VPI – Classic 1
Platine Vinyle
Origine : Etats-Unis
Entraînement : courroie
Vitesse : 33 – 45 tours / minute
Plateau : 30 cm en aluminium
Pleurage : 0,02%
Précision de la vitesse : 0,01%
Rapport signal / bruit : 80 dB
Bras : uni pivot VPI JMW 10.5i
Tout le monde ne connaît pas forcément le constructeur américain VPI, plus connu pour ses machines à laver les disques vinyles. Pourtant, ce constructeur offre une gamme de platine étendue, résolument orientées vers le haut de gamme. Au premier abord la CLASSIC 1 fait bonne impression : son châssis est constitué d’un épaisse plaque de tôle insérée dans un cadre en stratifié rigide de forte épaisseur dont la finition fait grande impression. L’ensemble repose sur 4 pieds de découplage amortissants d’une efficacité remarquable.
Cette platine est du type »entraînement par courroie », le moteur de type AC synchrone étant placé sur le côté, mais savamment découplé pour assurer le minimum de bruit et de vibrations. A priori, la vitesse de 33 tr/m est standard, mais le concepteur permet de déplacer manuellement la courroie sur une seconde poulie destinée à sélectionner la vitesse de 45 tr/m.
La CLASSIC 1 offre deux originalité : son plateau extrêmement lourd, et son bras uni pivot. Ce plateau pèse 9 kg et assure une régularité de rotation excellente, et le choix de l’aluminium est théoriquement destiné à favoriser le délié et la hauteur de la scène sonore. L’utilisateur aura également le choix de plaquer son disque vinyle sur ce plateau, grâce à un palet presseur vissant qui asurera un contact parfait en le disque et le plateau. Nous verrons plus loin que les tests d’écoutes ont été effectué avec un couvre plateau en feutre sans palet presseur, et dans un second temps sans couvre plateau avec palet presseur.
Le bras uni pivot surprend : il repose sur un cône en alliage via un point unique de contact : aucun cardan, et donc des phénomènes de friction en moins. Cette conception a aussi pour avantage d’avoir plusieurs bras avec différentes cellules. Je note tout de même que si l’efficacité ne peut être aucunement critiquée, la manipulation n’est pas forcément aisée et agréable. Toutefois ce bras sophistiqué permet de nombreux réglages, et intègre un câblage en cuivre pur de haut niveau. |
ECOUTE
Les tests d’écoute ont été effectués avec le matériel suivant : ensemble NAIM préampli Nac 202 – bloc de puissance Nap 200, enceintes B & W 802 Diamond, préamplificateur phono ATOLL P 200, cellule DENON DL 103 à bobine mobile, câbles HP YBA Diamond, et modulation YBA Glass.
Pour ces tests d’écoutes, on peut dire que les grands moyens ont été mis en œuvre quand au matériel choisi. Pour les disques, j’ai choisi principalement : Gwendal – volume 4, et la musique du film Barry Lindon, mais j’ai également écouté quelques extraits du Modern Jazz Quartet.
La première impression qui se dégage à l’écoute de cet ensemble se traduit assurément par une expression de sérénité et de pureté des timbres. Certes, tous les éléments audio cités contribuent à rendre cette écoute vivante, mais la platine joue un rôle primordial dans cette affaire.
Sur le disque de Gwendal, j’ai retenu que la flûte traversière nous était proposée avec excellent réalisme et une palette de timbres qui sonne juste au point que l’on se croirait presque en présence de l’interprète. A chaque note, on perçoit distinctement la reprise du souffle du musicien, ce qui confirmera l’excellence de la prise de son et le soin apporté au mixage, et aussi cette volonté de l’ingénieur du son à ne pas »bricoler » son enregistrement.
En face de la flûte traversière, le violon est la fois précis et soyeux : les coups d’archet sont francs, mais jamais agressifs. Par ailleurs, on a aucune peine à entendre les vibratos de la main qui plaque les accords. La guitare basse est restituée avec une excellente lisibilité, permettant de suivre aisément la partition.
Je regrette toutefois que cette basse ne descende pas un peu plus bas, mais je ne crois pas forcément qu’il faille imputer cette petite carence à la platine elle-même. A travers le jeu de batterie, chaque fût, chaque tom est clairement identifié et les coups de cymbales sont reproduits avec une netteté et une remarquable propreté.
Il se dégage de l’écoute beaucoup de matière, et on peut ainsi dire qu’un hommage est rendu à chaque instrument de musique. Pas de remarques négatives vis à vis de la scène sonore : celle-ci apparaît comme particulièrement aérée, fait preuve d’ampleur, et permet donc une restitution sonore naturelle et finalement très libre.
