Origine : Grande-Bretagne
Lecteur CD intégré
Réponse en fréquences : 10 Hz à 20 kHz
Taux de distorsion : < 0,007 % de 10 Hz à 20 kHz
Rapport signal / bruit : NS
Niveau de sortie ligne : 2,1 Vrms à 1 kHz
Impédance de sortie : 10 Ohms maxi
1 sortie analogique RCA
1 sortie analogique DIN
Du haut de ses 20 années d’existence, le CD5 Sİ est, à ce jour, le seul rescapé d’une lignée prestigieuse de lecteurs CD que NAIM était pourtant fier d’exhiber en son temps. Le constructeur a décidé de mettre une croix sur ce type d’appareils en ne conservant à son catalogue que le modèle de début de gamme.
Chez NAIM, début de gamme ne signifie pas pour autant bas de gamme. Le CD5 Sİ offre une expérience audio de grande qualité pour toute personne ayant une précieuse collection de CD. Sa physionomie est connue et n’a pas varié au fil des ans. Sa façade en aluminium extrudé rassemble un minimum d’éléments : la trappe de chargement du « disc », un petit afficheur de couleur vert qui donne les indications habituelles du Compact Disc, et quatre touches destinées au fonctions vitales : play, stop, plage précédente, plage suivante. La télécommande sera d’un précieux secours pour accéder à d’autres fonctionnalités.
Les diverses évolutions portent sur le mécanisme et le convertisseur N/A. La section transport Philips CDM 12.5 / VAM 1205 laisse la place à une référence dont nous ne connaissons pas l’origine. Celle-ci est installée sur un ensemble mobile à tiroir manuel d’une excellente rigidité. La galette irisée est maintenue sur l’axe mobile par un palet presseur magnétique.
Un tout petit circuit imprimé rassemble la carte de conversion N/A et l’étage de sortie analogique de façon à minimiser le trajet du signal. La section de conversion s’appuie sur une puce Burr-Brown PCM1793 – un dispositif très proche de celui utilisé dans le lecteur réseau NDX. Le CD5 Sİ bénéficie également d’une horloge Dac qui a gagné en stabilité et en précision, de rails d’alimentation délivrant une tension plus élevée.
L’alimentation générale fait appel à un transformateur torique. Une alimentation à double régulation complète avec 20 tensions régulées à faible bruit sur la carte de circuit principale, et des alimentations séparées sur les cartes d’affichage et d’asservissement.
Un tableau arrière minimaliste
A l’arrière, pas de surprises. Ce lecteur ne possède pas d’entrées numériques et pas davantage de sorties de même nature.
Il comporte exclusivement des sorties analogiques au double standard : DIN et RCA. En cas d’utilisation avec un amplificateur intégré ou un préamplificateur de la marque, le constructeur préconise à juste titre d’utiliser la connexion de modulation en mode DIN / DIN.
Nous pourrons cependant regretter que NAIM ait fait l’impasse sur la possibilité de doper l’alimentation : pas de prise externe dédiée pour décupler ses forces par ajout d’une alimentation complémentaire.
Ecoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués en milieu « domestique » avec les éléments suivants :
– Amplificateur intégré NAIM Supernait 2
– Enceintes acoustiques B&W DM 805 Diamond 2
– Câbles de modulation asymétriques NAIM Snaic 5 DIN, ESPRIT Beta 8G 2019,
– Câbles NAIM HP Naca5, ESPRIT Aura, ESPRIT Beta 8G 2019
Alimentation secteur : barrette ESPRIT Volta, câble secteur ESPRIT Celesta & Eterna.
