MONITOR AUDIO Silver 6G – 200
Origine : Grande Bretagne
Fabrication : Chine
Enceinte 2,5 voies, 3 Haut-parleurs
Charge : bass-reflex
Sensibilité : 89 dB pour 1 watt à 1 mètre
Impédance : 8 ohms
Fréquences de coupure : 700 Hz et 900 Hz
Réponse en fréquence : 38 Hz à 35 kHz
Dimensions : ( H x L x P ) 885cm x 165cm x 265 cm
Dans la foulée des annonces effectuées sur la nouvelle gamme Silver 6 G signée MONITOR AUDIO, j’avoue été pris d’une certaine curiosité vis à vis de ces modèles dont un tour de France de présentation a débuté cet automne. L’idée était de faire connaissance avec un modèle colonne de gamme et de prix attractif, d’en décrire les caractéristiques musicales et son « positionnement » au sein d’un équipement respectable. Mon choix s’est porté sur le modèle 200 dont la hauteur est inférieure à un mètre.
La Silver 6G 200 est une enceinte 2,5 voies / 3 haut-parleurs développés par le concepteur insérés au sein d’une coffret en MDF de 2 centimètre d’épaisseur à la finition qui traduit le sérieux d’un assemblage sans défaut. Il assure en outre une excellente rigidité et des propriétés d’amortissement parfaites.
Les deux haut-parleurs réservées aux fréquences médium / grave fonctionnent dans des espaces acoustiques séparés pour un réglage optimal. Ces nouveaux transducteurs de typologie C-CAM (aluminium et magnésium recouverts de céramique) et disposent de la technologie RST (motif creux radial). Les membranes RST sont conçues d’une seule pièce de matériel C-CAM et façonnées en un profil continu ce qui assure une musicalité plus pure.
L’évent de décompression HiVe II placé en face arrière utilise un design particulier à rayures droites pour accélérer le flux d’air et réduire les turbulences. Cette conception permet de déplacer l’air plus rapidement qu’un évent traditionnel, procurant des basses rapides et puissantes couplées à une réponse transitoire supérieure.
Le tweeter C-CAM de 25 mm à dôme doré est complètement nouveau : il a été retravaillé de façon à réduire la distorsion pour fournir une musicalité plus cristalline, dépourvue d’agressivité. Il forme un ensemble cohérent avec les deux autres haut-parleurs et favorise l’ouverture dans les hautes fréquences.
Grâce à sa technologie « propriétaire » et 30 ans d’expérience en la matière, nous sommes assurés d’obtenir une intégrité optimale du signal musical sur les hautes fréquences et plus généralement sur toute la gamme de fréquences audibles.
A cela s’ajoute un câblage interne en cuivre désoxygéné de type OFC et une série de composants électroniques sélectionnés drastiquement qui influent grandement sur la « fidélité » du message sonore.
La face arrière comporte de sérieux borniers HP. Doublés afin de permettre le bi-câblage, ces borniers acceptent le fil nu, les fourches et fiches bananes.
De corpulence relativement fine, la Silver G6 200 repose sur 4 pieds anti basculement qui se terminent par des pointes de découplage réglables au concept sophistiqué dont l’efficacité a été vérifiée
ECOUTE :
Les tests d’écoutes ont été réalisés en auditorium en avant première avec le matériel suivant : amplificateur ATOLL IN 100 SE, CAMBRIDGE CXA 80 et lecteur CD ATOLL CD 100 SE, câble de modulation et HP YBA Glass.
CD utilisés : « Collaboration » par le Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – CD test Naim Sampler N°6 – The Singing Clarinet par Giora Feidman – « Prodiges » par Camille Berthollet – Dance into Eternity par Omar Faruk Tekbilek – Quiet Nights par Diana Krall – Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire – volume 2 – The Glory That Was Gerschwin par Frank Chacksfield – La Folia de la Spagna par Gregorio Paniagua – etc….
1° Les timbres – équilibre général
Question timbres, en dépit d’un haut médium-aigu un peu « prononcé » qui requiert un amplificateur neutre ou de consonance légèrement chaleureuse, cette enceinte acoustique délivre une sonorité riche et « fouillée ». Du grave à l’aigu en passant par les fréquences médiums, elle révèle de très nombreux détails qui lui confère un « esprit d’analyse » de premier ordre.
