B&W CM 6 S2
Origine : Grande Bretagne
Enceinte 2 voies / 2 HP – bass-reflex
Sensibilité : 88 dB / 1w / 1m
Impédance nominale : 8 ohms
Puissance admissible : 120 watts
Puissance minimale : 30 watts
Distorsion mesurée : < 1 % 100 Hz-22 kHz
Réponse en fréquence : 50 Hz à 28 kHz +/- 3db
Dimensions : ( H x L x P ) H 40 x L 20 x P 28,5 cm
Poids : 9 kg
La série S2 de la gamme CM de B&W a été lancée courant 2014. Elle se distingue de la première série du nom par quelques améliorations techniques (composants du filtres plus qualitatifs notamment) et esthétiques (cerclage autour des hauts parleurs médium et graves).
La CM6 n’a pas de correspondance dans la série 1 ; elle apparaît avec la gamme S2.
Il s’agit d’une enceinte à deux voies au format dit « de bibliothèque » mais aux volume et poids déjà assez conséquents (H 40 x L 20 x P 28,5 cm ; 9 kg).
Elle est pourvue d’un haut-parleur de 16,5 cm à membrane en fibre de Kevlar dédié au médium/grave, avec charge bass reflex dont l’évent débouche à l’arrière de l’enceinte.
Le tweeter est débafflé et découplé du coffret afin d’éviter les vibrations et autres effets néfastes induits par la promiscuité d’un bafflage commun. Il est logé dans une sorte d’ogive (noire « effet laqué » ici) en résine ou autre matériau synthétique paraissant lourd et dense et ne présenter aucun effet manifeste de résonance.
Ce tweeter est identique à celui de la CM10 S2 : il s’agit d’un tweeter à double dôme aluminium et charge tubulaire Nautilus, reprenant le célèbre principe de charge présent sur les modèle haut de gamme série 800 du constructeur anglais.
Il est logé dans une sorte d’ogive (noire « effet laqué » ici) en résine ou autre matériau synthétique paraissant lourd et dense et ne présenter aucun effet manifeste de résonance.
Le rendement s’établit à 88 dB, moyen donc, et il faut pouvoir compter sur un amplificateur musclé pour en tirer la quintessence, comme nous le verrons.
La finition de l’enceinte est très qualitative, parfaite à mes yeux, pérenne. L’exemplaire faisant l’objet de ce test est en version plaquage bois véritable « rosewood » du plus bel effet. Des finitions laquées noir ou blanc (avec ogive tweeter blanche et cache haut-parleurs gris) sont également disponibles.
Comme à l’accoutumée chez B&W le double bornier à l’arrière autorise bi-câblage et bi-amplification. Les bornes solides assurent un contact franc avec bananes et/ou fourches.
On peut regretter en revanche que l’orientation de ces bornes fasse pointer systématiquement vers le haut les câbles haut de gamme généralement pourvus de terminaison bananes + gainages assez longs et rigides. Ceci est peu pratique et peut exercer sur ces terminaisons de câbles des contraintes mécaniques sur le long terme.
ECOUTE :
Les B&W CM6 S2 ont été écoutées sur le système suivant :
• NAS WD MyCloud
• Filtre Réseau Etalon Isolator
• Source Lecteur réseau Pioneer N70A
• Câbles RCA Esprit Celesta
• Ampli intégré Audiomat Arpèges Réf. 10
• Câbles HP Esprit Structura 2, reconditionnés en 2015
• Straps « maison » créés avec le même câble Esprit Structura 2
• Pieds JM Lab en bois
Mon système étant encore en évolution, l’acquisition de pieds support plus performants est à l’étude (pieds dédiés B&W ou JMR Magic Stand sont en short list), et nous verrons d’ailleurs que la mise en œuvre des CM6 S2 mérite tous les égards.
La pièce d’écoute de 25m2 (et hauteur 2m70) est à usage mixte bureau (50% surface) et pièce d’écoute (50% surface).
Un traitement acoustique léger mais efficace a été apporté (revêtement mural de type intissé légèrement caoutchouteux en surface et amortissant), le sol est en plancher recouvert d’une moquette semi-épaisse.
