B&W DM 804 Diamond
Origine : Grande Bretagne
Enceinte 3 voies / 4 HP – bass-reflex
Rendement : 90 dB / 1w / 1m
Impédance nominale : 8 ohms
Puissance admissible : 200 watts
Puissance minimale : 50 watts
Réponse en fréquence : 38 Hz à 28 kHz +/- 3db
Dimensions : ( H x L x P ) 102 x 23,8 x 35,1
Je ne crois pas nécessaire de présenter la marque B & W (Bowers et Wilkins), pourtant il est bon de rappeler que la célèbre marque exerce en Angleterre depuis près de 50 ans sous l’impulsion de son fondateur – John Bowers. Cette société demeure une des références mondiales dans le milieu de la haute fidélité, et même chez les professionnels puisque les enceintes B & W sont utilisées à des fins de contrôles des enregistrements aux studios d’Abbey Road ; quelle référence !
Depuis l’origine, la marque et son créateur ont su faire évoluer leurs produits en améliorant tous les paramètres techniques et acoustiques. Le fruit de ces évolutions permanentes ont conduit à réaliser la série 800 Diamond qui comprend cinq références aux quelles s’ajoutent un caisson de grave et deux enceintes centrales.
J’ai choisi d’écouter et de vous faire partager mes impressions sur la première colonne de la série 800 fraîchement arrivée en auditorium : la 804 Diamond. Certes, la 804 n’est pas inconnue des audiophiles qui apprécient ou utilisent déjà des enceintes de la gamme 800, mais cette dernière mouture hérite du savoir-faire et surtout des dernières inovations mises en oeuvre par le constructeur.
La 804 Diamond ressemble à l’ancienne 804 d’origine dont elle reprend intégralement l’architecture interne, mais bien évidemment, elle intègre de nouveaux composants dont un tweeter en diamant.
Cette enceinte de type colonne est une trois voies dotée de 4 haut-parleurs dont 2 sont dédiés au registre grave. Tout d’abord, le fameux tweeter en diamant qui est un modèle à dôme monté sur un tube permettant d’atteindre une fréquence de résonance de 70 kHz. Ce genre de fréquences inaudibles par l’oreille humaine pourrait s’avérer inutile en valeur absolue. Pourtant, se sont ces fréquences extrêmes qui , se combinant aux autres ondes permettent de créer cette ambiance et ces vibrations particulières produites par les instruments de musique.
Le montage »tubulaire » favorise la dispersion des sons dans le sens de la profondeur, et permet de dissiper l’énergie de l’onde arrière, et juguler les résonances au minimum qui seraient à même de perturber l’écoute. A noter que le diamant utilisé a été recomposé en « accéléré », mais selon un processus naturel ramené de quelques milliards d’années à quelques heures. Ce tweeter exceptionnel fait appel à un système de »moteur » utilisant 4 aimants destinés à améliorer la sensibilité, et redynamiser la restitution (dixit le concepteur).
Pour le registre médium, B & W utilise un haut-parleur pourvu d’une membrane en Kevlar tressé – l’objectif étant de réduire au minimum les ondes réfléchies qui colorent habituellement ce registre. Naturellement, l’amortissement a été appréhendé avec bienveillance, avec pour mission principale l’élimination des ondes périphériques qui viennent se créer autours de la membrane. Ainsi, il se dégage du registre médium beaucoup de pureté, comme j’ai pu en juger et dont j’aurai l’occasion de parler un peu plus loin.
Le registre grave fait appel à 2 boomers dont les membranes respectives sont constituées d’un matériau composite. Le double aimant permet de réduire les distorsions. Les filtres sont de conception très simple, mais font appel à des composants d’exception dont des condensateurs d’origine Mundorf en or / argent / huile réalisés sous cahier des charges B & W. Enfin, la gestion de la charge bass-reflex a fait l’objet d’études et de tests poussés; l’évent de décompression est constellé à sa sortie de petites aspérités sur sa surface qui ont pour but de générer des micro-courants destinés à faire circuler l’air de manière libre, régulière, et sans bruits parasites. Vous l’aurez compris la 804 D, est une enceinte très sophistiquée. Et qui dit sophistication, implique d’associer les enceintes avec du matériel de haute volée.
