CARY AUDIO SLI – 80
Origine : Etats-Unis
Amplificateur intégré à tubes
Puissance : 2 x 40 watts en mode triode – classe A
Puissance : 2 x 80 watts en mode ultra linéaire – classe AB
Bande passante : 19 Hz à 23 kHz
Taux de distorsion : non spécifié
Rapport signal / bruit : ≥ 82 dB
3 entrées haut niveau RCA
1 sortie subwoofer
CARY AUDIO n’est pas une marque très répandue dans nos contrées ; je dirais même qu’elle est assez mal connue en France. Pourtant cette marque d’origine Américaine est belle et bien distribuée sur notre sol par PPL avec quelques revendeurs bien répartis sur le territoire français.
Contrairement à bien d’autres manufactures, la marque n’est pas très ancienne. Sa fondation remonte à 1989. Elle fut créée par Denis et Donna HAD à RALEIGN en Caroline du Nord. Dès le départ, les concepteurs ont choisis de fabriquer des électroniques à tubes. Pourtant soucieux de s’adapter au « marché », CARY a diversifié son offre avec des sources numériques, des amplificateurs pour casques, des préamplificateurs phono, et même plus récemment des éléments dédiés au Home Cinéma.
Par sa présentation cossue, cet amplificateur inspire immédiatement la confiance. Sans être imposant, le SLI-80 fait « sérieux » ne serait-ce que par la qualité des composants implantés. Si la face avant, taillée dans une plaque d’aluminium massif, se caractérise par un design plutôt fin, l’électronique qui la surplombe se veut « imposante ». L’ensemble, accusant un poids de 19 kg, repose sur quatre pieds en matière synthétique qui, visiblement, assurent un bon couplage avec le support.
Cette face avant comporte un minimum de commandes. Toutefois, après examen, il s’avère que celles-ci sont un peu plus étendues que sur les produits de la concurrence. Outre le sélecteur de mise sous tension, nous avons un sélecteur pour trois sources haut niveau, le réglage de volume sonore piloté par une télécommande en aluminium massif via un potentiomètre d’origine Alps, et oh surprise, un réglage de balance. Par ailleurs, une prise casque au format jack 6,35 mm, un interrupteur coupant le signal des enceintes acoustiques, viennent compléter les possibilités d’exploitation. On notera qu’aucune protection ne vient protéger l’électronique à tubes et l’alimentation de belle capacité.
La télécommande rassemble elle aussi un minimum de fonctions : le réglage du volume sonore et la fonction « mute », sont les seules commandes disponibles. J’aurais apprécié que le réglage de balance figure au menu.
Cette électronique à tubes est implantée sur un châssis en tôle pliée de forte épaisseur qui garantit une excellente immunité contre toute forme de vibrations d’origine mécanique. Sous ce châssis « trône » un circuit totalement câblé en l’air, à l’exception du récepteur à infrarouge recueillant les informations issus de la télécommande : volume et mute.
L’alimentation générale est assurée par un transformateur toroïdal de forte capacité autours duquel prennent place de part et d’autre les transformateurs de sortie dédiés à chacun des canaux et fortement isolés. Ils sont secondés par deux condensateurs de 1200 microfarads qui se porteront garants d’une « tenue » en courant irréprochable.
L’étage d’entrée fait appel à deux tubes d’entrée double triode 6922 et deux tubes triode 6SN7 montés sur socle en céramique à contacts argentés. L’étage de sortie repose sur un push-pull de KT 88 de marque Electro Harmonix. Enfin deux tubes complémentaires rèf 5U4 servent de régulateur de courant.
La face arrière confirme bien la configuration double mono du schéma. De part et d’autre de la fiche IEC on trouve quatre connecteurs RCA directement boulonnés sur le châssis avec isolation téflon. Trois d’entres eux permettent de relier les sources haut niveau, et le quatrième est une sortie destinée à driver un sub-woofer. Quatre bornes HP de qualité complètent le tableau arrière : elles autorisent le fil nu, les fourches, et fiches bananes. Enfin, les étages de sortie gauche et droite sont protégés par des fusibles et l’utilisateur aura le choix de l’impédance 4 ou 8 ohms grâce à deux énormes clefs à bascule.
Le propriétaire du SLI-80 pourra en outre procéder au réglage de la polarisation des tubes de sortie de chaque canal, via deux vis de taille significatives, sous réserve qu’il ait à sa disposition un ampèremètre qu’il connectera à deux fiches jack prévues à cet effet.
Le SLI-80 peut à votre convenance « travailler » en mode triode ou ultra linéaire. La commutation s’effectue au moyen de deux clefs conséquentes. Je précise tout de suite qu’avec les enceintes acoustiques utilisées, j’ai largement privilégié le mode triode.
Ecoute :
Les tests d’écoutes ont été réalisés en auditorium avec le matériel suivant : Drive Moon 260 D – convertisseur Moon 380 D – Enceintes PE LEON Alycastre et TANNOY Kensington Gold Référence Prestige – Câbles modulation Audioquest et HP Kimber Kable 4 VS.
