La série Theva de chez FOCAL fait partie de récentes gammes qui ont marqué les deux dernières années du constructeur Stéphanois. Cette série se décline en de nombreux modèles dont cette colonne Theva N°3 de dimension moyenne à l’allure ambitieuse. Elle s’inspire des références Chora du même constructeur.
Cette enceinte colonne d’un peu moins d’un mètre de haut est une enceinte acoustique 3 voies / 4 haut-parleurs à charge bass-reflex. Son évent de décompression est installé à l’arrière en bas de l’ébénisterie. Cette ébénisterie repose sur un socle présentant la particularité d’être légèrement incliné vers l’arrière afin d’optimiser l’alignement des différents haut-parleurs face à l’auditeur.
Theva N°3 est gréée d’un tweeter « propriétaire » TNF à dôme inversé de 25 millimètres de diamètre en alliage d’aluminium et de magnésium (Al/Mg). Sa suspension utilise le Poron, un matériau à mémoire de forme héritée de la série Utopia. Il est sensé diviser par trois la distorsion sur les fréquences comprises entre 2000 et 3000 Hertz.
FOCAL a tenu à différencier les fréquences grave et médium. Les fréquences graves sont confiées à deux haut-parleurs de 16,5 centimètres de diamètre. Les fréquences médium sont prises en charge par un haut-parleur spécifique, lui aussi d’un diamètre de 16,5 centimètres. Ces trois transducteurs adoptent une membrane Slatfiber constituées de fibres de carbone recyclé appliquées en sandwich entre deux couches polymère thermoplastique. Les ingénieurs de chez FOCAL ont choisi d’utiliser des fibres de carbone non tissées et orientées dans le même sens pour renforcer la rigidité.
Ces haut-parleurs sont montés sur une façade rapportée. Outre l’évent de décompression, la face arrière ne reçoit qu’une seule paire de bornes HP acceptant le câble nu (jusqu’à 4 milimètres de diamètre), les fourches et fiches bananes.
Pour le système de filtrage, le constructeur ne donne aucun détail sur sa constitution, ni les composants adoptés.
Ecoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectué le matériel suivant :
– Amplificateur intégré – dac – lecteur réseau MARANTZ PM 7000N
– Amplificateur intégré NAIM Nait 5si
– Lecteur NAIM CD 5si
– Câbles de modulation RCA Esprit Beta 8G et DIN Naim Snaic 5
– Câbles HP Adeqwat (avec MARANTZ) câbles HP Esprit Beta 8G
• Extraits dématérialisés Qobuz : Yehudi Menuhin & Stéphane Grappelli plays Gerschwin, Berlin, Porter, Rogers, Hart and others – Dance into Eternity ~ Omar Faruk Tekbilek Naim – Naim Sampler N°6 – Vivaldi and Friends ~ Jeannette Sorrell – Les Égarés ~ Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Emile Parisien, Vincent Peirani – Golden Brown ~ The Stranglers – Take Five ~ Dave Brubeck Quartet – We Get Requests ~ Oscar Peterson trio – Slavonic Dances ~ Anton Dvořák ~ Minneapolis Symphony Orchestra – Direction Antal Dorati – Sonate Kk 87 ~ Domenico Scarlatti ~ clavecin : Trevor Pinnock – Russians ~ Sting – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Quiet Nights ~ Diana Krall – Swinging Safari ~ Bert Kaempfert – Les Marquises ~ Jacques Brel – Balalaïkas Favorites ~ Osipov State Russian Folk Orchestra, etc…
• CD sélectionnés : Indiscrétions ~ The Curious Bards – Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield and Chorus – Naim CD test Sampler N°6 – Quiet Nights ~ Diana Krall – Stereo Concert Series ~ Decca Phase 4 – Le Son Plaisir ~ Onkyo CD test 1992 – Dance into Eternity ~ Omar Faruk Tekbilek – Les Marquises ~ Jacques Brel – Ainsi parla Zarathoustra – Ouverture : Richard Strauss ~ Lorin Maazel – Jazz på svenska ~ Jan Johansson – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Barry Lyndon ~ bande originale du film – Rive Droite – Rive Gauche / Swing Band meets Daniel Huck – Edition Passavant Music – Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens – Swinging Safari ~ Bert Kaempfert – Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Vivaldi & Friends ~ Baroque Orchestra dirigé par Jeannette Sorel – 11.11 ~ Rodrigo y Gabriela – Prodiges ~ Camille Berthollet, etc…
Conditions d’utilisation
L’analyse des Theva N°3 a été réalisé dans des conditions différentes. La première approche a été effectuée au sein d’une grande surface multimédia dans des conditions extrêmes avec l’amplificateur MARANTZ PM 6007 et le lecteur MARANTZ CD 6007. Quelques semaines plus tard, c’est en compagnie du « tout-en-un » MARANTZ PM 7000N. Le tour de la question s’est achevé avec l’ensemble NAIM Nait 5si et CD 5si, mieux câblés pour la circonstance.
