AUDIOMAT Phono 1.6 Origine : France
Je remercie le concepteur d’avoir aimablement mis à ma disposition ce préamplificateur pour effectuer les tests de la platine vinyle BERGMANN Magne System dont vous pourrez lire le compte rendu en page BANCS D’ESSAIS / SOURCES ICI. ECOUTE Les tests d’écoutes ont été réalisés avec deux platine vinyles et cellules distinctes :
Vinyles utilisés : Crucifixus et Musique Sacrée par Jean-Christian Michel – Concerto Brandebourgeois N° 2 de Jean-Sébastien Bach – Direction : Benjamin Britten – Gwendal N° 1,2 et 4 – Toccata et Fugue – Fantaisie et Fugue en Sol Mineur de Jean-Sébastien Bach interprétée par Marie-Claire Alain – Barry Lindon Sarabande de Haendel – Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach / transcription Léopold Stokowski, dirigée par Camarata. 1° Timbres Nul besoin de vous faire un dessin, ni de paraphraser, le mariage AUDIOMAT Phono 1.6 – BERGMANN Magne System se traduit par une sorte de musicalité que je qualifierais presque « d’inédite ». De nombreux vinyles se sont succédés au travers ces quatre semaines de tests. Comme je pouvais m’y attendre, le Phono 1.6 va très loin sur tous les paramètres, mais il dépasse tout ce qui m’a été donné d’entendre en matière de couleurs de timbres. En outre, il a le pouvoir de relever tous les défis avec la platine BERGMANN, mais aussi avec une bonne vieille platine THORENS TD 166 Mk2. Dès les premières mesures, plusieurs choses ont immédiatement retenu mon attention : cette faculté d’analyse poussée à l’extrême, et le registre grave qui descend à des fréquences basses assez peu fréquentes en matière de lecture vinyle. Mieux encore, ce registre grave n’accuse aucune forme de mollesse ou d’approximation. Sa fermeté et sa profondeur exceptionnelles rendent un superbe hommage à l’ensemble de contrebasses et violoncelles qui viennent souligner l’ensemble de cordes de la Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach dirigée par Camarata. Le contraste apparaît vraiment étonnant en regard des « nappes » de violons et plus généralement du reste de l’orchestration. L’écoute de différents passages de Gwendal permet de se forger une première opinion de la manière dont a été traité le rapport entre le violon et son archet. Aucune fantaisie ne vient entacher les parties solistes de l’instrument : l’archet file droit et doux, et se promène sur les cordes de l’instrument avec un aspect soyeux dont il ressort un grain d’une rare franchise. L’écoute de la Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach interprétée par Marie-Claire Alain m’a laissé une impression renversante ! J’étais loin de pouvoir imaginer jusqu’où la lecture vinyle pouvait aller lorsque l’on associe des produits d’exception entre eux. Outre le côté analytique, le Phono 1.6 a le pouvoir de faire sonner les grandes orgues avec un degré de perfection qui n’a même pas de commune comparaison avec les meilleurs lecteurs CD du moment. Les tutti des tuyaux de l’orgue offrent des couleurs étendues et contrastées, et le souffle qui émane de chacun d’eux délivre quelque chose de « palpable », pour ne pas dire insoupçonné, et qui n’a rien d’artificiel. La musique sonne avec ferveur tant elle paraît juste et respectueuse. Le registre aigu file haut, sans agresser l’auditeur, et il le fait avec une texture sonore d’une sublime douceur. C’est certainement au travers des différents Concertos Brandebourgeois dirigés par Benjamin Britten que l’on goûtera de façon plus satisfaisante à la qualité des timbres, la finesse d’ensemble, de l’étendue des couleurs tonales qui respirent l’authentique. A travers une texture veloutée, l’ensemble des violons et violoncelles est retranscrit sans l’ombre d’une caricature. L’aspect boisé de chaque instrument de musique se révèle à chaque instant. Le hautbois baroque, comme le son du clavecin, ou la trompette ne laissent aucun doute quant à leur couleur d’origine. 2° Transparence – Fluidité Pour conforter la cohérence d’ensemble, le Phono 1.6 sait lier étroitement la qualité des timbres évoquée ci – avant avec une transparence toute particulière, et pour tout dire cristalline. Chaque instrument ou groupe d’instrument de musique est parfaitement détouré. C’est donc un réel plaisir d’écouter les notes s’éteindre librement dans le temps et l’espace, esquivant ainsi toute forme de « troncature » ou de flou artistique. A chaque instant, l’auditeur est en contact permanent avec les interprètes, goûtant ainsi à une multitude de variations sonores qui contribuent à rendre la musique riche et vivante. Sur les Concertos Brandebourgeois de Bach, on savoure chaque inflexion du jeu de clavecin, chaque vibration des jeux de violons. Le moindre détail, la moindre inflexion, sont mis en valeur, et absolument rien n’est laissé dans l’ombre. Par rapport à d’autres préamplificateurs