CD utilisés : Les géants du jazz jouent Georges Brassens – CD test NAIM Sambler N° 6 – 5ème Symphonie de Beethoven dirigée par Rudolf Kempe (réédition Esoteric) – Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Double jeu par Laurent Korcia – Quiet Nights par Diana Krall – Celtic Spectacular sous la Direction de Erich Kunzel – Dance Intro Internity par Omar Faruk Tekbilek,etc…
1° Timbres
L’amplificateur intégré CARY SLI-80 a un énorme atout, et c’est peut-être la chose la plus importante qu’il faudra retenir parmi tout ce qui va suivre : une fois arrivé à température, il a faculté de mettre immédiatement l’auditeur à l’aise. En effet, je considère cet amplificateur particulièrement bien « timbré » sur tout le spectre audible.
Le registre aigu est fin et soyeux, même onctueux sur les cuivres des ‘’ Géants du Jazz jouent Georges Brassens ‘’. La douceur générale fait aussi partie des caractéristiques qu’il conviendra à tout à chacun d’apprécier à sa juste valeur. Cette douceur n’enlève rien à la perspicacité du registre aigu ; lequel file suffisamment haut pour mettre en évidence un grand nombre de micro détails repérés notamment au travers des coups de cymbales.
Son registre médium est très bien reproduit ; il constitue sans doute un modèle du genre dans la mesure où il met bien en évidence toutes les « articulations » d’un ensemble de cuivres et de cordes : vous pourrez alors suivre chacune des articulations d’un instrument soliste ou d’une voix. La texture « charnue » des vocaux, réellement très agréable, met clairement en avant la diction et les différentes intonations de la soliste Maria Stader lorsque celle-ci interprète le ‘‘ Kyrié ‘’.
Le registre grave ne peut être pris en défaut. Même s’il n’est pas le plus abyssal qu’il m’ait été donné d’entendre, il ne paraît pas écourté pour autant : il tutoie les fréquences les plus utilisées sans une once d’atrophie ou autre coupure. Le registre grave a une consistance que j’ai pu apprécier sur les différents jeux de contrebasses, mais aussi sur les jeux de timbales d’un orchestre symphonique.
S’agissant des différents jeux de contrebasses, nous pouvons retenir leur superbe lisibilité, leur exquise précision qui confirment un suivi des notes impeccable.
Avec les enceintes TANNOY Kensington Gold Référence Prestige comme avec les PE LEON Alycastre, je recommande de régler l’amplificateur en mode triode. Le mode ultra linéaire délivre une restitution moins riche et / ou plus plate. J’ajoute cependant, qu’il s’agit d’une une affaire d’appréciation personnelle – le possesseur de cet amplificateur pourra aisément adapter son amplificateur en fonction de ses enceintes acoustiques, ses extraits favoris, ou ses goûts personnels.
2° Transparence – sens de l’ouverture – fluidité
Comme beaucoup d’amplificateurs à tubes de qualité, l’amplificateur CARY s’affiche avec une transparence incontestable permettant de déguster une foule de subtilités, de petites intonations issues d’instruments parfois restés dans l’ombre ou relégués en second plan par une prise de son plus ou moins soignée. Cet amplificateur va spontanément « creuser les sillons » aux fins d’extirper des nuances qui font la différence entre musique dépourvue d’humanité et une musique riche en émotions.
Le sens de l’ouverture : le SLI-80 connaît : aucune forme de voile ne vient obscurcir ou ternir l’expression musicale. Il émane de cet amplificateur une vitalité et une sorte de bouffée d’oxygène qui m’ont fait réaliser que la musique respire et s’exprime sans contrainte avec une facilité et une liberté réellement satisfaisantes. Cela donne envie de passer de longues heures en compagnie de cet amplificateur et bien évidemment en compagnie de vos CD préférés.
Parmi les autres qualités relevées, je n’hésiterais pas à mentionner la remarquable fluidité du SLI-80. Quelques soient les extraits écoutés, la musique s’écoule de manière déliée, limpide, naturelle, et sans forme de « rugosité ».
3° Scène et image sonore
Le SLI-80 déploie une image panoramique qui s’étend dans les trois dimensions. Les différents plans sont bien respectés, avec des reliefs assez bien marqués. Sans apparaître démonstratif, cet amplificateur vous invite simplement à vous immerger au cœur d’un orchestre, ou tout au moins, vous situer au plus proche de la scène sonore.
Le SLI-80 s’exprime en outre avec un certain « doigté » et surtout sans brutalité. La musique s’écoule de manière naturelle avec ce qu’il faut en matière d’aération. Bien « bordée » entre les enceintes acoustiques, la scène sonore offre une belle « enveloppe » doublée d’un panorama plutôt holographique qui, bien évidemment, ravira les amateurs d’orchestrations généreuses à tous points de vue.
