THORENS TD 203
Platine vinyle
Origine : Suisse
Entraînement par courroie
Vitesse : 33 – 45 tours / minute
Plage de réglage manuelle : +/- 5%
Bien des années se sont écoulées depuis la parution des emblématiques modèles TD 150, TD 160, et autres. Bien des évolutions sont intervenues chez THORENS, et de nouvelles références de tous niveaux et à tous tarifs sont proposées depuis que la marque s’est redéployée.
Parmi les modèles qui peuvent intéresser un grand nombre d’audiophiles désirant faire ou refaire connaissance avec le monde du vinyle, il y a la platine TD 203.
Il s’agit d’un modèle se situant dans la gamme intermédiaire du catalogue; un modèle simple, bien construit, bien fini, entièrement manuel (pas d’automatismes).
Peu d’originalités singularisent cette platine deux vitesses (33,33 tr/m et 45 tr/m) en dehors du bras de lecture référence de TP 82 mis au point par THORENS qui est de type uni-pivot. La pointe du pivot dont la pointe en carbure repose sur cinq micro-billes adopte une structure droite en aluminium qui se termine par un contre-poids d’équilibrage excentré destiné à abaisser le centre de gravité. On présume que ce concept agit sur l’efficacité du comportement. L’anti-skating ou réglage de la force centripète s’effectue via un petit contre-poids suspendu sur fil. Celui-ci prend place sur une tige en aluminium à six segments tout comme sur la TD 166.
Le châssis, on ne peut plus simple, fait appel à une plaque de MDF épais assurant une bonne rigidité et une immunité contre toutes formes de perturbations. Ce socle repose sur trois pieds rigides en caoutchouc durci. Outre le bras de lecture, ce socle à la présentation laquée inclut deux touches de fonctions mécaniques : une marche/arrêt et un sélecteur de vitesses 33,33 tr/m et 45 tr/m.
La vitesse de rotation est assurée par un moteur excentré, découplé, enchâssé sur ce socle et régulé électroniquement. Ce moteur est relié à un contre-plateau en matériau synthétique via une courroie plate dont la tension est réglable par l’utilisateur si besoin. Sur ce contre-plateau prend place un plateau de 30 cm de diamètre en acrylique d’un poids plume de seulement 800 grammes. Ce matériau ne plaide pas en faveur de l’électricité statique qu’il génère assez copieusement.
L’alimentation déportée est assurée par un petit transformateur / prise de courant qui permet à cette platine de s’affranchir de bruits parasites néfastes à la fragile reproduction des micro signaux analogiques.
Quant à lui, le cordon de modulation est prisonnier du socle et n’est pas un modèle de compétition.
La TD 203 est livrée avec un capot en plexiglas qui n’autorisera pas la protection contre la poussière lorsque la platine est en service. En revanche, l’utilisateur sera ravi de trouver dans le carton un centreur pour les disques 45 tr/m, une jauge de réglage du bras de lecture, et un gabarit pour repérer et régler la cellule.
Par ailleurs, la TD 203 est réputée « prête à l’emploi » : une cellule stipulée d’origine THORENS – référence TAS257 – à aimant mobile est montée d’origine. Cette cellule aux « prestations » quelque peu limitées a été avantageusement remplacée par le propriétaire de cette platine, qui s’est plié au jeu du présent test, par une Ortofon 2M Blue, plus performante .
Ecoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été réalisés en privé avec le matériel suivant : amplificateur intégré ATOLL IN 100 SE avec module phono ATOLL P50 – pré-amplificateur phono ETALON SupraFono – cellule ORTOFON 2M Blue – enceintes acoustiques DAVIS Matisse HD – câbles modulation VAN DEN HUL The Orchid & ESPRIT Beta – câbles HP KIMBER Kable 8VS.
Vinyles utilisés : Also Sprach Zarathoustra, Opus 30 de Richard Strauss – Direction Zubin Metha – Concertos Brandebourgeois N° 1,2,3 – par The English Chamber orchestra – Direction Benjamen Britten – Quiet Nights par Diana Krall – Ted Heath Salutes Benny Goodman – « Jalousie » par Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli – Gwendal Vol. 4 – « Contrastes » par Pachacamac, etc…
Musicalité et impressions d’ensemble
Les premières impressions sur la musicalité de cette platine sont globalement positives. Avec la cellule MM, on retrouve le véritable « son » analogique, son aspect fluide et agréable, où la musique s’écoule avec une belle facilité. Pas de stress ou de mauvaises surprises à craindre, on peut même parler de cohérence et d’homogénéité sur l’ensemble du message sonore. Mais retrouvons nous peu ou prou le charme d’une TD 166 d’antan par exemple ? je crains que la réponse soit négative !
Le côté charnelle et matérialisé d’une TD 166 n’est pas particulièrement présent. La musique semble plus « lisse », parfois simplifiée ou manquant même de variété. Les couleurs tonales sont certes étendues – mais sans plus : elles reflètent des nuances audibles, mais il manque ce petit quelque chose qui fait la différence et / ou apporte une valeur ajoutée musicale par rapport aux millésimes des années 60, 70, 80 et même par rapport à la concurrence.
Si le registre grave est « propre », lisible, et dépourvue de boursoufflures, il manque parfois de profondeur et peut-être d’épaisseur ou de poids. Sur ce point, je ne suis pas certain que le système auquel cette platine soit associé soit responsable de ce trait de caractère.
