ROTEL RA 06-SE
Origine : Japon
Ampli-préampli intégré à transistors
Puissance : 2 x 75 watts / 8 ohms
Bande passante : 20 Hz à 20 kHz
Distorsion : < 0,03% pour 1 watt / 8 ohms
Facteur d’amortissement : 180
Sensibilité entrée phono : (MM) 2,8 mV/47 kohms
4 entrées haut niveau,
1 entrée phono MM
1 entrée monitoring
1 sortie enregistreur,
1 sorties bloc de puissance externe
Les amplificateurs intégrés « bon marché » ou de début de gamme fleurissent dans les vitrines des revendeurs spécialisés (ou moins spécialisés) depuis des décennies, et au moment de faire le choix, je comprends sans peine que les uns ou les autres soyez embarrassés, tant l’offre est pléthorique. Depuis de nombreuses années, ROTEL a bien compris cette problématique, et surtout a mais au point des amplificateurs qui constituent d’excellents compromis entre la haute fidélité de haut de gamme, et des références – disons moins ésotériques – qui pourront satisfaire les mélomanes et les audiophiles qui désirent écouter « simplement » la musique, sans prise de tête inconsidérée.
Pour répondre à cette frange de clients assez large, et qui ne souhaitent pas investir des sommes pharaoniques dans un amplificateur, ROTEL poursuit son petit bonhomme de chemin en continuant à concevoir des amplificateurs (et lecteurs CD) à l’excellent rapport qualité / prix. Le RA 06-SE fait partie de cette gamme et se présente sous la forme d’un boîtier relativement compact, à la superbe finition tout aluminium.
La jolie façade laisse deviner des possibilités étendues sur le plan de son exploitation. Outre le réglage de volume motorisé et le traditionnel sélecteur pour 5 sources, ROTEL a doté son amplificateur d’un réglage de balance – très bonne initiative – mais aussi de correcteurs de timbres graves et aigus, totalement inutiles, mais heureusement débrayable via un interrupteur en façade. Le RA 06-SE bénéficie aussi d’une boucle monitoring intégrale permettant la connexion d’un enregistreur analogique.
Au chapitre les « plus », les aficionados de l’écoute au casque apprécieront la sortie dédiée en façade, mais regretteront la prise au standard jack 3,5 mm. Une autre prise jack de même format facilitera la connexion d’une source nomade : un luxe à mon sens bien inutile ! . Enfin, un sélecteur rotatif aura pour mission de piloter, à la convenance de l’utilisateur, deux paires d’enceintes acoustiques, qui pourront fonctionner ensemble en mode « ambiophonie ».
Le dos de l’appareil est aussi fort bien fourni, avec les possibilités de connexions déjà évoquées, plus une entrée phono MM (aimant mobile), une sortie pour un bloc de puissance supplémentaire, et huit bornes pour connecter deux paires d’enceintes acoustiques, ou travailler en mode bi-câblage. Ces bornes HP vissantes assez standard acceptent les fiches bananes, les fourches, et le câble nu. Les fiches RCA sont de qualité plutôt moyenne, il faut en convenir.
L’ensemble du schéma asymétrique repose au sein d’un châssis en U en tôle pliée de bonne épaisseur et relativement rigide qui lui même repose sur 4 pieds de découplage en caoutchouc destinés à filtre les vibrations et assurer un minimum de découplage. Le constructeur n’a pas donné des indications précises concernant l’alimentation et les composants électroniques. Il indique simplement que les circuits, le transformateur torique fabriqué sous cahier des charges, que les composants ont été sélectionnés à l’écoute (on le croit sur parole…..).
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ECOUTE
Les tests d’écoutes ont été effectués avec un lecteur le lecteur CD ROTEL RCD 06-SE, enceintes acoustiques B & W CM7, série 600, et des câbles YBA Glass. Les tests étant effectués avec le lecteur ROTEL RCD 06-SE, nous retrouverons les mêmes remarques et la même empreinte musicale dans le test d’écoute du lecteur CD (Compte rendu en pages Ecoutes / lecteurs).
