ETALON – SupraFono
Origine : Hongrie
Préamplificateur phono
Aimant mobile MM
Rompu au développement de cellules phono, en particulier chez ORTOFON, le concepteur László SALLAY n’a pas souhaité dans sa gamme actuelle ou précédente d’amplificateurs implanter de module phono. Sur ce point, le concepteur a depuis longtemps privilégié les préamplificateur séparé dont le grand SupraFono qui avait l’objet d’un banc d’essai détaillé que vous pourrez lire ou relire ICI .
Pour accompagner le récent amplificateur intégré SuprA (entre autres), László SALLAY a décidé de développer un « petit » préamplificateur phono au format du Filtre Réseau Ethernet Isolator dont l’électronique repose au sein d’un tout petit boîtier en aluminium très rigide.
Le SupraFono contient un étage de sortie single ended (comme la version précédente), qui induit une inversion de la phase audio. Ce nouveau préamplificateur s’inspire largement de l’ancien produit « débarrassé » des étages de corrections pour cellules MC, et avec une alimentation simplifiée, mais très efficace.
A l’heure où je rédige ce banc d’essai, aucune information technique n’est encore disponible. Qu’importe, seule la musicalité compte. Je précise simplement que SupraFono dans sa version compacte exclusivement « l’exploitation » de cellules à aimant mobile. A gauche du petit boîtier : les fiches RCA qui captent le signal de la platine, et à droite : les fiches RCA de sortie vers l’amplificateur ou le préamplificateur Ligne. L’alimentation fait appel à un module séparé intégré à la fiche secteur.
ECOUTE :
Les tests d’écoutes ont été effectués à domicile sur plusieurs semaines avec des configurations différentes : platine vinyle REGA RP8, cellulle MM REGA Elys2, amplificateur intégré ETALON SuprA, ensemble YBA Classic 3 DT, amplificateur intégré YBA Héritage A100, enceintes acoustiques PE LEON Kantor et JM REYNAUD Folia, câbles de modulation YBA Glass, ESPRIT Beta, câbles HP ESPRIT Aura et JMR HP 1132.
Pour l’alimentation secteur : barrette FURUTECH F-TP 615, câble secteur G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque.
Je remercie l’importateur ETALON ACOUSTICS France de m’avoir fait bénéficier en primeur de cette nouvelle référence pendant trois mois afin de pouvoir réaliser ce test d’écoute et vous faire partager mes impressions au travers ce banc d’essai exclusif.
Vinyles utilisés : Ouvertures / suites bwv 1066-1069 de Jean-Sébastien Bach par John Eliot Gardiner (Erato) – Shadow Hunter par Davy Spillane – The Complete de Mike Oldfield – Ted Heath salutes Benny Goodman – Swing by Bert Kaempfert – « Gerschwin » : Suite orchestrale Porgy and Bess par Frank Chacksfield – Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach – transcription Léopold Stokowski interprétée par Camarata – Ainsi parla Zarathoustra de Richard Strauss (édition Decca) direction Zubin Mehta – Marche Egyptienne de Johann Strauss – Direction Antal Dorati – Sur un Marché persan, l’Egypte Mystique, dans le Jardin d’un monastère, etc… d’Albert Ketelby dirigés par Fritz Mareczek.
1° Timbres
Sur ce paramètre, le SupraFono surprend immédiatement par son exactitude et sa faculté à rendre la musique riche en harmoniques avec un registre aigu à la fois très fin, doux, ciselé, et diablement précis.
Sans toutefois filer à des altitudes stratosphériques, les fréquences aigües filent suffisamment haut pour mettre en évidence une foule de détails que l’on appréciera par exemple sur les coups de cymbales mais aussi sur le jeu d’un violon dont le « filé » soyeux est magnifiquement reproduit et fait preuve d’une remarquable justesse.
La richesse démentielle qui émane de ce préamplificateur montre bien la filiation qu’il peut y avoir avec le grand SupraFono. Vous n’imaginez pas la substance que l’on tirer d’une cellule à aimant mobile. Au travers les registres aigu et médium, les amateurs de Jean-Sébastien Bach redécouvriront les ouvertures / suites bwv 1066-1069 au panache éblouissant. Les couleurs tonales resplendissent de mille feux. Les violons chantent avec une allégresse réellement délicieuse. Le hautbois s’en donne à cœur joie par sa couleur boisée, réaliste, et simplement naturelle. L’accompagnement au clavecin est à mon sens une pure merveille par son piqué qui confirme les facultés d’analyse, fer de lance de ce préamplificateur aux talents non dissimulés.
