ATOLL CD 100 SE–2
Origine : France
Lecteur CD intégré
Conversion : 24 bits / 192 kHz
Bande passante : 5 Hz à 20 kHz
Rapport signal bruit : 123 dB
Temps de montée : 2 micro secondes
Dynamique : 123 dB
Distorsion : < 0,002 %
1 sortie analogique RCA
1 sortie numérique coaxiale
1 entrée optionnelle numérique coaxiale
1 entrée optionnelle numérique optique
1 entrée optionnelle USB
Il pourrait vous paraître un peu curieux de revenir sur un lecteur CD qui a, depuis 20 ans, maintenant pignon sur rue, qui n’a plus rien à prouver tant sa renommée est affirmée sur les cinq continents. Il pourrait même paraître inopportun de s’étendre sur un lecteur CD tout court à l’heure où la musique dématérialisée s’est imposée dans notre (votre) univers musical quotidien.
Cependant, vous êtes toujours très nombreux à vous intéresser au support CD d’une part, et vous êtes encore un certain nombre à rechercher un lecteur à prix attractif d’autre part. Fort des arguments qui précèdent, il m’est apparu intéressant de faire un point sur cette ultime mouture SE-2 du célèbre CD 100, qui a subit tout de même quelques évolutions au cours des ans, a été remis au goût du jour, et surtout de voir au sein de quel système audio il pourrait faire « bon ménage » – le dernier banc d’essai que je lui ai consacré date de mars 2005 (voir ici).
Sur le plan esthétique, peu d’évolution notables : on retrouve un design inchangé sur cette façade en aluminium qui regroupe l’intégralité des fonctions de base, prises en charge par la télécommande fournie d’origine, et l’afficheur trapézoïdal de couleur verte.
Le verso de l’appareil offre une connectique un peu plus étoffée que par le passé. Outre les 2 sorties analogiques sur fiches RCA asymétriques de bonne qualité et 1 sortie numérique de même composition, on trouve 3 entrées numériques supplémentaires. D’origine des entrées sont inopérantes. Il faudra avoir recours à l’implantation de la carte optionnelle pour exploiter vos fichiers en convertissant les signaux numériques jusqu’à 24 bits / 192 kHz via les entrées coaxiales et optique ou l’entrée USB (type B) permettant la conversion des fichiers jusqu’à 24 bits / 96kHz.
L’intérieur de l’appareil contient davantage de changements. La mécanique Philips de type CDM 12 laisse depuis plusieurs années la place à une excellente base d’origine Teac montée sur une plate-forme anti-raisonnante. L’alimentation fait toujours appel à important transformateur torique d’une valeur de 170 VA, mais le total capacitif a été porté à 17000 micro-farads rien que pour les étages de sortie à composants discrets polarisés en classe A. Les ingrédients indispensables à la bonne reproduction musicale ont été conservés aux endroits clef pour garantir le caractère musical affirmé qui a fait sa réputation. La section de conversion fait appel à une puce d’origine Burr Brown PCM1796 24 Bits / 192kHz.
ECOUTE :
Ce lecteur a été écouté et testé des dizaines d’heures au sein d’un éventail de systèmes audio très large, parmi eux et dans des conditions toutes plus différentes les unes que les autres. Voici les pincipales :
- amplificateurs intégrés ATOLL IN 100, ARCAM FJM A19, ETALON SuprA, REGA Brio-R et Elex-R, CAMBRIDGE CXA 80 ROTEL RA-1572, ensembles préampli-amplis ATOLL PR 100 & AM 100, PR 200 & AM 100, YBA Classic 3 Delta,
- amplificateur casque REGA Ear & casque SENNHEISER HD 430,
- enceintes acoustiques JMR Euterpe Suprême, JMR Folia, B&W série 680 et CM, DAVIS Matisse, DAVIS Olympia One Master, MONITOR Audio Bronze 5 & 6G 200, REGA RS & RX3, RS5, PE LEON Kantor,
- câbles de modulation YBA Glass, VAN den HULL The Orchid, ESPRIT Linéa 8OB, Beta et Kappa,
- câbles HP YBA Glass et Diamond, ESPRIT Kappa, NORDOST Heimdall 2.
