ETALON – SuprA
Origine : Hongrie
Amplificateur « intégré » à transistors
Puissance : 2 x 70 watts / 4 ohms en classe AB
Impédance mini de la charge : 4 ohms
Sensibilité : 0.7 Vrms @ 30W
Gain: 26dB +/- 0,2 dB à 1 kHz
Bande passante : 20 Hz à 20 kHz
Distorsion : non spécifiée
Rapport signal / bruit : non spécifiée
4 entrées haut niveau RCA
ETALON Acoustics fait partie de ces marques européennes incontournables sur le marché de la haute-fidélité et qui proposent régulièrement des évolutions ou des nouveautés toujours plus surprenantes les unes que les autres.
Il est vrai que ces dernières années, László SALLAY s’était principalement penché sur la question des convertisseurs et lecteurs réseau – produits que j’avais d’ailleurs eu le privilège de tester – et, sans qu’il y ait une urgence capitale, il était l’heure de songer à faire évoluer la gamme d’amplificateurs.
C’est avec un immense plaisir que le distributeur français m’informe qu’un nouvel amplificateur intégré va inaugurer une nouvelle gamme qui verra le jour progressivement au cours de l’année 2016. Ce nouvel amplificateur se nomme « SuprA ». C’est aussi avec ce même bonheur qu’à peine quelques jours après avoir dévoilé l’information, ce même amplificateur m’est confié pour un test d’écoute en primeur.
Bien que son nom s’apparente à celui du Suprampli que j’avais eu le privilège de tester il y a quelques années, la conception du SuprA laisse à penser que l’on a affaire à un tout nouvel amplificateur qui n’a plus rien en commun avec le Suprampli. Toutefois, on y retrouve un air de famille qui laisse la question ouverte.
Le SuprA intègre la technologie à deux étages d’amplification présente au cœur de l’IntegrAl. Ce nouvel intégré est toujours de configuration double mono avec une technologie d’amplificateur de tension.
Le concepteur part du postulat qu’un amplificateur intégré constitue un compromis inacceptable ou la section pré-amplificatrice et celle de puissance sont regroupées au sein d’un unique boîtier, soit pas soucis d’économie, soit pour des raisons d’encombrement. A première vue, il s’agit d’un paradoxe puisque bon nombres de références de la marque se présentent depuis de nombreuses années sous la forme d’un boîtier unique, y compris le SuprA dont il est question dans ce banc d’essai.
Le doute qui en résulte peut être rapidement dissipé si nous nous mettons à examiner la philosophie de conception de László SALLAY ainsi que les entrailles de ses électroniques. En effet, à y regarder de plus près, vous vous apercevrez rapidement que les amplificateurs « intégrés » ETALON sont simplement constitués de deux blocs de puissance séparés d’une sensibilité appropriée relié à une carte pré-amplificatrice « passive » qui comporte le minimum de composants et de fonctions. Cette vision des choses a l’avantage d’offrir une extrême simplicité à tous les niveaux, y compris celui de la fabrication, et d’éviter les composants passifs sur le trajet du signal qui pourraient perturber la qualité musicale.
Ce concept a fait ses preuves sur les réalisations précédentes et a été repris sur le SuprA. Cet amplificateur rassemble en définitive deux blocs de puissance – technologie double monophonique de configuration asymétrique, muni d’un étage de pré-amplification passif. Deux cartes séparées entourent le transformateur torique de bonne capacité assurent une puissance de 2 x 70 watts sous 4 ohms fonctionnant en classe AB.
La réserve en puissance est logiquement assurée par ce « puissant » transformateur torique d’une valeur de 307 VA, solidement arrimé au châssis, via un système de découplage simple empêchant la transmission des vibrations au berceau / support.
Ce transformateur est secondé par six condensateurs par carte d’une valeur de 10.000 microfarads chacune, soit 60.000 microfarads au total, garants d’une impeccable stabilité et d’une très bonne réserve en courant.
