Origine : Grande Bretagne
Amplificateur intégré à transistors
Puissance sous 8 ohms : 2 x 55 watts
Puissance sous 4 ohms : 2 x 85 watts
Bande passante : 10 Hz à 100 kHz +/- 2dB
Rapport signal / bruit : >102dB
Taux de distorsion : < 0,005% de 20 Hz à 20 kHz
5 entrées ligne RCA
1 entrée ligne XLR
1 sortie bloc de puissance
1 Sortie casque jack 6,35
CREEK fait aussi partie des grands noms de la haute fidélité britannique et réalise depuis près de 40 ans des électroniques, qui, il faut bien le reconnaître, ont leur charme. Les électroniques arborent une présentation relativement dépouillée avec juste ce qui est nécessaire en façade pour mettre en fonction les appareils. Par ailleurs, le catalogue CREEK est relativement « contenu » et comporte que deux amplificateurs intégrés dont le 50A qui fait l’objet de la présente analyse. Chaque amplificateur pourra être complété par un lecteur CD respectif et le cas échéant, deux préamplificateurs phono sont disponibles et deux blocs de puissance pourront venir compléter les équipements en place. Cependant, il vous sera possible de faire évoluer les deux amplificateurs intégrés par ajout des cartes spécifiques suivantes :
– module phono Sequel Mk3,
– module tuner AM/FM,
– module Dac 24 bits/192 kHz Ruby 2 avec quatre connecteurs S/PDIF et un port USB,
– module Bluetooth Comet.
C’est aujourd’hui le modèle Evolution 50A dans sa dernière version qui a attiré mon attention. Cet amplificateur intégré est un excellent compromis entre deux autres références Britanniques que sont le REGA Brio et le NAIM Nait 5si. Cependant, comme nous le verrons plus loin, cet amplificateur a sa propre personnalité et une signature sonore un peu différente de celle des deux électroniques citées, et radicalement opposée à celle d’un amplificateur ATOLL IN 100.
La face avant très fine en aluminium brossé de bonne épaisseur rassemble la majeure partie des touches de fonctions et un écran Oled qui indique l’entrée sélectionnée et le niveau de volume. ll sera en outre d’une aide précieuse pour vous guider dans les différents menus. Bien entendu, une télécommande a été prévue pour accéder à l’intégralité des fonctionnalités, dont un réglage de balance et des réglages de tonalités grave / aigu heureusement débrayable. On notera que cette face avant comporte aussi une prise casque au format jack 6,35, qui, si mes souvenirs sont bons offre de bonnes perspectives musicales.
Outre les cinq entrées haut niveau au format RCA, la face arrière comporte une entrée Ligne au format XLR et une sortie RCA pour un bloc de puissance stéréo. Les quatre bornes HP privilégient les fiches bananes mais n’interdisent nullement l’utilisation des fourches ou le câble nu.
L’intérieur de l’appareil me rappelle furieusement les électroniques des millésimes précédents dont le 6060 que j’ai personnellement possédé pendant quelques années. Toutefois, CREEK précise que le schéma a été revu au niveau de la section de puissance.
Le cœur du réacteur est bien évidemment le transformateur toroïdal d’une forte capacité donnée pour 200 Watts avec des enroulements séparés pour les circuits analogiques et numériques ainsi que pour la section de puissance. Plutôt que d’utiliser de gros condensateurs, CREEK a pris l’option de mettre en parallèle plusieurs condensateurs basse impédance afin de créer un « système » de condensateur aux fins de « lisser » le courant et assurer une stabilité visant à favoriser une sonorité la plus précise possible. Dans sa version de base, tous les composants sont rassemblés sur une unique carte plutôt compacte afin de minimiser le trajet du signal. Pour la section de puissance, les concepteurs ne se sont pas privés d’implanter des transistors bipolaires d’origine Sanken 15 ampères avec un gain très élevé en boucle ouverte destinés à minimiser la distorsion.