phono, l’AUDIOMAT 1.6 se démarque par sa très bonne neutralité; celle-là même qui contribue à extourner toute forme de caricature ou de colorations outrancières, qui viseraient à enjoliver de manière artificielle le signal sonore, ou au contraire à ternir cette faculté d’analyse hors normes. Par ailleurs, lors des longues séances d’écoutes, je me suis mis à faire un parallèle entre cette musicalité si bien « huilée » et une horloge à la précision redoutable. En effet, l’écoulement de la musique est d’une évidence caractérisée qui indique un cadencement et un enchaînement des notes particulièrement bien ordonnancés. Pas de bavures à redouter, pas d’excès de zèle non plus sur tel ou tel registre : le Phono 1.6 lit et suit chaque piste du disque vinyle sans sourciller avec une bonne humeur débordante et une rigueur assez singulière. Je me suis laissé prendre au jeu de la flûte traversière de Gwendal qui, tantôt joue de concert avec le violon, puis s’en détache pour s’envoler vers des sphères musicales où on ne l’attend pas. L’effet est saisissant et montre qu’un bon pressage vinyle peut largement vous donner des sensations bien plus émotionnelles qu’un enregistrement numérique parfois trop « propre » pour être authentique. Sur les charges complexes telles qu’on les rencontre sur la Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach dirigée par Camarata, le préamplificateur AUDIOMAT reste stoïque devant les difficultés. L’orchestration est menée avec une main de maître, et lorsque l’on évoque la fluidité, on peut constater sans peine que ce préamplificateur phono accompagne les montées en puissance avec une adresse et une virtuosité de très haut niveau. 3° Scène sonore et dynamique Le soin apporté à la conception et à la réalisation, ainsi que le choix judicieux des composants employés contribuent à attribuer des lettres de noblesse à ce préamplificateur phono. Il ne fait aucun doute qu’à travers le Phono 1.6, AUDIOMAT a souhaité mettre à la disposition des audiophiles exigeants toute la substance que peut contenir un enregistrement analogique bien réalisé, et également les platines et cellules destinées à en tirer les meilleurs caractéristiques. Très sincèrement, je croyais jusqu’ici que le vinyle avait atteint ses limites, surtout si l’on se prête au jeu de la comparaison avec des enregistrements CD d’origine identique. La Toccata et Fugue transcrite par Léopold Stokowski nous dit le contraire : le grand orchestre prend ici des dimensions insoupçonnées. Cette oeuvre de Bach s’offre à l’auditeur avec une « puissance de feu » inimaginable et une présence que je n’hésiterais pas un seul instant à qualifier de « royale ». La musique s’épanouit d’un bout à l’autre de la partition. Les grandes orgues du début laissent progressivement la place à des envolées somptueuses de violons. Les cuivres et les partitions de violoncelles et contrebasses se mettent à danser autour du thème principal avec un aspect somptueux. La musique respire sans retenue ou forme quelconque de compression. La montée en puissance de l’orchestre s’exécute sans formalisme avec une liberté d’expression qui fait ressortir distinctement chaque plan, et donc chaque groupe d’instruments. Nous obtenons de magnifiques effets de relief qui font bien la distinction entre les instruments de premier plan et ceux placés au second plan. La séparation des canaux et les effets stéréophoniques sont très bien agencés; la musique ne déborde pas des enceintes. Entre chaque enceinte acoustique, je n’ai pas relevé de « vide », et cela m’amène à faire observer que ce préamplificateur gère à la perfection la diaphonie dans le respect le plus strict de la prise de son, sous condition qu’elle soit de bonne qualité. Même à fort niveau d’écoute, aucun cafouillage n’est à relever : le Phono 1.6 fait son travail avec discernement, modération, et sait gérer les grands écarts de dynamique sans altération. Le Phono 1.6 est doué pour gérer les charges complexes, qui donnent lieu à une expression libre et aérienne de la musique. En effet, le côté délié et aéré est en permanence au rendez vous. Il met fort bien en perspective l’étendue de la bande passante sur tout le spectre audible, et notamment dans le registre grave. On assiste alors à un excellent contraste avec les envolées prestigieuses de violons. La réserve en énergie autorise une excellente maîtrise des écarts de dynamique, et on relève par la même occasion une stabilité hors pair de la scène sonore, dues à une alimentation de grande capacité, et sans aucun doute à l’utilisation de la platine BERGMANN. Tant sur la Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach dirigée par Camarata que sur la Sarabande de Haendel, où les percussions ont du poids, l’assise de l’édifice musical est en tous points inébranlable. De fait, les dimensions de la scène