ETALON – SUPRADAC
Origine : Hongrie
Convertisseur numérique / analogique
Bande passante : non spécifié
Rapport signal/bruit : 125 dB
Distorsion : non spécifié
Entrées :
1 USB : 16 bits – 48 kHz
1 S/PDIF : 24 bits – 96 kHz Sorties : asymétriques sur connecteur RCA
Une fois encore, la Hongrie est à l’honneur grâce à la marque ETALON ACOUTICS. Sous l’impulsion de son concepteur László SALLAY, on se souvint que ETALON s’était distingué jusqu’ici par la qualité musicale de ses amplificateurs, et notamment l’ancien modèle Origo, remplacé il y a quelques années par le Suprampli. Ce que l’on savait moins, était que la marque s’était diversifiée, et désormais des enceintes acoustiques au concept assez innovant, des sources numériques, et notamment le SupraDac qui fait l’objet de du présent compte rendu d’écoute, font partie du catalogue.
La présentation du SupraDac est assez semblable à celle de l’amplificateur Suprampli, dont les compte rendu d’écoute est disponible en page Ecoutes / amplis. Le format « boîte à chaussures » est conservé, et l’électronique repose sur un châssis en tôlé pliée. La sobre présentation n’en est pas moins bien finie grâce aux flancs de l’appareil en hêtre noir. La face avant dépouillée à l’extrême adopte un unique afficheur de couleur verte, qui indique l’entrée utilisée et le mode standby. L’appareil est entièrement télécommandé, et ne permet que le choix entre l’entrée (1) USB et l’entrée (2) en format S/PDIF.
La face arrière ne laisse pas de doutes quand aux possibilités de connexion : une entrée USB : 16 bits – 48 kHz, une entrée S/PDIF : 24 bits – 96 kHz, et les deux sorties asymétriques analogiques au format RCA. On relève que l’entrée S/PDIF ainsi que les deux sorties ligne font appel à des connecteurs de bonne facture directement boulonnés sur le châssis. Je pense que sur le plan pratique, on aurait souhaité que le concepteur fut plus généreux sur le nombre d’entrées, qui me semble un peu restreint.
En ce qui concerne les circuits, l’alimentation, les étages de conversion, et les étages analogiques, etc…, Monsieur László SALLAY se montre toujours aussi discret à tous points de vue. On sait simplement que les étages de sortie sont à composants discrets, et à travers la grille de protection supérieure, l’alimentation fait appel à un substantiel transformateur torique.
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ECOUTE
Les tests d’écoute ont été effectués avec le matériel suivant : lecteur CD YBA CD 3 Classic Sigma, préamplificateur YBA 3 Classic Delta, bloc de puissance YBA 3 Classic Delta double transformateur, enceintes acoustiques PEL Kantor, et des câbles modulation et HP YBA Glass et Diamond, Esprit Alpha. Pour la partie numérique, ont été successivement employées le câble numérique S/PDIF Monster câble, et Esprit Célesta.
Pour l’exploitation des fichiers dématérialisés à partir du PC et d’un disque dur autonome, et sur les recommandations du distributeur que je remercie au passage pour le prêt de l’appareil et ses nombreux conseils d’utilisation, j’ai utilisé le logiciel JRiver. Ce logiciel n’est sans doute pas le meilleur du moment, et j’admets que d’autres auraient permis d’optimiser cette série de tests d’une trentaine d’heures d’écoutes. Le test d’un DAC est, en ce qui me concerne, une première expérience, et j’ai essayé de cerner le potentiel du SupraDac sur divers aspects et dans divers conditions d’exploitation et d’écoutes, bien surprenantes et qui conduisent aussi à certaines interrogations.
1° Comparaison du lecteur intégré et son utilisation en seul Drive avec Dac
La première remarque portera sur l’utilisation du câble S/PDIF. Comme pour les câbles de modulation ou HP, c’est bien le choix du câble qui apportera une réponse satisfaisante ou non dans cette configuration. Avec l’utilisation du Monster Câble, la différence entre le lecteur intégré et l’utilisation du DAC aboutit sur une restitution légèrement simplifiée sur pas mal de paramètres objectifs. Ainsi, la dynamique n’est pas au rendez vous, la transparence cristalline qui caractérise les produits YBA Classic perd de sa limpidité, et le registre grave apparaît écourté. Je dois reconnaître que les premières minutes d’écoutes m’ont fait un peu peur….
Avec l’utilisation du câble Esprit Célesta, la donne change totalement : les données numériques sont transmises au DAC dans leur intégralité, et la restitution sonore prend très vite des couleurs du meilleur cru. Ainsi, dans de bonnes conditions d’utilisation et grâce au câble Esprit Célesta, on peut commencer à effectuer de réelles comparaisons; comparaisons qui revêtent cette fois un vrai sens musical.
