MELIN AUDIO AD 100 Origine : France
ECOUTE Les tests d’écoutes ont été effectués à domicile avec un lecteur YBA Classic Player 3 et Dac AUDIOMAT Tempo 2.7, une paire d’enceintes acoustiques PEL Kantor, câbles de modulation et HP ESPRIT Kappa, câble numérique coaxial ESPRIT Eterna, barrette secteur FURUTECH F-TP 615 et câble secteur de même marque G-314Ag-18E. Des tests d’écoutes complémentaires vinyles ont été effectués avec une platine THORENS TD 166 Mk2 optimisée, cellule REGA Elys 2, section phono de l’YBA Classic 3 Delta. CD et vinyles utilisés : The Singing Clarinet par Giora Feidman – Requiem de Mozart par Karajan – Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Porgy and Bess de Gerschwin par Franck Chacksfield – Tri Yann – Ramadou / Générations et avec L’Orchestre National des Pays de Loire – Jean-Christian Michel (vinyles), le Cœur des Etoiles (CD) – Gwendal volume 4 (vinyle). 1° Timbres – définition Pour bien mettre les choses au clair, l’exemplaire que j’ai reçu en test était absolument neuf et non rôdé. Cela signifie que les « performances » obtenues et décrites ci-après doivent être considérées comme minimales. D’ailleurs au fil des heures d’écoutes, l’intégré AD 100 se transforme peu à peu, et tend à s’ouvrir progressivement à compter d’une dizaine d’heures. C’est à partir d’une quinzaine d’heures de fonctionnement que l’on commence à cerner le véritable tempérament musical de l’amplificateur. En premier lieu, on peut retenir que les timbres font preuve d’un velouté assez sympathique qui exclut toute forme de crispation, même à haut niveau d’écoute. Aussi, je pense sans trop me tromper que l’AD 100 est un amplificateur qui privilégiera la douceur, une fois qu’il sera totalement rôdé. Une fois la période probatoire de 10 à 15 heures achevée, l’AD 100 laisse de côté l’aspect effacé ou approximatif du début pour nous dévoiler une palette de couleurs plus variées. Même s’il subsiste encore un léger voile sur le registre médium, la musique prend peu à peu des couleurs et une assurance qui suscitent un enthousiasme sur l’ensemble de la bande passante audible. Sans tomber dans une analyse poussée à l’extrême, j’ai pris un certain plaisir à écouter » The Singing Clarinet par Giora Feidman » au travers du quel la sonorité de la clarinette n’accuse aucun défaut apparent. La teinte boisée de l’instrument est bien mise en valeur, et la reprise de souffle de l’instrumentiste apporte une belle fraîcheur aux thèmes empruntés par ce dernier. Je ne me suis pas privé de faire des essais avec » Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida » en écoutant chaque détail de l’extrait » Valéria « . Une attention particulière a été portée sur les jeux de cymbales et de vibraphone. Pour le premier, je retiens une belle finesse et une bonne précision d’ensemble, pour le second je retiens une couleur qui reste un peu terne même si les teintes sont globalement respectées, à défaut d’être étendues. J’insiste bien sur le fait que l’AD 100 ne limite pas du tout les fréquences élevées, mais c’est le registre médium qui mériterait d’être davantage fouillé. Cette critique passe même au second plan lorsque l’on écoute de la suite orchestrale » Porgy and Bess par Franck Chacksfield » (ré-édition Vocalion). L’orchestration présente, cette fois, un éventail de détails qui n’échappent pas à une oreille attentive. Les multiples percussions qui font écho aux coups de cymbales et aux arpèges de harpes nous invitent à une musicalité savoureuse empreinte d’une richesse de bon ton qu’il serait dommage de passer sous silence. Certes, nous n’atteignons pas le côté hyper charnel et matérialisé obtenu avec d’autres électroniques qui s’appuient sur une expérience de plusieurs décennies, toutefois une bonne définition générale permet à l’AD 100 de se placer en bonne position sur ce thème. Si l’on prête attention au bas du spectre, on se rend vite compte que MELIN AUDIO a travaillé la question avec une attention particulière. Tout d’abord, le registre grave descend bas, et s’avère sur ce point être une référence dans cette gamme de produit et de prix. Ce registre grave s’impose, lorsque cela est nécessaire, avec un poids dosé, comme j’ai pu le constater sur le piano du » Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida « . Sans vouloir parler d’une hyper neutralité de cet amplificateur intégré, ce dernier ne souffre pas particulièrement d’une coloration ou d’une insistance sur tel ou tel registre, et ceci en dépit d’une petite once de chaleur qui n’a rien de gênant et contribue à la douceur générale. 