MULIDINE – ALLEGRETTO V4
Origine : France
Enceinte 2 voies / 2 HP – bass-reflex
Sensibilité : 91 dB / 1w / 1m
Impédance nominale : 4 ohms
Réponse en fréquence : 50 Hz à 22 kHz +/- 3db
Dimensions : ( H x L x P ) 89 x 20 x 25
A l’instar de Pierre-Etienne Léon ou de Jean-Marie Reynaud, Mulidine est un fabriquant d’enceintes français qui, tout en revendiquant une approche artisanale, conçoit des produits relativement sophistiqués et techniquement très aboutis. Ces enceintes sont entièrement fabriquées en France (sauf les hauts parleurs). Le modèle « Allegretto », qui en est à sa 4è version, se situe au milieu de la gamme commercialisée par Mulidine, entre la « Bagatelle » et la « Cadence ».
Comme cette dernière, à laquelle elle ressemble beaucoup sur le plan de la finition, l’Allegretto est une petite colonne 2 voies qui embarque un haut parleur de medium grave de 17cm à membrane papier, construit en Italie sur cahier des charges. Le tweeter est, lui, un dôme souple en textile importé de Norvège. Les caisses sont assez épaisses et rigides, donnant une impression de stabilité et de solidité qui inspire confiance. Ces colonnes sont assez fines (20 cm) et pas très hautes (89 cm), leur encombrement n’excèdera pas celui d’une paire de petites enceintes biblio montées sur pieds. Le bornier situé à l’arrière comporte 4 prises, mais seules les deux du bas sont opérationnelles, car le concepteur, Marc Fontaine, préconise fortement le mono-câblage. Vous pouvez cependant, au moment de l’achat, demander la mise en service des deux prises du haut pour faire fonctionner les enceintes en bi-câblage. Les caisses reposent sur un socle rectangulaire de 2 cm d’épaisseur, dans lequel sont fichées les pointes vissantes. Celles-ci peuvent être inversées et remplacées par des supports arrondis afin de préserver votre parquet… Enfin, l’évent, de forme rectangulaire, est placé à l’avant, caché derrière la grille en tissu noir qui protège aussi les hauts parleurs.
L’originalité essentielle de Mulidine, sur le plan technique, réside dans son filtre. Le brevet déposé en 1981 sur une charge acoustique originale, dénommée « double quart d’onde », permet de réduire considérablement le taux de distorsion dans les basses fréquences, et d’éliminer ainsi toute coloration du message musical. Le filtre acoustique utilisé n’est pas absorbant, mais canalisateur d’onde pour éviter les retours d’ondes sur la membrane du haut-parleur. Cela réduit le traînage interne et améliore la dynamique et l’accélération des haut-parleurs dans le haut du spectre, permettant un meilleur raccordement dynamique avec le tweeter.
Le son des instruments ou des voix est restitué avec beaucoup de naturel car la dynamique et les timbres sont respectés ; en outre les réverbérations du local de prise de son sont reproduites naturellement. Ce filtre brevet Mulidine est une sorte de tamis en plâtre de 40mm d’épaisseur. Il est percé d ‘une centaine de trous coniques et de différents diamètres. Il agit ainsi comme une sorte de clapet d’anti retour.
Pour finir sur les aspects techniques, il est important de souligner que le positionnement en façade de l’évent facilite le placement, et permet ainsi de coller les enceintes à moins de 25cm d’un mur si les contraintes de la pièce l’imposent
Vous trouverez toutes les informations utiles sur la « philosophie » et les produits Mulidine, ainsi que des comptes rendus critiques parus dans diverses revues, sur le site internet www.mulidine.com.
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ECOUTE
Les écoutes se sont déroulées sur une période de 8 mois, dans différents auditoriums (Paris, Strasbourg, Toulouse), avec des électroniques diverses (Naim Nait XS, Audiomat « Arpège », Euphya « Alliance 280 », Leben CS300 XS). Mais l’expérience la plus significative est celle de l’écoute à la maison (pièce de 30 m2), sur un système Naim (CD5XS, Nait XS, Flatcap XS, câble de modulation Naim (DIN), câbles HP Mulidine).
Les musiques écoutées sont de styles très différenciés : musique classique soliste et orchestrale, jazz acoustique (et vocal), blues, pop-rock, etc.
Ce qui frappe dès la première écoute, avec les Mulidine Allegretto, c’est le caractère très spontané, généreux et enjoué de la restitution. Ce sont des enceintes très vives, alertes, qui vous servent la musique comme avec le sourire. Leur surnom d’ « Allegretto » n’a donc rien d’usurpé. En écoutant le premier mouvement du Concerto pour 3 pianos (arrangé pour 2 pianos) de Mozart, interprété par Radu Lupu et Murray Perahia, vous serez surpris par le poids des violoncelles, mais aussi leur rapidité : toute la motricité de Mozart est là, et vous fera inévitablement battre la mesure. La principale qualité des Mulidine est selon moi leur capacité de communiquer avec l’auditeur et d’exprimer toute l’émotion des enregistrements. En comparaison, des enceintes aux timbres peut-être plus raffinés (Proac, Apertura), à la bande passante plus large, peuvent apparaître plus distantes, plus sages et moins immédiatement séduisantes.