sonore s’en trouvent accrues, et rassureront l’auditeur en ce qui concerne la rigueur générale. L’étagement des plans permet de bien cerner les reliefs, le positionnement de chaque instrumentiste, et d’obtenir une notion de profondeur de champ très surprenante, que l’on relève assez rarement en matière d’écoute vinyle. On retrouve avec bonheur ces différents plans sur les Concertos Brandebourgeois, où le détourage des instruments participe à la mise en scène des instruments solistes, par une étonnante spatialisation et une ouverture tridimensionnelles de la scène sonore. La platine BERGMANN a joué un rôle important à rendre la scène sonore holographique et à affirmer les capacités dynamiques du Phono 1.6. Toutefois, je tiens à souligner que la platine THORENS TD 166 a parfaitement assumé sa place dans ce test, et a su relever le défi en ce qui concerne la présence, la vivacité, et l’enthousiasme qui caractérisent ce préamplificateur phono. 4° Communication avec l’auditeur Autant le signaler de suite, en matière d’émotions l’AUDIOMAT Phono 1.6 est capable de grandes choses ; voire même de très grandes choses, qui peuvent même relever du prodige. Accompagné de la platine BERGMANN Magne System, ce préamplificateur remet le vinyle au cœur du débat musical. Mieux encore, en écoutant Litanies Créoles de Jean-Christian Michel, j’ai vraiment ressenti avec quel enthousiasme et dans quel état d’esprit le compositeur / interprète avait conçu et réalisé sa « Musique Sacrée ». Très sincèrement, d’un bout à l’autre de l’extrait, je me serais cru au cœur de la cathédrale Saint Pierre de Genève, lieu de la prise de son. Le contraste entre la clarinette, les grandes orgues, les percussions, et la contrebasse sont étonnants, voir déconcertants. Les grandes orgues déferlent une quantité impressionnante de variations avec force, vigueur, et ont un pouvoir de communication, repris instantanément par le jeu de clarinette qui vous invite à vous évader et à vous envoler vers d’autres « sphères musicales », qui m’ont procuré des effets assez troublants. La gestion des harmoniques et le pouvoir d’analyse mettent l’auditeur en contact avec les interprètes avec une proximité que je n’aurais même pas imaginé. On assiste d’un bout à l’autre du disque à une sorte de communion solennelle avec les instruments, les musiciens, et ce lieu de culte assez insolite qu’est une cathédrale. Le « morceau de bravoure » passe immanquablement par la Toccata et Fugue ou la Fantaisie et Fugue en Sol Mineur de Jean-Sébastien Bach, tenues d’une main de maître par Marie-Claire Alain qui joue ces œuvres sur les grandes orgues de la Collégiale de Saint Donat sur l’Herbasse (Drôme). Toute la substance de cet instrument de musique se révèle à l’auditeur sans voile, sans limites, avec une ferveur, une fougue, et une maîtrise que l’on doit au tandem AUDIOMAT / BERGMANN. Ici encore, ce n’est pas l’auditeur qui va chercher la musique ; la musique s’offre à lui avec un degré de spontanéité à faire frissonner l’audiophile le plus hermétique à ce style de musique. Bien calé dans votre fauteuil à la maison, vous obtenez une profondeur de champ inouïe, une texture naturelle, et de surcroît, vous vivez avec la respiration des tuyaux d’orgue, le souffle prolongé de chacun d’eux, la liberté d’expression qui vous emmène spontanément dans l’univers de Jean-Sébastien Bach – les aficionados du compositeur apprécieront à coups sûrs. Les tutti de l’ensemble des tuyaux de l’orgue forment un ensemble puissant d’où émanent une multitude de contrastes et une multitude de micro variations qui s’éteignent paisiblement dans le temps et l’espace avec une grâce et une pureté aux quelles j’avais été rarement confronté jusqu’ici. Conclusion : Pour la conclusion, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Le préamplificateur AUDIOMAT Phono 1.6 est l’une des meilleures références qu’il m’ait été donné d’écouter. Il a été conçu et a été réalisé pour accompagner des platines vinyles et cellules de très haut de gamme, pour ne pas dire les plus prestigieuses. Grâce à son pouvoir de résolution et d’analyse poussées, la véracité des timbres aboutit à une musicalité pure et sans reproches. Les très longs tests avec la platine BERGMANN Magne System prêtée pour la circonstance démontrent à quel point la noblesse du support vinyle a de quoi rivaliser avec n’importe quel support numérique, voire de le supplanter. Enfin, l’association avec une ancienne platine THORENS TD 166 Mk2 (optimisée) nous donne un aperçu des performances que peuvent offrir les meilleures gravures analogiques. En définitive, le préamplificateur AUDIOMAT Phono 1.6 est un véritable vecteur d’émotions que je recommande sans restriction – qu’on se le dise !
Prix : 1980 € (06/2013) Test d’écoute réalisé par
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