CABASSE Java MC 40
Origine : France
Enceinte 3 voies, 3 HP
Charge : bass-reflex
Sensibilité : 90 dB pour 1 watt à 1 mètre
Impédance : 8 ohms
Fréquence de coupure : 900 Hz et 3400 Hz
Réponse en fréquence : 59 Hz à 23 kHz
Dimensions : ( H x L x P ) 110 x 25 x 35 cm
Une fois n’est pas coutume, j’ai souhaité refaire un tour d’horizon sur une partie de la gamme actuelle de notre constructeur français ancestral : CABASSE.
C’est un peu par hasard que j’ai jeté mon dévolu sur cette colonne milieu de gamme JAVA MC 40. Il s’agit d’une enceinte colonne de bonne dimension (un peu plus d’un mètre de hauteur) à la finition laquée noire du meilleur effet, et pour tout dire fort élégante.
Il est vrai que cette enceinte « en jette » et affiche clairement sa classe grâce à une finition irréprochable. La JAVA MC 40 est une enceinte trois voies / 3 haut-parleurs / bass-reflex.
L’ébénisterie de Java MC40 se veut simple et pure, sans appendice ni artifice clinquant, mais elle est pourvue de nombreuses solutions techniques propres à la marque telles que :
° Les flancs non parallèles du coffret afin de limiter les phénomènes d’ondes stationnaires.
° L’épaisseur des panneaux variable jusqu’à 31 mm pour garantir la rigidité et la neutralité du coffret et offrir un volume utile maximale pour les haut-parleurs de graves.
° La fixation magnétique du cadre. Quand les enceintes sont utilisées cadre enlevé, la surface autour du BC10 est libre de tout creux ou protubérance sources de diffraction pour une plus grande pureté auditive.
° L’évent bass-réflex positionné verticalement à l’extrémité inférieure de l’ébénisterie limite la création d’ondes stationnaires et offre un renfort de graves très efficace grâce à une diffusion sur 360° près du sol quelle que soit la position de l’enceinte par rapport aux murs arrière et latéraux.
° Les cônes réglables permettent un ajustement facile et précis et garantissent la stabilité des enceintes même sur des sols inégaux ou instables.
Développé avec les mêmes solutions innovantes mises en oeuvre pour la restitution médium-aigu du système de référence La Sphère, le Medium-tweeter coaxial BC10 ajoute, selon le concepteur, à la fidélité des timbres, sans artifice ni fatigue auditive, une profondeur et un réalisme de l’image sonore inégalables.
Question filtres, le protocole Cabasse de mesures en chambre sourde prend en compte les mesures dans l’axe et sur 360° pour une parfaite maitrise de la directivité et de la puissance totale rayonnée, conformément aux principes SCS. Il permet en parallèle à de nombreuses séances d’écoutes dans des pièces aux acoustiques différentes de mettre au point les filtres. Ceux-ci présentent des pentes de coupure variant de 6 à 24 dB par octave avec une parfaite prise en compte de la forme du coffret et un respect total des qualités intrinsèques de nos haut-parleurs coaxiaux.
Enfin, sachez que cette enceinte est muni d’une unique paire de bornier – ce qui exclut la possibilité de bi-câblage. En revanche, ces deux borniers ont fière allure et autorisent tout type de connexion.
ECOUTE :
Les tests d’écoutes ont été réalisés en plusieurs épisodes : tout d’abord en grande surface multi média pour une première approche,avec le matériel suivant : amplificateur Marantz PM 6006 et lecteur CD Marantz 6006, et câbles ordinaires, puis chez un particulier avec le même matériel et câbles ordinaires, et enfin avec l’amplificateur intégré LFD LE Mk 5 accompagné du lecteur CD Marantz CD 6006 et câble de modulation Esprit Beta, Van Den Hul The Orchid et câbles HP Esprit Aura.
1° Les timbres – équilibre général – transparence
La première expérience montre que ce système dans son ensemble ne reflète pas tout à fait les couleurs de timbres espérées.
° Registres bas médium et grave
Le registre grave est un peu court et ne descend pas à des valeurs abyssales. Par ailleurs, je lui trouve quelque chose de plat avec une sorte de flou dans le bas médium, même si on peu lui reconnaître un suivi mélodique correct mais sans plus. La définition donne – en fonction des extraits musicaux choisis – des résultats acceptables selon le système et les câbles utilisés. En revanche, le bas du spectre est dégraissé qui aboutit à une « note » positive. Il semble pourtant que sur ce registre cette colonne soit cependant « capricieuse », même si le grave est sans son ensemble bien tenu et assez « propre ». Selon des exigences qui nous sont personnelles et subjectives, nous pourront globalement apprécier le jeu de contrebasse ou de guitare basse. A l’inverse, les percussions d’un orchestre sonnent de manière « creuse » et le côté charnel, matérialisé est réellement absent; une sorte de « simplification » qui n’aboutit pas à une musicalité satisfaisante, et que je qualifierais plutôt de décharnée.
