments exclusivement acoustiques. On sent réellement que le concepteur a souhaité réaliser un produit qui soit en phase avec un large « public » qui puisse écouter et apprécier avec le même bonheur tous les genres musicaux. Sur ce point, le but me semble largement atteint et je n’ai pas de critiques à formuler sur ce point. 2° Les timbres et l’équilibre généralLe moins que l’on puisse penser est que la nouvelle EUTERPE est une enceinte qui brille par sa clarté sur toute la bande passante audible. Le registre aigu est très fin, ciselé à souhait, et cela me fait penser à un véritable travail d’orfèvre. Ne vous méprenez pas sur ce constat : cela ne signifie aucunement que le registre aigu soit mis en avant. Le travail d’analyse est effectué avec précision et un scrupuleux respect de la couleur des timbres permettant d’obtenir un détourage des instruments et des voix qui ne laisse aucune trace d’approximation ou de flou artistique. Les jeux de cymbale ou encore le jeu de violon de Laurent Korcia sur ‘’ Double jeux ‘’ révèlent tout le potentiel de cette enceinte acoustique dans ce domaine. Le registre médium joue un rôle déterminant entre les fréquences graves et aigues. Le degré de transparence qu’est capable de délivrer cette enceinte acoustique est réellement impressionnant. Ce registre médium sera notamment apprécié sur les vocaux – ‘’ Quiet Nights ‘’ par Diana Krall est un exemple parmi d’autres. Il faut reconnaître qu’ici la présence de l’interprète dans la pièce d’écoute m’a totalement bluffé. La densité, la clarté de la voix de Diana Krall, se traduisent une approche épurée et dépourvue de caricature. Le registre grave est d’une rectitude à faire pâlir certains modèles de la concurrence. Certes, le haut-parleur de 17 cm de diamètre ne permet pas d’explorer les fréquences abyssales, mais sa propreté et sa lisibilité sont absolument étonnantes. Le jeu de contrebasse qui donne le tempo à » Valéria » interprété par le Modern Jazz Quartet est absolument exquis car on y perçoit très nettement le mouvement des doigts qui glissent avec adresse sur le manche de l’instrument pour « plaquer » les accords. Sur le ‘’ Requiem de Mozart ‘’, vous serez agréablement surpris par la texture matérialisée des percussions, ainsi que par l’impact du marteau qui percute la membrane des timbales et le poids qui donne ses lettres de noblesse à l’instrument. D’une façon générale, un sent que JMR a mis l’accent sur l’équilibre général. La cohérence d’ensemble est assurée : quelques soient les extraits, il ressort de ces écoutes des « parfums de printemps » et des couleurs musicales de bon ton, toujours bien amenées et bigrement contrastées. 3° Présence – réactivitéLa JMR Euterpe a toutes les armes nécessaires et toutes les qualités requises pour mettre en valeur les meilleures électroniques avec les quelles elle sera associée, et de surcroît les meilleurs enregistrements dont vous disposez. La transparence se définit comme cristalline : on reconnaît un nombre incalculable de petites informations qui viennent s’ajouter comme par enchantement à la restitution d’ensemble. J’ai réellement apprécié ‘’ Remember the River ‘’ de Fred Simon (CD test Naim Sampler 6) qui m’a littéralement stupéfié, tant par le jeu de saxophone dont les nuances et les bruits mécaniques reflètent bien la philosophie réaliste chère au concepteur de cette enceinte acoustique. Dans le même esprit, le jeu habile de contrebasse m’a fait découvrir l’agilité de l’interprète et la rigueur avec laquelle cette enceinte acoustique « traite » son sujet. La ligne mélodique du piano impeccablement reproduite laisse transparaître des « attaques » très nettes, avec une absence totale de confusion, débouchant sur une lisibilité remarquable. Ce jeu de piano montre la réactivité de cette enceinte acoustique, et ses prédispositions à mettre particulièrement bien en valeur les qualités d’interprétation avec la même facilité que celles de la prise de son bien réalisée. Par ailleurs, la JMR EUTERPE s’emploie en quelque sorte à « épouser » la musique. Avec différents extraits de « Dire Straits » la musique « pulse », déménage, et les jeux de batterie, de guitare électrique, ou de guitare basse ne sont jamais à la traîne : les réactions sont instantanées et nous font bénéficier d’un cocktail d’une bonne humeur époustouflante. 