DENON PMA 710 – AE
Origine : Japon
Amplificateur intégré à transistors
Puissance : 2 x 50 W sous 8 ohms
Puissance : 2 x 85 W sous 4 ohms
Bande passante : 20 Hz à 20 kHz
Distorsion : < 0.01% à 1 kHz
Rapport signal / bruit : 107 dB
3 entrées haut niveau RCA
1 entrées phono MM
2 entrées magnétophone
2 sorties magnétophone
1 sortie amplificateur supplémentaire
1 sortie casque jack 6,35 en façade
DENON fait partie de ces marques »généralistes » incontournables que les plus anciens d’entre nous connaissent depuis plusieurs décennies. A une certaine époque DENON s’était singularisé par ses platines disques vinyles, certaines platines à cassettes, ses premiers lecteurs CD, et même certains amplificateurs en mode intégré ou séparé. De plus, la marque généraliste proposait d’origine une section phono intégrée de qualité qui n’avait rien à envier à la concurrence.
Après s’être mise entre parenthèse du marché de la haute fidélité dite à prix »accessible », depuis quelques années DENON revient avec une gamme de produits nouveaux dont cet amplificateur intégré PMA 710 – AE qui se situe en milieu de la gamme actuelle.
Comme il est de coutume chez le constructeur, cet amplificateur très conventionnel reprend dans les grandes lignes le concept et la réalisation de bonne qualité à laquelle nous somme habitués depuis une des années avec une présentation sympathique mais traditionnelle et une finition correcte, et pour tout dire rassurante.
Le PMA 710 – AE est un amplificateur très complet et son utilisation est fort agréable grâce à une télécommande ergonomique permettant de piloter la quasi totalité des fonctions, et fournie d’origine. Sur le plan conceptuel, rien de très extraordinaire : l’électroniques est implantée au sein d’un châssis en tôle pliée relativement peu épais avec découplage plutôt minimaliste en matière d’efficacité, mais la face avant qui reçoit l’intégralité des fonctions fait appel à une plaque d’aluminium polie à l’allure plutôt sympathique.
Cette face avant accueille un grand nombre de fonctions dont les inutiles réglages de tonalité graves / aigus débrayables (mode direct), ainsi qu’une touche de correction physiologique (loundness) qui n’a vraiment pas vocation à trouver une place méritante au sein d’un produit dit audiophile : voici déjà deux mauvais points qui ne plaident pas en faveur de cet intégré. Ensuite, le PMA 710 – AE permettra d’accueillir deux paires d’enceintes acoustiques comme en témoignent les deux sélecteurs A et B, pour une écoute en ambiophonie, mais aussi pour un bi-câblage éventuel si nécessaire. On notera la présence d’un réglage de balance très judicieux dans le cas d’enregistrements déséquilibrés, et une prise casque jack 6,35 (pourquoi pas), dont je n’ai pas testé l’efficacité.
Au verso, on ne sera pas surpris de trouver un double bornier de qualité plutôt moyenne pour les deux paires d’enceintes ou le bi-câblage, acceptant le fil nu et les fourches – les fiches bananes pourront être acceptées en »décapsulant » ces borniers. Les fiches RCA qui permettant la connexion de 3 sources haut niveau, 2 enregistreurs en entrée / sortie, et la platine vinyle sont eux aussi de qualité plutôt moyenne.
Sur le plan technique, rien de nouveau sous le soleil : il s’agit d’un schéma repris sur des versions précedentes, toutefois DENON semble avoir mis l’accent sur l’alimentation avec l’utilisation d’un transformateur principal avec enroulements séparés pour les circuits analogique et numérique. Les bobinages du transformateur de puissance sont séparés pour les circuits relatifs au signal audio et pour les circuits de contrôle.
Selon le constructeur, avec ce principe, on élimine ainsi les interférences mutuelles et les influences néfastes sur la qualité sonore. Le PMA – 710 AE utilise également un transformateur optimisé, afin de réduire la consommation électrique lorsque l’appareil se trouve en mode veille et de réduire son impact sur l’environnement : c’est plutôt positif. Le constructeur ne s’étend pas plus sur le reste de la conception, mais j’ai relevé que d’origine le PMA 710 accueille une section phono MM (aimant mobile) qui selon mes sources repose sur les mêmes principes et utilise des composants discrets, comme cela était le cas sur les produits d’antan, et visiblement s’avère très performante.
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ECOUTE
Les tests d’écoute ont été effectués dans des conditions assez précaires au sein d’un auditorium mal insonorisé avec le matériel suivant : lecteur DENON DCD 710 AE du même constructeur, les enceintes TRIANGLE Altéa, Antal, et Satus, et les DAVIS EVA 5 et Matisse – câbles HP tout ce qu’il y a d’ordinaire.
- Test N° 1 : Requiem de Mozart KV 626 par Herbert Von Karajan
- Test N° 2 : Dardanus de JP Rameau par John Eliot Gardiner
Au bout des 5 premières minutes de l’écoute du Requiem de Mozart avec les 2 enceinte Triangle Altéa et Antal, le verdict tombe, et moi qui suis resté debout pour l’écoute, je tombe également : le 710 AE est réellement décevant ! J’ai beau chercher, tendre l’oreille, il n’y a rien, mais absolument rien de musical à l’écoute. Bien évidement, j’admets bien volontiers que j’ai plus l’habitude de côtoyer des ensembles de renom, généralement plus performants, mieux associés, écoutés dans des conditions bien meilleures, mais une écoute plus conventionnelle permet d’avoir aussi un diagnostic intéressant sur des produits ou associations lorsqu’ils sont écoutés dans des conditions plus ou moins »basiques ».
