KEF LS – 50Conception : Grande Bretagne
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La référence LS – 50 du constructeur britannique KEF marque le cinquantième anniversaire de la marque. Eh oui, un demi siècle d’existence ! Combien de marques peuvent se targuer d’avoir une telle longévité ? De plus, une longue traversée du désert aurait pu nous faire oublier définitivement KEF. Après quelques années d’une absence toute relative, KEF revient en force avec un nouveau concept, développé sur le modèle haut de gamme BLADE, et adapté à cette enceinte LS – 50.Classée dans la catégorie des enceintes dites compactes, la LS – 50 est une enceinte deux voies de type bass-reflex. Son évent de décompression ovale est situé en face arrière, ce qui nécessitera de l’éloigner d’au moins 60 cm à un mètre du mur arrière afin d’éviter des effets de réflexion indésirables. Cette enceinte intègre le système de haut-parleur Uni-Q développé par KEF.
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ECOUTE :
Les tests d’écoute ont été réalisés avec le matériel suivant : streamer – lecteur réseau ATOLL ST 200, bloc de puissance ATOLL AM 200 – serveur OLIVE 03 HD – lecteur réseau ND 5 XS & alimentation NAIM XPS, préamplificateur NAIM Nac 202 & bloc de puissance NAIM Nap 200 – câbles modulation NAIM et YBA Glass, câbles HP NAIM Naca 5 et YBA Diamond.
A titre indicatif, il est précisé que pour obtenir les résultats optimaux décrits ci-après, le système NAIM a révélé davantage de pertinence que le système ATOLL.
Test N° 1 : Marquises de Jacques Brel
Quoique l’on en dise ou quoique l’on en pense, je tiens à préciser que cette enceinte acoustique est avant tout « volontaire ». Cela signifie que, compte tenu de sa taille réduite, son tempérament est du genre holographique avec une scène sonore qui s’étend généreusement en largeur. Je ne dirais peut-être pas tout à fait la même chose en ce qui concerne la hauteur de scène sonore plus contenue ; il ne faut toutefois pas en déduire qu’elle est tassée, et je rassure les audiophiles : il n’y a pas de frustrations à craindre sur ce point.
Après une première approche, je m’aventurerais à rapporter que la LS – 50 est, quelque part, un peu magique ; de surcroît elle s’octroie d’être infiniment respectueuse de la couleur des timbres, et du volume sonore qui lui sont confiés. J’ai été très surpris et très enthousiaste à l’écoute du CD » Marquises » de Jacques Brel. L’aspect communicatif adopte une tournure très réaliste, et la voix du chanteur prend des intonations qui ne sont pas sans rappeler celles de l’enregistrement analogique original. On perçoit de façon aisée les différentes inflexions, les articulations, les respirations, dans l’expression de l’artiste, qui suggèrent une restitution humaine. Sur »la ville s’endormait », on assiste à un excellent détachement entre la voix et l’orchestre en fond d’écran, une forme de superposition qui suggère un étagement des plans très réussi. Ainsi la profondeur de scène sonore prend, pour la circonstance, des proportions insoupçonnées.
L’aspect communicatif prend encore plus de sens, lorsque l’on analyse les alternances entre les arpèges de harpe et le subtil accompagnement de la guitare qui prend discrètement le relai : chaque note s’égrène de manière cristalline, ce qui nous confirme que cette enceinte est d’une remarquable transparence. Les nappes de violons sur lesquelles viennent parfois se superposer quelques notes de flûte traversière soulignent l’aspect très aéré qui est la caractéristique principale de cette enceinte. Si l’on se plonge intensément dans la mélodie, que l’on ferme les yeux, on se surprend presque à sentir des parfums et une atmosphère particulières, qui évoquent en tous points l’aspect naturel de la musique.
Test N° 2 : Musique du film Barry Lindon
La petite KEF a plus d’un tour dans son sac : si l’on recherche la délicatesse, la LS – 50 répondra présente car cette enceinte compacte revendique une musicalité respectueuse de la précision, avec des capacités à réagir vite et bien. Sur la Sarabande de Haendel, la LS – 50 encaisse bien les grands écarts de dynamique. Aucun fléchissement n’est à redouter et l’aspect holographique est du plus bel effet. Cette enceinte est généreuse, et l’orchestration substantielle » épouse » facilement les dimensions d’un grand auditorium. Cette petite KEF apporte une écoute confortable ou les instruments de musique sont bien matérialisés : les percussions offrent un côté plein, tandis que l’ensemble de contrebasses prend une dimension très vraisemblable et d’une terrible consistance.
Si le registre grave ne descend pas aussi profondément qu’avec une enceinte colonne de gamme supérieure, on ne reste pas sur notre faim, car la LS – 50 sait gérer avec habileté le bas du spectre de façon à laisser le registre grave s’écouler sans être brutalement tronqué.
Délicatesse : c’est bien le terme que j’utilise volontiers pour décrire l’extrait du Barbier de Séville ou le solo de mandoline se marie et s’oppose tour à tour avec le pizzicato des violons et altos. Le piqué est d’une précision redoutable, tandis que l’on se surprend à goûter à l’apparence matérialisé de chacun des instrument de musique. Tout cela suggère une grande pureté et une »respiration » des instruments en bois.
Le clavecin qui intervient sur divers extraits prend à son tour des teintes et textures sonores extrêmement variées, avec des contrastes bien marqués, et des intonations mattes ou étincelantes selon le cas.
Sur l’extrait Piano-Trio Opus-100 de Schubert, quel n’a pas été mon étonnement de « visualiser » l’exceptionnel vibrato de chaque accord plaqué sur le manche du violoncelle, complété par l’excellent travail de détourage de l’instrument – avec un tel « cocktail » on obtient une musicalité d’un superbe réalisme. On retrouve les mêmes « symptômes » sur le jeu de violon, avec cet aspect charnu, qui fait vibrer l’auditeur en quête d’une musicalité qui sonne vraie. S’agissant du piano, chaque note est soupesée avec un soin et une ponctualité de premier ordre, qui donnent à l’instrument et à la partition leurs lettres de noblesse. Sans être d’un poids démesuré, ces notes de piano dignement accompagnées par une orchestration sobre mais riche, s’enchaînent avec souplesse, et aboutissent à une restitution empreinte d’une belle émotion.
Conclusion :
Je crois pouvoir affirmer que la KEF LS – 50 est une grande réussite. Petite par sa taille, mais grande par sa personnalité marquée, la LS – 50 est capable de donner des dimensions musicales inimaginables et d’une grande pureté à vos meilleurs enregistrements. Pour avoir droit à un spectacle musical qui en vaut la peine, il ne faudra pas hésiter à lui associer des électroniques de haut niveau. Il est certain que son faible rendement requiert une amplification qui intègre une alimentation de forte capacité, et une réserve de puissance qui ne l’est pas moins. Si le registre grave n’est pas des plus profonds, les autres paramètres vous feront bien vite oublier ce petit manquement, pour rendre l’écoute d’un grand confort.
Synthèse : |
Musicalité : sort des sentiers battus
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Prix : 990 € (01/2013)
Test d’écoute réalisé par
Lionel Schmitt