Le message sonore s’affiche travaillé avec soin qui induit un détourage des instruments réellement abouti comme j’ai pu m’en rendre compte sur Dance into Eternity par Omar Faruk Tekbilek ou The Singing Clarinet par Giora Feidman. La Silver G6 200 affiche un point d’honneur à mettre en valeur la reproduction des instruments, à faire « transcrire » le mieux possible le grain et la saveur propre à chaque instrument de musique.
Sans tutoyer les fréquences abyssales, le registre grave est bien « présent ». Il se singularise par un suivi des notes que l’on appréciera notamment sur les lignes de contrebasse de Valéria par le Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida. La lisibilité de la contrebasse frise l’excellence : l’attaque des notes cordes par le contrebassiste est très « palpable » avec un pincement des cordes particulièrement perceptible. Le mouvement de la main qui « plaque » les accords sur le manche « s’affiche » et donne un certain panache au jeu de l’instrument : il aboutit à une reproduction plutôt physique et charnelle.
Le registre aigu relevé « assure » avec une complémentarité avec le registre médium afin de pousser dans d’ultimes retranchements l’analyse faisant émerger un très grand nombre de détails abordés par ailleurs au chapitre de la transparence. L’ensemble médium / aigu se distingue par une finesse remarquable qui s’appréciera tant sur les cordes que les cuivres, les guitares acoustiques, les coups de cymbales.
Les chœurs qui accompagnent Tri Yann et l’Orchestre National des Pays sont pour le moins « brillants ». A défaut d’être chaleureux, ils se distinguent par une certaine clarté qui ne nuit pas pour autant à l’équilibre général. Sur extraits les plus « soutenus » et les plus rythmés, on assiste à une reproduction de grande classe.
Par ailleurs, le tour de force offert par cette enceinte acoustique se matérialise par un équilibre subjectif de premier ordre entre les graves, les médiums, et les aigus. Le dosage entre les fréquences est fort bien maîtrisé et rend la reproduction musicale d’une cohérence à verser à l’actif de cette réalisation.
2° Présence – transparence
Le moins que l’on puisse reconnaître à la Silver 6G 200, c’est son excellent potentiel en matière d’expression. Les musiciens s’affichent avec une présence très singulière. Les instruments de musique ont un format et une texture bien matérialisés, très « palpables » si je puis dire. L’écoute devient réellement physique. Mais cette enceinte acoustique fait mieux : contrairement à d’autres concurrentes, j’ai trouvé qu’elle s’effaçait totalement du paysage audio pour ne laisser place qu’à l’expression des interprètes, et c’est suffisamment rare dans cette gamme de produits pour être mentionné.
Autre point sur le quel cette enceinte se distingue est sans aucun doute la transparence et la faculté de détourer les instruments et vocaux de manière à la fois fine et subtile. Nous sommes aux antipodes d’une restitution bouchée et / ou floue. Quel bonheur d’entendre par ce duo de jeunes artistes que sont Camille & Julie Berthollet une suite de « pièces classiques » revisitées avec un talent inouï. Vous y découvrirez mille et une nuances : des pages de partitions qui se tournent, la respiration des interprètes, des bruits ambiants du studio et plus généralement « l’atmosphère » qui règne au sein du local de prise de son. On ressent aisément le bonheur et l’enthousiasme qui animent chaque membre de l’orchestre. De plus, nous sommes aux antipodes d’une écoute trop « intellectuelle » pour être réaliste : la Silver 6G 200 fait le travail simplement et naturellement, un point c’est tout !
3° Réactivité – fluidité
Cette enceinte réagit au rythme des électroniques qui lui sont associées et des extraits musicaux qui lui sont soumis. La précision, l’absence de bavures ou autres formes de traînage ne font pas partie du cahier des charges du concept qui a présidé la mise au point de la Silver G6 200. De nature plutôt rapide dans la façon de s’exprimer, cette enceinte emboîte le pas de l’amplificateur en charge de la driver.