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ECOUTE
Les tests d’écoute ont été effectués avec le matériel suivant : lecteur CD Esoteric P 05, convertisseur / préamplificateur Esoteric D 05, bloc de puissance Classé Audio CA 2100, câbles numériques, de modulation et HP Esprit et Silent Wire.
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Test N° 1 : Requiem de Mozart KV 626 par Herbert Von Karajan
Dès les premières mesures, la salle d’écoute s’emplit de manière spontanée, aérienne et progressive par la montée en puissance des choeurs et de l’orchestre. On sent bien ici la maîtrise des électroniques et la bonne tenue des enceintes sur les charges complexes, qui s’expriment en toute liberté, sans aucune crispation. Je précise aussi que les enceintes n’étaient pas totalement rôdées. En dépit de cette remarque, les vocaux s’expriment avec un côté naturel, pur, dépourvue de sifflements ou d’agressivité, ce qui rend l’écoute assez déconcertante. Que de souplesse dans l’interprétation, quelle élégance, quelle transparence, qui confirme immédiatement ce côté aérien. La voix soprane de Wilma Lipp se détache explicitement de l’orchestre, et il n’est nullement besoin de tendre l’oreille pour saisir chaque note de l’orgue qui intervient de manière très intelligible avec une superbe élégance. Les percussions ont un poids et une présence bien dosés, et sont reproduites avec une lisibilité exemplaire.
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Test N° 2 : Excalibur (Carmina Burana) – Orchestre Philharmonique de Prague
Dans cet extrait de Carmina Burana on appréciera également les choeurs qui s’expriment avec une magnifique puissance qui secondent, et surtout se détachent, sans peine de l’orchestre philharmonique de Prague. Les choeurs sont envoûtants, généreux, et l’on entend une forme de respiration des interprètes à chaque reprise. Un côté majestueux et somme toute très élégant ne fait aucun doute. Aucune défaillance n’est à craindre, tout est audible, compréhensible, et il convient de souligner l’excellente fluidité et le détachement de tous les plans et registres, avec une abstraction totale d’affolement ou de crispation à »haut régime ». La musique est proposée de manière un peu magique, et j’oserais même dire presque parfaite – mais n’éxagérons rien tout de même.
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Test N° 3 : La Folia – Gregorio Paniagua
La Folia ne fait pas preuve ici de folie, mais au contraire de spontanéité et de véracité. La 804 Diamond décortique tout, passe absolument tous les instruments au peigne fin, ne laisse rien au hasard ou dans l’ombre. Chaque instrument de musique est parfaitement bien détouré, bien mesuré, avec une somme de détails et le sens du respect. La flûte baroque arrive progressivement, et l’on peut suivre son jeu à la note près. Le clavecin si difficile à retranscrire habituellement, redonne cet aspect à la fois étincelant et matérialisé, vraiment proche de l’original. Les multiples percussions qui illustrent cet extrait sont savoureuses à entendre, avec un excellent dosage, et surtout un positionnement dans l’espace réaliste. Le violon, qui passe souvent – avec des système audio plus ou moins ambitieux – pour un vulgaire crin-crin, est restitué avec un velouté étonnant, un côté lisse mais précis qu’il convient de mettre à l’actif de cette enceinte. A aucun moment, tel ou tel instrument n’est projeté en avant ou au contraire relégué au second; ainsi, la 804 Diamond a le pouvoir de laisser chaque instrument à sa place, mais elle met la lumière sur chacun d’eux sans discrimination. Aucun voile ne vient perturber l’écoute, au contraire, se sont des timbres lumineux qui émanent de cette écoute. Cette constatation m’amène à dire que cette enceinte sepolarise sur l’ouverture dans tous les sens du terme. Enfin, le tempo est très bien soutenu, et aucune trace de traînage n’est à relever.
