ATOLL IN 400
Origine : France
Ampli-préampli intégré à transistors
Puissance : 2 x 160 Watts sous 8 ohms – 2 x 300 Watts sous 4 ohms
Bande passante : 5 Hz à 100 kHz
Distorsion à 1 kHz : < 0,05 %
Rapport signal / bruit : 100 dB
4 entrées haut niveau RCA,
1 entrée symétrique XLR
1 entrée enregistreur,
1 sortie enregistreur,
1 entrée bypass,
1 entrée USB,
2 sorties bloc de puissance,
1 sortie casque Jack 6,25
Jusqu’ici pour être présent sur le créneau du matériel « haut de gamme », ATOLL avait misé sur des électroniques dont la section préamplificatrice et les blocs de puissance étaient séparés, avec comme illustration le couple PR 300 et AM 200. Cet ensemble ainsi que d’autres références de gamme inférieure m’avaient laissé de bons, voir d’excellents souvenirs musicaux, en regard des tarifs tout à fait compétitifs.
Pour l’heure, désirant élargir une gamme de produits déjà pléthorique, ATOLL a décidé de viser au cours de l’année 2010 le créneau « haut de gamme » avec l’amplificateur intégré IN 400, qui sera accompagné prochainement d’un lecteur CD (en cours de finalisation).
En tout cas, la découverte de ce nouvel intégré « en jette » carrément, et la prise en main permet de confirmer le sérieux avec lequel cet amplificateur a été pensé, construit, et fini.
Sobre dans sa présentation, on voit bien que l’IN 400 peut entrer dans la cours des grands amplificateurs : stabilité, et chasse aux perturbations ont du constituer les bases de réflexion de cet énorme intégré dont le châssis en acier à ailettes latérales a été conçu pour servir de dissipateur thermique.
La face avant en aluminium poli de 10 mm accueille un afficheur bleu qui renseigne l’utilisateur sur toutes les possibilités et fonctions en cours. De part et d’autre de cet afficheur, 2 potentiomètres multi-fonctions permettent de régler le volume, la balance, la sélection des sources. Une prise casque au standard jack 6,35 permettra une écoute en solitaire.
Le verso de l’appareil reçoit un nombre important de connecteur RCA de très bonne qualité directement boulonnés sur le châssis, une paire d’entrée XLR confirmant le fonctionnement en mode symétrique, et une seule paire de bornes HP d’origine WBT, ne permettant que le mono-câblage. On repèrera également une entrée USB pour l’anecdote, mais cela sous entend que l’IN 400 est muni d’une section de conversion numérique / analogique d’origine. Visiblement, l’étage phono est en option, mais les concepteurs ont eu le bon sens de doter leur machine d’une boucle monitoring intégrale pour la connexion d’un enregistreur analogique.
Côté « machinerie », ATOLL a vu grand : eu égard à la puissance importante, et dans un souci de stabilisation du courant, l’IN 400 embarque deux transformateurs toroïdaux superposés d’une valeur totale de 1000 volts / ampère ! Chacun d’eux sera dédié à chaque canal, car il faut relever que cet amplificateur a un schéma de type double monophonique. Le filtrage est assuré par une armée de condensateurs (12 au total) développés pour ATOLL d’une capacité unitaire de 6800 microfarads. Fort de ces quelques références, L’IN 400 pourra driver sans sourciller la quasi totalité des enceintes acoustiques du marché, les plus réticentes.
Pour reprendre une expression très tendance, c’est du lourd !
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ECOUTE
Les tests d’écoutes ont été effectués avec comme source le couple drive ESOTERIC P05 / convertisseur ESOTERIC D05, une paire d’enceintes acoustiques B & W 804 Diamond, câbles modulation et HP YBA Diamond et câble numérique ESPRIT Structura.
CD utilisés : La Folia – Gregorio Paniagua, Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire – Volume 2, et La Missia Criolla – direction José Luis Ocejo.
Les lecteurs du site Audiophilefr.com connaissent mon attachement à la marque ATOLL depuis longtemps, mais je dois avouer que l’écoute de l’IN 400 m’a rendu quelque peu perplexe, et même interrogatif. Autant, je trouve les intégrés de début et milieu de gamme généreux, autant il semble manquer à l’IN 400 ce petit quelque chose qui en fait un compagnon de route musicale pérenne. Cet état d’âme de ma part que l’on peut qualifier de déception ne porte pas sur la qualité des timbres à proprement parler, mais sur ce côté généreux qui caractérisent les autres produits de la marque. Ainsi, pour ce compte rendu, je vais faire une distinction entre les points forts et les points faibles, ou points à améliorer.