Bon, l’écoute se poursuit pendant une bonne demi-heure afin de cerner au mieux ce qui ne va pas, ce qu’il manque, etc…. La restitution manque de conviction, d’attaques, les choeurs du Requiem de Mozart reflètent une musicalité que je qualifierais de »conserve » : aucun brin d’humanité ne permet de cerner les voix, et encore moins avec l’orchestre qui apparaît comme plat, avec des timbres mats, peu ou pas de subtilité ou de variété. La lisibilité est aléatoire et un voile permanent semble demeurer sur chaque instrument de musique.
La restitution apparaît comme simplifiée : le grave est écourté, l’aigu pourtant fade, remonte subjectivement de façon agaçante et même fatigante lorsqu’on monte le volume sonore. Le registre médium est peu fouillé, lisse, monotone. On a du mal à cerner la couleur des violons, les grandes orgues sont reléguées au rang d’un vague accompagnement musical, quand on arrive à les percevoir. Sur la montée en puissance de l’orchestre et des choeurs, on a l’impression que l’amplificateur s’essouffle rapidement, qu’il manque d’énergie et de maîtrise. Les percussions sont d’une mollesse vraiment curieuse, sans vigueur, sans rondeur, sans poids. L’ensemble manque de couleurs et de délicatesse.
Le seconde écoute consacrée à quelques extraits de Dardanus de Rameau est proposée de façon réellement médiocre. Il est même assez difficile de cerner le tempérament de l’amplificateur, du lecteur CD, et surtout des enceintes acoustiques. A noter que les enceintes Triangle ne contribuent pas réellement à mettre en valeur le peu de caractéristiques musicales qui pourraient être proposées par l’amplificateur DENON PMA 710 – AE.
Sur plusieurs extraits, les instruments de musique apparaissent comme décharnés, un peu « verts » avec un manque cruel de grain et de matière. Le clavecin est quasiment absent, et lorsque l’on perçoit son jeu, celui-ci apparaît comme loin de la réalité. Les subtiles instruments de percussion apparaissent quand ils en ont envie sans constance, et au gré de l’humeur des enceintes qui ne brillent par leur présence, sauf dans le haut du spectre perpétuellement présent avec une forme d’agressivité déplaisante. Les percussions sont à la fois sèches, courtes, et fades.
Sur le plan de la scène sonore, celle-ci est écourtée dans les trois dimensions; voir »ratatinée » si je puis utiliser ce terme. Il n’y a pas de profondeur de scène, la largeur et l’ampleur de cette scène sonore est étriquée, et si la hauteur paraît »plausible » et acceptable, on aurait souhaité un peu plus d’air entre les musiciens : on a l’impression que ceux-ci sont »stockés » à chaque coin dans chaque enceinte avec un espace vital réellement confiné.
Dans la seconde partie du test, à ma demande, le démonstrateur a bien voulu connecter les enceintes Davis Eva 5 et Matisse (compte rendu en page Écoutes / enceintes).
Avec ces enceintes acoustiques, les choses s’arrangent quelque peu. La musique s’adoucit, et certains traits de caractère de l’amplificateur sont un peu mieux mis en valeur. Mais, à l’évidence, le PMA 710 n’est pas un « foudre de guerre » mais les enceintes Davis permettent d’entendre plus de choses, avec un meilleur équilibre subjectif ; cependant les enceintes Davis contribuent à mettre l’accent sur les carences évidentes de cet amplificateur et certainement du lecteur CD qui l’accompagne. On voit bien que la transparence manque de façon significative, et que la musique est souvent monocorde, voire monotone.
Les enceintes Davis permettent pourtant de voir que cet amplificateur intégré a une bande passante subjective assez large, et que finalement le grave descend relativement bas sans sourciller avec même un peu de poids, sans rondeur excessive (c’est le moins qu’on puisse dire). Le médium n’est pas plus fouillé, mais on entend un peu plus de choses – toutefois la constance de subtils détails n’est pas le point fort de cet amplificateur (a-t-il des points forts d’ailleurs ?). Les enceintes Davis permettent habituellement de conforter l’auditeur avec une scène sonore acceptable. Avec le PMA 710, on s’aperçoit que cette scène sonore légèrement plus ample n’a pas de quoi rivaliser avec les amplificateurs concurrents, et n’est pas convaincante.
Conclusion :
Je pourrais multiplier les critiques, et les insuffisances de cet amplificateur – cela me paraît superflu. Si DENON a voulu, avec sa nouvelle gamme, frapper fort, alors le constructeur Japonais s’est radicalement trompé, ou alors le PMA 710 AE est un cas.
Si je fouille dans ma mémoire, le PMA 710 me rappelle par de nombreux aspects les PMA 737 et 747 que j’ai possédé autrefois : il leur manquait déjà pas mal d’éléments pour être réellement convaincants sur le plan musical. Par ailleurs, le prix proposé est déjà élevé, et pour ce prix (et même un prix inférieur), il ne sera pas difficile de trouver mieux avec un amplificateur de meilleure tenue qui apportera réellement de réelles caractéristiques musicales : je pense notamment aux Atoll IN 30, IN 50, au Rega Brio 3, mais aussi aux petits Rotel ou Nad qui apparaissent plus amusants et plus chantants que ce triste Denon.
Cotations : |
Musicalité : quelconque
Rapport qualité – prix : moyen |
Prix : 420 € (05/2010)
Test d’écoute réalisé par
Lionel Schmitt
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