Lorsque j’ai fait la comparaison avec l’extrait Minor Waltz – Doubles Jeux par Laurent Korcia, j’ai immédiatement constaté que les différences étaient si ténues qu’il était difficile de les cerner correctement, ce qui en dit déjà long sur les performances de ce DAC. En tout état de cause, la nature des timbres du violon s’avère magnifique dans chacun des cas, avec une très légère once de douceur supplémentaire qui caractérise ce DAC. Ce produit a de véritables des atouts pour restituer la musique de façon juste. Sur ce même extrait, les « lignes » de jeu de la contrebasse sont bien suivies, extrêmement lisibles, et aucune limite objective n’est à relever en ce qui concerne l’infra-grave. Les quelques interventions de l’accordéon sont subtilement proposées à l’auditeur : les petits bruits mécaniques des touches de l’instrument sont clairement audibles, au point de croire à la présence de l’instrument dans la pièce d’écoute.
Ensuite, le potentiel de ce DAC ne se dément pas lorsque l’on s’intéresse au comportement sur les grandes orchestrations. Sur le Requiem de Mozart – version Karajan, ce SupraDac s’exprime à haute et intelligible voix. L’étagement des plans est bien structuré, l’analyse des détails, particulièrement sur le vocal solo ou sur les chœurs, ne fait pas mauvaise figure si l’on considère le lecteur YBA CD 3 Classic, qui, habituellement sur ce registre se distingue lorsque l’on évoque le côté naturel et la générosité. Il n’y a pas de mauvaises surprises à la clef, la musique respire de façon admirable et spontanée. Les nappes de cordes sont à la fois précises, lisses et douces. La montée en puissance des chœurs et de l’orchestre est coordonnée, et aucun « dérapage », aucune distorsion ou confusion n’est à craindre. Les percussions arborent une forme de restitution pleine, mais (c’est important) jamais projetée en avant.
Très attentif à cette comparaison, j’ai cependant relevé que, globalement, la sonorité générale était légèrement plus « pleine » notamment sur le registre médium. Que l’on se rassure, on ne perd rien en finesse, et surtout de cette forme de communication avec l’auditeur qui fait la différence entre un produit vivant, ou un produit terne. Sur la « Complainte de Marion du Faouët » tirée du dernier album studio Ramadou / Générations de Tri Yann, j’ai pu apprécier l’ambiance « studio » de la prise de son, et l’aspect soigné de l’enregistrement. Aussi, j’ai eu le sentiment que les interprètes y mettent du leur pour donner de l’émotion, et cela se vérifie au travers du vocal solo prenant, mais aussi au travers du jeu de Low Whistle qui vibre à donner des frissons dans le dos !
Par ailleurs, en dépit d’une légère tendance à donner de la chaleur aux instruments de musiques et voix, on ne peut renier les efforts qui ont été effectués lors de la mise au point à l’oreille de cet appareil pour qu’il délivre des timbres justes, et s’affranchisse de toute sorte de colorations intempestives. A juste titre, ces timbres sont variés, et la scène sonore apparaît à son tour comme ample sans focalisation outrancière vers l’une ou l’autre des enceintes acoustiques. Le SupraDac respecte fort bien la prise de son, et il n’y a pas de vide entre les enceintes acoustiques. Lors de l’écoute de Valéria par le Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida, je n’ai pas boudé mon plaisir à entendre le piano et le vibraphone jouer de concert, avec une forme d’expression et de discernement pas si souvent entendus jusqu’ici. Les notes de piano confirment la franchise, laissent de côté l’aspect « baveux » ou au contraire très sec rencontrés avec des sources plus ou moins bien mises au point. Le sens de la nuance est un des points fort de ce Dac, comme on peut s’en apercevoir sur le jeu de contrebasse dont la lisibilité peut être suivie note par note.
2° Comparaison avec un lecteur DVD avec Dac
Si l’exercice de style précédent n’était pas simple, celui qui consiste à prendre une source de moindre qualité et lui associer le SupraDac s’avère bien plus facile. Vous connectez votre DVD de salon sur la chaine haute fidélité, vous écoutez, puis vous lui associez ce Dac. Le résultat est étonnant : une forme de « résurrection » musicale ne peut passer inaperçue. Certes, la mécanique d’un DVD Sony et ce qui tourne autours ne peut rivaliser avec un mécanisme de type CDM Pro 2 et l’horloge interne qui équipe le CD 3, mais aucun sentiment de manque ne vient entraver le plaisir de l’écoute.