En écoutant la Sarabande de Haendel (musique du film Barry Lindon), on assiste à un »spectacle » grandiose. On retiendra que malgré une certaine complexité, l’orchestre s’exprime avec facilité ; la musique n’est jamais lourde ou au contraire tronquée. Cette remarque m’amène à insister sur le côté fluide, et très bien articulé de la restitution sonore. Un excellent point est à relever en ce qui concerne les percussions qui sont pleines, et dont on ne pourra qu’apprécier les attaques franches et précises, et cette tonalité toute particulière que procure le son d’une peau de tambour.
Dans cet extrait, l’examen du jeu de violoncelle solo se passe bien, et même très bien. Sans faire preuve d’une analyse poussée à l’extrême, ce jeu de violoncelle m’a »pris à la gorge » : non seulement, les timbres sont justes, mais l’instrument de musique traduit l’expression d’une dimension réaliste au point – une fois encore – de croire que l’interprète et son instrument de musique se trouvent devant les auditeurs. J’ai été particulièrement touché par les vibratos sur le manche de l’instrument, et on imagine sans peine la manière dont le musicien plaque ses accords et fait vibrer ses doigts sur le manche de l’instrument. Ce violoncelle a du corps, et les notes de musique sont bien matérialisées avec un magnifique détourage, tandis que le jeu de l’archet sur les cordes permet de savourer le grain particulier de cet instrument de musique.
Quelques extraits tirés d’autres disques vinyles permettent enfin de donner du crédit au piano dont chaque note est clairement définie. Aucune trace d’agressivité ni de traînage ne sont à relever, donnant à la lisibilité générale une place d’honneur.
Le même constat peut être effectué avec la contrebasse, même s’il manque peut être une octave dans le bas du registre, mais cette critique est à apprécier à la marge. La batterie souvent utilisé de façon assez légère par le Modern Jazz Quartet prend ici une saveur assez singulière, et le jeu de balai sur la caisse claire a une consistance emprunte d’un réalisme qu’il serait mesquin de critiquer.
Enfin, le cas du vibraphone est à mentionner : Dieu sait si il est complexe de restituer cet instrument; beaucoup de sources numériques ou des systèmes audio complets s’y sont cassés les dents. Dans ce test d’écoute, les timbres du vibraphone s’expriment avec une superbe netteté, avec une sonorité qui n’accroche à aucun moment, et qui ne fait jamais preuve d’agressivité il n’y a donc aucune crainte à avoir quand à un éventuel dérapage qui se transformerait en une sorte de bouillie musicale parfois infâme, en tout cas inaudible. Même à fort niveau d’écoute, chaque instrument s’exprime de façon spontannée, et sans aucun doute avec sa « couleur d’origine ».
Enfin une petite parenthèse, qui a son importance, afin de mettre l’accent sur la scène sonore. Les tests d’écoute ont été effectués selon deux modes différents. Dans le premier test, le vinyle était posé directement sur le plateau en aluminium et le palet presseur sérieusement vissé sur le disque. Dans le second test, nous avons placé un couvre plateau en feutre d’origine Rega sans utiliser le palet presseur.
Une très grande différence peut être constatée sur différents points. C’est globalement avec le couvre plateau en feutre et sans palet presseur que la platine s’exprime le plus justement. Les timbres semblent plus naturels, plus colorés sans doute, mais il semble qu’il y ait également une meilleure aération entre les musiciens. Dans cette configuration, la scène sonore semble prendre davantage de hauteur, mais à l’inverse elle s’avère légèrement moins large et les musiciens sont davantage recentrés vers le milieu de la scène sonore.
J’ai également noté que la restitution semble plus fade en posant le disque directement sur le plateau, qu’avec l’utilisation du couvre plateau. En effet, il apparaît que sans l’utilisation du couvre plateau, on perd un peu en richesse, et les instruments de musique ont en tout cas une tonalité un peu différente, mais bien perceptible.
Conclusion :
Il ne faut pas s’en cacher, la VPI Classic 1 est déjà une platine chère à l’achat. Toutefois, il s’agit d’une platine haut de gamme qui permet de tirer d’infimes substances d’un enregistrement, si elle est bien associée, bien utilisée, et accompagnée d’une cellule très performante.
Cette platine a des propensions à décortiquer le message sonore sans le rendre agressif, et ne passera sur aucune imperfection inhérente à une prise de son de mauvaise qualité, et malheureusement si les disques vinyles sont en mauvais état.
Si toutes ces conditions sont réunies, la VPI Classic permettra de goûter pleinement aux joies d’un disque vinyle, et donner cette émotion pas toujours évidente à appréhender avec un CD, et quasiment inexistante pour le moment avec les techniques dématérialisées.
Synthèse : |
Musicalité : bonne approche
Appréciation personnelle : convaincu
Rapport musicalité – prix : bon |
Prix : Platine seule : 3490 € ( 02/2011)
Banc d’essai réalisé
par Lionel Schmitt
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