ATOLL IN 300
Origine : France
Amplificateur intégré / Dac à transistors
Puissance : 2 x 150 watts sous 8 ohms
Puissance : 2 x 260 watts sous 4 ohms
Bande passante : 5 Hz à 100 kHz
Rapport signal / bruit : 100 dB
Taux de distorsion : 0,5% à 1 kHz
Temps de montée : 2,5 microsecondes
4 entrées haut niveau RCA
1 entrée haut niveau XLR
1 sortie enregistreur
1 entrée enregistreur
1 Entrée by-pass
1 sortie casque jack 6,35
2 entrées numériques Coaxiales
2 entrées numériques Optiques
1 entrée USB-B
Je ne crois plus utile de présenter ATOLL, devenu au cours des 20 dernières années un représentant notoire de la haute fidélité française.
Ce constructeur Normand s’était jusqu’ici distingué par sa gamme de produits accessibles sur le plan tarifaire, mais également avec une gamme plus ambitieuse, plus coûteuse, baptisée 400.
Entre le coûteux IN 400 et l’excellent IN 200, il manquait un amplificateur intégré « intermédiaire » qui ait une véritable vocation haut de gamme à un prix disons démocratique. Le projet de réaliser un tel amplificateur était dans la tête des concepteurs depuis quelques années. Ce n’est finalement que fin 2016 que la société ATOLL a commencé à communiquer sur cette nouvelle référence qu’est l’IN 300. Depuis, le rêve est devenu réalité et l’IN 300 suit désormais son petit bonhomme de chemin avec succès, au point de devenir une référence incontournable dans cette gamme de produits.
L’IN 300 est plus qu’un amplificateur intégré : il incorpore un convertisseur numérique/analogique complet aux multiples possibilités d’exploitation et de connexion. Il faut reconnaître que ATOLL est aussi passé maître dans l’art de « traiter » les signaux numériques.
Tout a été mis en action pour offrir au futur acquéreur un appareil simple d’utilisation, fiable, bien fabriqué et musical.
Le choix des composants électroniques est d’être anodin. ATOLL est très fier d’avoir implanté sur la carte analogique des condensateurs MKP Mundorf blindés et sur sa carte de conversion des condensateurs MKP Vishay.
L’étage de sortie associe deux transformateurs toroïdaux de 440 VA chacun, autours d’un schéma double mono de configuration symétrique. Cet étage de sortie fonctionne avec une très faible contre-réaction. Il se distingue par une dynamique importante et une musicalité très naturelle (nous y reviendrons). Le total capacitif de 12 x 6800 uF garantit un comportement « idéal » et stable en toutes circonstances.
Chaque canal « travaille » avec un triple push-pull de transistors Mos-Fet qui développe une puissance de 150 watts sous 8 ohms par canal, qui augmente d’environ 40% sous une charge de 4 ohms; soit 260 watts. Avec un tel « équipage », vous pouvez être assuré de pouvoir connecter à l’IN 300 les enceintes acoustiques les plus redoutables ou difficiles sur le plan de la sensibilité.
Pour assurer leur refroidissement, chaque transistor est monté sur son propre dissipateur en lieu et place d’une « grille » commune. Je peux attester de l’efficacité du montage et à puissance « confortable », l’IN 300 ne semble pas chauffer plus que de raison.
Dans un soucis de ne pas « mélanger » les genres, ATOLL a même prévu une petite alimentation spécifique séparée d’une valeur de VA à faible consommation pour la gestion de l’afficheur et des circuits logiques. A chaque section, sa fonction !
La face arrière nous renseigne sur les possibilités multiples de connexions; tant en ce qui concerne la section analogique que la section numérique. L’heureux propriétaire de cet amplificateur pourra relier à l’IN 300 cinq sources haut niveau dont une en mode symétrique avec connecteurs XLR. Les possesseurs de platines vinyles seront comblés car l’une des entrées RCA pourra être « transformée » en entrée phono via le module optionnel. ATOLL, reste fidèle à l’entrée et la sortie pour un enregistreur analogique (c’est rare, mais c’est bien aussi). Le cas échéant, vous pourrez utiliser aussi cet appareil en tant que préamplificateur ou bloc de puissance séparés.
