REGA – RS 3
Origine : Grande Bretagne
Enceinte 2 voies / 3 HP – bass-reflex
Sensibilité : 89 dB / 1w / 1m
Impédance nominale : 6 ohms
Puissance admissible : 100 watts
Distorsion mesurée : < 1%
Réponse en fréquence : non spécifiée
Dimensions : ( H x L x P ) 80 x 20 x 25
On peut dire que REGA a un savoir faire sur tous les produits qu’il conçoit et réalise depuis 1973. Quasiment depuis le début de son existence, s’est très vite intéressé aux enceintes acoustiques dont les prestations musicales ont assez vite enthousiasmé les auditeurs en quête d’émotions. Par la suite, la gamme s’est étendue avec les modèles de la série R dont quelques comptes rendus d’écoutes figurent dans cette page. Cette série R ne manquait pas d’intérêt, mais il lui manquait un petit quelque chose qui pouvait faire la différence, notamment un registre grave manquant un peu de poids, auraient dit certains critiques.
Toujours est-il que REGA a décidé de retravailler la question, et une nouvelle mouture a vu le jour début 2009 prenant le préfixe RS, dont la colonne de début de gamme qui fait l’objet du présent compte rendu : la RS 3
Cette RS 3 est une colonne compacte (80cm de haut) que l’on peut classer dans la catégorie des enceintes à environ 1000 €. Sans prétendre se positionner parmi les enceintes les plus ambitieuses de cette catégorie, la RS 3 ne manque pas d’intérêt et a la faculté de pouvoir s’associer avec un bon nombre d’électroniques, sous condition toutefois que celles-ci aient une puissance et une alimentation relativement conséquente, car le rendement de cette enceinte n’est que de 89 dB. Bien entendu, le mariage avec un amplificateur REGA ne posera pas de problème.
Comme, il est de coutume chez REGA, le concepteur ne s’étend pas sur les caractéristiques techniques de ses produits – je pense que cette discrétion n’a pour seul objectif que de ne pas influencer l’acquéreur potentiel. La RS 3 est une enceinte 2 voies / 3 haut-parleurs; mais si on prend la peine de creuser le sujet, on s’aperçoit que cette enceinte est une 2 voies électrique et 3 voies acoustique. On y trouve un tweeter »maison » à dôme textile imprégné de 18 mm de diamètre, qui a pour principale caractéristique de canaliser l’onde arrière dans le but de l’amortir. Le haut-parleur destiné au registre médium est également développé par REGA : il s’agit d’un modèle en papier traité de 12,5 cm de diamètre doté d’un aimant puissant, et travaille un peu sur le principe d’un modèle »large bande » sensé regrouper la quasi totalité des fréquences audibles. Enfin, le haut-parleur de grave placé en position latérale est un modèle de 12,5 cm doté d’un bobine en cuivre de 8 couches faisant office d’inducteur et placé de façon indépendante des deux autres haut-parleurs dans une sorte de caisson intégré à l’enceinte.
D’après mes informations, le système de filtre est réduit à sa plus simple expression : pas de filtre entre le grave et le médium, et une simple self complétée par une résistance permet de »conduire » les fréquences aigues et médium au bon endroit. Pour le reste, c’est »la nature » qui fait son travail, et moins il y a de composants, et mieux les fréquences peuvent être gérées de façon simple et naturelle. On rappellera que REGA reste attaché au principe de la charge bass-reflex comme en témoigne l’évent de décompression placé en face avant.
L’enceinte étant relativement élancée et peu large, le concepteur a décidé d’y adjoindre 4 équerres pour parfaire son équilibre et offre d’origine 4 cônes pour un bon découplage. Les 2 uniques connecteurs placés en face arrière accepteront le fourches et le fil nu, mais interdisent le bi-câblage et la bi-amplification.
|
ECOUTE
Une série de tests d’écoutes a été effectué avec les amplificateurs ATOLL IN 50, IN 80 SE, REGA Mira 3, et lecteur REGA Apollo – câbles modulation et HP YBA Glass.
CD tests : Requiem de Mozart par Karajan, La Folia – Gregorio Paniagua, Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire – volume 2.