Pour l’alimentation secteur : barrette FURUTECH F-TP 615, câble secteur G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque.
CD utilisés : Irish Heartbeat par Van Morrison and the Chieftains – Naim Sampler N°6 – « Saint Kilda Wedding » par Ossian – Meedle par Pink Floyd – Camille et Julie Berthollet – Swinging the Big Band par Quincy Jones – Quiet Nights par Diana Krall – Celtic Spectacular par Erich Kunzel – Dance into Eternity par Omar Faruk Tekbilek – La Folia de la Spagna par Gregorio Paniagua – La Belle enchantée par Tri Yann – Collaboration par le Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida The Glory That Was Gerschwin par Frank Chacksfield – The Singing Clarinet par Giora Feidman – Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens – Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach dirigé par Léopold Stokowski – Concertos Brandebourgeois N° 1,2,3 de Jean-Sébastien Bach par Trevor Pinnock – Requiem de Mozart / direction Herbert von Karajan – Marquises de Jacques Brel, etc…
Impressions d’ensemble et musicalité
En dépit du nombre de systèmes utilisés pour ce test, ne croyez pas pour autant que le CD 100 SE-2 puisse rejoindre toutes les combinaisons possibles. C’est un lecteur qui s’exprime « fort » et clair, à ce titre il en étonnera plus d’un par ses capacités à reproduire la musique avec une forme d’expression qui repose la spontanéité et la générosité.
• Couleur des timbres et transparence
Les couleurs tonales de ce lecteur CD sont caractéristiques, c’est sûr mais pas autant que certains articles, recueillis ça et là sur la toile, ne veulent bien le signifier. Ceux qui croient que le registre haut médium / aigu est dur et / ou incisif se trompent. Certes, le CD 100 SE-2 affiche un haut du spectre qui file haut; il se caractérise par une certaine liberté et une aération bien appréciables. Nous assistons à une forme de respect des timbres et une texture à la formulation désormais un peu plus « lisse » et une tenue qui enrichit le message sonore. Les sifflantes sur « S » des vocaux ne viennent pas affecter la reproduction humaine et charnelle des voix. Les violons reflètent la finesse et un sens de la nuance appréciable; les cuivres prennent à leur tout une teinte musicale réaliste et, pour ma part, inattaquable
Le registre médium nous offre une palette étendue de variations. La très belle transparence générale est appréciable : elle permet de bien appréhender un bon nombre de subtilités présentes sur l’enregistrement. Il émane toujours des différents systèmes aux quels le CD 100 a été associé une musicalité épurée, proprement reproduite; une musicalité qui respire.
Le registre grave descend suffisamment bas pour accréditer le registre grave des grandes orgues par exemple. Le registre grave est absolument bien maîtrisé lorsque l’on s’attache à suivre les notes d’une contrebasse ou d’une basse électrique, voir d’un piano. Le bas du spectre se trouve totalement dégraissé mais ne délaisse pas pour autant la consistance des instruments qui s’aventurent dans les fréquences les plus profondes. Les amateurs de jazz, de rock, tout comme ceux de musiques classiques apprécieront sans aucun doute cette faculté à fleurter sans restriction apparente avec les fréquences les plus basses.
• Fluidité
Bénéficiant d’une technologie numérique et analogique réellement aboutie et diablement maîtrisée, ce lecteur est brillant sur le plan de la fluidité. En sa compagnie, la musique s’écoule avec une facilité et un enthousiasme débordant sur le quel je reviendrai un peu plus loin. Plutôt linéaire, le CD 100 SE-2 n’affiche aucun accroc sur l’ensemble du spectre audible. Le déroulé des phrases musicales s’effectuent docilement. Les notes s’enchaînent avec une facilité d’expression, sans emballement du reste. Ainsi, « notre » lecteur de référence « made in France » se tire de toutes les situations, même les plus périlleuses.