Il est précisé que l’alimentation est également en double Mono. Le transformateur possède bien deux circuits secondaires en plus du circuit primaire commun. Par ce principe, la configuration équivaut à deux transformateurs. Comme l’intensité (le courant) est bien plus faible au primaire qu’au secondaire, il n’y a aucun intérêt (hormis à rendre le tout beaucoup plus cher) à utiliser deux transformateurs . Le courant primaire est toujours faible en regard du courant secondaire. Aussi le primaire est toujours largement dimensionné. C’est au travers du secondaire que circule le courant et dans le cas du SuprA nous avons deux circuits secondaires et donc bien un par canal.
Enfin, chaque carte est reliée de manière rigide à son radiateur de refroidissement qui fait très bien son travail puisque le SuprA ne génère aucune calorie excédentaire. Vous noterez au passage l’excellence du montage, détail non anodin si l’on ne retient que le simple facteur musical.
Le SuprA est le successeur direct du Suprampli auquel il emprunte la présentation sobre et à mon sens de bon goût que nous connaissons : la face avant ne contient au centre qu’un afficheur. De part et d’autre une très jolie finition en merisier brillant, prend place autour de la fenêtre centrale en verre minéral fumé.
Pas de sélecteurs de fonctions, pas de touches, pas de potentiomètres. Toutes les fonctions sont pilotées via une télécommande qui pilotera le réglage de volume confié à un potentiomètre d’origine Alps, le sélecteur pour 4 sources actionnées par relais, et une fonction mute. L’ensemble de l’électronique repose sur un berceau en tôle pliée de bonne épaisseur, lequel s’appuie sur trois pieds en caoutchouc qui, à priori, font efficacement leur travail en matière de découplage.
La face arrière comprend quatre bornes HP de belle qualité solidement fixées au châssis. Elles autorisent le câble nu, les fourches, et fiches bananes. Cependant, vous ne pourrez pas opter pour le bi-câblage – qu’importe : il vaut mieux avoir recours à un câblage unique de bon niveau, plutôt qu’à des câbles « exotiques » doublés dont l’efficacité n’a toujours pas été démontrée.
Les quatre entrées sont confiées à de « sérieux » connecteurs RCA plaqués or boulonnés sur la face arrière de qualité supérieure à ceux qui équipaient le Suprampli. Cependant, je regrette toujours que le constructeur n’ait pas prévu une sortie à niveau fixe ou variable pour un enregistreur analogique ou un amplificateur pour casque d’écoute.
En revanche, un grand merci pour l’attention portée par le concepteur en ce qui concerne la prise secteur IEC où l’importateur a pris le soin de décrire dans sa notice d’utilisation le pôle permettant de repérer la phase. Cette démarche fera en outre gagner un temps fou à l’utilisateur lors de la mise en fonction de l’appareil.
ECOUTE :
Les tests d’écoutes ont été effectués à domicile avec le matériel suivant : lecteur CD YBA Classic Player 3, enceintes acoustiques PE LEON Kantor et JM REYNAUD Folia, câbles de modulation YBA Glass, ESPRIT Beta, câbles HP ESPRIT Aura et JMR HP 1132.
Pour l’alimentation secteur : barrette FURUTECH F-TP 615, câble secteur G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque.
Je remercie vivement l’importateur ETALON ACOUSTICS France de m’avoir fait bénéficier en primeur de cette nouvelle référence pour une durée de 4 semaines afin de pouvoir réaliser ce test d’écoute et vous faire partager mes impressions au travers ce banc d’essai.
CD utilisés : NAIM Sampler N° 6 – Seal Soul – Tri Yann « La belle enchantée » et avec l’Orchestre National des Pays de Loire – Collaboration par the Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida.
– Porgy And Bess de Gershwin : suite orchestrale par Frank Chacksfield – Bach’s Music par Richard Galliano – O Fortuna Carmina Burana par l’orchestre philarmonic de Prague and Chorus – Water Music de Georg Friedrich Haendel par Trevor Pinnock – Fantaisie pour un Gentilhomme de Joaquin Rodrigo par Erich Kunzel dirigeant l’Orchestre Philharmonique de Naples – Dardanus de Jean-Philippe Rameau dirigé par John Eliot Gardiner – Requiem de Mozart par Hebert Von Karajan – Danses Slaves Op. 46 et Op. 72 Anton Dvorak – Direction Antal Dorati ré-édition Mercury Living Presence – La Folia de la Spagna par Gregorio Paniagua.