Le registre grave qui est l’un des points forts de la platine REGA RP8 est relayé par ce préamplificateur phono avec une rectitude qui est exempte de tout reproche. Il descend aussi profondément que souhaité et je me suis délecté à l’écoute de certains extraits rassemblés sur la compilation The Complete de Mike Oldfield. La sonorité de la grosse claire de la batterie est d’une excellente matérialisation, et la guitare basse est d’une lisibilité impeccablement reproduite, ce qui induit des contrastes intéressants entre les différents fréquences.
Les fréquences graves et infra-graves sont explorées jusque dans des soubassements permis par une gravure vinyle; l’ouverture de Ainsi parla Zarathoustra de Richard Strauss – direction Zubin Mehta en est un exemple concret, si l’on en juge par le jeu des grandes orgues.
2° Dynamique – réactivité
Quel plaisir de retrouver en grande forme Mike Oldfield au travers la compilation The Complete où certains extraits se déchaînent et nous montrent avec quelle « force » ce préamplificateur s’avère réactif et particulièrement vigoureux. Le jeu de la batterie est d’une netteté irrésistible et les solos de guitare électriques sont excellemment reproduits – du grand Mike Oldfield. Les différents extraits se veulent toujours très dynamiques et le rythme est toujours au rendez vous.
Avec ce préamplificateur phono, la musique surgit de vos enceintes acoustiques un peu à l’image d’un torrent dont la puissance n’accuserait aucune limite subjective. Cette source d’énergie inaltérable, le SupraFono a pu m’en démontrer ses capacités notamment au travers l’ouverture de Ainsi parla Zarathoustra de Richard Strauss – direction Zubin Mehta – où l’Orchestre Philarmonic de Los Angeles « vrombit » avec une fougue qui n’a rien à envier à celle d’un enregistrement numérique, qu’il soit issu d’un CD, d’un SACD, ou d’origine dématérialisée.
Cette ouverture est puissante, grandiose, dynamique – la réactivité et la spontanéité sont au rendez vous et permettent de déguster en toute sérénité l’œuvre musicale.
3° Transparence et fluidité
Avec ce préamplificateur, on va se surprises en surprises. La fluidité est de mise à chaque instant : la musique s’écoule avec une superbe facilité. Toujours très « lisse », nous retrouvons tout ce qui fait le charme de l’analogique, sans toutefois relever des excès de rondeur. Le SupraFono brille par sa justesse et exclut toute forme de caricature. Au travers Ted Heath salutes Benny Goodman, j’ai pu grandement apprécier la teinte sonore des sections de cuivres, mais aussi celle du vibraphone, la sonorité boisée de la clarinette ainsi que celle du piano qui donne un excellent tempo à l’ensemble
Par ailleurs, ce préamplificateur phono atteint une note d’excellence sur sa transparence aux « prestations élevées ». Le SupraFono est un fin analyste qui se donne le mal « d’exhumer » un très grand nombre d’informations du sillon des excellents pressages et prises de sons tels que la suite orchestrale Porgy and Bess de Gerschwin mise en orchestration par Frank Chacksfield.
4° Scène sonore
La scène sonore est plutôt étoffée : ce préamplificateur permet à la musique de « s’épanouir » à sa guise en fonction du pressage, de la platine, et de la cellule. Aucune marque de compression n’est à relever : la musique se déploie avec une liberté qui pourrait même rivaliser avec celle de certains lecteurs CD qui, parfois, n’en donnent pas autant.
L’étagement des plans est surprenant à plus d’un titre. On peut alors en déduire que le concept et les composants choisis ont fait l’objet d’une étude poussée pour donner de l’envergure aux extraits musicaux les plus « représentatifs » en la matière. Aussi, ne cherchez pas à prendre en défaut ce préamplificateur phono d’aspect compact. La scène sonore est inversement proportionnelle à sa taille. J’ai été littéralement bluffé par la « dimension » que pouvait prendre la Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach – transcription Léopold Stokowski interprétée par Camarata. Ce préamplificateur et la cellule Rega Elys2 en ont sous le pieds pour vous immerger au cœur d’une œuvre poignante et grandiose par ses prestations et ses proportions qui frisent avec une certaine forme de « gigantisme orchestral ».