Pour autant, ces petites enceintes ne manquent pas de rigueur, et une écoute plus analytique révèlera leurs qualités, en faisant apparaître que leur conception, à la fois simple et techniquement très aboutie, est celle d’un mélomane qui veut faire partager sa passion pour la musique.
Au-delà de sa dynamique, qui s’accorde parfaitement avec celle des amplis Naim, cette enceinte est capable d’une grande fluidité, grâce à une parfaite cohérence des registres (ce qui rend tout à fait pertinente une association avec des amplis à tubes, même de faible puissance, comme le Leben CS300, d’autant que le rendement des Allegretto est très correct : 91dB).
Les extrémités du spectre sont certes tronquées (50 Hz – 22KHz), mais n’engendrent aucune frustration car l’aigu aussi bien que le grave semblent bien articulés à un registre medium remarquablement nuancé, diversifié, et naturel, à même de restituer très nettement les caractéristiques des timbres instrumentaux et des voix. Ainsi, l’aigu est assez fin et n’engendre, à ma connaissance, aucune fatigue particulière, même sur les forte où les cuivres prennent le dessus (Mahler, Symphonie n°2, 1er mouvement, Orchestre de la Radio de Francfort, dir : Eliahu Inbal, chez Denon records).
Par ailleurs, même si vous ne ferez pas trembler les murs avec les graves, ce registre apparaît très réaliste, rapide, tendu et articulé, sans effet artificiel de boursouflure comme on peut l’entendre sur de nombreuses petites colonnes bass-reflex. On peut le vérifier avec la contrebasse de Michael Arnopol qui accompagne Patricia Barber sur « Ode to Billy Joe » (Album Café Blue) ou sur « She’s a Lady » (Modern Cool) : ça vibre juste comme il faut qu’une corde de contrebasse vibre. Vous voulez descendre encore plus bas ? Essayez « My Name » sur le 2è album de Lhasa (The Living Road), ou encore la chanson « Hunter » qui ouvre l’album Homogenic de Bjork, ou simplement les premiers instants du Live à Fip d’Hadouk Trio (attention aux vitres quand même…). Mais restons sérieux : les Mulidine n’ont pas vocation à animer vos rave-parties, c’est certain.
En revanche, si vous recherchez de la subtilité et de la précision, une présence réaliste et bien différenciée des musiciens, un grain de voix suffisamment palpable, une restitution fidèle des ambiances, une scène sonore assez large et profonde pour être crédible, et surtout une capacité à laisser la musique s’épanouir et envahir la pièce d’écoute, elles valent la peine d’être entendues.
Un dernier mot sur leur transparence et leur neutralité : ce sont des critères sur lesquels les Mulidine excellent. Sur le concerto de Mozart évoqué plus haut, vous discernerez sans peine les deux pianos dialoguant, entrecroisant leurs accords, et le toucher bien distinct de chacun des deux instrumentistes. Sur le concert de Neil Young à Macey Hall (Neil Young Archives), écoutez la causerie qui précède la chanson « Old Man » (plage 3) : tous les petits bruits d’ambiance, réglage de micro, jeu avec le médiateur, présence du public – c’était il y a plus de 40 ans (1971) mais vous êtes dans la salle !…
Leur neutralité a aussi un autre effet, souligné par plusieurs audiophiles : c’est leur capacité à laisser entendre de façon très nette les caractéristiques respectives des amplificateurs auxquels on associe ces enceintes. En passant d’un petit Creek (4240) au Nait XS, les Allegretto prennent du poids et de l’autorité. En passant du Nait XS à l’Audiomat « Arpège », on a l’impression qu’elles sont devenues plus larges et plus hautes. En poussant jusqu’à l’Audiomat « Aria », elles sont encore capables de suivre la montée en puissance et étonnent par leur stabilité…
Ce sont des enceintes faciles à faire chanter, qui méritent un très bon amplificateur, pas nécessairement puissant, mais surtout cohérent (en évitant si possible un équilibre trop montant) avec un grave assez propre et tendu. Une certaine douceur et fluidité de la part de l’électronique leur conviendra très bien (ainsi l’association avec l’Euphya « Alliance 280 » est réputée).
Leur petite taille rend possible un placement « sans souci » dans la pièce (15 à 20 m2 me paraissent néanmoins un minimum). Avec certains amplis qui ont tendance à ouvrir, voir à élargir l’espace, comme les Audiomat, les Allegretto peuvent très bien sonoriser un local de 40 m2 et plus.
Cotations : |
Musicalité : excellente
Rapport musicalité – prix : excellent, peut-être actuellement sans équivalent |
Prix : 2 400 € ( 06/2012 )
Compte rendu rédigé par
TheHub pour les écoutes
et G2LAND pour la description technique.
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