1° Timbres
Jusqu’ici, ETALON nous avait habitué à des électroniques plutôt bien « timbrées ». Il eut été étonnant qu’il en soit autrement avec le récent SuprA. Mais, de nos jours on peut s’attendre à tout.
Je vous rassure, ce nouvel intégré reprend à sa charge tout ce que fait le charme des amplificateurs et autres électroniques de la marque, à ceci près : il va nettement plus loin que ses prédécesseurs Suprampli et Origo sur un grand nombre de paramètres. Le choix de nouveaux composants et quelques optimisations vont dans le sens d’une musicalité haute en couleurs. Nous retrouvons cet aspect particulièrement fruité, qu’à titre personnel, j’adore. Nous redécouvrons avec bonheur la couleur typique des instruments d’époque et guitares acoustiques qui s’illustrent au travers du dernier album studio de Tri Yann « La Belle Enchantée ». J’ai pu aussi apprécier toute la richesse d’une orchestration pleine de belles surprises, diablement orchestrée telle que la suite orchestrale Porgy and Bess de Gershwin mise en musique par Frank Chackesfield. J’ai pu savourer avec délectation la plus infime substance de quelques notes de harpe aux timbres cristallins, aux envolées de la flûte traversière qui viennent se superposer à une « ligne » de violoncelles à la sonorité veloutée. Le hautbois y va de sa personnalité pour compléter le contre chant de violons dont la ligne mélodique a été minutieusement « distillée » pour coller à la mélodie.
Le très connu passage Summertime s’affiche avec distinction par le solo de trompète de Kenny Baker qui fait chanter son instrument d’une façon jazzy des plus savoureuse qui soit. Le jeu de cymbale est d’une excellente précision et je me suis régalé en entendant un jeu de banjo venir « bousculer » le classicisme de ce passage d’anthologie souhaité par le compositeur et qui donne une touche d’originalité accentuée par le tempérament de cet amplificateur. Vous l’aurez vite compris, le SuprA est loin d’être un amplificateur ennuyeux, je dirais qu’il est même « brillant » en matière de couleurs de timbres et que l’on peut résumer par :
• un registre aigu fin, ciselé, méticuleusement travaillé : il contribue à rendre la restitution d’une transparence sur laquelle je reviendrai en détail.
• un registre grave particulièrement convainquant lorsqu’il s’agit d’aller tutoyer les fréquences en bas de spectre. Non content de descendre profondément, le registre grave se démarque par une lisibilité de premier ordre, une forme de « propreté » qui ne laissent aucune place à l’approximation.
• un registre médium assurant une liaison minutieusement réglée entre les fréquences graves et aigües.
La mise au point des circuits ainsi que le choix des composants assurent en outre une excellente linéarité exempte de toute trace « d’accidents », de creux ou de bosses, qui viendraient nuire au confort de l’écoute.
Sur la base de ce qui précède, vous pourrez compter sur le SuprA pour vous faire découvrir une musicalité plutôt raffinée, doublée d’une élégance de premier ordre. Si les timbres peuvent paraître légèrement « réchauffés », ils ne le font pas au détriment de l’aspect extrêmement naturel – vocaux et instruments acoustiques sont «chouchoutés» sur ce thème. Les bois, les cuivres, où les cordes délivrent une couleur tonale fruitée donnant beaucoup de saveur à la musique classique, à la musique lyrique, au jazz, ainsi qu’à toute forme de musiques plus contemporaines.
La bande passante subjective est étendue, sans pour autant montrer des traces de caricatures ou autre formes «d’insistance». Le dernier né de la marque Hongroise nous gratifie d’une musicalité nuancée, variée, équilibrée, où les instruments sont « charnus » et adoptent la consistance attendue.