Quelques panneaux mixtes diffusant/amortissant aux murs et au au sol juste à l’arrière des pieds des enceintes ; et 2 bass-trap aux coins arrières de la zone d’écoute.
Les enceintes sont écartées du mur arrière d’environ 65 cm mesurés par rapport à l’arrière du coffret. Leur écartement en largeur est d’environ 2 mètres et un pincement moyen vers le point d’écoute a été appliqué ; la distance d’écoute étant située à 3,2 mètres.
Registre Médium : transparent et matérialisé
Le registre médium des CM6 S2 est typique de la marque : transparent et matérialisé, informatif et très détaillé sans contrepartie froidement analytique.
Une transparence sans complaisance pour ce qui parfois est désagréable (enregistrements incohérents ou duretés des maillons de la chaine notamment).
Exemple parmi d’autres : Messe en Si de Bach, la toute dernière version par Gardiner (). Le Gloria, qui devrait jaillir et inonder l’espace semble « comprimé dans une boite » comme s’il était donné dans une maison de poupée (alors que tous les autres morceaux ne présentent pas cette « particularité », dirons-nous car j’aime beaucoup Gardiner…).
Les CM6 mettent en lumière cela avec acuité et l’écoute de ce morceau manque de cohérence au regard du restant de ce par ailleurs excellent album.
Sur les bons enregistrements, les voix sont limpides, charnelles, présentes. Les chœurs sont crédiblement étagés, leurs différentes lignes bien lisibles, sans confusion ni brouillage.
Sur le Magnificat de Vivaldi, version récente par Hervé Niquet et le Concert Spirituel qui apporte une fraîcheur nouvelle à la partition (), la présence du chœur est saisissante. Le parti pris par le chef dans la singulière distribution des voix renforce une fraicheur des voix féminines que les CM6 transcrivent en une émotion qui ne peut laisser indifférent.
Les prises de respiration des chanteurs et musiciens sont nettement audibles, les pages de partitions qui tournent, les bruits divers dans la salle le sont également.
Plus généralement, les instruments à corde ou à vent sont reproduits avec un grain très réaliste, on entend tout : les petits frottements, les grincements acides des attaques sur violons anciens, les respirations des violonistes, les clés des instruments à vent, les reprises de souffle des hautboïstes…
Les extinctions de notes sont nettement audibles, longues, interminables si cela est inscrit dans l’enregistrement.
Je note aussi que le médium des CM6 semble moins feutré et « sage » que sur les générations précédentes ou quelques autres CM actuelles.
Attention, ces enceintes ne s’épanouissent véritablement qu’après une longue période de rodage (plusieurs mois à raison de plusieurs heures par jour) pendant laquelle elles peuvent présenter cet aspect feutré et un peu réservé ; ensuite, au-delà du rodage, elles s’extravertissent et deviennent plus « rock and roll » même sur de la musique baroque !
Registre grave : extension, nuances et articulation
Ici, par souci d’exactitude et parce qu’il n’est pas inutile de rappeler ce point essentiel que le langage usité dans les bancs d’essai pourrait sembler, bien malgré nous, occulter : il est fondé de rappeler que, les lois de la physique étant ce qu’elles sont, il ne s’agit pas de reproduire chez soi le volume et la pression acoustique des notes graves d’un grand orgue, d’un piano à queue de concert ou des lignes de contrebasses d’un orchestre symphonique. Rares sont les matériels (très haut de gamme), les salles et conditions d’écoutes qui le permettent.
Alors que l’on s’entende bien : on ne parle pas ici d’infra grave abyssal, mais de grave « proportionnel et en cohérence avec l’environnement domestique dans lequel il est restitué ».
Ceci étant posé :
Le grave délivré par les CM6 S2 est profond, nuancé, articulé. L’extension dans le grave est un trait marquant de ces enceintes au volume somme toute réduit bien que déjà important pour des bibliothèques.
Important : pour s’exprimer pleinement et être maîtrisé, ce registre grave devra pouvoir compter sur une amplification solide en courant. Je sais que ceci revient quasiment comme un « label » et un lieu commun dans nombre de bancs d’essais d’enceintes mais là, autant que vous le sachiez, c’est incontournable.