Tout ce petit monde repose au sein d’un berceau en U en tôle pliée; la stabilité étant renforcée par l’épaisse face avant en aluminium et quatre pieds de découplage en aluminium doublé d’un matériau amortissant. Rien de « fracassant », mais il semble que l’efficacité soit au rendez-vous.
Ecoute et impressions :
Ce banc d’essai est compilation de différentes séances d’écoutes effectués en auditoriums en Angleterre, en Suède, au Danemark avec notamment le lecteur CREEK Evolution 50CD, enceintes DALI et B&W et des câbles VAN DEN HULL.
Ces tests on été complétés à domicile avec le lecteur YBA CD Classic PLayer 3, enceintes acoustiques PEL KANTOR, câbles de modulation ESPRIT Beta, YBA Glass, câbles HP ESPRIT Aura et YBA Diamond.
Pour l’alimentation secteur : barrettes FURUTECH F-TP 615, câble secteur G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque. Câbles secteur ESPRIT Alpha, Celesta & Eterna.
CD utilisés : « Cinéma » par Renaud Capuçon – Scarlatti : Sonates pour piano vol.2 ~ piano : Mikhail Pletnev – Mozart par l’ensemble Zefiro ~ Direction Alfredo Bernardini – Marquises de Jacques Brel – Dance into Eternity par Omar Faruk Tekbilek – The Glory that was Gerschwin – par Franck Chacksfield – Quiet Nights par Diana Krall – La Folie de Gregorio Paniagua – Collaboration par le Modern Jazz Quartet with Laurindo Elmeida – Portrait de Tri Yann – Jazz på svenska par Jan Johansson – Sirba Orchestra – Meedle de Pink Floyd – « Prodiges » par Camille Berthollet – CD test Naim Sampler N°6, etc…
Couleur des timbres
Ne tergiversons pas : le CREEK Evolution 50A affiche immédiatement la couleur. Quelques soient les extraits utilisés, nous reconnaîtrons facilement la personnalité qui caractérise les amplificateurs de la marque. Une once de chaleur émane clairement du message musical; une sonorité britannique qui ne surprendra pas les amateurs du genre.
Le registre aigu file suffisamment haut pour « distiller » un bon nombre de détails sans besoin de tendre l’oreille. On reconnaîtra volontiers une belle finesse sur les violons, les coups de cymbales montrant un bon sens de l’ouverture. Le « message » des trompètes offre une sonorité cuivrée, ne montrant aucun signe de stress pour l’auditeur. En ce sens, l’Evolution 50A a tendance à arrondir des angles : nous pourrions ainsi classer cette caractéristique dans la colonne des points positifs.
Le registre médium vient compléter ce registre aigu avec une excellente formulation notamment sur les vocaux et les jeux de guitares acoustiques. L’analyse effectuée par cet amplificateur permet de distinguer clairement un grand nombre de nuances et d’articulations à travers un message plutôt aéré et bien documenté. Sur ce paramètre, cette mouture CREEK affiche une transparence de bon ton, et pour peu qu’on utilise des câbles de modulation et HP bien choisis, nous sommes certains de pouvoir percevoir un large éventail de détails.
Le registre grave me semble correct. Il tient ses objectifs, sans pour autant prétendre à descendre très bas. Le jeu de contrebasses ou de guitares basses ne sont ni lourdes ni légères. Le dosage m’est apparu « intéressant » et répondra à des exigences élevées. Le registre grave est dégraissé : on appréciera la texture ferme et la lisibilité rarement prise en défaut. Ainsi, le suivi de chaque note est largement audible, et tout au moins sans caricature ou d’excès. Pas de boursoufflures sous des airs de faux-semblants ne viennent enjoliver artificiellement le bas du spectre.