2° Fluidité
Une électronique ETALON est par définition une électronique réputée fluide. Pourquoi, diable, le SuprA échapperait-t-il à la règle édictée par le concepteur depuis de plusieurs décennies ?
Sur ce critère, le dernier né de chez ETALON ne renie rien de ce qui a fait la réputation de la marque. Avec lui, la musique s’écoule sans aucun écueil, sans accroc, au rythme dicté par l’extrait musical sélectionné.
Le flux musical fait abstraction de toute forme de dureté; les notes s’enchainent librement avec beaucoup d’entrain qui s’appuie sur un mécanisme parfaitement huilé et pour tout dire plaisant de bout en bout. Les CD se suivent et ne se ressemblent pas; on en redemande, les heures d’écoutes se succèdent sans lassitude.
3° Scène sonore
La conception double mono de cet amplificateur joue un rôle déterminant sur le « dessin » de la scène sonore. Celle-ci apparaît d’emblée très ample, plutôt « confortable » dans les trois dimensions, donnant l’illusion d’une aération autorisant la musique à respirer à sa guise, sans aucune contrainte. Cela se remarque aussi bien sur les grandes que les petites formations orchestrales. Même à faible niveau d’écoute, la musique vous est présentée avec une prestance de premier ordre.
Ecoutez ou ré-écoutez Dardanus de Jean-Philippe Rameau – direction John Eliot Gardiner – et vous verrez de quoi je veux parler. Tambourins I & II, ou l’Entrée pour les guerriers vous mettront immédiatement en condition pour vous évoquer à quel degré le SuprA brille aussi par sa générosité. Les plans sont méthodiquement construits : il y a de la place pour tous instruments. Il émane du flot orchestral la sonorité piquée du clavecin; celui-ci alors semble battre la mesure avec ses couleurs chatoyantes si caractéristiques. La construction méthodique de la scène sonore met à leur place chaque groupe d’instruments ou instrument soliste dont le positionnement respectif est facilement identifiable. L’ampleur évoquée aboutit à une restitution aérée à laquelle nous sommes davantage habitués avec des amplificateurs de gammes et de prix souvent plus élevés.
N’en déduisez cependant pas que cet amplificateur est envahissant; au contraire il accompagne harmonieusement la prestation des musiciens et de leurs instruments et les « installe » à une place bien déterminée comme cela a été prévu lors des séances d’enregistrements.
4° Transparence
Là, où le SuprA m’a carrément épaté, c’est à travers les extraits les plus connus de Jean-Sébastien Bach « vus » par Richard Galliano. L’accordéon et le bandonéon remplacent tour à tour les instruments d’origine (flûte, clavecin, violoncelle,….orgue). Par instant, les instruments de prédilection de Richard Galliano se substituent astucieusement aux instruments d’origine donnant une couleur insolite à la musique. Par moment, le « souffle » de l’accordéon pourra prendre des allures de grandes orgues qui insufflent une forme de vie nouvelle, une renaissance de la musique de Bach pleine de réalisme. Chaque note est méticuleusement décortiquée. Les moindres inflexions de l’instrument sont perceptibles et reflètent des couleurs tonales étonnantes. J’ai également remarqué que grâce à la prise de son soignée, le quintet à cordes qui accompagne Richard Galliano nous fait profiter de toute l’adresse des musiciens mise en lumière permises par les qualités d’analyse dont fait preuve cet amplificateur.
Ces qualités d’analyse, nous les retrouvons à l’écoute de la Folia de la Spagna par Gregorio Paniagua. Quel satisfaction d’entendre le jeu de clefs de la clarinette, les arpèges de guitare, ou simplement la reprise de souffle du flûtiste qui contribuent à rendre cette musique si attachante.