Nature des timbres
Registre médium & aigu
D’entrée de jeu, cette paire d’enceintes acoustiques vous met au diapason si je puis m’exprimer ainsi. Les premières mesures d’un extrait musical bien choisi démontrent des couleurs ternes. Si le filé des violons semble vouloir monter assez haut, il peine à vouloir analyser en profondeur le contenu du message procuré par l’instrument.
A dire vrai, je ne m’attendais pas à ce que les Theva N°3 soit aussi « timides ». Le grain de l’instrument me semble absent, pour ne pas dire limité. Le plus curieux est que d’un système à l’autre, la différence n’est pas si énorme. En toute logique, l’ensemble NAIM aurait dû exprimer davantage de volonté à analyser plus efficacement le contenu du message sonore. Il n’est en rien. Si la transparence générale est correcte, sans plus, les micro détails qui font la richesse des très bons enregistrements sont laissés de côté.
L’écoute des extraits contenus sur l’album Sampler N°6 édité par Naim sont dépourvus d’un grand nombre de nuances notamment dans le haut du spectre. Sur ce registre, Theva N°3 a tendance à sombrer dans la simplification.
Cette enceinte s’en tire un peu mieux sur le registre médium où les vocaux sont d’une bonne douceur, mais l’expression est, à mon sens, cruellement dépourvue d’expressivité. Elle manque de couleurs tonales, et donne le sentiment d’une pâleur qui gâche le plaisir de l’écoute.
C’est sûr que ce modèle est d’une bonne neutralité et d’une linéarité qui fait que rien ne dépasse. Le détourage des instruments et des voix n’est pas mal défini, mais la transparence n’est pas forcément de mise. La richesse du contenu musical n’apporte pas la limpidité attendue pour pourrait faire la différence.
Registre grave
Les fréquences graves sont globalement acceptables pour une colonne de cette catégorie. Cependant, elle ne fait pas mieux que certaines compactes de course, pas forcément de tarif plus élevé. On pourra se satisfaire de l’Ouverture aux grandes orgues de Ainsi parla Zarathoustra de Richard Strauss ~ Direction Lorin Maazel dont l’instrument s’exécute sur l’introduction et le final avec une bonne ampleur, sans toutefois vouloir s’enfoncer dans les profondeurs les plus abyssales. On oubliera cependant les fines nuances des premières et dernières notes souvent mises en lumière par des systèmes et enceintes plus ambitieux. Ici, c’est une présentation plutôt monocorde qui nous est « soumise ».
Par ailleurs, l’instrument à clavier peine à se détacher de la masse orchestrale. Theva N°3 délivre une sorte de musicalité « préemballée », « prête à servir », sans donner l’impression que la magie viennent vous enthousiasmer et / ou vous flatter l’oreille.
Sur les jeux de contrebasse et de guitare basse, le comportement et le suivi des notes sont à « géométrie variable ». S’il est possible de pouvoir suivre la ligne de basse de Rogers Waters sur les extraits les plus « criants » du groupe Pink Floyd, je suis plus circonspect sur la reproduction de la contrebasse du Modern Jazz Quartet ou celle d’Oscar Peterson trio. Toutefois, globalement, on ne sait jamais où on en est.
