ELAC Miracord 90 Anniversary
Platine vinyle
Origine : Allemagne
Entraînement par courroie plate
Vitesse : 33 – 45 tours / minute
Moteur à courant continu
Plateau : 6 kg en aluminium
Bras droit en fibre de carbone
Livrée avec cellule MM
Caractéristiques de la cellule :
Bande passante : 20 Hz à 20 kHz
Séparation des canaux : > 25 dB
Résistance : 800 Ohms +/- 20 %
Impédance : 3.2 kOhms +/- 20 % @ 1 kHz
Résistance : 47 kOhms
Niveau de sortie : 2.2 – 4.9 mV
Force d’appui recommandée : Force d’appui : 1,4 g (+/- 0,4 g.)
Présentée sommairement en page news, la platine vinyle développée par le constructeur Allemand ELAC m’a quelque peu « interpellé ». Aussi, ce n’est pas sans une certaine curiosité que je suis aller à la rencontre de cette nouvelle référence pour en rédiger ce premier banc d’essai en France.
Beaucoup d’audiophiles savait que ELAC avait conçu et réalisé des platines vinyles à l’aube des années 50. S’étant par la suite orienté vers les enceintes acoustiques, nous étions à cent lieues d’imaginer le retours du constructeur sur ce sujet en ce début d’année 2017.
Cependant, depuis la « résurrection » inattendue du vinyle, il y a une dizaine d’année, ELAC a compris qu’il y avait une carte à jouer dans ce domaine. A cet titre, et pour célébrer son 90ème anniversaire, le constructeur dévoile la platine MIRACORD 90.
La MIRACORD 90 s’inspire d’un héritage et d’une expérience qui répondent aux normes les plus élevées en termes de qualité sonore, de fabrication et de précision mécanique.
Son châssis en MDF épais repose sur des pieds en silicone étudiés pour dissocier la platine du support sur laquelle elle est posée. Il assure une stabilité à toutes épreuves et il est conçu pour absorber toutes formes de vibrations internes ou externes – ce qui a été vérifié par mes soins lors de cette analyse.
Cette platine reçoit un plateau en aluminium de 6 kg qui prend place sur sur un second plateau dont l’axe en acier trempé repose sur une bille de rubis (deuxième matériau le plus dur sur Terre après le diamant) pour atténuer fortement les frictions. Ce plateau contribue à stabiliser la vitesse aux tolérances très élevées. Ce plateau est recouvert d’un tapis en feutre qui a une influence (positive) sur le « rendu » sonore, notamment sur la « signature » des timbres et dans une moindre mesure sur la spatialisation. Je recommande vivement de le conserver.
Un coup de projecteur sur le luxueux laquage du socle qui contribue à confirmer le sérieux avec le quel cette platine a été pensée et réalisée. Plusieurs finitions seront proposées : noir sur blanc, blanc sur noir, bois sur noir, ainsi que des finitions spéciales sur demande.
Le moteur est doublement découplé du châssis, et, complément d’un amortissement en caoutchouc, les suspensions employées utilisent des matériaux qui ont faire leur preuve au sein des haut-parleurs ELAC (comme le ferait un spider sur un haut-parleur). Toutes vibrations résiduelles se trouvent réduites à néant. De fait le silence de fonctionnement règne en maître comme nous le verrons un peu plus loin.
Il s’agit d’un moteur à courant continu avec une gestion de la vitesse électronique et ajustable par la molette de sélection de vitesse jusqu’à un différentiel de plus ou moins 5%. La détection de la vitesse est effectuée optiquement sur la face inférieure du plateau.
Une large courroie plate prend place sur l’axe du moteur et la circonférence du large plateau. Le changement de vitesse (33 tr/m et 45 tr/m) s’effectue électroniquement via la molette placée au pieds du bras. Cette molette contient deux diodes en fonction de la vitesse choisie et change de couleur lorsque la vitesse a atteint sa précision optimale. A ce titre, la stabilité de la vitesse est atteinte au bout d’un minute – un temps assez long finalement !
Ce moteur est mis en mouvement par une alimentation à découpage en boîtier séparé.