2° Transparence – fluidité Quels que soient les extraits de musique sélectionnés, on peut immédiatement retenir que l’amplificateur intégré AD 100 a de quoi revendiquer sa fluidité. Je dirais même qu’il s’agit du point fort qui caractérise cet intégré. A aucun moment, un accroc, un dérapage, ou plus simplement une restitution rugueuse ne sont venues troubler l’écoute. La musique coule avec une très belle aisance et beaucoup d’agilité : les notes s’égrainent avec une belle liberté. Les articulations et les enchaînements s’opèrent logiquement et sans contraction. En revanche, et compte tenue de la « jeunesse » du produit d’une part, et de ce qui précède d’autre part, j’ai relevé que la transparence générale accusait quelques limites : j’aurais souhaité que l’AD 100 nous livre davantage de subtilités, levant totalement le voile sur d’infimes détails qui apportent ce petit « plus » qui fait la différence. 3° Dynamique – réactivité – scène sonore Bien qu’il ne fût pas rôdé à sa juste mesure, l’AD 100 montre dès les premières heures d’écoutes une bonne volonté à faire participer l’auditeur à une œuvre musicale, grâce à une bonne réactivité d’ensemble. On appréciera volontiers la stabilité de la scène sonore et une « montée en régime » maîtrisée. La scène sonore prend une extension non négligeable : elle dévoile des dimensions plus qu’honorables. La présentation holographique de la scène sonore suscite une très bonne présence des instruments et vocaux de premier plan. Les instruments de second plan me semblent cependant un peu en retrait, mais en se concentrant sur l’écoute on s’aperçoit que l’accompagnement est complet. Le côté dynamique suggère une bonne réactivité générale, et cet amplificateur semble prêt à affronter les grands écarts de dynamique sans fléchir ou rester à la traîne. Ses capacités à réagir vite et bien ont été minutieusement vérifiées et je n’ai pas de critiques à formuler sur ce point, lorsque je prends en référence le « Requiem de Mozart par Karajan ». Par ailleurs, les montées en puissance s’effectuent avec une excellente spontanéité, et la réactivité est en permanence au rendez-vous comme j’ai pu m’en rendre compte à l’écoute de » Valéria par le Modern Jazz Quartet » dont l’attaque des notes de piano est franche, et son étoffe n’a rien de ridicule. Si la puissance annoncée tient ses promesses, on se réjouira volontiers de l’ampleur de la scène sonore dont les reflets panoramiques nous font bénéficier d’effets stéréophoniques fort bien « orchestrés ». La scène sonore est bien campée au milieu des enceintes acoustiques – il n’y a donc pas de débordements de part et d’autre qui risqueraient de compromettre la focalisation de certaines fréquences. Certes l’étagement des plans n’est pas des plus marqué, mais grâce à un bas du spectre affirmé, on bénéficie d’une structure agencée de telle manière à ce que les contrebasses, violoncelles, et percussions soient placés au premier rang; tandis que l’ensemble de violons se voit « planer » au dessus. On devine en « fond de page » des interprètes qui, ça et là, égaient la partition à l’aide d’un triangle, de quelques notes de flûte traversière ou de harpe. Si vous attendez de l’AD 100 qu’il vous livre une scène sonore holographique à souhait, alors vous vous trompez de produit. Si vous en attendez une musicalité qui vous rappelle celle d’une salle de concert bien agencée, alors cet amplificateur répondra à vos attentes sans artifices ou effets démonstratifs qui friseraient l’excentricité. Dans les grandes lignes, le message sonore est bien « aéré », mais il n’a rien de démesuré non plus. Je rassure tout de suite les lecteurs, ne croyez pas que la scène sonore soit confinée et manque d’ampleur : elle prend des dimensions qui ne frustreront à mon avis personne. A titrer indicatif, je recommande de ne pas chercher à pousser le volume sonore aux limites de l’audible, ou pousser l’AD 100 dans ses derniers retranchements, car malgré une tenue générale et un équilibre subjectif de bonne augure notre « compétiteur » aurait un peu tendance à s’emballer et à générer un peu de confusion sur les charges très complexes. Cette remarque s’applique d’ailleurs à beaucoup d’amplificateurs, et ceci en dépit de la catégorie à laquelle ils appartiennent. Enfin, l’AD 100 accuse une petite faiblesse sur les harmoniques dont « l’intensité » et la richesse m’apparaissent en retrait par rapport à d’autres produits. Les notes s’éteignent, à mon goût, un peu rapidement, mais il est probable que cette considération soit – ici encore – imputable à un rodage pas totalement finalisé. 