° Registres médium et aigu
Même si les registres médium / aigu se complètent et semblent être en harmonie, la musicalité m’est apparue réellement fade. Le registre médium revêt assez souvent une texture assez peu engageante sans couleurs spécifiques – (à ne pas confonde avec la neutralité). Les vocaux manquent assez d’expressivité et de spontanéité. Les chœurs et les vocaux solos prennent souvent une « tournure » insipide qui rend le déroulé des phrases monotone. Selon les extraits choisis, les cordes et les cuivres ne semblent pas non plus trouver une forme d’harmonie et un fruité qui les rendent totalement « complets » et même crédibles. Il faut que la prise de son et le mixage surlignent de manière artificielle telle ou telle tonalité pour qu’elle soit mise en valeur. Ainsi, on ne pourra reprocher à ces enceintes d’être hyper démonstratives.
° Equilibre
Sur ce thème, la MC 40 ne réagit pas de la même manière selon les câbles et l’amplificateur utilisés. Il est même difficile de se forger une opinion tranchée et définitive. Certes l’amplificateur LFD va apporter son lot de richesse, une couleur de timbres plus étendue que celle procurée par le MARANTZ. Avec l’ensemble MARANTZ, la musique apparaît subjectivement plus équilibrée mais manque cruellement de couleurs. Même avec des câbles de qualité « supérieure », l’essai est loin d’être transformé. Cependant, cette enceinte conserve une sorte de cohérence au travers sa « timidité ».
° Transparence
Sur ce paramètre, cette enceinte colonne ne se défend pas si mal. Ce n’est pas l’enceinte acoustique la plus analytique du moment, mais on arrive assez bien à cerner le contour des instruments de musique y compris avec l’ensemble MARANTZ. La notion de transparence prend évidemment plus de signification lorsqu’on associe cette enceinte à un amplificateur plus « pointu, plus performant, qui va nettement plus loin en matière d’analyse. La notion de flou qui peut parfois subsister constitue dès lors un handicap à l’écoute et nuit au plaisir de celle-ci.
2° Présence – réactivité
Sans s’imposer, ni être en retrait, la musique n’affiche pas particulièrement une joie de vivre démesurée. Je ne critiquerai pas outre mesure la réactivité dans la mesure où l’amplificateur MARANTZ n’est pas non plus exempt de défauts sur ce critère. La réactivité s’avère être dans la moyenne : les attaques restent franches dans les grandes lignes et le suivi mélodique tient assez bien la cadence : il épouse le rythme imposé par certains extraits « musclés » et plein de vitalité. En revanche, la présence des musiciens n’atteint pas l’auditeur et ne le fait pas participer à la musique. La MC 40 diffuse de la musique, cependant il s’instaure une certaine distance entre les interprètes et l’auditeur. La MC 40 « fouille » le message sonore convenablement grâce à son registre médium relativement « travaillé ». Certaines variations, nuances, sont perceptibles, mais je lui trouve une forme de retenue qui fait que l’on passe à côté de belles sensations et tout simplement d’émotions.
3° Scène et image sonores
Selon les amplificateurs et câbles utilisés, la scène sonore prend plus ou moins d’extension. Les effets stéréophoniques et la séparation des canaux prennent des proportions intéressantes. En revanche l’image sonore n’a pas forcément la stabilité attendue; elle reste cependant correcte. A défaut d’être bien marqués, les contrastes entre les plans sont « recevables ». Nous arrivons assez bien à distinguer les instruments de premier plan de ceux positionnés en second ou arrière plan. Les effets de profondeur de champ accusent des limites et je relève une forme de « vide » au milieu de la scène sonore – défaut d’une focalisation trop prononcée gauche / droite.
5° Faculté d’expression et communication avec l’auditeur
• Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire Vol.2
Avec cet album, j’avoue ici ma perplexité par rapport aux effets que peut procurer cette enceinte acoustique. Habituellement, la grande majorité des extraits qui illustrent ce disque se veulent « prenants », enthousiasmants, voir éblouissants. Ici, ma déception est totale : la musicalité apparaît parfois dissonante; je n’irai pas jusqu’à dire qu’elle fut confuse, mais il manque tout de même toutes caractéristiques qui permettent d’établir une « relation » entre les artistes et l’auditeur. Le message sonore s’affiche pourtant clair et net, la transparence ne fait pas forcément défaut, mais, sans parti pris, la restitution manque de nuances. L’euphorie qui caractérisent les chœurs qui accompagnent l’orchestre National des Pays de Loire semblent cruellement manquer d’une conviction profonde, et la « frénésie » n’est pas totalement au rendez vous.