Fort heureusement, les points fort de l’IN 400 sont nombreux et méritent d’être clairement mis en avant.
Lors de l’écoute de Missa Criolla, les vocaux sont proposés avec un réalisme qui traduit un aspect communicatif et humain sans précédent. Les chœurs respirent, et s’expriment de façon intelligible avec une présence à faire froid dans le dos. En clair, l’IN 400 ne peut à aucun moment être pris en défaut sur l’aspect naturel.
Cette remarque est largement confirmée lors de l’écoute du CD de Tri Yann et l’Onpl qui associe des chœurs puissants et des vocaux solos admirablement »retranscrits » ici. Ensuite, et par rapport aux autres électroniques de la marque, l’IN 400 confirme sa distinction sur le plan de la fluidité : les instruments de musique s’enchaînent, se mélangent ou s’opposent, se succèdent et se superposent sans accrocs, avec un très beau délié et la musique coule avec bonheur. On pourra d’ailleurs en juger et le constater sur le l’extrait de la Folia et le jeu de clavecin dont les timbres sont extrêmement bien dosés. Sur cet extrait, chaque instrument de musique est clairement mis en lumière et le pizzicato de violon est proposé avec une finesse et un réalisme qu’il convient de souligner.
Ces remarques m’amènent à mettre l’accent sur la transparence générale, la précision, et l’excellent détourage des instruments de musique, qui ne peuvent à aucun moment être remis en cause. Avec le CD de Tri Yann, à travers la masse orchestrale parfois chargée, on a aucune peine à percevoir le tintement du triangle, et les quelques notes de mandoline savamment distillées. Ainsi, pour ceux qui recherchent un côté analytique, mais qui n’en fait pas trop, l’IN 400 ne les décevra à aucun moment.
Là, ou on attend forcément un produit ATOLL au tournant, c’est sur sa propension à faire preuve de douceur. Certes, l’IN 400 n’a pas la douceur et la rondeur de certains amplificateurs à tubes, mais malgré ses traits de caractère lumineux, je dois avouer qu’il ne fait jamais preuve d’agressivité. Le violon soliste, le jeu de guitare électrique, les coups de cymbales sont reproduits avec franchise, précision, propreté, sans jamais déborder sur une forme d’agressivité quelconque – attention donc aux idées reçues. Un excellent point est donc à mettre à l’actif de cet intégré qui sait restituer des couleurs de timbres très variées, empreintes d’une belle finesse, réellement vraisemblables, et finalement fort agréables.
Mais où donc est passé le registre grave ? c’est vraiment la première question que je me suis posée dès les premières minutes d’écoutes. Quel que soit le type de musique, j’ai eu l’impression que le registre grave était écourté, peu profond, et pour tout dire absent. Certes, comme sur les autres amplificateurs de la marque, il est d’une lisibilité exemplaire et la fermeté est bien présente, mais il ne descend pas assez bas pour être totalement convainquant.
La seconde remarque concerne la scène sonore. Sur tous les passages écoutés, il faut admettre que cette scène sonore est relativement ample, mais on a l’impression que les instruments de musique n’ont pas la taille qu’ils devraient avoir. De fait, les percussions qui accompagnent la Missa Criolla semblent légères et manquent singulièrement de poids. On retrouve également cette impression avec les percussions de l’ONPL et le jeu de guitare basse électrique utilisés par Tri Yann.
Par ailleurs, j’ai été frustré par la présence relativement « éloignée » des musiciens; ainsi on pourrait croire que leurs instruments de musique n’ont pas la dimension souhaitée et réaliste que l’on peut ressentir avec d’autres amplificateurs, y compris de la gamme ATOLL – sur ce point précis, la communication semble trop discrète à mon goût. Entendons nous bien, je n’apprécie pas non plus lorsqu’une électronique joue de façon trop prononcée sur l’aspect démonstratif, mais certains instruments m’ont semblé manquer un peu de corps, de présence, et même de matière.
Conclusion :
A tout dire, je suis resté interrogatif, voire même un peu déçu à l’écoute de ce nouvel intégré. Je m’attendais à un produit extraordinaire qui apporte ce brin d’émotion qui manque si souvent aux produits de la concurrence, mais que, par ailleurs, peuvent apporter les autres références du même constructeur. Si les câbles et la source ne peuvent être remis en cause, peut-être que les enceintes B & W 804 ne sont pas les mieux adaptées à ce produit. D’autres essais pourront peut-être se révéler plus probants.
Cotations : |
Musicalité : difficile d’établir une cotation objective
Rapport musicalité – prix : sans objet |
Prix : 4500 € ( 01/2011 )
Test d’écoute réalisé par
Lionel Schmitt
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