Une puce peut en cacher une autre !
Ah ! les puces de conversion N/A, quel vaste programme. Que de débats, que de confrontations entre les acteurs de ce domaine et aussi entre les audiophiles. Chaque constructeur de produits numériques se vante d’utiliser la meilleure avec une course aux chiffres, qui au demeurant, n’a pas une signification si importante qu’il n’y paraît.
De plus, il est assez marrant de constater que les marques audio implantent sur leurs circuit à peu près les mêmes références de puces. On ne sera pas surpris de retrouver chez les constructeurs du monde entier AKM, Burr-Brown, Cirrus Logic, ESS Technology (Sabre), Wolfson pour ne citer que celles qui me viennent à l’esprit.
Aussi, lorsque l’on entend çà et là que telle ou telle puce « sonne » mieux qu’une autre, cela pose question sur la pertinence de tels propos. Toujours est-il que les constructeurs ne se privent pas d’en faire mention à travers leur démarche marketing.
Je pense qu’il ne faut pas se tromper de discours et encore moins s’égarer dans un dédale de données techniques qui, finalement ne sont fondées que sur la simple conversion de « 0 » et de « 1 » en un signal audio analogique.
Au-delà de cette considération, il est intéressant de relever que des constructeurs qui utilisent les mêmes références de puces (même les plus récentes et les plus sophistiquées) ne produisent pas des appareils numériques de qualité audio identiques. Qu’il s’agisse de lecteurs CD intégrés, convertisseurs N/A séparés, lecteurs réseau / Dac, on arrive à une musicalité finale qui peut aller du « passable » à l’excellence. Dans le même ordre d’idées, certaines sources numériques munies de puces de génération précédente ou de moindre « résolution », voir dépassées offrent une musicalité supérieure à ceux munis de puces de dernière génération. Mais, comment cela est-il possible ?
Il ne faut pas voir la référence du Dac, au sens large, comme l’aboutissement d’une musicalité supérieure, même s’il y contribue significativement. De plus, les chiffres ne sont pour la plupart qu’une indication, même s’ils ont leur importance. Sur une source numérique, entrent en ligne de compte bien d’autres éléments, à commencer par le schéma lui-même et le choix d’autres composants électroniques ainsi que leur implantation sur le circuit. En complément, les systèmes de filtrage prennent également une part non négligeable dans la qualité de reproduction.
Dans ce dossier, nous n’oublierons pas de mentionner la très importante question jitter (effet de gigue), autrement dit les perturbations qui existent lors de la transmission du signal numérique entre deux circuits ou deux appareils. Ces perturbations sont la résultante d’une désynchronisation entre l’horloge de la source et celle de l’étage de conversion ou d’un convertisseur séparé. En principe, le flux numérique contient un signal d’horloge sur lequel les deux appareils sont supposés « s’appairer ».
Ainsi, en marge et / ou en complément du choix de la puce, de l’attention portée au circuit N/A, etc… certains constructeurs de produits audio ont développés des circuits d’horloge sophistiqués. D’autres, tel que dCS ou ESOTERIC, misent sur des horloges externes.
Pour mémoire, il est rappelé que la fréquence d’échantillonnage correspond au nombre d’échantillons qu’un signal audionumérique contient par seconde. On admet bien volontiers que plus la fréquence d’échantillonnage est élevée, plus le signal analogique en sortie de la section de conversion est précis. Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que les CD et le plus grand nombre d’albums disponibles sur les plateformes de streaming sont codés en 16 bits à 44,1 kHz (44.100 échantillons par seconde).
Gardons aussi à l’esprit que la résolution exprimée en bits détermine la précision de l’information musicale « gravée » pour chaque échantillon, avec à la clef un nombre important de combinaisons déterminé par de puissants algorithmes. Les puces choisies les plus performantes peuvent d’ores et déjà travailler sur des fréquences bien plus élevées 88.2 – 96 – 176.4 – 192 – 356.8 – 384 et même 768 kHz, avec des résolutions portées à 24, 32 et même 48 bits. D’ailleurs, sur ce dernier point, le nombre de bits ne reflète pas du tout la qualité musicale finale – le DSD en est la preuve puisque qu’il « travaille » bit par bit.
Les formats DSD mis à la disposition des utilisateurs sont relativement rares. Ils résultent d’une conversion d’enregistrements effectués nativement en PCM. Le format DSD, également utilisé pour des fichiers, affiche des fréquences d’échantillonnage bien plus élevées que le PCM : 2,8 MHz pour le DSD64 et 5,6 MHz pour le DSD128. La prise en charge de ce format nécessite une puce spécifique que l’on trouve maintenant sur un bon nombre de convertisseurs N/A.
En dehors de ce dernier cas de figure un peu spécifique, doit-on exclusivement porter notre attention notre attention sur la référence de la puce embarquée et sur les données techniques succinctement évoquées ci-avant ? Pour ma part, la réponse est non !
Une puce moins ambitieuse peut en cacher une autre de « facture » plus élevée. En effet, en aval de l’étage de conversion N/A, du filtrage, de l’horloge interne, intervient en fin de parcours l’étage de sortie analogique, l’alimentation et parfois de petites ou grandes optimisations qui agissent sur le comportement de l’appareil. Là encore, le choix des composants (opérationnels ou discrets), (tubes et / ou transistors), alimentation séparée pour les différentes circuits (numérique, analogiques), configuration du circuit, câblage interne, immunité contre les perturbations d’ordre mécaniques, électromagnétiques, électriques, etc… et plus simplement le découplage de l’appareil sont parfois (souvent) des paramètres qui font la différence sur le plan musical.
En résumé, sur la base d’analyses à l’écoute, je pense que ce n’est pas le choix de la puce qui va déterminer la « valeur musicale » d’une source numérique. En définitive, ce sont nos oreilles et notre sensibilité personnelle qui restent les seuls arbitres du choix de cette source numérique.