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Test N° 4 : Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire – Volume 2
Si un côté »brouillon » devait se dégager à l’écoute de certains extraits, on ne pourrait que les imputer à l’ingénieur qui a opéré la prise de son et le mixage. Très analytique (mais pas trop tout de même), la 804 ne met nullement tel ou tel registre en avant, elle se contente de restituer la musique telle qu’elle a été enregistrée, mais aussi telle qu’elle est reproduite par le lecteur CD, le bloc de puissance, et les câbles. Ici encore, la part belle est donnée aux choeurs, mais aussi aux vocaux solos qui nous sont offerts avec un aspect naturel très prenant. Les nappes de violons et le cuivres accompagnent de manière intelligible et intelligente toutes les chansons.
Toutefois, au chapitre des critiques à formuler, j’ai pu relever à un moment donné une certaine confusion – mais à la réflexion, je pense qu’elle est issue du mixage, et sans doute imputable à celui qui l’a mise en oeuvre. Ce détail m’avait échappé lors d’autres écoutes. Côté grave, la ligne de basse électrique se détache fort bien du reste de l’orchestre avec une lisibilité incontestable. Les percussions et les timbales percutent avec conviction, précision, et un poids jamais pris en défaut. Sur le critère des détails, déjà décrit par ailleurs, on surprend un cromorne « électrifié », mettant en évidence les limites en performances du microphone utilisé qui n’échapperont pas à un auditeur attentif et exercé. Le petit triangle, souvent mis dans l’ombre, étincelle comme il faut et quand il faut, et le jeu de mandoline parfois discret a repris sa place pour quelques notes éparses. Enfin, la grosse guitare électrique Fender de Jean-Luc Chevalier qui »fend la bise » est à son comble lors des solos qui permettent d’appréhender des harmoniques et des accords techniquement difficiles à réaliser. Une excellente note pour les applaudissements qui séparent chaque morceau de musique, et une bonne note également pour le positionnement des musiciens au sein de la scène sonore.
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Test N° 5 : Double jeux par Laurent KORCIA
Ils sont venus, ils sont tous les là, et bien là…….les musiciens qui accompagnent Laurent Korcia. L’accordéoniste joue de façon spontanée, et il n’est nullement besoin de tendre l’oreille pour entendre sa respiration, ou son jeu de mains sur les touches de l’instrument – ça respire l’authentique, le vécu, le réel, et toutes les subtilités sont nettement audibles. Le jeu de contrebasse est à la fois profond, précis, et d’une lisibilité remarquable…….d’une beauté trop rarement obtenue ou entendue. Un très bel hommage est rendu à cet instrument si difficile à jouer et à écouter qu’est le violon. Les notes de musique s’enchaînent avec grâce, et un »phrasé » qui lui donne des teintes variées, donnant à l’instrument une dimension crédible, un naturel qu’il convient de souligner, et un côté soyeux que les puristes ne bouderont à aucun moment.
Conclusion :
En guise de conclusion, je dirais que la B & W 804 Diamond arrive au bon moment, car elle apporte une forme de nouveauté, chez B & W bien sûr, mais chez les constructeurs d’enceintes acoustiques en général. Le premier qualificatif qui vient à l’esprit est, sans aucun doute, la pureté. En effet, avec ce modèle (et tous ceux de la gamme Diamond), la 804 n’est à aucun moment prise en défaut, et ne décevra pas ceux qui recherchent une forme de réalisme, car elle a toutes les qualités requises pour accompagner un système audio de haut niveau.
Je précise aussi que la 804 Diamond n’en fait pas trop, elle sait gérer agréablement toutes formes de modulation. Elle fait preuve d’une excellente maîtrise des instruments, des voix, des registres, des impulsions, et s’exprime de façon très libre et très fluide, sans accroc, ni fausses notes. Elle gère les rythmes avec respect, et rend hommage aux meilleurs enregistrements qu’elle restitue avec élégance.
Cotations : |
Musicalité : finesse et transparence garanties
Appréciation personnelle : convaincu
Rapport musicalité – prix :très bon |
Prix : 7000 € (04/2010)
Ecoute réalisée par
Lionel Schmitt
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