L’écoute du Kyrie de la Misa Criolla d’Ariel Ramirez par José Luis Ocejo avec le seul DVD était tout simplement terne, plate, ennuyeuse. Avec le Dac de chez ETALON, la vie reprend ses droits. La première chose qui vient à l’esprit se traduit par l’absence de cette forme de simplification du message sonore qui caractérise les sources numériques de début de gamme ou mises à mal par leur absence d’optimisation. Dès que le Dac est mis en fonction, les notes s’éteignent proprement et avec bien beau respect. Il n’y a qu’à écouter Valéria par le Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida, pour constater que le piano prend de la hauteur, et que chaque note est restituée avec délicatesse et précision. Mieux encore, les coups de cymbales de la batterie sont francs et bien détourés.
Sur l’intégralité des extraits de Quiet Nights par Diana Krall, on ressent ce bien-être particulier qui caractérisent les meilleurs enregistrements, ou chaque instrument de musique et la voix de la chanteur qui épouse l’orchestration avec un dosage et une complémentarité tout simplement excellentes. Le détourage des instruments et de la voix qui n’existent tout simplement pas avec le DVD intégré, traduit ici le fruité et le côté naturel que l’on est en droit d’attendre d’une source intégrée de niveau supérieur. Sans Dac : pas de dynamique – avec le SurpaDac, la scène sonore prend une envergure de taille, et s’installe au sein de la pièce d’écoute avec une certaine magie qui plonge l’auditeur au cœur de la musique.
Autre bonne surprise : l’écoute de It’s A Man’s Man’s Man’s World par Seal , que je qualifie « d’infâme » dans certaines circonstances et en tout cas avec le DVD intégré, a une autre allure quand on y ajoute le Dac ETALON. Fini les crispations, la scène sonore amoindrie, les graves écourtés, et les aigus qui écorchent les oreilles. Avec le SupraDac, la fluidité s’installe, la scène sonore devient généreuse, la musique Soul s’installe confortablement entre les enceintes acoustiques, et Seal nous invite à partager un grand moment de bonheur de musical à travers ce slow langoureux et émouvant qui n’échappera pas aux audiophiles les plus attentifs. Ce DAC met particulièrement bien en valeur le côté matérialisé des instruments de musique, et suggère une bande passante subjective étendue.
3° Utilisation du Dac à partir d’un PC et disque dur en direct
Il est important de préciser que les fichiers musicaux mis à ma disposition sont en format FLAC de compression sans perte de données. De façon simple, il est utile de mentionner que le risque de jitter occasionné par la décompression, la vitesse du processeur ainsi que le fait que des programme plus « prioritaires » de type antivirus aient accès au processeur pendant la lecture du fichier, auront une importante sans doute plus importante, que la seule décompression, qui, quand a elle, n’occupe que à 1 ou 2 % du temps processeur d’un petit PC portable.
Le premier test consista à écouter simplement le Requiem de Mozart par LSO Davis en utilisation simple à partir du PC.
Dès les premières minutes, on obtient une écoute que l’on peut qualifier de simplement « belle ». La restitution est lisse et m’est apparue comme séduisante, et même pour tout dire aguichante. La même remarque peut être effectuée à l’écoute de The Cole Porter Mix par Patricia Barber. A première vue, tout est en place et rien n’échappe à l’auditeur. Pourtant, quant on y regarde de plus près, on peut s’interroger sur l’aspect naturel et totalement expressif ou communicatif. Curieux comme je suis et ayant bien conscience des limites de mon PC, de Windows XP, et des logiciels utilisés, des effets du jitter qui y sont attachés, j’ai connecté le disque dur sur le PC et j’ai refait mes essais en lisant les extraits musicaux directement à partir du disque dur. En pratiquant de cette façon, il est vrai que la musique prend du galon et progresse objectivement en qualité. En tout cas, il se passe quelque chose de différent : sur le Requiem de Mozart par LSO Davis, il me semble que les timbres apparaissent comme plus naturels, que les notes de musique semblent plus déliées, mieux matérialisées. Un gain en terme de détourage et précision est aussi à relever.
En revanche, les vocaux ne répondent pas tout à fait à l’aspect naturel auquel j’aspire habituellement. A noter que ce Requiem pourra néanmoins combler les amateurs du genre grâce au potentiel du SupraDac, qui va très loin si la source et les logiciels d’exploitation sont choisis avec soin – mais, cela est une autre histoire…..
L’examen attentif des interprétations de Cole Porter par Patricia Barber apporte beaucoup de fraîcheur, et finalement sur ce genre d’interprétations, la voix de la chanteuse fait preuve d’une très belle présence dans la pièce d’écoute. Je salue au passage les facultés de ce Dac à communiquer et donner de bonnes sensations de « sérénité musicale »‘. On peut sans doute critiquer le frottement du balai de la batterie sur la caisse claire, qui n’est pas forcément à prendre en référence, mais rien à dire s’agissant de l’accompagnement de la guitare : sur » c’est magnifique » du même album, on entend l’excellent grincement de doigts lorsque les notes sont plaquées sur le manche de l’instrument.