Si le connecteurs RCA apparaissent « simples », ATOLL a cependant choisi des modèles plaqués or pour assurer un contact efficace. Les borniers de sorties d’enceintes sont en cuivre sont spécialement réalisés pour cet appareil. Il acceptent le fil nu, les fourches, et fiches bananes.
Différentes sources numériques pourront être reliées à cet amplificateur via deux entrées coaxiales, deux entrées optiques, et une entrée USB-B asynchrone qui prend en charge les signaux PCM 32 bits – 384 kHz, DSD 2.8 MHz / 5.6 MHz, via des puces AKM – AK 4490 pour les signaux PCM 32 bits – 768 kHz et DSD : 2.8 MHz / 5.6 MHz / 11.2 MHz.
La sobre face avant en aluminium épais légèrement stylisée, élégante, regroupe deux commandes rotatives de part et d’autre d’un afficheur bleu : une pour le réglage du volume / balance et l’autre la sélection des sources et standby par appui. On y décèle aussi une prise casque au format jack 6,35 millimètres. L’insertion du connecteur casque dans cette prise met automatiquement l’étage de sortie hors service.
La télécommande commune à plusieurs produits ATOLL reprend l’intégralité des fonctions dont l’extinction de l’afficheur en façade. Le réglage du volume sonore est « géré » par un double atténuateur à commutation numérique à résistances, permettant de modifier précisément l’équilibre gauche / droit (balance), la mise en veille, l’extinction de l’appareil, et le choix des sources. Ces différents réglages peuvent également être pris en charge directement par l’appareil.
Ecoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués en auditorium avec le matériel suivant : lecteur CD MOON Néo 260 D, enceintes acoustiques ELAC FS 407, câbles de modulation YBA Glass, câbles HP NORDOST Leif Red Dawn.
Pour l’alimentation secteur : barrette NORDOST QB 8 Mk2, câbles secteur Leif Red Dawn de la même marque.
ATOLL – MOON – ELAC : un trio harmonieux et équilibré
CD utilisés : Jazz på svenska par Jan Johansson – « Ainsi parlait Zarathoustra » de Richard Strauss ~ Direction Lorin Maazel – Collaboration par le Modern Jazz Quartet with Laurindo Elmeida – Rummadou / Générations de Tri Yann – Naim – CD test Sampler N°6 – Quiet Night’s par Diana Krall – « Prodiges » par Camille Berthollet –Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach dirigé par Léopold Stokowski – Dance into Eternity par Omar Faruk Tekbilek – « Portrait » par Angèle Dubeau & La Pietà – etc…
Approche musicale d’ensemble – Impressions
Les caractéristiques musicales de cet amplificateur tranchent assez nettement avec les productions auxquelles ATOLL nous avait habitué jusqu’ici (hors gamme 400 et récente Signature). Ceux qui croient encore que la signature sonore des produits ATOLL rime avec sécheresse et acidité risquent d’être très (agréablement) surpris et peut-être même décontenancés.
L’IN 300 rompt avec la tradition qui consistait à proposer des timbres assez montants. Le pas est franchi et ATOLL change de « style ». Ainsi, globalement, j’ai trouvé cette « nouvelle » sonorité plutôt assez ronde et plus chaleureuse. L’IN 300 ne délivre cependant pas une musicalité enrobée, mais a davantage travaillé sur la notion de douceur. Cette nouvelle approche ne sacrifie en rien les caractéristiques liées à la précision, à la définition et au détourage des notes qui font la réputation des autres références.
J’aurais tendance à dire qu’avec l’IN 300, la marque a trouvé un équilibre subjectif qui permettra à cet amplificateur de s’associer harmonieusement avec une palette étendue d’enceintes acoustiques plus étendue. L’IN 300 symbolise à mon avis une forme de maturité qui lui autorise une pluralité en matière d’association (sources et câbles inclus). Il constituera le socle d’un système haut en couleurs et expressif.