CD utilisés : Requiem de Mozart par Herbert Von Karajan – Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire – volume 2 – Doubles Jeux par Laurent Korcia
1° Timbres
Les audiophiles qui connaissent les produits ROTEL ne seront pas dépaysés. Le RA 06 dans sa version Spécial Edition offre les garanties d’une variété de timbres étendue. Cela signifie que cet amplificateur intégré n’a rien d’ennuyeux. Le RA-06 fait preuve de bonne volonté sur ce thème et délivre une restitution d’ensemble relativement équilibrée. Le registre bas / médium / grave est dégraissé, et comme on peut le relever avec le jeu de guitare basse qui intervient dans pas mal d’extraits de Tri Yann et l’Onpl, cette basse est d’une lisibilité plus qu’acceptable avec une bonne définition de chaque note. Certes, on aurait pu apprécier que cette basse descende un petit peu plus bas, mais en fonction des enceintes acoustiques et des câbles HP utilisés, chacun pourra néanmoins y trouver son compte.
D’une façon plus générale, sans être hyper analytique, cette électronique sait reproduire des sonorités riches en harmoniques, et on appréciera volontiers l’articulation entre le registre médium et aigu. L’ensemble file assez facilement vers des sommets mettant en lumière un bon nombre de détails et de subtilités. Le violon de Laurent Korcia se veut ici précis et fin, relativement bien matérialisé, mais qui peut à fort niveau d’écoute s’avérer légèrement pincé. Certes, on ne sort pas des normes audiophiles, mais si l’on en juge par la texture de ce violon, on n’obtient peut-être pas l’onctuosité d’une écoute analogique. Cependant ces remarques sont à analyser avec beaucoup de précautions.
Sur Tri Yann et l’Onpl, on entend beaucoup de choses et la petite attaque du triangle n’est pas dissimulée pour autant – en tout cas, on la devine….au loin. Les coups de cymbales ou le jeu de mandoline sont reproduits avec une bonne lisibilité, et un fruité qu’il serait mesquin de critiquer.
Un bon point est à mentionner concernant les vocaux dépourvus de colorations qui remettraient en cause sérieusement la communication avec l’auditeur, leur donnant un aspect humain assez sympathique, et pourquoi ne pas le dire : naturel. En tout état de cause, j’ajoute qu’il n’est nullement besoin de faire joujou avec les réglages de tonalité pour corriger quoi que se soit.
2° Fluidité
Pas de remarques négatives, ou points d’accrocs à mentionner concernant la fluidité de cette électronique. D’une façon générale, le couple ROTEL et plus particulièrement l’amplificateur intégré RA 06-SE se comporte de façon libre, structurée; il est « facile » à écouter, et les notes s’enchaînent avec une belle facilité.
Si on reprend les extraits Minor Swing et Minor Waltz interprétés par Laurent Korcia, on ne restera pas insensible aux notes de violon qui coulent de manière très naturelle, sans que jamais l’archet n’accroche sur les cordes de ce violon. La même remarque s’applique au jeu de contrebasse, dont les notes s’avèrent très propres, et d’une bonne précision à défaut de descendre très bas dans l’infra-grave…..
Sur le Requiem de Mozart, les enchaînements sont satisfaisants, les nappes de cordes aussi bien que les chœurs évoluent au fil du morceau avec une belle aisance.
De multiples extraits de Tri Yann et l’Onpl et chœurs n’ont pas permis de prendre en défaut « l’évolution » de l’orchestration, et même les instruments électriques ou électrifiés sont bien lissés sans que n’apparaissent ça ou là des fréquences déplacées, un creux ou une crête qui viendraient ternir le côté rigoureux de la fluidité.
3° Scène sonore et transparence
Si j’ai relevé que le ROTEL RA-06 SE était assez doué pour son analyse correcte, avec une propension à filer facilement vers le haut du spectre, j’ai tout de même été surpris par un léger manque de transparence, un peu en retrait pas rapport à d’autres amplificateurs de marques différentes. Si l’on y prête bien attention, malgré de multiples détails bien audibles, il subsiste un léger voile sur un certain nombre de subtilités.
En effet, lorsque l’orchestration monte en puissance, certains instruments de musique de second rang n’ont pas forcément la clarté attendue et entendue avec d’autres systèmes audio. A titre personnel, le jeu de triangle déjà cité aurait mérité d’être davantage isolé ou détouré ; il en est de même pour le jeu de cromorne qui passe un peu inaperçu, et ce constat peut aussi être effectué à faible niveau d’écoute.