Le jeu de contrebasse dont chaque note est décortiquée avec précision est très satisfaisant, et une excellente note est à attribuer pour les petits coups de cymbales qui reflètent la finesse au sens premier du terme. Le jeu de saxophone donne des teintes et chuintements réellement proches de celle d’un instrument écouté en direct.
On a ainsi un réel plaisir à écouter de la musique absolument propre….trop propre peut-être, pour apparaître comme totalement crédible. La scène sonore résume une ampleur de bonne dimension, tant en largeur, qu’en hauteur. Chaque instrument prend normalement sa place, et tout cela respire avec facilité. Mais, je trouve que la profondeur de scène sonore ne met pas suffisamment en évidence l’étagement des plans, mais je ne crois nullement que compte tenu des comparaisons avec un Drive de qualité, qu’il faille imputer ce manquement au Dac.
4° Comparaison avec lecteur CD Intégré
Le quatrième volet de cette série de tests montre qu’en ce qui concerne la mise en œuvre de fichiers dématérialisés via le PC ou un disque dur, comparée à la lecture CD ne donne pas toutes les satisfactions musicales que l’on est en droit d’attendre. Sans entrer dans des détails techniques concernant les logiciels d’exploitation, des capacités attachées au PC lui-même, des différences significatives ne permettent pas de dire de façon aussi tranchée que le « dématérialisé » renvoie le CD à l’âge de pierre. Comme cela a été décrit dans le chapitre précédent, les différences à l’écoute de Minor Waltz – Doubles Jeux par Laurent Korcia portent sur une restitution moins pure, moins affirmée, et que je qualifie même de légèrement « simplifiée » en défaveur de la musique dématérialisée. Certes, il ne manque aucun détail apparent, mais le phrasé du jeu de violon ne reflète pas tout à fait le côté naturel de l’instrument de musique. Si la contrebasse est à son aise, et chaque note est absolument retranscrite avec exactitude, on a l’impression que les queues de notes s’éteignent de manière plus abrupte et plus radicale.
Par ailleurs, si le sens de la nuance ne peut être remis en question en valeur absolue, je trouve que sur » les triomphes d’Alexandre Lagoya « , il manque une forme de variété dans l’expression des timbres, ou encore un côté totalement humain pour qualifier le réalisme absolu la restitution musicale. Ce n’est pas le jeu de guitare qui prête à interrogation, mais l’accompagnement des notes de violons qui perdent ce côté naturel et ce réalisme qui fait habituellement le charme de cet enregistrement.
Sur l’extrait de » Cécile par Claude Nougaro en public « , on assiste à quelque chose d’assez paradoxale : une voix chaude et suave, bien mise en évidence par le Dac lui-même, mais une série d’applaudissements qui semblent avoir été ajoutés artificiellement. Je n’ai pas non plus trouvé que le piano ait été mis en valeur de façon optimale, mais l’on peut aussi supposer que la prise de son souffrit de quelques imperfections…..
Conclusion et remarques générales
L’analyse d’un produit peut parfois s’avérer longue et délicate dans certains cas. Cela est encore plus vrai lorsqu’il s’agit d’un maillon audio, dont on ne maîtrise pas tous les paramètres d’exploitation. Il m’aura fallu pas moins de 30 heures d’écoutes pour évaluer le potentiel de ce Dac, en faisant bien la distinction entre le caractère musical de ce produit et son aptitude à gérer des fichiers numériques d’origines diverses : CD ou fichiers dématérialisés.
Il ne fait aucun doute qu’en valeur absolue, ce Dac se positionne comme une référence musicale incontournable. Son association, tant avec un lecteur CD de haut de gamme, qu’une source numérique plus basique procurent des sensations assez inattendues, et de très loin supérieures à certains lecteurs CD de début de gamme généralement, voir de gamme supérieure, rencontrés et / ou décrits par ailleurs.
Ce Dac saura, le cas échéant, relever tous les défis qui s’offrent à lui en ce qui concerne la musique en général et dématérialisée. Je dirais toutefois que son côté analytique et juste contribuent à mettre en valeur les limites actuelles des supports dématérialisés et de leurs procédés d’exploitation. J’ajoute que cette remarque ne remet pas en cause les qualités musicales de ce produit, et c’est sans doute même le contraire qu’il faudra retenir de ce remarquable produit.
Synthèse : |
Musicalité : proche de l’analogique
Appréciation personnelle : enthousiaste
Rapport musicalité – prix : bon |
Prix : 2700 € (11/2011)
Test réalisé par
Lionel.Schmitt
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