Cet amplificateur m’a surpris de jour en jour. Chaque extrait musical constitue une redécouverte si l’on prend en compte ses capacités à reproduire les détails les plus infimes, les nuances les plus discrètes, les micro informations trop souvent restées dans l’ombre avec d’autres produits très en vogue en ce moment et peu enclins à « fouiller » le message sonore. Le SuprA, comme les autres produits signés László SALLAY s’attache à analyser en profondeur le contenu des enregistrements qui lui sont confiés et le reproduire à fidélité.
Par ailleurs, le SuprA est doué pour délivrer un message clair et lumineux. Je m’en suis rendu compte à l’écoute de Water Music de Georg Friedrich Haendel – direction Trevor Pinnock et notamment à travers Hornpipe qui explose de joie tout comme l’auditeur que je suis. La réponse des trombones aux cors de chasse s’effectue avec un « détachement » très particulier. Sur le Menuet, un torrent d’informations vous parvient au point que l’on se surprend à mettre en évidence toute la substance du piccolo, suggérant ainsi que l’amplificateur ne laisse rien au hasard !
5° Dynamique – réactivité – rigueur
Loin d’être l’amplificateur intégré le plus nerveux, le SuprA est loin d’être un amplificateur mou ou en manque de souffle. Sur différents extraits de SEAL SOUL, j’aurais même tendance à dire qu’il « s’émancipe » avec une belle rapidité, sans aucune trace de traînage apparente. Plus j’écoute cet amplificateur, plus je me rends compte qu’il réagit plutôt bien face aux écarts de dynamique et fortes accélérations – sans s’affoler. En tout cas, le SuprA sait toujours être au rendez-vous. L’auditeur tatillon que je suis, aurait peut être souhaité davantage de vivacité sur le jeu de vibraphone et sur le jeu de piano qui illustre Valéria interprétée par le Modern Jazz Quartet. Cependant, le jeu de contrebasse et les coups de cymbales obéissent au doigt et à l’œil et répondent à mes attentes, ce qui m’incite à être très prudent sur le point évoqué ci-avant.
Une réactivité sans peur et sans reproche pour cet amplificateur qui distille la musique de Tri Yann & l’Orchestre National de Loire avec une effervescence remarquable dans sa globalité. La bonne santé de cet amplificateur se fait sentir sans l’ombre d’un doute. Les chœurs nous présentent ce qu’il y a de plus grandiose, avec la puissance attendue. La rythmique (batterie, basse, guitare électrique) marquent un tempo absolument bien maîtrisé qui confirme avec quelle rigueur cet amplificateur s’exécute. Ainsi, l’amplificateur SuprA s’illustre par une musicalité que je qualifierais de pétillante et très « palpable ».
Cet amplificateur est muni d’une source d’énergie remarquable que l’on aura plaisir à savourer au travers des Danses Slaves Op. 46 et Op. 72 Anton Dvorak – Direction Antal Dorati (ré-édition Mercury Living Presence).
Le moins que l’on puisse dire est que le SuprA a su apprivoiser l’orchestre symphonique de Minnéapolis et obéit au doigt à l’œil de Monsieur Antal Dorati qui mène la danse avec fougue. Il ne recule pas devant les moindres écarts de dynamique provoqués par une grosse caisse, des envolées de violons grandioses : il encaisse ce flot orchestral avec une docilité incroyable, un tonus, et une bonne humeur qui font plaisir à entendre.
6° Communication avec l’auditeur
O Fortuna tiré du Carmina Burana de Karl Orff est une excellente entrée en matière pour juger et apprécier ce dont est capable de véhiculer le SuprA sur le plan émotionnel. Cet amplificateur est en capacité d’aller très loin en matière de communication directe avec l’auditeur. Pas forcément démonstratif au sens péjoratif du terme, cet amplificateur est plus subtil que cela : il fait dans la mesure et non dans la démesure.
Des chœurs qui resplendissent, des percussions qui « roulent », une orchestration divine, se concrétisent par leur présence soutenue dans la pièce d’écoute. Tous les ingrédients sont rassemblés ici pour faire vibrer l’auditeur et le faire participer aux qualités d’une interprétation et d’une la prise de son sans défauts.