• Les Indes Galantes de Jean-Philippe Rameau – Direction Philippe Herreweghe
Les différentes « symphonies » qui illustrent cet album Les Indes Galantes signées Jean-Philippe Rameau ne m’ont pas enthousiasmées non plus. Quelques soient les électroniques utilisées, la JAVA MC 40 ne s’est pas montrée spécialement convaincante. Les couleurs des flûtes, violons, hautbois me sont apparues comme « délavées », manquants de contrastes. Certes, le clavecin affiche sa présence mais il délivre une sonorité un peu monotone, voir monocorde. L’analyse est globalement bonne, j’en conviens, mais l’absence de reflet et de spontanéité ne font pas apprécier les œuvres comme il se doit.
• Naim – CD test Sampler N°6
Les excellents enregistrements contenus sur ce CD test N° 6 signé Naim m’ont permis, sur des styles musicaux éclectiques, de cibler le tempérament musical de cette enceinte. Tears of Joy d’Antonio Forcione permet d’apprécier l’étendue de la scène sonore. Les effets stéréo sont bien marqués avec une bonne séparation des canaux. La scène sonore prend une dimension raisonnable, et les effets tri-dimensionnels sont globalement appréciables. Le côté réaliste, charnel, et pur n’est pas « retranscrit » ici dans sa globalité. La saveur manque cruellement au programme. J’attendais une musique riche en matière, en émotion, etc…, au lieu de cela, la MC 40 s’est contentée du minimum vital – sans plus.
• Quiet Nights par Diana Krall
La voix de Diana Krall, si expressive soit-t-elle, ne parvient pas totalement à « toucher » l’auditeur. En marge de la diction, la voix manque de naturel. Quelques « sifflantes » persistantes gâchent l’écoute : la texture charnelle et chaleureuse des chaque syllabe s’avère quelque peu absente. Avec l’ensemble MARANTZ, on gagne en douceur mais on perd une partie de la définition. L’orchestration en « fond de page » apparaît un tant soi peu discrète et ressemble un peu trop à un vague accompagnement, très éloigné du vocal de la chanteuse. Il est précisé que ce « diagnostic » varie d’un amplificateur à l’autre, et qu’il conviendra de procéder à des essais attentifs avant de vous prononcer sur le choix définitif de l’amplificateur et / ou des enceintes.
• Collaboration par le Modern Jazz Quartet with Laurindo Elmeida
Sur CD et plus précisément sur Valéria, on relève des bonnes choses et d’autres qui le sont moins. La JAVA MC 40 n’est pas l’enceinte la plus réactive du moment. D’un autre côté, on ne pourra pas la taxer de « traînarde », mais les écarts de dynamique sont traités avec plus ou moins de réactivité. Le jeu de vibraphone n’a pas le panache attendu. Les transitoires « zappent » au passage quelques informations. L’étendue de couleurs tonales n’atteint, de loin pas, des sommets. Le jeu de piano, en revanche, m’a quelque peu étonné par sa docilité et sa faculté à reproduire chaque note de manière détachée avec une « ponctuation » et une fluidité de bon aloi. Le rythme apparaît soutenu : la cadence de l’ensemble apporte une forme vie non dépourvue d’intérêt ici. Le jeu de contrebasse manque un peu de consistance et de profondeur. Le pincement des cordes est respecté, mais la rythmique est loin d’être « décoiffante ». La texture fade de la cymbale fait vraiment défaut. D’une façon générale, on assiste le plus souvent à une restitution décharnée et relativement monotone.
Conclusion :
Sous une présentation particulièrement séduisante et une finition réussie, la JAVA MC 40 s’avère un peu décevante sur bien des paramètres. Elle n’est pas parvenue à me convaincre de l’associer à des systèmes audio qui ont pour prérogatives de faire chanter les musiques que nous affectionnons. Je pense que cette enceinte est davantage destinée à accompagner des systèmes Home Cinéma, qui se veulent avant tout démonstratifs, qu’à des systèmes purement audio. Malgré une bonne volonté affichée, je trouve qu’elle manque de richesse et de ce petit quelque chose qui vous fera « vibrer ».
Synthèse : | Musicalité : fade Appréciation personnelle : pas de souvenirs impérissables Rapport musicalité – prix : sans objet |
Prix : env. 2000 € (07/2017)