Le bras de type droit, fabriqué en Allemagne, a été développé spécifiquement. Sa pièce principale (le tube) se compose de fibres de carbone. Le reste des pièces fait appel à aluminium.
La platine est livrée d’origine avec une cellule à aimant mobile conçue en partenariat avec Audio Technica (pointe Micro Line) à partir du modèle AT 440.
Le réglage de la force d’appui s’effectue traditionnellement par une molette dont la graduation est peu précise. Pour ajuster cette force d’appui, vous devrez avoir recours à une petite balance complémentaire. Le réglage d’anti-skating s’effectue via un petit poids latéral à la graduation tout aussi imprécise qui nécessitera un disque vinyle contenant une large plage « lisse » pour réaliser ce réglage avec la précision requise.
Autre point positif à relever : le cordon de modulation n’est pas « prisonnier » du socle. Bien que ELAC livre d’origine un cordon de modulation de qualité plus que correcte, vous pourrez choisir le cas échéant un câble de qualité supérieure, car cette platine le mérite. D’ailleurs, le constructeur ne s’est pas privé d’installer deux fiches RCA d’origine Neutrik plaquées or, ce qui démontre tout l’intérêt qu’il porte à la qualité de connexion.
ECOUTE :
Les tests d’écoutes ont été réalisés en auditorium avec le matériel suivant : préamplificateur VTL TL 2.5 I & bloc de puissance VTL ST-150 – préamplificateur phono Musical Fidelity M1 – enceintes acoustiques TANNOY Kensington Gold Référence Prestige, câbles modulation YBA Glass et HP NORDOST Dawn Red.
Vinyles utilisés : Toccata et Fugue & Fugue en Sol Mineur BWV 578 de Jean-Sébastien Bach par Marie-Claire Alain – « Jalousie » par Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli – Quiet Nights par Diana Krall – Gwendal Vol. 4 – « Contrastes » par Pachacamac.
• Toccata et Fugue Fugue en Sol Mineur bwv 578 de Jean-Sébastien Bach par Marie-Claire Alain
Nul besoin d’être un grand expert en matière d’écoute musicale pour se rendre compte qu’avec la « complicité » de la platine Miracord 90 le système dans son ensemble dévoile intégralement le contenu de la Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach. Le son des tuyaux de l’orgue délivre sa « pleine puissance » avec un souffle d’air pur qui arrive à l’auditeur comme une vague déferlante, sans toutefois l’agresser – vous saisissez la nuance ?. On reconnaîtra volontiers la fluidité avec laquelle les notes « évoluent » dans le temps et l’espace : elles s’enchaînent avec une « flexibilité » et une aisance qui mettent en exergue cette page classique signée Bach et la divine interprétation de Marie-Claire Alain.
La scène sonore se montre d’une ampleur à la hauteur des dimensions des grandes orgues de la Collégiale de Saint Donat dans la Drôme. Nous arrivons facilement à appréhender la couleur des timbres issue de chaque tuyau et la « mise en scène » holographique.
La Fugue en Sol Mineur BWV 578 nous révèle les innombrables variations qui émanent d’une prise de son qualitative. Cette platine s’applique à mettre l’accent sur un grand nombre de détails, sur les plus infimes coloris, et les tuttis qui tintent à l’unisson sans qu’aucune altération ne vienne modifier la liberté d’expression.
• « Jalousie » par Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli
Le « duo de choc » constitué par Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli se matérialise par des enchaînements de violons aussi bien maîtrisés par les maestros que par la platine elle -même. Les deux interprètes s’y entendent pour faire chanter et danser leur violon respectif avec un doigté inégalé. Le jeu de questions / réponses de ces deux violons montre avec quel répondant le système s’exprime. Les notes s’enchaînent majestueusement avec cette aisance qui n’appartient qu’aux grands interprètes et aux grands systèmes audio.
Vous y percevrez la finesse et le velouté des violons, leur sonorité respective, le suivi méthodique de chacune des notes, une douceur bienvenue, et la rigueur d’exécution qui ne laisse aucune place à l’approximation. Sous des couleurs chaleureuses (sans excès), les différentes interprétations se « matérialisent » par une chaleur humaine relayée par la platine et le système audio dans son ensemble.