• Scène sonore : construction – agencement – organisation
Eu égard à son alimentation généreuse et à son étage de sortie minutieusement pensé et réalisé, ce lecteur CD vous épatera comme il m’a épaté sur l’ampleur de la scène sonore. L’aspect holographique et plus généralement sa dimension prennent une ampleur qu’intéressante. Quelque soit le système audio utilisé, on sent bien cette faculté à emplir la pièce d’écoute de musique. On décèle même un côté enveloppant rarement mis en avant par certains témoignages et qu’il convient de souligner. N’en déduisez pas que le CD 100-SE en fait trop : lorsque les extraits musicaux ont du « coffre », ce lecteur CD s’applique à vous en faire profiter. Sur les extraits plus « timides », il saura assurer la « retenue » nécessaire.
La scène sonore est bien construite, chaque instrument ou groupe d’instruments trouve sa place respective sans empiéter sur son voisin. Nous aboutissons à un discernement réellement appréciable qui permettra de distinguer chaque plan.
• Dynamique – réactivité – rigueur
Eu égard à son alimentation survitaminée, à ses circuits épurés, à ses composants choisis avec soin et à leur implantation « intelligente », le CD 100 SE-2 est un modèle en matière de réactivité, de précision et de vigueur. Rapide comme un éclair, il ne laisse aucun doute sur ces capacités à déployer la musique lorsque cela est nécessaire. Il sait aussi se calmer lorsque la partition est plus « sage ». Ce que j’apprécie avec ce lecteur, c’est sa rigueur et un respect assez scrupuleux des oeuvres qui lui sont confiées. Ainsi, quelque soit l’amplificateur, les enceintes, et même les câbles HP, vous bénéficierez d’une excellente richesse harmonique doublée d’un suivi mélodique du plus grand intérêt.
Communication avec l’auditeur
• Irish Heartbeat par Van Morrison and the Chieftains
La bonne humeur générale et l’entrain sur fond d’harmonies celtiques font réellement plaisir à entendre. La voix « rocailleuse » de Van Morrison fait parfois froid dans le dos. Si vous ajoutez les instruments traditionnels du groupe The Chieftains jumelés à une rythmique plus contemporaine, vous vous évaderez au milieu des landes qui « tapissent » la verte Erin d’hier et d’aujourd’hui. Ce mélange détonnant pris en charge par ce lecteur CD, vous montrera ce que signifie réellement l’émotion au sens premier du terme. Il est impossible d’y rester insensible. Le CD 100 SE-2 se montre particulièrement convainquant sur ce point : il est prêt à rivaliser avec les références de sa catégorie et de prix voisin. Avec lui, la musique est rythmée, vivante, colorée et communicative.
• Saint Kilda Wedding par Ossian
Avec ce CD rare, je ne pense pas me tromper en vous disant qu’avec les systèmes audio les plus expressifs, on frise l’excellence. Le CD 100 dans sa version actuelle sonne divinement bien ! Il s’applique à suivre méthodiquement chaque note de mandoline, de cistre irlandais avec soin et une précision remarquables. Chaque note est détourée avec application : ce constat reflète les capacités d’analyse poussées inhérentes à un circuit de conversion murement réfléchi doublé d’un étage de sortie qui l’est tout autant. Les arpèges de harpe celtique sont réellement bien reproduits, avec ce mélange de douceur et de piqué qui reflètent bien le tempérament à « pousser loin la chansonnette ». Nous percevons aisément le doigté sur les cordes de l’instrument. Le déroulé des notes est d’une élégance appréciable et appréciée par tous ceux qui possèdent et / ou ont longuement écouté ce lecteur CD. Que dire du jeu de flûtes irlandaises, de la sonorité du uilleann pipes ou de la cornemuse ?, si ce n’est qu’ils reflètent le réalisme inouï de cet ambiance musicale musicale si particulière qui « sévit » sur les landes écossaises et qui vous prend aux tripes – croyez moi, l’effet est saisissant.
• Meedle par Pink Floyd
Quitte à pousser le test un peu plus loin et ce lecteur CD dans ses ultimes retranchements, autant y mettre les moyens. Vous attendez de « grosses impressions » ? eh bien, avec le CD 100, vous allez être servi !