Oui, le SuprA s’y entend pour faire chanter les meilleures « mises en scènes orchestrales », les « pièces musicales » de tous styles et de la plus haute « tenue » telle que la Fantaisie pour un Gentilhomme de Joaquin Rodrigo – direction Erich Kunzel. Cette « pièce » musicale dégage ici des parfums inaccoutumés qui mettent bien au clair le soin apporté aux interprétations de qualité afin de livrer à l’auditeur la musique la plus authentique possible. Le jeu de guitare de David Russell est bougrement travaillé; l’agilité de son doigté mérite réellement que l’on y prête une oreille attentive. L’orchestre philharmonique de Naples sous la direction d’Erich Kunzel s’y entend pour vous inviter à l’œuvre enjouée de Joaquin Rodrigo, et je peux vous affirmer que le SuprA vous aidera grandement en ce sens.
Et que nous chante le Requiem de Mozart par Hebert Von Karajan ? Eh bien, grâce à l’éloquence permise par cet amplificateur, nous retrouvons des chœurs en pleine forme qui « s’enflamment » avec la ferveur qu’on leur connaît habituellement – je les ai imaginé briller ici comme un véritable feu d’artifice. Par les performances du SuprA, vous pouvez vous attendre à une interprétation d’une grande intensité, à de longues minutes émotionnelles de musique. Je puis vous assurer que vous serez totalement en prise directe avec cette « fresque » de Mozart. Cet amplificateur ne semble pas avoir de limites lorsqu’il s’agit de vous immerger au cœur de la musique vivante. La soliste, Maria Stader, souligne sa présence par sa voix d’une magnifique pureté. J’ai très bien senti que celle-ci vivait avec la composition dont elle est l’interprète majeure. Les intonations de sa voix, la diction, la reprise de souffle, sa « légèreté » et sa conviction, nous prouvent que le « petit » ETALON et son concepteur s’y entendent lorsqu’il s’agit de porter une attention particulières à des œuvres aussi « poignantes » que ce Requiem.
Avec la Folia de la Spagna de Gregorio Paniagua – n’ayons pas peur des mots – nous frisons le « sublime ». Certes, le mot sublime est fort mais je l’utilise volontiers et d’autant plus librement que ce CD, exubérant dans son genre, nous invite à déguster sans limite tous les instruments baroques présents dans cette série de « pièces musicales des 16ème et 17ème siècle. La douceur des flûtes baroques, la texture nasillarde des cromornes, le tempérament « flamboyant » du clavecin, la sonorité boisée de la viole de gambe, le crépitement des percussions sont reproduits avec des parfums suaves, chaleureux, « sucrés » et une éloquence réellement saisissante à vous donner la chair de poule. Le SuprA opère ici un véritable travail d’orfèvre autours de chacun de ces instruments qui aboutit à un réalisme fascinant.
D’une façon globale, le SuprA a réellement le pouvoir de faire vivre les meilleurs extraits musicaux qui lui sont confiés grâce à sa faculté à pérenniser les sons dans le temps et l’espace sans coupure ou perturbation d’aucune – une mention spéciale pour les harmoniques qui contribuent à enrichir le message musical et le rendre encore plus naturel.
Conclusion :
Depuis toujours ETALON nous a habitué à des électroniques très musicales, chantantes, et hautes en couleurs. Le récent SuprA se devait, non seulement, de rester dans la tradition des meilleures références de la marque, et, pourquoi pas, de faire mieux que ses prédécesseurs. Cette fois encore, László SALLAY réussit à surprendre : en peaufinant son concept, il nous prouve, une fois encore avec cet amplificateur à prix attractif, un savoir-faire incontestable qui se matérialise par une musicalité riche sur le plan des timbres, sur le plan émotionnel, et qui se montrera digne des meilleures enceintes acoustiques, des meilleures sources, comme des grandes œuvres musicales.
Synthèse : | Musicalité : affirmée et remarquable Appréciation personnelle : fantastique Rapport musicalité – prix : très, très bon |
Prix : 1980 € (07/2016)
Lionel Schmitt