L’édito de Lionel
Acuité auditive et passion audiophile
Ne nous mentons pas : la dégradation des facultés d’audition due à l’âge est une réalité. Nous pouvons même nous demander si ce « phénomène » n’est pas à même de remettre en question les passions audiophiles tout comme la performance des produits qui contribuent à rendre la musique la plus réaliste possible.
La plupart des manufacturiers mettent sans cesse en avant des performances de haute volée en croissance permanente. Les audiophiles, quant à eux, se disputent sur les performances mesurées de produits coûteux, haut de gamme et forcément très chers.
Certains « critiques » de tous poils n’hésitent pas à s’emparer du sujet pour remettre en question ces performances, alors qu’avec l’âge, presbyacousie (destruction progressive des cellules ciliées) nous touche tous sans exception. Dès lors, les mêmes n’hésitent pas à affirmer qu’avec l’âge, il est ridicule d’investir des sommes importantes dans un élément ou un système complet HI-FI de haut / très haut de gamme. Par ailleurs, le sujet touche également les concepteurs de ces produits ainsi que les musiciens, ingénieurs du son, etc… dont la moyenne d’âge est très supérieure à 20 ans.
Pas de conclusions hâtives ! Hormis des facteurs aggravants tels que le patrimoine génétique ou des traumatismes liés à l’exposition au bruit, il est important de ne pas tout mélanger et surtout de se morfondre en pensant que, passé un certain âge (à définir), nous n’entendons plus rien et qu’il est inutile d’investir dans un système audio aux performances qui permet de nous sensibiliser à la qualité de reproduction.
Ne nous mentons pas à partir de l’âge de 20 ans, notre acuité auditive baisse sensiblement d’année en année. On estime une perte en fréquences d’environ 1000 Hz tous les 10 ans. Ainsi, sauf accident de parcours, dès 50 ans on peut s’estimer heureux d’entendre encore des fréquences voisines de 8000 Hz. Sans oublier que la perception des fréquences les plus graves deviennent également moins perceptibles avec le temps.
Dès lors, devant un tel bilan, inéluctable de surcroît, nous pouvons vraiment nous interroger sur l’utilité de miser sur des performances acoustiques.
Rassurons-nous, cette triste réalité ne doit nullement altérer notre envie d’accéder à une musicalité de qualité. En effet, la clef de la reproduction musicale repose sur les fréquences médium. Cependant, il apparaît que la majorité des instruments de musique délivre des fréquences n’excédant pas 4000 Hz dans les hautes fréquences, et environ 30 Hz dans les fréquences les plus abyssales.
Alors à quoi sert-il de mentionner, de mesurer, d’atteindre et concevoir des appareils dont la réponse en fréquences atteint des valeurs comprises entre 10 Hz et 100 kHz, voire davantage ?
Si chaque instrument affiche une réponse en fréquence finalement limitée, celle-ci est toujours complétée d’harmoniques plus aiguës qui contribuent à la définition de l’instrument et l’enrichissement de ses timbres. Une grande partie de la richesse des instruments se trouve justement dans les harmoniques et la façon dont les sons évoluent dans le temps et l’espace. Il est donc important que les produits audio contribuent à favoriser la « dispersion » des hautes fréquences et de l’ensemble des micro informations de réverbération liées à la taille, à la composition de l’instrument de musique ainsi qu’au lieu d’enregistrement.
En d’autres termes, les performances croissantes des appareils et leur mise au point seront toujours perceptibles par la plupart d’entre nous. Ainsi, même si la bande passante est écourtée dans les basses comme dans les très hautes fréquences, elle sera au final peu pénalisante dans beaucoup de cas. De plus, votre sensibilité à la reproduction musicale de haut niveau et plus généralement à la musique ne devrait pas trop en souffrir.
En conclusion, quel que soit votre acuité auditive, celle-ci ne doit pas remettre en question votre passion audiophile et votre envie d’écouter de la musique dans des conditions optimales.