Ne croyez pas que ce lecteur va se laisser « démonter ». Il prend les choses en mains : il démontre au pieds levé qu’il en capacité de faire « pulser » la musique de Pink Floyd. La grosse vague du titre One of these Days sonne à faire trembler enceintes acoustiques et murs. Les coups de batterie, tout comme « l’infernale » basse électrique auront tôt fait de vous décoiffer tant la vigueur est de mise ici. Le rythme des cymbales est d’une netteté sans concession. Il s’associe au tempo de cet extrait musical « diabolique ». Le CD 100 SE-2 a ainsi le répondant nécessaire pour surmonter toute la puissance et les déferlantes dynamiques les plus extravagantes…. sans confusion ! Ceux qui recherchent de la matière, ne seront pas déçus : la grosse caisse a du coffre, de la matière, bref de la gueule – qu’on se le dise !
• Camille et Julie Berthollet
Sur de la musique plus « classique », le CD 100 SE-2 se montre également fort brillant. Il est même dans son élément naturel. Ne croyez pas un instant que les solos de violons soient agressifs. Au contraire, sans pour autant mettre en exergue un filé soyeux, le déroulé musical permet de goûter aux joies d’un contenu musical bien réalisé par des artistes de grande qualité. Le Trio N°2 – Andante Con Moto de Schubert se révèle ici prodigieusement pertinent : il est surtout très « prenant »; en tout cas, cet extrait comme d’autres m’a fait frémir de bonheur. En fin analyste, le CD 100 nous met en condition pour partager l’ambiance chaleureuse qui règne au sein du studio d’enregistrement. Les soeurs Berthollet s’y entendent à merveille pour vous faire partager leurs émotions, auxquelles elles associent l’ensemble de l’orchestre, son chef, et Thomas Dutronc à la guitare dans Yeux Noirs. On se surprend à entendre des soupirs, des bruissements divers et variées, des pages de partitions qui se tournent. On imagine sans peine des sourires, des échanges d’impressions et une complicité entre tous les interprètes.
• Swinging the Big Band par Quincy Jones
Au travers de ce test par lequel « j’associe » Quincy Jones, j’ai voulu vérifier plusieurs points dont le comportement réel des cuivres. Avec cette série d’enregistrements relativement anciens, nous aurions pu nous attendre à une reproduction manquant de douceur. Eh bien, il n’en est rien. Au fil du temps, ce lecteur s’est « affiné » sur ce paramètre. Les trompètes, les saxophones, les trombones et autres trompètes bouchées se montrent rutilantes sans pour autant « surligner » le haut du spectre.
Take Five – l’extrait « phare » de cet album – m’a semblé simplement éblouissant. On découvre une orchestration menée tambour battant et fort appréciable. La rythmique (batterie, piano, contrebasse) bien « amenée » vous incitera à claquer des doigts ou à taper du pieds (au choix). Le jeu de contrebasse est de bon ton; la prise de son ne le met pas particulièrement en avant, mais le CD 100 SE-2 aura tôt fait de remettre l’église au milieu du village en lui donnant la place que cette contrebasse mérite, et cela s’entend. Quant au jeu de saxophone, je le trouve ici « décapant » : il reproduit le style d’une prise de son très « années 60 » de laquelle émane une forme de nostalgie qui m’a tout simplement fait frémir.
Conclusion :
20 ans au compteur ! et le CD 100 est toujours au catalogue du constructeur. Il faut admettre que ce lecteur, fait office de best-seller dans sa catégorie. Certes, sur le plan cosmétique, peu de choses ont évolué. Son esthétique est toujours d’actualité, indémodable en tout cas. Sur le plan technique, quelques améliorations techniques lui ont permis de traverser les années sans prendre une ride. Par rapport à ses prédécesseurs, sur le plan musical, le CD 100 SE-2 s’est adouci. A titre personnel, je lui reconnaît une musicalité d’enfer compte tenu de son prix, et il peut être désigné comme le « premier de cordée » d’une chaîne HI-FI de grande qualité.
Synthèse : | Musicalité : réellement appréciable Appréciation personnelle : enchanté Rapport musicalité – prix : une référence dans sa catégorie |
Prix : 1000 € (02/2018)