L’édito de Lionel
Utilité d’un égaliseur de fréquences au sein d’une chaîne HI-FI
Depuis la nuit des temps de la HI-FI, la plupart des audiophiles sont confrontés à des comportements plus ou moins aléatoires de leur système audio dans leur pièce d’écoute. Si certaines optimisations apportent leur contribution pour améliorer la restitution sonore, elles sont loin à elles seules, d’apporter une réponse universelle aux phénomènes de corrections acoustiques.
Pour effectuer des corrections très partielles (totalement superflus), quelques rares constructeurs d’amplificateurs proposent encore des réglages de tonalité grave et aigu séparés – plus rarement un réglage de médium. En définitive, ces réglages agissent sur des bandes de fréquences réduites et sont davantage destinés à corriger les imperfections d’un enregistrement. Les « manquements » de tel ou tel élément de la chaîne HI-FI peuvent aussi, à la marge, faire l’objet d’une compensation grâce à ces fonctionnalités. Cependant, ces réglages ont essentiellement pour objet de « flatter » l’audition sans amener une réelle valeur ajoutée musicale.
Alors, on nous dit ça et là, que pour contourner les phénomènes acoustiques qui viennent perturber l’écoute, on peut introduire au sein du système audio un égaliseur de fréquences (Equalizer ou EQ en anglais). Très en vogue dans les années 70 / 80, cet appareil réputé miraculeux est destiné à travailler sur large gamme de fréquences en les atténuant ou au contraire en les accentuant. L’idée est de jouer sur la linéarité de la réponse en fréquences des enceintes acoustiques.
Cet élément peut s’intercaler entre la source et l’entrée de l’amplificateur intégré ou du préamplificateur. Certains amplificateurs intégrés possèdent une entrée Main-In et une sortie Pré-Out permettant aussi d’insérer l’égaliseur.
Pour en avoir fait l’expérience, je pense qu’un égaliseur n’est pas le remède pour compenser les défauts d’une pièce d’écoute, d’une paire d’enceintes acoustiques, d’un amplificateur ou le tout à la fois. De toutes les façons, cet appareil n’a pas pour vocation de corriger les défauts d’une mauvaise paire d’enceintes acoustiques, de son positionnement, son découplage, etc…
Il faut être attentif à plusieurs choses. Au moment où l’on parle de minimiser le trajet du signal afin que celui-ci soit préservé, l’égaliseur est un élément supplémentaire qui vient affecter et perturber le transit des fragiles signaux électriques. Ensuite, viennent les fastidieuses séances de réglages, parfois complexes à mettre en oeuvre lorsque l’égaliseur est doté de correcteurs séparés pour chaque canal.
Les produits purement audiophiles sont rares. Il en existe de nouveaux plutôt destinés au home cinéma, mais il s’agit d’une autre « discipline ».
La grande question est de savoir s’il est requis d’avoir recours à un tel appareil pour améliorer le rendu sonore. Pour ma part, je répondrais par la négative. L’égaliseur n’est pas un produit miracle permettant de corriger les « accidents » liés à un manque de linéarité. Si une forme de compensation peut être opérée, elle le sera au détriment d’autres paramètres comme la transparence, la finesse, le réalisme d’expression, etc…
Ressortir le bon vieux égaliseur analogique des années 70 / 80, à la technologie dépassée, est aussi une erreur à ne pas commettre. Si réellement, après mesures, un égaliseur devait constituer l’étape ultime, un produit numérique muni de 2 x 31 bandes de fréquences pourrait éventuellement être envisagé,…..sous toutes réserves.
Avant de songer à cette solution, je préconise de passer par des solutions qui ont fait leurs preuves telles que le découplage des enceintes acoustiques, leur emplacement par rapport aux murs / plafond, installation de tapis au sol, de rideaux aux fenêtres, voir songer à un traitement acoustique de la pièce d’écoute. Rappelez-vous aussi que les appareils électroniques, sources comprises, doivent être installés sur des supports non conducteurs de vibrations. Même si ça n’est pas lié au phénomènes acoustiques, le traitement du courant secteur doit aussi faire l’objet d’une attention spécifique.
En clair, quelques petites optimisations bien ciblées valent parfois mieux que l’acquisition d’un égaliseur acheté pour se faire plaisir ou simplement se tranquilliser.