• CD sélectionnés : Jazz på svenska par Jan Johansson – Naim ~ CD test Sampler N°6 – Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield – Meedle ~ PinkFloyd – Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Russian, Klezmer & Gipsy Music ~ Sirba Orchestra – Stereo Concert Series ~ Decca Phase 4 – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Barry Lyndon ~ bande originale du film – Ainsi parla Zarathoustra – Ouverture : Richard Strauss ~ Lorin Maazel – La Tradition Symphonique vol. 1 & 2 ~ Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire – Slavonic Dances ~ Anton Dvořák ~ Minneapolis Symphony Orchestra – Direction : Antal Dorati – The Singing Clarinet ~ Giora Feidman – Rive Droite – Rive Gauche / Swing Band meets Daniel Huck – Edition Passavant Music – Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens – Swinging Safari ~ Bert Kaempfert – Le Son Plaisir ~ Onkyo CD test 1992 – Naim CD test Sampler N°6 – Sonates de Domenico Scarlatti ~ piano : Mikhail Pletnev – Les Marquises ~ Jacques Brel – Dance into Eternity ~ Omar Faruk Tekbilek – Quiet Nights ~ Diana Krall – Portrait ~ Angèle Dubeau & la Pieta – Lully / l’orchestre du roi soleil ~ Concert des Nations / direction : Jordi Savall – The Singing Clarinet ~ Giora Feidman – Mademoiselle in New-York & The Voice of the Trumpet ~ Lucienne Renaudin Vary & BBC Concert Orchestra etc…
Esthétique sonore – nature des timbres – transparence
Registres aigu & médium
• Naim ~ CD test Sampler N°6
• Prodiges ~ Camille Berthollet
D’emblée, pas de mauvaises surprises à attendre de ce lecteur CD dans son ultime mouture SI. De tempérament nerveux, le CD5 délivre une musicalité « gouteuse » qui s’inscrit dans la continuité par rapport à ses prédécesseurs. Comme tout produit NAIM, cette source s’ouvre sur un spectre sonore lumineux qui convient parfaitement au jeu de violon de Camille Berthollet. La bande passante montre une facilité à s’étendre vers le haut du spectre, sans toutefois sombrer dans l’excès. Sans être totalement neutre, ce lecteur affiche une restitution ni trop douce, ni trop acérée. NAIM a principalement travaillé sur un équilibre subjectif de bon ton.
C’est une aubaine à l’heure où les lecteurs CD sont de moins en moins dans l’ère du temps d’avoir une source numérique qui réussisse à charmer l’auditeur, ou, dit autrement qui apporte un « timbrage » riche en substance. On y reconnaitra facilement le grain et le fruité du violon sur l’ensemble du répertoire visité par Camille Berthollet, aussi bien que sur le jeu de guitare d’Antonio Forcione sur Tears of Joy « consignés » sur le CD test Sampler N°6 édité par NAIM.
Il est vrai que le CD 5 Sİ est un lecteur ouvert qui gère bien les nuances qu’il peut y avoir entre les fréquences les plus hautes et les fréquences moyennes. Il le fait avec une bonne cohérence, sans projeter en avant les fréquences intermédiaires. Par des fins de notes élégamment reproduites, notamment sur les coups de cymbales et autres percussions, donnant une impression d’extinction progressive dans le temps et l’espace, cette source fait aussi des prouesses sur le plan des harmoniques.
Dans le même ordre d’idée, le CD 5 Sİ effectue un travail d’analyse relativement poussé, lui permettant de revendiquer une excellente transparence. C’est peut-même sur ce chapitre que cette mouture Sİ se différencie des versions précédentes.
Registre grave
• Ainsi parla Zarathoustra – ouverture : Richard Strauss ~ Lorin Maazel
• Meedle ~ Pink Floyd
Au niveau des fréquences graves, le CD 5 Sİ n’est pas si mal non plus. Il n’est pas non plus le lecteur de CD qui descend le plus bas. Toutefois, on ne peut pas lui reprocher un manque de grave ou une limitation qui viendrait ternir le plaisir de l’écoute de Ainsi parla Zarathoustra de Richard Strauss avec son ouverture aux grandes orgues. La reproduction fait preuve d’une bonne assise, d’une stabilité irréprochable que l’on retrouve également sur les roulements de timbales, particulièrement « percutantes » et vivaces.