Fluidité et confort d’écoute
L’amplificateur CREEK Evolution 50A est un amplificateur « facile à vivre », un partenaire plutôt sympathique pour tout style de musiques. Le 50A diffuse une musique toujours agréable à écouter avec une fluidité qui ne se dément à aucun moment. La monotonie ne fait pas partie du cahier des charges des concepteurs. Aussi, et quelques soient les enceintes acoustiques mises en œuvre, vous pourrez déceler avec bonheur une foule d’articulations, de nuances, un grand nombre de détails et une reproduction qui a de la « matière ». Cela s’entend sur les percussions et le côté « plein » qui en découle. Même si l’étoffe n’atteint pas des sommets, il y a cette « consistance » qui va bien dans le sens d’un confort d’écoute satisfaisant, fort appréciable sur de la musique baroque tout comme sur le jazz.
Dynamique – réactivité – rigueur
Plutôt que d’évoquer la dynamique et la réactivité, je décrirais plus volontiers le comportement de cet amplificateur comme étant pétillant. C’est d’ailleurs ce terme qui convient à tous les amplificateurs de la marque CREEK depuis les origines. Il n’est évidemment pas question de remettre en question la dynamique et encore moins la réactivité. Les écarts de dynamique sont pris en charge avec une excellente rigueur et le 50A se montre à la hauteur de la plupart des extraits complexes ou des masses orchestrales « chargées ». Certains extraits de Meedle Par Pink Floyd vous le prouveront.
Sur de la musique plus classique, cet aspect pétillant pourrait s’apparenter à la dégustation d’un verre de champagne avec ses fines bulles et sa saveur gouleyante. Je peux ainsi dire qu’avec le 50A, la musique peut alors se déguster comme un grand vin.
Scène sonore
C’est peut-être sur ce point que l’Evolution 50A accuse certaines limites. Non pas que la scène sonore soit restreinte, mais elle n’a pas l’extension de son grand frère l’Evolution 100A ou celle d’autres amplificateurs de la concurrence. Dans le même esprit, j’ai trouvé un manque de perspectives et des contrastes un peu moins marqués qu’avec d’autres amplificateurs. C’est en écoutant notamment Quiet Nights par Diana Krall que j’ai senti une certaine introversion de la voix de la chanteuse par rapport à la sonorité du piano. Je n’irais pas jusqu’à dire que la chanteuse était « enfermée » dans son piano, cependant j’aurais apprécié davantage de contraste et surtout une présence plus affirmée de l’interprète dans la pièce d’écoute.
En ce sens, l’ajout d’un bloc de puissance complémentaire aura tôt fait de donner davantage de « volume » à la scène sonore et un gain en aération substantiel.
Communication avec l’auditeur
Les impressions d’ensemble m’ont laissé une excellente impression lorsqu’il s’agit de faire passer des messages musicaux forts. La communication entre les musiciens et l’auditeur s’établit assez rapidement car l’Evolution 50A a toutes les prédispositions requises pour faire vibrer ceux qui attendent un peu plus qu’un objet à diffuser des sons. Sur les thèmes lyriques, tout comme sur les grandes musiques de films par exemple, cet amplificateur « travaille » son sujet de telle sorte que le côté émotionnel soit au rendez-vous; assurément, il l’est.
Sur les très bons enregistrements, nous arrivons aisément à percevoir tous ces « petits plus » qui font la différence avec certains amplificateurs Japonais ou Chinois qui font parfois preuve de retenue sur certains paramètres subjectifs ou qui ont tendance à simplifier le message. L’Evolution 50A se pliera en quatre pour reproduire et vous faire bénéficier, dans de parfaites conditions, une musique riche en substances.
Conclusion :
L’amplificateur intégré CREEK Evolution 50A est un produit musicalement convivial, simple et pratique à utiliser, aux fonctionnalités étendues dès sa version de base, évolutif et joli à regarder. Ce n’est pas un amplificateur parfait ni totalement neutre, mais il comblera de bonheur ceux qui recherchent une musicalité qui va un peu plus loin que les concurrents de même gamme et de prix voisins.
Prix : 1190 € (08/2019)