La restitution s’affiche comme tonique et on appréciera à leur juste valeur le registre grave dense et suffisamment profond de la contrebasse, le registre fin des drums et des violons, autours d’un registre médium « fouillé » et bien documenté d’où fourmillent un nombre étend de micro informations.
• Quiet Nights par Diana Krall
Quelle classe ! Diana Krall s’en donne réellement à cœur joie pour vous faire partager ses textes et les mélodies qu’elle affectionne comme le démontre cette série de « reprises » divinement interprétées. Cette platine ELAC nous fait donc partager ces interprétations dans une ambiance à la fois intimiste et particulièrement communicative au point que l’on se croirait en présence de Diana Krall. Le côté chaleureux et humain de la voix montre l’application et l’implication de la chanteuse et procure alors un bonheur musical sans concession : l’objectif est pour ma part atteint.
Chaque parole, chaque reprise de souffle, peuvent être intégralement perçues et démontrent la pureté qu’est capable de reproduire cette platine. Cette platine se concentre sur la transparence que l’on savourera aussi bien au travers de l’impeccable phrasé de Diana Krall que sur les subtiles notes de piano, la lisibilité de la contrebasse, et les coups de cymbales qui s’associent à l’accompagnement orchestral bien amené. Les capacités d’analyse poussées nous permettent aussi de déguster le bruissement du « frettage » de la guitare.
• Gwendal Vol. 4
J’aime assez ce groupe qui associe musiques celtiques et rock très rock où se mêlent et s’opposent le splendide son du violon et celui de la flûte traversière. Sur bien des extraits, les deux instruments sont distinctement reproduits avec la précision et le caractère qui les différencient. L’accompagnement de la guitare électrique, de la basse, et de la batterie nous mettent en regard d’une reproduction particulièrement vive et enjouée, très dynamique, impulsive même. Les capacités à réagir vite et bien sont largement éprouvées. Il ressort de ces enregistrements une vivacité et une rapidité d’exécution à toutes épreuves qui Les capacités toniques s’apprécient sur le jeu de batterie, les riffs de guitare électrique, et le jeu de guitare basse qui affichent une rythmique en pleine effervescence.
• « Contrastes » par Pachacamac
Une grande brassée d’air pur émane de cette série d’enregistrements à base de Sikus (flûte de pan) et Kena où la transparence nous permet de vérifier la justesse d’interprétation et de goûter au charme d’une musique andine très affirmée . Avec cette platine, nous nous aventurons sur les chemins d’une recherche harmonique, mélodique et rythmique d’une authenticité incroyable. Chaque note apparaît détachée, chaque inflexion est ressentie par sa précision quasi parfaite. La présence du charango apparaît si légère mais si présente qu’il en émane une couleur d’une magnifique fraîcheur et une présence physique incroyable. On notera au passage que la scène sonore revêt une stabilité absolue.
La matérialisation des instruments prend ici une forme particulière, notamment sur les percussions. L’ impact sur la peau des tambours se montre « consistante » et naturelle. Quand à la couleur des timbres, nous sommes bien loin d’une « production » aseptisée ou « synthétique ». Justement, cette platine a été mise au point pour donner une couleur de timbres étendue qui aboutit sur une richesse que l’on retrouve habituellement sur des platines de gammes bien supérieures.
Conclusion :
Cette platine signée ELAC arrive à point nommé au moment où le vinyle reprend la place qui lui revient. Cette platine gagne donc à être connue et reconnue. La cellule MM livrée d’origine ne permet peut-être pas de tirer la quintessence de ses « possibilités » musicales. Cependant nous sentons bien que cette platine pourra tirer le meilleur parti de vos précieux disques vinyle avec une cellule plus performante et de préférence à bobine mobile.
Enfin, avec la cellule livrée d’origine, nous atteignons déjà des « performances » musicales de haut niveau qui nous permettent de juger du potentiel de cette platine de dernière génération, qui pourrait devenir une référence incontournable dans le monde du vinyle.
Synthèse : | Musicalité : de haut niveau Appréciation personnelle : excellente impression Rapport musicalité – prix : très très bon |
Prix : 2390 € (04/2017)
Avec cellule
Tests d’écoutes réalisés par