Les puristes émettront des réserves au niveau du jeu de guitare basse de Rogers Waters sur One of These Days extrait de l’album Meedle de Pink Floyd, ou sur des extraits comportant un accompagnement à la contrebasse. A défaut de prétendre descendre au plus bas, on constate une petite boursoufflure dans le bas médium / haut grave. Pour certains d’entre nous, cela peut apparaître comme tout à fait approprié, pour d’autres, cette trace de caricature ou surépaisseur pourrait être interprétée comme un signe distinctif du « son à l’Anglaise ».
En tout état de cause, le suivi mélodique de la guitare basse est impeccablement réalisé, ferme, bien tendu, vivace, et selon mon point de vue, d’une excellente ponctualité. Chaque note est méticuleusement décortiquée, clairement définie avec une franchise et une netteté qui ne font jamais défaut, à faible comme à fort niveau d’écoute.
Capacités de réaction – dynamique – rigueur
• Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida
• The Last of the Mohicans ~ Trevor Jones B.O. du film
Parmi les multiples « compétences » relevées, nous pourrons aisément compter sur cette source numérique pour produire une musicalité dynamique. A l’évidence son étage de sortie et l’alimentation, plutôt conséquente pour un lecteur CD, jouent un rôle déterminant sur ses capacités à réagir promptement lorsque les extraits musicaux s’y prêtent.
Le CD 5 Sİ n’a pas pour objectif d’en mettre plein la vue à l’auditeur. Il épouse en quelque sorte le rythme requis par tel ou tel style musical. Il sait par ailleurs rester à sa place sur des extraits plus calmes, plus doux, et c’est pour cela qu’on l’apprécie tant depuis tant d’années.
Aucun problème à reproduire sans perturbations le complexe jeu de vibraphone de Valéria qui figure sur l’album Collaboration interprété par le Modern Jazz Quartet et Laurindo Almeida. Le CD 5 Sİ maîtrise parfaitement les frasques de cet instrument lorsque celui-ci change brusquement de tonalité et d’intensité. La reproduction est vigoureuse, particulièrement bien contrôlée. L’auditeur bénéficie alors de couleurs éclatantes et rigoureusement mises en scène.
Les attaques de piano et le « pincement » de la contrebasse sont du même acabit. Ils se veulent ponctuels, francs, nets, sans bavure, dotés du même répondant que le jeu de vibraphone.
Sur des pages orchestrales plus chargées comme celles que l’on retrouve sur la bande originale du film The Last of the Mohicans, nous retrouvons également de bonnes capacités à restituer la masse orchestrale avec un brio non négligeable. Certes, des lecteurs de catégorie et de prix supérieurs apportent un supplément d’éloquence, mais on ne peut pas porter de réelles critiques sur cette faculté de délivrer une musicalité riche en évènements, une musique vivante, bien ordonnancée sur les montées en puissance. Cette rapidité conduit inéluctablement à une reproduction d’ensemble remplie d’aisance, d’agilité, de discernement.
Scène sonore – spatialisation
• Stéréo Concert Series ~ Edition Decca Phase 4
Les dimensions de la scène sonore sont plus qu’honorables pour un lecteur CD de cette catégorie. De belles surprises en perspective à l’écoute de ces compositions classiques rassemblées dans ce coffret Decca Phase 4. La scène sonore est d’une belle ampleur et la notion d’aération est largement à l’autre du jour. Chaque plan est différencié avec un étagement permettant de distinguer correctement chaque pupitre, chaque plan. Les instruments solistes émergent distinctement du flot orchestral. Cela permet de suivre le déroulement de leur partition respective et de la ligne mélodique qui y est attachée.
L’ampleur n’est pas débordante à ce point, mais le CD 5 Sİ mise tout de même sur une reproduction de type holographique. La séparation des canaux permet de bien focaliser chaque groupe d’instrument ou instrument soliste par des effets stéréo plutôt bien réalisés. On relève un bon agencement entre les canaux gauche et droite et le milieu de la scène sonore ; cette dernière étant fort bien documentée. Malgré une profondeur de champ plus limitée qu’avec d’autres lecteurs CD, nous obtenons des reliefs très corrects permettant d’avoir une vision d’ensemble complète de l’orchestration. Ainsi, le CD 5 Sİ ne se permettra jamais de faire l’impasse la composition et la structure d’un ensemble symphonique dont la prise de son a été méthodiquement effectuée.