Les premiers instants d’écoute se traduisent par une certaine satisfaction d’ensemble, voir une forme de bien-être. Dès les premières notes de musique, on ressent une belle douceur générale, un bon équilibre d’ensemble, qui ne met pas en valeur tel ou tel registre au détriment d’un autre.
Le grave, à défaut d’être le plus profond du moment, descend suffisamment bas pour être crédible, mais là ou il marque la différence c’est au niveau de la lisibilité et son aspect ferme et bien tendu. Sur ce thème, les percussions du Requiem de Mozart n’accusent pas une forme de légèreté frustrante ou insuffisante. Dans le même esprit, le jeu de guitare basse (Tri Yann) n’a rien de ridicule.
Le concept même de l’enceinte permet de confirmer une belle ampleur de ce grave et plus généralement de la scène sonore dans la région du bas médium : tant les choeurs du Requiem de Mozart, que ceux qui accompagnent le Groupe Tri-Yann son reproduits avec une belle aisance et un côté spontané, libre, et ample, sans aucune confusion ou forme de brouhaha quelconque. J’ai été sensible à l’étagement des plans, assez évident à cerner, et qui permet à chaque musicien ou groupe de musicien de trouver astucieusement sa place au sein de la scène sonore. Il convient d’ajouter que la RS 3 se défend bien lors des attaques et la montée en puissance de l’orchestre avec une bonne capacité à réagir sans déformer les sons ou à « s’emmêler les crayons » – tous les instruments restent lisibles et bien maîtrisés.
En ce qui concerne la sacro-sainte transparence à la quelle je suis attentif et attaché, je dois avouer que je n’ai pas été déçu, car l’association des haut-parleurs médium et aigu offrent une complémentarité fort bien agencée permettant d’appréhender un bon nombre de détails, et un détourage des instruments n’appelant aucune critique.
Sur la Folia de Gregorio Paniagua, tous les instruments sont reproduits avec un côté bien matérialisé, charnel, qui ne laisse que peu de choses dans l’ombre. Le fameux clavecin offre par exemple un très beau grain, sans une once d’agressivité ou au contraire un côté étouffé ou fade : le dosage des timbres est à mon goût fort bien respecté. La flûte baroque est d’une magnifique douceur, et la viole de gambe n’a pas son pareil pour délivrer une sonorité lisse mais avec ce timbre si particulier qui la distingue des autres instruments de sa famille. Les multiples instruments de percussions sont restitués avec une précision et une détermination très réalistes. En tout état de cause, il n’est nullement question de tendre l’oreille pour aller chercher tel ou tel détail.
S’agissant des vocaux : une excellente note doit être attribuée à cette enceinte : qu’il s’agisse des vocaux solistes ou des choeurs, j’ai apprécié ce trait de caractère humain et communicatif plaisant, qui confirment les propensions de la RS 3 à privilégier l’aspect naturel. Que se soit l’écoute du Requiem de Mozart, ou certaines chansons de Groupe Tri-Yann, l’auditeur s’associe à la conviction des interprètes et une forme de chaleur humaine qu’ils essaient de nous faire partager. La RS 3 permet une restitution relativement bien aérée dans l’ensemble, laquelle contribuera sans doute à mettre en valeur les voix, mais aussi beaucoup d’instruments de musique peu privilégiés par une prise de son pas toujours soignée.
Conclusion :
Écoutée plusieurs fois de façon plus ou moins prolongée, la REGA RS 3 ne m’a pas laissé indifférent. Cette petite colonne que je qualifie d’astucieuse donne une bonne idée de ce que peuvent procurer les modèles supérieurs.
Très linéaire, cette enceinte a beaucoup d’atouts pour s’associer avec des systèmes audio déjà de bon niveau – d’origine REGA, ou d’autres marques. Si son registre grave apparaît comme un peu limité, il reste d’une profondeur très acceptable et on pardonnera ce léger manquement grâce à un registre médium travaillé, et un superbe registre aigu qui confirme la finesse et l’élégance d’une restitution sonore douce mais subtile.
Cotations : |
Musicalité : riche en émotions
Appréciation personnelle : bonne approche
Rapport musicalité – prix : très bon |
Prix : 995 € (11/2010)
Ecoute réalisée par
Lionel Schmitt
|