A titre d’exemple concret et vécu, sur mon système ce n’est que lorsque mon amplificateur intégré AUDIOMAT est passé de la configuration Alpha (pourtant pas forcément anémique…) à celle d’Arpège Réf. 10 (la carte et la plupart des composants essentiels de ces deux ampli sont communs et permettent cet upgrade) que profondeur, articulation et maîtrise du grave furent obtenus avec une restitution de ce registre véritablement transfigurée. C’est très simple, avant : les graves étaient vaporeux, après : ils sont incarnés et nuancés.
Sur cet enregistrement des Suites/Ouvertures de Bach : , les violones (sorte d’ancêtre du violoncelle) en fond à droite, un peu lointains car la scène est profonde, sont un délice de nuances et d’harmoniques inhabituelles dont seuls les instruments anciens nous gratifient.
Sur les Pièces de clavecin en concert de Rameau, ici : , les violoncelles sont restitués avec une présence et un grain fort réalistes.
Véritablement, sur ce registre grave les CM6 excellent et feraient presque oublier (si ce n’est par leur précision…), lors d’une écoute en aveugle par exemple, qu’il s’agit forcément d’enceintes de catégorie bibliothèques.
Le volume et l’extension des graves étonnent mais leur qualité en terme de nuance, d’articulation, de legato rapprochent les CM6, bien associées, des biblio références de gamme supérieure chez B&W (on songe aux 805…). Soyons précis : je ne dis pas qu’on y est, mais dire qu’on s’en approche n’est pas exagéré.
Selon le type de musique généralement écouté et dans une pièce d’écoute de grand volume, l’apport d’un (très bon) caisson de graves pourra éventuellement se justifier (comme d’ailleurs sur les grandes sœurs 805) mais dans la majorité des configurations d’écoute, le volume des basses délivrées et leur qualité musicale ne rendrons pas nécessaire cet ajout.
Registre aigu : un travail d’orfèvre…
Les aigus sont très définis, fins, ciselés, nuancés… Toujours sur les mêmes Ouvertures de Bach (), la basse continue au clavecin souligne les lignes de basses avec une fraicheur et une richesse harmonique qui évoquent une sensation de ciselé s’apparentant à un travail d’orfèvrerie.
Le placement du clavecin sur la scène (légèrement en avant des lignes de basse) est tout à fait crédible et stable. Ces notes ici essentielles sont transcrites avec un naturel et une musicalité qui ravissent l’oreille et ce qui se trouve entre elles au plus haut point.
Sur ce très beau Stabat Mater de JB Pergolesi : , outre les voix sublimes positionnées et proportionnées (pas de bouches de 2 m de large…), vous ne vous lasserez pas de la dentelle du clavecin en accompagnement et basse continue : douceur et ciselé, présence juste suffisante comme il convient.
L’apport du tweeter débafflé est flagrant et les notes aigues semblent parfois flotter dans l’espace (mais avec la stabilité qui sied) affutant les contours et/ou quelques points de focalisation d’une scène sonore à l’échelle voulue par l’ingénieur du son, étagée et réaliste sur les très bons enregistrements.
Les ambiances et réverbérations sont bien marquées, délimitant une scène sonore dont la profondeur non abusivement systématique varie au gré des enregistrements et se présente très exactement comme elle a été fixée.
Contrepartie de ce registre aigu affuté, il faudra prendre garde à des associations avec des câbles ou maillons un peu durs en haut. On veillera également à remplacer les straps « barrettes » d’origine par de bons straps confectionnés dans un câble de qualité : vous y gagnerez à la fois en définition et en douceur.
Pour faire une parenthèse sur les câbles, je signale la très bonne association avec les câbles HP Esprit, B&W France ayant d’ailleurs récemment associé des câbles Esprit Audio pour équiper certaines configurations haut de gamme lors de salons.
Scène sonore : profondeur et cohérence
Sur le fameux Smoke on the water (live) de Deep Purple qui ne nous rajeunit pas : , l’ambiance live est saisissante par l’énergie et la précision dont fait preuve la CM6 à fort volume d’écoute !
Le soundstaging, comme disent nos amis anglais, vous place aux premiers rangs de ce concert mythique ; fermez les yeux pour revoir votre longue chevelure d’antan, oubliez que la bedaine a un peu poussé, et vous y êtes.