Communication avec l’auditeur et expression musicale
• « Portrait » par Angèle Dubeau & La Pietà
Sans esbroufes ni autres effets de manches, l’IN 300 vous mène à l’essentiel. Il diffuse la musique d’Angèle Dubeau avec une « force de persuasion » et une franchise qui vous mettront en condition pour déguster les morceaux les plus « significatifs » de l’album Portrait. Quelle délicatesse dans le phrasé de la harpe qui introduit le premier extrait. L’ensemble de violons semble voler dans le temps et l’espace tant on peut constater que la scène sonore est ample et aérée. J’ai particulièrement apprécié l’onctuosité qui émane du violon soliste tout comme celui de l’ensemble à cordes qui accompagne Angèle Dubeau. La musique s’écoule de manière spontanée. Les enchaînements sont bien « huilés » : la liberté d’expression m’amène à mettre l’accent sur la fluidité éprouvée qui singularise cet amplificateur au tempérament musical que je qualifie volontiers de velouté. A l’évidence, le concept de l’IN 300 avait pour objectif de s’approcher le plus possible d’une restitution authentique et fidèle; en ce qui me concerne personnellement, cet objectif est atteint.
• « Prodiges » par Camille Berthollet
Notre petite Camille Berthollet nationale se révèle être un véritable prodige de l’archet (et du violon) notamment au travers du Concerto pour deux violons de Jean-Sébastien Bach; extrait au cours duquel l’IN 300 démontre la précision et la vivacité dont il est capable. Au premier abord, j’ai eu le sentiment d’une certaine retenue, mais j’ai rapidement révisé mon appréciation car les capacités de réaction du jeu endiablé de l’artiste sont reproduites sans hésitations. Par sa rapidité d’exécution, nous reconnaîtrons facilement la maîtrise de l’instrument, le subtil vibrato sur le manche de l’instrument et la rigueur d’interprétation qui vous donnent le frisson attendu. L’IN 300 s’illustre également par sa ferveur et une sorte de « fraîcheur musicale » bienvenues et bigrement appréciables. Cet amplificateur s’applique à donner aux différents et éclectiques extraits de cet album une « tournure » musicale d’une élégance inhabituelle.
• « Ainsi parlait Zarathoustra » de Richard Strauss – Direction Lorin Maazel
Par l’extrait Ainsi parlait Zarathoustra et plus précisément son ouverture « percutante », l’amplificateur nous démontre bel et bien ses capacités à descendre suffisamment bas pour « encaisser » les fréquences abyssales de l’orgue. Sa conception générale, son alimentation généreuse, ainsi que le choix des composants, leur implantation, placent l’IN 300 en tête de liste des amplificateurs intégrés qui reproduisent une musique hautement énergétique. Sans « courber l’échine » devant la montée en puissance de l’orchestre, nous percevons sans peine une quantité importante d’informations. Les attaques sont gérées avec toute la fougue attendue et un dosage exempt de défauts. L’aspect mélodieux prédomine grâce à une stabilité de l’image sonore et un excellent contrôle des effets de « masse orchestrale ». Lorin Maazel donne la mesure, l’IN 300 s’exécute sans hésitation : l’IN 300 obéit au doigt, à l’oeil et la baguette. Les percussions sont reproduites avec des impacts impeccables doublés d’une densité et d’une matérialisation réalistes et plutôt tonique, sans pour autant en faire de trop.
La scène sonore est bien campée entre les deux enceintes acoustiques; il se passe bien de choses au centre. Les différents plans sont définis avec exactitude, si je puis m’exprimer ainsi, comprenez par là que vous pourrez évaluer les instruments ou groupes d’instruments de premier plan de ceux de second plan. Les effets de relief dans les trois dimensions sont explicites.
L’IN 300 a un caractère affirmé et une personnalité qui se « mesure » par la présence des différents groupes « d’intervenants » dans l’espace sonore. Ceci induit forcément une structure de la scène sonore fort bien agencée, logique, bien construite. L’aspect hyper holographique n’est peut-être pas des plus démonstratif, cependant, le panorama général débouche sur une ampleur qui va dans le sens d’une écoute confortable.