4° Scène sonore – étagement des plansEn dépit d’une taille moyenne, l’EUTERPE Suprême se singularise par une scène sonore étendue, et en tout cas inversement proportionnelle à sa taille. Il faudra cependant être attentif à votre positionnement et veiller à être à hauteur des haut-parleurs. Un bon fauteuil d’écoute devrait remplir sa fonction pour vous faire bénéficier des meilleures prestations musicales. La scène sonore s’illustre par un volume généreux, notamment en largeur. Je n’ai pas constaté de phénomène de focalisations particulières : les effets stéréophoniques sont respectés et bien organisés. L’expression musicale se montre déliée, très aérée : chaque musicien prend confortablement sa place sans empiéter sur celle de son collègue. Sur des orchestrations plus denses, telles que celle de l’Orchestre National des Pays de Loire qui accompagne le groupe Tri Yann, je n’ai pas eu le sentiment d’avoir affaire à une musicalité confinée. Chaque groupe d’instruments, chœurs, solistes, rythmique sont clairement identifiables et la musique respire simplement et donne le sentiment permanent d’une bouffée d’oxygène. Les interprètes « évoluent » librement au sein de la scène sonore. Ceci permet en outre de déceler quelques instruments parfois enfouis dans la masse orchestrale, tels qu’un carillon, un triangle, ou quelques notes de mandoline. S’agissant de l’étagement des plans, j’ai été agréablement surpris par ce contraste qui émane de ces petites colonnes. Chaque plan est clairement identifiable, et il n’est nullement besoin de tendre l’oreille pour distinguer les instruments ou groupes d’instruments de premier, de second ou de troisième rang. La scène sonore est rigoureusement structurée avec des reliefs qui, en comparaison avec d’autres enceintes acoustiques et / ou d’autres électroniques, n’étaient pas forcément décelables au premier abord. On dirait que l’EUTERPE s’évertue à remettre les choses dans l’ordre en hiérarchisant dans l’espace les différents groupes d’intervenants – se sont, en tout cas, les effets qui me resteront en mémoire au terme de cette journée d’écoute. 5° La communication avec l’auditeurLa JMR EUTERPE ne joue pas la carte de la séduction – non, elle fait mieux que cela : elle vous fait tout simplement vivre la musique et vous met en relation directe avec les interprètes et leurs instruments de musique. Il s’établit à chaque instant une sorte de complicité entre l’auditeur et les musiciens dans le partage d’émotions. Pour illustrer mon propose, je reprendrais volontiers ici une citation de Claude DEBUSSY : ‘’ la musique a beaucoup trop d’importance pour qu’on la réserve aux seuls professionnels’’. Cette enceinte a donc des prédispositions pour toucher les auditeurs et réveiller leur sensibilité à toute forme d’art musical, et c’est au travers de » Dance Intro Internity » par Omar Faruk Tekbilek que j’ai trouvé l’un de ses points fort : montrer à l’auditeur avec quelle force et quelle conviction les musiciens ont eu à cœur de faire chanter la flûte, de faire vibrer le oud, de faire teinter un carillon ou un triangle d’une texture mure et cristalline, et délivrer d’intenses moments de bonheur. Cette sincérité dans l’expression est poussée à son paroxysme lorsque le ‘’ Requiem de Mozart ‘’ par Karajan se met en action. Un grand bravo pour l’orchestration étincelante, pour les chœurs divins qui viennent ajouter leur « puissance », et à la voix de la soliste Maria Stader dont on perçoit parfaitement les inflexions et le phrasé impeccablement reproduits. C’est beau, c’est subtil, c’est grandiose et le frisson attendu ne s’est pas fait attendre. « La musique doit humblement chercher à faire plaisir, l’extrême complication est le contraire de l’art », et c’est sur cette réflexion que l’EUTERPE a la faculté de manier chaque note, chaque phrase musicale avec une dextérité qui contourne habillement toute forme de complexité. L’orchestration « chargée » du Requiem de Mozart ne semble pas être une difficulté pour cette enceinte acoustique qui brille par sa clarté et sa fluidité exemplaires. Toutes formes de confusion ou d’approximation sont totalement proscrites du message musical pour ne laisser à l’auditeur que l’expression fidèle de l’enregistrement original. « La Folia de la Spagna » par Gregorio Panagua nous démontre ce que signifie le mot réalisme. Les flûtes baroques sont d’une sublime douceur, le cromorne et la guitare classique font des prouesses en matière de grain, la viole de gambe nous est proposée avec une justesse et une couleur « boisée » renversantes. La sonorité du clavecin où l’on entend le marteau frapper les cordes de l’instrument avec une précision diabolique qui aboutit à des couleurs éclatantes, riches, accompagnées d’innombrables nuances et variations. Enfin, je me dois de souligner que l’EUTERPE Suprême est d’une efficacité redoutable en matière de communication entre les interprètes et l’auditeur. Elle a réellement de belles facultés pour transmettre de grandes sensations et s’inscrire au palmarès des produits qui « véhiculent » des E-MO-TIONS ! Conclusion
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Synthèse : | Musicalité : que du bonheur Appréciation personnelle : JMR au sommet de son art Rapport qualité – prix : très bon |
Prix :
2450 € (02/2015)
2650 € Ivoire nacré, gris anthracite, noir satiné
Test d’écoute réalisé par
Lionel Schmitt