S’agissant de l’étagement des plans vous n’aurez aucune mal à faire la distinction entre les groupe d’instruments (ou voix) de premier plan, de ceux de second ou troisième plan. J’ai même trouvé que cet amplificateur avait un certain don pour modeler et mettre en valeur des nuances parfois restées dans l’ombre. Cela a été perceptible notamment au travers de la ‘’ Toccata et Fugue ‘’ de Jean Sébastien Bach dirigée par Léopold Stokowski (1973) ou le positionnement de chaque groupe d’instruments est très clairement identifiable.
4° Dynamique – réactivité – rigueur
Le SLI-80 n’est peut-être pas l’amplificateur le plus rapide, mais très objectivement on ne peut pas lui reprocher de « traîner des pieds » ou de capituler devant un quelconque obstacle. Le SLI-80 se montre plutôt docile à bien des titres et répond présent lorsqu’il s’agit affronter des orchestrations complexes et de grandes envergure. En ce sens, sa réactivité m’a permis de pouvoir écouter sereinement et dans d’excellentes conditions le ‘’ Requiem de Mozart ‘’ dirigé par Karajan. Les différentes phases de montée en puissance de l’orchestre s’effectuent avec précision qui démontre sa souplesse. On lui reconnaîtra sa rigueur lorsque les chœurs « attaquent » leurs phrases musicales avec un enthousiasme non dissimulé et une fougue qui nous montre que cet amplificateur sait s’exprimer à haute et intelligible voix.
Sans être très démonstratif, le SLI-80 se veut dynamique et tonique quand cela est nécessaire. ‘’ Valéria ‘’ interprété par le Modern Jazz Quartet m’a permis de juger le comportement d’un piano qui s’exécute avec une vivacité doublée d’une précision remarquable. Le jeu de contrebasse prend toute son importance par la lisibilité des accords et l’impeccable suivi de chaque note de musique.
Le redoutable jeu de vibraphone a réussi avec succès son « examen de passage » et reflète bien le fait que le SLI 80 ne rechigne aucunement devant la difficulté. A aucun moment, je n’ai senti que le SLI 80 capitulait ou accusait des limites sur tel ou tel paramètre. L’amplificateur a démontré ses capacités à déployer l’étendue des multiples reflets qui caractérise le difficile jeu de vibraphone.
5° Communication avec l’auditeur
Sans paraître extraverti, l’amplificateur CARY SLI-80 n’en est pas pour autant timide. Il s’exprime librement, spontanément, et vous invite à déguster une œuvre musicale sans détours ni forme de « dissimulation ». Je dirais même que cet amplificateur a de belles prédispositions pour faire chanter une œuvre musicale classique. A cet effet, il sera plus à son aise sur des styles musicaux lyriques, classiques, orchestraux, jazz que sur des musiques plus contemporaines. Il s’applique à analyser finement les enregistrements qui lui sont confiés et à vous les proposer avec toute la justesse qui convient.
Le « grand frisson » ne s’est fait pas attendre lors de l’écoute de ‘’ Dance Intro Internity ‘’ par Omar Faruk Tekbilek. Le SLI-80 m’a prouvé qu’il savait faire « vibrer » son auditoire. Qu’il s’agisse du jeu de flûte, du jeu de oud, dont le fruité est irrésistible, on décèle un réel enthousiasme de la part des interprètes qui jouent pour notre plus grand plaisir. Grâce à cet amplificateur, on reconnaît la passion débordante qui les anime pour délivrer une musique vivante, belle, et riche en émotions.
L’authenticité, on la retrouve aussi sur de « grandes » œuvres classiques telles que la ‘’ 5ème symphonie de Beethoven ‘’ – direction Rudolf Kempe (réédition Esoteric CD / SACD). Du grand Beethoven qui permet d’obtenir une dimension musicale qui parle à l’auditeur par le côté charnu des instruments, l’enveloppe que prend l’orchestre philarmonique de Munich, les minuscules inflexions des cordes, les multiples variations, le « poids » et l’étoffe des percussions, dont les impacts sont de qualité significative. Ce grand art s’appuie sur les performances sans concessions de cet amplificateur réellement « communicatif ».
Conclusion :
Sur les bases de ce qui précède, je pense que l’amplificateur intégré CARY SLI-80 fait bien son travail. Sa « spontanéité », sa transparence, son « approche » en matière de couleurs des timbres l’autorisent incontestablement à rivaliser avec un grand nombre d’amplificateurs à tubes de sa catégorie. Cependant son prix de vente actuel, lié en grande partie à la parité du Dollar par rapport à l’Euro ne joue malheureusement pas en sa faveur et c’est bien dommage car musicalement, le SLI-80 est un amplificateur talentueux avec lequel je vous suggère de faire plus amplement connaissance.
Synthèse : | Musicalité : harmonieuse et élégante Appréciation personnelle : très bonne approche d’ensemble Rapport musicalité – prix : – – |
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Prix : 4900 € (11/2015)
Lionel Schmitt