Séquence émotion – sens de l’expression
• Rive Gauche / Swing Band meets Daniel Huck – Edition Passavant Music
• Dance into Eternity ~ Omar Faruk Tekbilek
Eh bien, le moins que l’on puisse dire est que le rescapé d’une longue lignée se tient bien pour….son age ! Cette ultime version qui a fêté ses 10 années d’existence en 2022 est en pleine capacité d’émouvoir et d’apporter du bonheur à ses futurs propriétaires. Plus généralement, malgré son tarif qui a fortement augmenté, son rapport qualité / prix est toujours justifié.
L’écoute de Rive Droite – Rive Gauche / Swing Band meets Daniel Huck prouve que ce lecteur CD affiche une bonne santé musicale. Mieux : sur ce type de répertoire, il se montre bouillonnant de réalisme. Il invite l’auditeur à se plonger dans l’ambiance Cotton Club d’une époque malheureusement plus ou moins révolue. Inséré dans un système audio bien pensé (NAIM ou autre), ce lecteur appréhende la ligne mélodique de chaque instrument avec un bon respect du timbrage doublé d’une série de nuances et de subtilités qui rappellent les anciens modèles de la gamme haute du constructeur Britannique.
Pas de chaleur excessive, mais une concentration sur la texture naturelle des cuivres et de la contrebasse. Pas de flou artistique, mais un beau délié qui rend l’écoute enthousiasmante. On ne passera pas à côté du frottement du ballet sur la caisse claire de la batterie, reflétant l’approche réaliste en matière de diffusion des informations contenue sur cette prise de son de haute tenue.
Et puis, la présence des musiciens dans la pièce d’écoute est aussi une composante à prendre en considération. Elle caractérise bien la philosophie ancestrale des produits NAIM : rendre l’écoute la plus agréable, la plus authentique possible.
Les aficionados de ce type de ce répertoire reconnaîtront instantanément l’aspect artistique parfois enjoué, parfois voluptueux, l’emprunte musicale orientale de Dance into Eternity. Disons le haut et fort, le CD5 Sİ a tous les arguments pour reproduire la musique dans ce qu’elle a de plus émotionnelle.
Fort de ces capacités à proposer une musicalité pétillante aux tonalités chatoyantes, le CD5 Sİ se démarque aussi par l’aspect élégant qu’il porte aux instruments acoustiques. On dirait que chacun d’eux fait l’objet d’une attention particulière. Aussi, la texture fruitée du oud est irrésistible. On savourera sans modération les intonations de l’instrument, son très beau grain ainsi que la manière dont l’interprète exerce son art.
Le jeu de flûte prendra aux tripes les plus sensibles d’entre nous. C’est dans un esprit d’ouverture que la sonorité de la flûte vous fera frissonner. Son jeu à la fois fluide et nuancé apporte une bouffée d’oxygène qu’il serait inconvenant de contester.
Enfin, ce « tableau » idyllique ne serait pas complet, si je passais sous silence l’importance donnée aux multiples percussions qui brillent au sein de l’espace sonore tel un diamant au soleil. Celles-ci sont restituées avec beaucoup de délicatesse et un brio qui contribuent à rendre la musique riche en substance. Nous voyons et surtout entendons bien que ce lecteur est toujours animé d’une force de conviction qui place la musique comme un véritable vecteur de communication culturel.
Conclusion :
Le temps a passé, la technologie numérique a évolué, le Compact Disc n’a plus le vent en poupe, et pourtant, le lecteur NAIM CD5 Sİ est resté. Pour combien de temps encore ?
Toujours est-il que, pour l’heure, le CD5 Sİ tient toujours une place enviable dans le paysage audiophile. Il représente une valeur musicale sûre pour qui souhaite investir dans un lecteur CD intégré. Son identité ? assurément, il la tient de ces prédécesseurs dont il a hérité de leur richesse de timbres, de leur transparence et de leur dynamique.
Prix : 1800 € (03/2023)