• Dance intro Eternity – Omar Faruk Tekbilek
L’IN 300 s’y entend à merveille pour procurer des émotions. Qu’il s’agisse de l’album Dance intro Eternity ou d’autres, si vous souhaitez percevoir des sensations de bonheur musical, choisissez par exemple certains extraits à la teneur mélancolique. Avec ce test, j’ai découvert un jeu de oud d’une magnifique transparence à travers laquelle on pourrait même confondre le déroulement des notes avec celui d’une harpe. La sonorité boisée de l’instrument montre que l’IN 300 délivre des timbres d’une onctuosité particulière. Cette onctuosité se complète d’un détourage qui, en outre, fait fi de toute forme d’agressivité ou autre fatigue auditive.
Bien que sur le papier la bande passante soit étendue, ATOLL s’est vraisemblablement penché sur le cas du registre médium autours duquel s’articule avec linéarité, homogénéité et « continuité » les autres gammes de fréquences (grave et aigues). Sur ce point, la flûte baroque se révèle particulièrement éloquente. Sa sonorité naturelle offre une foule de « dégradés » qui s’enchaînent et se succèdent avec pléiade de contrastes. Ces « fondus d’enchaînés » provoqués par le mouvement des lèvres de l’interprète sur le bec de l’instrument et entretenus par la façon qu’il a de faire osciller le flux d’air autour du biseau est hallucinant. Ces « phénomènes prouvent les capacités d’analyse réellement poussées de cet amplificateur.
• Quiet Nights par Diana Krall
Beauté, force de persuasion, et communication optimale entre l’artiste et l’auditeur. L’IN 300 est de nature chantante; ça tombe bien car Diana Krall a les mêmes prédispositions. Toute la chaleur humaine de l’artiste est prise en charge par cet amplificateur qui ne se prive pas de mettre en lumière la diction « charnelle », le phrasé clair, où chaque mot, chaque syllabe sont analysés et reproduites avec un charme et une lisibilité du meilleur effet.
La voix particulièrement suave et naturelle de Diana Krall se positionne en relief sur l’orchestration de fond : il n’y a pas à dire, les nappes de violons et le jeu de piano sont « propres », nettes, soyeuses. Toute la finesse qui se caractérise aussi par quelques coups de cymbales au timbre tellement réaliste et qui « évoluent » dans le temps et l’espace avec beaucoup de tact et de nuances. Vous l’aurez deviné, l’IN 300 est aussi une référence en matière de « gestion » des harmoniques.
• Jazz på svenska par Jan Johansson
Par ce magnifique album un peu hors du temps, hors des normes habituelles, on se complaira à déguster un jeu de piano où chaque note se détache l’une de l’autre sans amalgame avec une pureté qui fait plaisir à entendre. Certes, de cet enregistrement émane un souffle inhérent à une prise de son assez ancienne. Toutefois, les capacités d’analyse poussées de l’amplificateur ressortent sont valisées. En plus, vous aurez droit à une foule de subtilités; des subtilités qui font la richesse de ces interprétations fournies en harmoniques.
Le jeu de contrebasse est reproduit comme je l’aime : il accompagne le piano de manière sobre. Chaque note pincée avec délicatesse se veut d’une précision redoutable. Leur suivi est irréprochable et donne du corps à l’interprétation et démontre un degré d’ouverture qui est un élément complémentaire à verser à l’actif de cet amplificateur qui ne jure que par sa musicalité « charmante ».
Conclusion
Je ne connais pas les prérequis qui ont conduit à la réalisation de cet amplificateur. Toujours est-il que l’IN 300 marque un tournant dans l’approche musicale qui nous était familière avec les référence 50,80, 100 et même 200 du constructeur ATOLL.
Les fondamentaux propres à la marque, tels que l’analyse, la transparence, la rapidité, la précision demeurent, mais l’IN 300 apporte un « timbrage » et des couleurs tonales différentes, nouvelles en quelque sorte. L’IN 300 est un produit qui mérite la plus grande attention et qui risque de bouleverser bien des idées reçues. C’est un amplificateur aux possibilités multiples est à écouter sans plus attendre.
Synthèse : | Musicalité : remarquable Appréciation personnelle : séduit de bout en bout Rapport musicalité – prix : réellement très bon |
Prix : 2800 € (07/2018)