4° Communication avec l’auditeur Une source, une paire d’enceintes acoustiques, un amplificateur sont selon moi « communicatifs » lorsqu’ils livrent la musique naturellement et spontanément. Les meilleurs produits vous immergent alors totalement dans le flot de l’orchestration, et une sorte de communion avec l’auteur et / ou l’interprète s’installe progressivement. Sans paraître extraverti et démonstratif, l’AD 100 tire pas mal son épingle du jeu sur ce point. Même s’il n’atteint pas le degré de communication des références du moment, parfois 5 à 10 fois plus chers, cet amplificateur a pas mal d’atouts bien cachés. L’écoute de » Tri-Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire » (enregistrement public) nous invite à participer à une musique vivante et pleine d’entrain. Un grand bravo pour la texture des applaudissements entre chaque morceau de musique et les vocaux solos ou les chœurs qui s’expriment à haute et intelligible voix et prennent une teinte naturelle de bon niveau m’incitant à dire que l’ambiance d’une salle de concert est bien respectée. J’ai réellement été pris au jeu de » Gwendal 4 « (disque vinyle) dont les contrastes entre la flûte traversière et le violon sont réellement bien marqués. Ici, une forme de pureté et un respect des timbres de chaque instrument a été apprécié à sa juste valeur. J’ai été stupéfait par le filé du violon, sa finesse, et le contact de l’archet sur les cordes de l’instrument, qui pour la circonstance m’est apparu vraisemblable. Le jeu de flûte traversière et le souffle de l’interprète sont aériens et sonnent avec une légèreté suffisamment remarquable pour être mentionnée. La basse électrique doublée par le jeu saccadé de la batterie vient enrichir ce duo acoustique pour former un ensemble savoureux à écouter. Le » Requiem » de Mozart dirigé par Karajan révèle à l’auditeur un fort potentiel musical. J’ai bien aimé la formulation poétique dans l’expression de la soliste Maria Stader, mais aussi la puissance des chœurs qui l’accompagnent. L’aspect « musique en conserve » souvent proposé par des amplificateurs de gamme équivalente est totalement mis de côté au profit d’une expression chaleureuse, qui fleurte avec le naturel. J’ai bien ressenti la conviction des interprètes qui aboutit à quelque chose de tout à fait émotionnel, et associe réellement l’auditeur quelque peu sensible à la qualité d’interprétation à la musique qu’il écoute et, de surcroît, qu’il apprécie. Très sincèrement, je ne vois pas d’écueils visant à freiner l’entrain et la bonne humeur de cet amplificateur qui livre la musique avec beaucoup de charme. L’orchestration est d’envergure, et j’irais même jusqu’à dire qu’elle a « de la gueule ». Si l’auditeur se met à frissonner à l’écoute de certains passage, s’il se sent complice ou partenaire des interprètes, alors on peut en déduire que l’amplificateur (ou les autres éléments du système audio) ont bien effectué leur travail. Sur ce point, il m’est apparu que l’AD 100 a des aptitudes et même du talent pour inviter l’auditeur à découvrir une musique vivante. J’avoue enfin que c’est au travers du CD » le Cœur des Etoiles » de Jean-Christian Michel que l’émotion a fait son œuvre. Sur le titre qui porte le nom de l’album, il se passe des phénomènes assez étranges notamment lorsque le thème principal est repris par la contrebasse à archet. J’ai eu droit à quelques frissons d’émotion lorsque l’interprète a mis son archet au contact des cordes; j’ai alors pu juger du très beau grain et j’ai, en outre, bien apprécié les vibrations des doigts qui plaquent les accords contre le manche de l’instrument. Conclusion :Pratiquement inconnu du grand public, injustement ignoré par la presse spécialisée, distribué de façon totalement confidentielle, la marque MELIN AUDO gagne à être connue. Après une première phase de rodage, l’AD 100 surprend à plus d’un titre. Il démontre une bonne volonté à faire participer l’auditeur à une musicalité dépourvue de toutes fioritures, et finalement une musicalité assez naturelle. Sa puissance substantielle, adossée à une alimentation de forte capacité permettra une association étendue avec bon nombre d’enceintes acoustiques, y compris celles de rendement moyen.
Prix : 890 € (08/2013)
Test d’écoute réalisé par
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