Les registres médium / aigu se complètement intelligemment pour former un ensemble cohérent qui permet de goûter sans frustration à la transparence qu’un bon ingénieur du son s’est appliqué à soigner lors des séances d’enregistrements. Le « fouillé » me semble bon, mais n’atteint pas forcément le nec le plus ultra en la matière. Il est cependant conforme à mes attentes et j »ai pu déceler un bon nombre de subtilités et autres détails qui échappent parfois à une oreille attentive.
La scène sonore, loin d’être étriquée, n’est pas non plus d’une expansion démesurée. Cependant, la musique se déploie normalement et emplit correctement la pièce d’écoute avec une certaine aération qu’il convient de placer à l’actif de cette platine à prix compétitif. Exigent, et surtout habitué à manier des produits de gamme supérieure, j’aurais souhaité davantage d’envergure et de prestance sur des orchestrations un peu « chargées » – une musique plus « enveloppée » si je puis m’exprimer ainsi.
Globalement, les « prestations » restent plutôt correctes et dans la moyenne des platines de cette catégorie.
• Also Sprach Zarathoustra, Opus 30 de Richard Strauss – Direction Zubin Metha
Cette entrée en matière est loin d’être fracassante en soi. Certes le système s’exprime mais ne semble pas s’épanouir tel que je pouvais m’y attendre. L’ouverture et le final aux grandes orgues manquent un peu d’envergure. L’orchestre se déploie mais accuse certaines limites notamment dans l’infra-grave. On ne peut pas relever un manque de souffle, mais il subsiste tout de même une expression légèrement coincée qui fait notamment défaut sur les cuivres et les percussions. De ce point de vue, la TD 166 faisait, en son temps, mieux. En revanche la couleur des différents instruments n’appelle pas de critiques particulières. Les cuivres sont rutilants, et les cordes jouent de façon juste avec une finesse et un velouté d’un bel effet.
• Concertos Brandebourgeois N° 1,2, 3 – par The English Chamber orchestra – Direction Benjamen Britten.
Sous la direction de Benjamen Britten, j’ai retrouvé globalement cette série de Concertos Brandebourgeois en « bonne forme ». Le velouté des cuivres, cordes, et instruments d’époque délivrent des teintes agréables et en conformité avec la sonorité attendue. Le clavecin est un peu moins étincelant qu’avec des produits de gamme plus élevée. Sa pseudo discrétion rend l’écoute un peu moins attractive et riche qu’à l’accoutumée, mais l’ensemble reste globalement fort agréable. De surcroît, cette platine sait cultiver la fluidité propre au disque vinyle.
Ma critique porte davantage sur les « harmoniques » qui révèlent des coupures prématurées et nuisent un petit peu à la richesse de ces enregistrements de qualité artistique et technique de très bon niveau. J’aurais réellement souhaité que l’extinction des notes soit mieux gérée.
• Quiet Nights par Diana Krall
Avec cette platine vinyle THORENS, Diana Krall est à sa place. Sa présence à nos côtés est indéniable. Certes l’orchestration n’est pas grandiose, mais le vocal est correctement reproduit et clairement mis en avant. On y décèle le beau phrasé de la chanteuse, le côté suave de son interprétation ne passe pas inaperçu – c’est ce que l’on attend en définitive, non ?
Les notes de piano s’enchaînent docilement, sans accrocs notoires et le drums se singularise par une tonalité de bon ton. Le détourage des instruments et de la voix de Diana Krall auraient pu être un peu affinés mais débouchent sur une musicalité « aboutie » et relativement enthousiasmante. Pour le côté purement émotionnel qui me tient tant à cœur, je regrette tout de même un rendez-vous raté.
• Ted Heath Salutes Benny Goodman – clarinette Keith Bird
La TD 208 est loin d’être un foudre de guerre en matière de rapidité. Sur certains extraits qui illustrent cet album tiré de la série Decca Phase 4 (ou d’autres), on s’aperçoit que cette platine se concentre d’abord sur l’essentiel, c’est à dire la couleur des timbres. Toutefois, j’ai relevé un léger « repli » en terme de « répondant », voir de spontanéité. Je ne veux pas évoquer l’introversion ou autre forme de timidité, mais en dehors du charme qu’elle procure, cette platine gagnerait à se montrer plus réactive. Sans qu’il soit question de traînage, j’attendais, par exemple, des coups de cymbales plus francs et des notes de piano plus « affirmées ». J’ai regretté une forme de simplification du jeu de vibraphone, des nuances parfois absentes ou trop discrètes. Il manque cette palette caractéristique de couleurs tonales étendue qui aurait totalement validé l’aspect vivant et charnel que l’on reconnaissait sur les anciennes références de la marque. De leur côté, les notes de contrebasse ont un suivi mélodique, une analyse, et une précision appréciables.
Conclusion :
Sous ses allures « sympathiques », cette platine montre des caractéristiques musicales « intéressantes ». Elle se veut agréable à utiliser et à écouter. Une bonne cellule permet de pouvoir tirer une bonne substance des vinyles intelligemment enregistrés et soigneusement gravés. Cependant, la TD 203 ne m’a pas laissé le souvenir des anciens modèles (TD 160, 166, 146,…) de la grande époque. Il manque le côté purement émotionnel que l’on avait plaisir à savourer lors de la grande époque du disque noir. De fait, cette platine s’adresse plutôt aux systèmes de début de gamme audiophile avec lesquels elle constituera un complément harmonieux et cohérent – c’est finalement cela le but après tout.
Synthèse : | Musicalité : valable Appréciation personnelle : agréable mais sans plus Rapport musicalité – prix : correct |
Prix : 680 € (05/2017)
Avec cellule MM