Dans le même esprit, la « mise à contribution » de l’ouverture Ainsi parla Zarathoustra de Richard Strauss – direction Zubin Mehta pointe du doigt les capacités de ce préamplificateur à donner aux « grandes pages musicales » la prestance souhaitée par leur compositeur.
La mise en scène est agencée avec soin : les groupes d’instruments prennent une place précise et perceptible dans les trois dimensions. Qu’il s’agisse de la Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach ou de l’ouverture Ainsi parla Zarathoustra, j’ai décelé beaucoup de contrastes entre les différents groupes d’instruments et une excellente aération qui laisse la musique s’écouler et « respirer ».
4° Communication avec l’auditeur
Le sens du rythme, le SupraFono l’a assurément dans la peau. Le dernier né de chez ETALON nous invite à marteler du pieds la mesure lorsque les extraits musicaux sont rythmés. Ce préamplificateur réagit au quart de tour et vous incite à enchaîner les vinyles pour peu que ceux-ci ait un pressage de qualité. Je me suis délecté à l’écoute de Shadow Hunter par Davy Spillane qui vous transporte au cœur de contrées celtiques avec ce mélange de tradition et de modernisme uniques dans leur genre. La magnifique prestation de Davy Spillane au Uilleann Pipes ou au Low Whistle est simplement prodigieuse de réalisme. On sent bien l’application de l’artiste à faire « pleurer » ses instruments de musique et nous convier au charme des ambiances musicales celtiques.
Je puis aussi vous affirmer que j’ai réellement pris mon pieds en redécouvrant Swing de Bert Kaempfert qui contient quelques extraits d’anthologie réellement mémorables. Les versions Little Brown Jug et Lullaby of Birdland divinement orchestrés sont absolument époustouflantes. Les impacts sur la grosse caisse, complétés par une « ligne » de contrebasse constituent un « ensemble » d’une lisibilité parfaite. La rythmique, les cuivres, avec en toile de fond des nappes de violons, rappellent furieusement une prise de son en direct (alors qu’elle est effectuée en studio). Le jeu de saxophone et de trombones est savoureux ; le SupraFono les opposent et les mêlent astucieusement à quelques notes de trompète bouchée et de flûte traversière qui donnent de la saveur à la restitution. Ce préamplificateur s’applique à décortiquer et à détourer chaque instrument de façon à lui donner une place privilégiée. Très respectueux du comportement des instruments, le SupraFono s’évertue à rendre la couleur tonale la plus naturelle qui soit.
Ce préamplificateur a donc des prédispositions non dissimulées pour faire « chanter » vos meilleurs disques vinyles. La musique devient même « poignante » lorsque l’on écoute la Marche Egyptienne de Johann Strauss – Direction Antal Dorati, où encore quelques compositions d’Albert Ketelbey – Sur un Marché persan, l’Egypte Mystique, dans le Jardin d’un monastère, etc… Ils prennent tous une saveur particulière, légèrement chaleureuse (mais pas trop) par les multiples couleurs souhaitées par les compositeurs. Je me suis surpris à découvrir sous un jour nouveau ces compositions réellement très agréables et je n’ai pas été déçu par la richesse tant artistique que celle du contenu des enregistrements dont j’ai perçu une fine substance totalement communicative.
Conclusion :
Voici un nouveau tour de force singé par László SALLAY. Pas seulement musical, le SupraFono est un préamplificateur phono simplement génial et qui répond à toutes mes attentes. Certes, nous pourront regretter qu’il soit pas « compatible » avec les cellules à bobines mobiles, mais il apporte tellement de satisfaction et de belles surprises avec des cellules à aimant mobile que l’on en vient finalement à oublier cette possibilité d’exploitation. Avec le SupraFono, croyez moi, vous retomberez amoureux de la musique.
Synthèse : | Musicalité : délicieuse Appréciation personnelle : hautement recommandable Rapport musicalité – prix : justifié |
Prix : env. 580 € (10/2016)