L’édito de Lionel
Ces « arrangeurs » de musique classique qui ont si mauvaise presse
Chacun d’entre nous écoute la musique et éprouve un certain plaisir au travers de styles différents et plutôt éclectiques. Outre les « standards » que sont le jazz et la musique dite « classique », il y a des « pistes » parallèles qui ont été explorées depuis la nuit des temps par des artistes, compositeurs, chefs d’orchestres, et qui, à priori, ont été très contestées par les puristes d’un genre ou d’un autre.
A travers cet article, je voulais un peu faire le tri dans tout cela et m’intéresser davantage à un genre qui, de tous temps, a fait l’objet de nombreuses critiques – critiques parfois virulentes.
STOP ! : « on ne touche pas à la musique classique ! Tous les arrangeurs qui ont réorchestré des œuvres classiques les ont massacré… » voici, ce qui m’a été rapporté, il y a quelques années, par musicien professionnel issu d’un conservatoire Français réputé.
Bien que l’époque des classiques réinterprétés soit un peu passée de mode, j’ai voulu approfondir le sujet et regarder de plus près ce qui pouvait résulter d’une telle démarche, hier surtout, mais aussi et plus rarement de nos jours.
Ces arrangements classiques peuvent être « logés » dans la catégorie des musiques dite de divertissement. Déjà, ce terme donne le ton.
Les musiciens ou chefs d’orchestres qui se sont essayés à cette discipline n’ont jamais eu la prétention de se mesurer avec les plus chefs d’orchestres qui ont marqué les époques.
Si l’aspect artistique peut paraître « faible », voir sans intérêt culturel, l’idée première repose sur une sensibilisation à la musique classique d’un public plus large ou novice que le public mélomane qui « s’approprie » généralement les sacro-saintes œuvres de ce répertoire. L’idée n’est (n’était) pas sotte en soi. Après tout , la musique est universelle; elle doit être accessible à tous. Les arrangements classiques constituent une façon d’avoir accès à une belle mélodie issue d’un répertoire que l’on croit parfois élitiste ou simplement destiné à des mélomanes « avertis ». Il me semble que le trompettiste Maurice André (il n’est pas le seul) avait réussi en ce sens à établir une forme de dialogue entre la musique classique et un auditoire pas forcément sensible aux « grandes pages » de ce répertoire.
Je ne crois pas qu’il faille forcément reléguer aussi simplement ces interprétations au rang de musiques de supermarchés ou d’ascenseurs. Certains arrangeurs ont par le passé réussi des tours de forces musicaux fort intéressants. Depuis quelques années, je me suis donc mis à explorer certaines pistes. Un grand nombre d’entre elles me sont apparues intéressantes, voir séduisantes sur bien des plans. Je ne dois pas être le seul, puisque Radio Classique en diffuse de temps à autre à défaut de les recommander chaudement.
Bien entendu, il nous incombe de faire une sélection drastique dans ce qui est mis à notre disposition, mais je pense qu’il ne faut rien s’interdire et essayer de décrypter ce que l’arrangeur a souhaité transmettre à son auditoire.
Que valent les arrangements classiques sur le plan artistique ? pour ma part, j’ai déniché quelques pépites qui valent la peine que l’on y prête une oreille attentive. Quelques unes, récentes ou anciennes, illustrent mes bancs d’essais, et je leur accorde une « valeur artistique » de bon niveau et que je recommande de temps à autre.
La série DECCA Phase 4 s’est autrefois singularisée dans ce genre d’éditions, en marge des éditions plus classiques, ré-éditées aujourd’hui.
Evidemment, dans ce genre de répertoire, il y a un peu de tout, mais je crois pas qu’il faille forcément tout jeter d’un bloc. Certes, ces arrangeurs de musique classique ne vous feront pas forcément rêver – ça n’est pas la vocation de leur démarche (encore que…) – en revanche, il vous feront découvrir simplement des « pages célèbres » en essayant de vous sensibiliser aux grandes œuvres et aux grandes compositeurs qui ont marqué les époques. Il me semble que c’est cela qu’il faut retenir de ce raisonnement.