Pour avoir possédé par le passé quelques autres références B&W format biblio ou grosse biblio, je dois dire que c’est la première fois que j’en entends une telle décontraction, un tel « laisser aller » (de bon aloi) alors que la philosophie de la marque est plutôt connotée : sage/feutrée. Des bas résilles sous la jupe flanelle à carreaux, ou le feu sous la glace si vous préférez !
Pour en revenir au monde civilisé, sur cette très belle version du célèbre Dixit Dominus de Haendel (excellent enregistrement pour juger de la profondeur de scène délivrée par un système) : , l’ambiance de la prise de son dans un lieu réverbérant, une grande chapelle, est très justement restituée.
La profondeur de la scène sonore est saisissante, l’étagement en profondeur des composantes du chœur et des solistes d’une part, de l’orchestre baroque d’autre part, dessinent une scène sonore précise et matérialisée.
Il se confirme donc que, globalement, l’ouverture de la scène sonore délivrée par les CM6 semble s’étendre en profondeur de manière très marquée.
En corolaire, l’ouverture en largeur peut sembler plus mesurée (elle ne déborde que très rarement le cadre des enceintes) mais elle est, de fait, d’une nature que je qualifierais volontiers de « justement proportionnelle » à la profondeur ; cela permettant de dessiner les contours de scènes sonores reproduites à l’échelle domestique de façon crédible car méticuleusement proportionnées.
Cela constitue un point fort indéniable des CM6 S2 pour qui est sensible à cette dimension profonde de la scène sonore.
J’ajouterais que sur ces enceintes l’écoute à bas niveau reste cohérente et suffisamment définie, dans les extrêmes notamment, ce qui est bien agréable quand parfois on ne peut pousser le volume à niveau (presque…) réaliste.
En synthèse, CM6 S2 : une « grande » biblio !
Globalement appréhendées, les B&W CM6 s2 ne galvauderaient pas le qualificatif de « Personal monitor » duquel se sont vues qualifiées pas mal d’enceintes anglaises de la catégorie Bibliothèques depuis des années.
Avec elles, correctement associées, tout s’entend et les moindres apports ou changements d’accessoires, de câbles HP ou modulation, et/ou changements de maillons sont mis en lumière immédiatement avec acuité.
Sur de très bons enregistrements, essentiellement (mais pas exclusivement) HD 24 bits, la cohérence entre les registres, la présence, le grain des instruments nous invitent à une restitution ou tout semble palpable.
Le spectre audible est reproduit du grave domestique à l’aigu avec une extension remarquable, une définition de haut niveau et, surtout, une cohérence et un « legato » propres à transmettre les émotions véhiculées par la musique que l’on aime quelle qu’elle soit.
En cela, les CM6 sont de modernes enceintes qui semblent « taillées » pour les sources de ce début 21ème siècle : elles excellent dans la restitution de musique dématérialisée en format audio HD et semblent pouvoir sans limite délivrer ce qui est enregistré sur ce type de fichier.
Aspect essentiel pour votre serviteur : bien accompagnées, et elles le méritent, les CM6 dessinent une scène sonore profonde et cohérente en largeur qui ravira les auditeurs sensibles à cet aspect tridimensionnel de la restitution musicale.
Alors pour être exact, vous aurez compris que ces enceintes ne doivent bien sûr pas être posées sur les rayons d’une bibliothèque (si besoin il y a d’autres modèle pour cela chez B&W) ; au contraire, leur mise en œuvre nécessite et mérite le plus grand soin et leur association avec des maillons de gamme au moins équivalente est indispensable ; supérieure : souhaitable.
C’est associées à des sources et amplificateurs de gamme supérieure que les CM6 S2 donneront le meilleur d’elles-mêmes.
Repoussant leurs limites, elles peuvent en toute cohérence constituer le maillon final le moins coûteux d’une chaîne Haute-Fidélité dont les autres acteurs plus haut en gamme seront nettement plus onéreux.
Synthèse : | Musicalité : de haut niveau Appréciation personnelle : jugement sans appel Rapport musicalité – prix : justifié |
Prix : 1900 € (02/2016)
Omega
Publication :