Espace – image et scène sonores
En me référant à la technologie, au process technologique et à la conception des haut-parleurs, j’aurai parié qu’il était assez simple de positionner ces enceintes. Dans le même esprit, j’aurais cru le positionnement de l’auditeur fut tout aussi simple. Le positionnement des Theva N°3 est assez délicat. Ces enceintes « souffrent » cruellement d’un coefficient de dispersion peu étendu et se montrent un peu trop directives sur le haut du spectre.
Une fois correctement réglées et l’auditeur bien calé dans son fauteuil, la scène sonore est relativement bien étoffée. Le panorama musical est étendu. Toutefois l’image n’est pas d’une extension démesurée. On n’évoquera pas ici une « prestation » holographique. Cependant, les effets stéréo permettent de bien situer les groupes d’instruments ou instruments solistes qui sévissent au sein de l’espace sonore y compris en son milieu.
L’étagement des plans n’est pas particulièrement convainquant, même si on arrive à distinguer (un peu) les groupe d’instruments de premier rang de ceux de second rang. Le profondeur de scène sonore n’est pas évidente à cerner. En revanche, la hauteur apparaît correctement proportionnée.
Quel que soit le système et les câbles utilisés, ne vous attendez pas à une image tridimensionnelle. Concrètement, même si l’expression vocale ou orchestrale peut, subjectivement, apparaître déliée, voir séduisante, elle manque tout de même de spontanéité.
Dynamique – capacités de réaction
Si vous comptez sur ce modèle pour « soulever des montagnes » et susciter un enthousiasme débordant, en matière de capacités de réaction, il ne faudra pas trop compter sur Theva N°3. Cette colonne ne joue pas dans la cour des modèles les plus dynamiques. Il faut cependant reconnaître que l’ensemble NAIM semble secouer cette colonne à la prestation plutôt « réservée ». Dans ce cas, les grandes orchestrations classiques ou rock font davantage preuve de nervosité, sans plus….
Avec le système MARANTZ, nous obtenons une musicalité tout aussi « introvertie » manquant de vie et de dynamisme. Dans ce cas précis, la rigueur n’est pas forcément le critère qui retiendra l’attention.
Séquence plaisir & émotion – sens de l’expression
Cette enceinte m’a laissé un souvenir globalement mitigé. Subjectivement, je ne peux pas dire qu’elle laisse un souvenir impérissable sur le plan de la communication avec l’auditeur. L’aspect charnel, ouvert est partiellement absent. J’ai eu le sentiment qu’il s’instaurait une distance entre la musique et l’auditeur. Tout le message musical « tourne » prioritairement autours du registre médium. Celui-ci privilégie en outre les vocaux, finalement pas si mal reproduits. Avec les électroniques NAIM, on obtient davantage de densité et un peu plus d’épaisseur sur le bas médium. Ce qui lui fait défaut, ce sont ses timbres de couleur diaphane qui donnent un sentiment de pâleur, mais je n’irai pas jusqu’à évoquer une impression de fragilité.
Theva N°3 n’est cependant pas une enceinte totalement dépourvue d’animation. Par instant, elle peut même surprendre, mais au prix de tendre l’oreille et / ou de monter un peu le volume sonore. L’absence de matière, de couleurs, de sensualité fait que nous ne ressentons pas ce côté attachant qui fait vibrer l’auditeur en quête de belles sensations.
Conclusion :
A l’heure du bilan, face à une concurrence non négligeable cette mouture FOCAL ne rejoint pas, à mon sens, le peloton de tête des colonnes à prix attractif. La qualité des timbres est discutable ce qui rend l’écoute monocorde et même ennuyeuse. Le contact entre les musiciens et l’auditeur a du mal à s’établir. Entre nous, j’attendais une reproduction riche en évènements. Ils n’ont pas été au rendez-vous : une déception !
Prix indicatif : 1700 € (05/2024)