L’extinction des notes en fin de parcours est proprement réalisé : celles-ci « meurent » dans le temps et l’espace sans altération, avec une certaine grâce qui met bien en valeur les instruments et les vocaux.
Les phrases musicales et vocales s’enchaînent avec une logique incontestable et un détachement plaisant qui trahissent une fluidité « bien huilée ». La musique s’écoule avec une spontanéité réaliste qui permet d’écouter la musique à fort niveau d’écoute sans risque de fatigue auditive ou autre forme de stress.
4° Scène et image sonores
Compte tenu de la taille de cette colonne, la scène sonore m’est apparue ample d’une part, et très bien structurée d’autre part. Chaque instrument ou groupe d’instruments trouve spontanément sa place; il en résulte une forme d’aération assez surprenante. Avec la Silver G6 200 la musique respire librement y compris sur des orchestrations complexes et chargées. Toutes les enceintes acoustiques de cette catégorie et de cette taille ne sont pas forcément capables d’une telle prouesse.
Là, où cette enceinte fait fort, c’est par sa « profondeur de champ » et l’étagement des plans qui révèlent des des reliefs marqués qui vont de pair avec la formulation et la définition poussée qu’est capable de fournir cette enceinte acoustique. Quelques soient les extraits musicaux sélectionnés, leur origine, aucune forme d’amalgame n’est à redouter. Même à fort niveau n’écoute, aucune « confusion » ne vient perturber le déroulé musical. C’est un véritable bonheur d’écouter Yeux Noirs interprété par Camille et Julie Berthollet accompagnées à la guitare par Thomas Dutronc. Chaque instrument, chaque plan est méticuleusement positionné, et nous pouvons aisément appréhender les instruments de premier plan de ceux de second plan.
5° Dialogue avec l’auditeur
Ne nous y trompons pas, cette enceinte se comporte par moment comme le chant des sirènes qui vous attirent au cœur de la musique. Avec les extraits de Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire, tout comme Chambre avec Vue par Henri Salvador ou encore différents extraits classiques, il s’installe entre les musiciens et l’auditeur une sorte de dialogue vertueux qui a pour résultat une caractéristique très particulière : les enceintes s’effacent littéralement de la scène visuelle; on les oublie pour ne déguster que la seule interprétation, le fruité et le grain des instruments. L’effet est très réussi : il permet à l’auditeur de se concentrer sur le talent des interprètes, la saveur de leurs instruments et / ou la texture des vocaux, au point d’en oublier l’existence du système audio. Marquises de Jacques Brel en est un exemple parmi d’autres. Le pouvoir de communication de Monsieur Brel est très élevé, peut-être à son apogée ?. La diction est quasiment parfaite et je suis arrivé à appréhender sans difficulté le « comportement » du chanteur, la conviction qui était la sienne lors de la séance d’enregistrement. J’ai pu imaginer sans difficulté la gestuelle adoptée pendant la prise de son et la manière très personnelle dont il appréhendait alors son texte pour une interprétation qui vous touche en plein cœur.
Conclusion :
Avec la série Silver de 6ème génération, MONITOR AUDIO n’est pas à son premier coup d’essai. Cependant, le modèle 200 a une foule de talents cachés dont celui de se faire oublier pour ne laisser place qu’à la musique à l’état pur.
Pour tirer le meilleur parti de cette enceinte bourrée de qualités, le futur acquéreur devra cependant veiller à lui associer des électroniques peu « typées », neutres de préférence ou à connotation légèrement douce et / ou chaleureuse, aux performances musicales abouties et reconnues. A ce titre et pour fixer un cadre de référence, je préconiserai volontiers d’associer ces enceintes aux amplificateurs YBA Héritage 100, REGA Brio, AUDIOMAT Alpha, CAMBRIDGE CXA 80, et pourquoi pas un petit HEGEL H80 Mk2 entre autres.
Synthèse : | Musicalité : aboutie Appréciation personnelle : un potentiel hautement recommandable Rapport musicalité – prix : bon |
Prix : env. 1500 € (10/2017)
Lionel Schmitt