En analysant la situation de plus près, il s’avère que la scène sonore manque un peu d’espace, et ce « confinement » a tendance à simplifier certains instruments de musique de second rang. Cette scène sonore que je trouve un peu rétrécie s’avère néanmoins d’une ampleur fort acceptable (on a entendu bien pire). C’est davantage en largeur que le bât blesse, car en hauteur et en profondeur, on assiste à quelque chose de bien dimensionné, car le RA-06 SE ne rogne pas sur la générosité. Sur le Requiem de Mozart, lors des grandes montées en puissance des chœurs et de l’orchestre, un surcroît de volume sonore, et même un soupçon d’holographie supplémentaire eussent été les bienvenus – surtout si l’on considère la pièce d’écoute comme étant de moyenne capacité. Toutefois, l’image stéréo et la focalisation ne peuvent être jugés comme insuffisantes, et on gardera à l’esprit que la scène sonore demeure bien agencée
4° Dynamique et réactivité
Le couple RA 06 SE, s’émancipe bien en ce qui concerne la dynamique et la réactivité. Loin d’être pingre en la matière, le RA 06-SE réagit bien et vite face aux grands écarts de dynamique. Que ce soit sur le Requiem de Mozart, ou sur Tri Yann et l’Onpl, à aucun moment le RA 06-SE ne peut être considéré comme défaillant. Les percussions attaquent fort, les coups de cymbales sont francs et trahissent la bonne stabilité de l’étage de sortie. Il faut être objectif, on sent bien que la réserve de puissance est au rendez vous quand la situation s’avère nécessaire.
Le côté vivant, mais contrôlé est un des points fort de cet amplificateur, qui à aucun moment ne délivre une restitution trop démonstrative, ou au contraire timide. Ainsi, le côté cohérent et constant de cet amplificateur débouche en définitive sur une excellente homogénéité. Quels que soient les extraits de musiques écoutés, et sur des charges complexes, on sent que tout cela respire très correctement sans contraintes outrancières, ni perturbations notables. En poussant le volume sonore assez haut, je n’ai pas eu l’impression d’un quelconque « décrochage » ou que l’amplificateur allait dérailler ou s’emballer sous une forme ou une autre. En toute circonstance, cet amplificateur tient bien son cap, et c’est important de le souligner.
5° Communication avec l’auditeur
Si dès les premières minutes d’écoute, ce n’est pas le grand frisson ; il n’en demeure pas moins que le système ROTEL 06-SE procure des bons moments de joie musicale. Sans vouloir prétendre être le champion toutes catégorie de la communication avec l’auditeur, le RA 06-SE n’en demeure pas moins un amplificateur assez doué pour procurer des émotions aux auditeurs qui recherchent quelque chose de plus, que d’écouter de la musique d’une oreille plus ou moins attentive ou en simple fond sonore.
Cet amplificateur accompagné du lecteur CD de même référence, a en lui ce petit côté attachant qui se traduit par une restitution relativement naturelle et que l’on se surprend à apprécier notamment sur les vocaux, et les instruments acoustiques. Certains amplificateurs s’éloignent de l’auditeur, d’autres au contraire – par le côté très holographique ou démonstratif – envahissent l’auditoire. Le ROTEL RA-06 sait conserver une bonne distance, mais contribue bien à faire partager l’expression des musiciens, le jeu de leurs instruments de musique, et d’en apprécier le bon respect des timbres
Conclusion :
Il ne faut pas s’en cacher, dans cette tranche de prix, les électroniques à la philosophie musicale différente sont abondantes. Opérer un choix n’est pas simple, d’autant que selon les enceintes acoustiques et la source utilisée, les différences peuvent être énormes.
Toutefois, sans se démarquer réellement, le RA-06 SE est un choix intéressant à plus d’un titre : tout d’abord ses possibilités d’exploitation sont nombreuses (trop même, si on parle des réglages de tonalité), ensuite, sur le plan musical, sans être totalement neutre, cet amplificateur offre une grande variété de timbres, une dynamique de bon ton, une bonne linéarité, des timbres fruités, et un bon sens des nuances.
Pour tirer pleinement profit de ses capacités musicales, il est recommande de lui associer le lecteur ROTEL RCD 06-SE, et des enceintes acoustiques au tempérament peu coloré dans le haut du spectre, mais pas trop feutrées non plus. Outres les enceintes B & W série CM, il sera hautement recommandé de d’effectuer des tests d’écoutes avec des JMR, Cantabile, Euterpe, et Bliss.
Cotations : |
Musicalité : 8 / 10
Rapport qualité – prix : 9 / 10 |
Prix : 750 € ( 07/2011)
Test d’écoute réalisée par
Lionel Schmitt
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