ATOLL – Dac 200
Origine : France
Convertisseur numérique / analogique
Bande passante : non spécifiée
Rapport signal/bruit : non spécifié
Distorsion : < 0,0004%
Dynamique : 129 db
Dac : multi-bits
Conversion : 24 bits – 192 kHz
Sorties analogiques symétrique XLR
Sorties analogiques asymétriques RCA
Sortie casque en façade : jack 6,35
Sorties numériques :
* 1 coaxiale
* 1 optique
Entrées numériques :
* 1 AES / EBU
* 2 S/PDIF coaxiale
* 3 S/PDIF optique
* 1 USB
* 1 wireless
Présentation du DAC200
A l’ouverture du carton, on découvre donc ce DAC200. Si la documentation est plutôt sommaire, avec un additif sur papier simple pour l’installation du driver USB, Le DAC en lui-même et les accessoires respirent le sérieux : outre un câble d’alimentation très correct, on trouve également un câble de modulation RCA, une télécommande pouvant piloter tous les appareils de la marque, ainsi que le fameux dongle USB, sur lequel je reviendrais. Avec ses 4kg, son design « slim » et sa sobriété, pas de doute : on a affaire à un produit Atoll de très bonne facture. Un boitier métal costaud et une façade alu (8mm d’épaisseur !) respirant la qualité de fabrication soulignent le soin apporté à l’assemblage.
Amélioration par rapport au DAC100 : un afficheur indique l’entrée sélectionnée. Cet affichage se révélant cependant plutôt « avare » (par exemple, on a droit à un laconique « C-1 » pour indiquer que c’est l’entrée coaxiale 1 qui est sélectionnée) et assez basique avec sa couleur verte et ses 3 caractères.
Un des points forts du DAC200 est sans aucun doute sa connectique très complète : il propose pas moins de 7 entrées (3 optiques, 2 coaxiales, 1 AES, 1 USB asynchrone), 2 sorties numériques (1 coaxiale,1 optique) et 2 sorties analogiques (2 x RCA et 2 x XLR).
En façade, on retrouve sous l’afficheur les 8 boutons de sélection des entrées. Pourquoi 8 alors que je vous ai dit qu’il y avait 7 entrées ? Tout simplement parce que la 8ème, c’est la fameuse entrée wifi, dont l’association avec le dongle (fourni) se fait à l’aide d’un petit bouton d’association situé au dos du boitier, près du bord droit (ce qui permet de passer la main facilement pour refaire éventuellement l’association).
Sur cette façade, on retrouve également un bouton de mise en veille (un interrupteur on/off étant présent au dos), une prise casque en jack 3,5 et … un potentiomètre de volume : en effet, le DAC200 peut être utilisé bien sûr en tant que « simple » DAC, mais aussi en tant que DAC/préampli, ce qui permet d’attaquer directement un bloc de puissance. Dans ce cas, une simple manip sur la télécommande permet de passer du mode by-pass ON (avec niveau de sortie bloqué) au mode by-pass OFF, permettant ainsi le contrôle du volume grâce au DAC.
Toutes les entrées acceptent le 16 et 24 bits, du 44,1 au 192 KHz pour les optiques et coaxiales, et du 32 au 192 KHz pour l’USB.
La conversion est assurée par des Burr-Brown 1792, et les condos utilisés ne sont autres que des MKP. Enfin, la conception est de type « vraie symétrique ».
La mise en route et le paramétrage sommaire ne posent aucun problème particulier. Il est à noter que, au vu de mon installation, je n’ai pas testé la possibilité d’association directe du DAC avec un PC ou un NAS via le dongle. Cependant, un forumeur l’a fait sans aucun problème et semble très satisfait de cette association. Seule condition pour que cela fonctionne bien sûr : que le NAS puisse sortir le flux audio directement par l’USB où sera branché le dongle.
Attention à un point de détail qui a son importance : ce DAC chauffe de manière assez conséquente. Il faudra donc veiller à ne pas le placer sous un autre appareil, et lui assurer une circulation d’air suffisante sur la face supérieure.
Depuis le temps que je l’avais promis , je profite donc du fait d’avoir un peu de temps devant moi mais aussi et surtout d’avoir pu étendre mes écoutes et mettre différentes sources sur ce fameux DAC200 pour en faire un modeste CR qui, je l’espère, pourra donner quelques éléments de réponse à ceux qui hésiteraient entre plusieurs DAC mais qui n’auraient pas forcément la possibilité de les écouter.
Je précise avant toute chose que, bien évidemment, les impressions d’écoute que je donne ci-dessous sont principalement subjectives et par conséquent ne sauraient en aucun cas être assimilées à des « vérités auditives non contestables ».
Ces impressions d’écoute sont aussi étroitement liées aux différents éléments composant mon système, éléments reflétant ce que je recherche en en terme de reproduction sonore. J’espère que vous vous montrerez indulgents quant au vocabulaire utilisé, qui ne sera pas forcément celui que vous pourriez attendre.
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ECOUTE
Afin de tenter d’apporter le plus d’informations possibles, j’ai utilisé la méthodologie d’écoute suivante :
- Comparatif « sources classiques » contre « DAC200 + source dématérialisée », les sources classiques et le DAC étant connectés chacun à une entrée différente sur l’ampli en RCA (je n’ai volontairement pas utilisé les entrées XLR car la différence de niveau RCA /XLR risquait d’introduire une fausse impression de dynamique élevée).
- Comparatif « sources classiques » connectées au DAC contre « source dématérialisée » également connectée au DAC, le DAC étant connecté à l’ampli en symétrique.
- Ecoute seule du DAC200 avec source dématérialisée
Les tests d’écoute ont été effectués en deux séances avec le matériel suivant : Sources « classiques » : lecteur CD Myryad Z114, lecteur BR Oppo BDP-93EU non modifié – Source « dématérialisée » : Sonos Connect + NAS QNAP, fichiers en FLAC- Amplificateur : intégré Accuphase E-350- Enceintes : Paradigm Studio 100 V 5- Câbles de modulation : RCA : RealCable CA1801, XLR : Sommercable Galileo 238 + Neutrik, coaxial : Sommercable Hicon Vector.
Il est également à noter que toutes les sources « classiques » sont parfaitement rôdées, tandis que le Sonos et le DAC200 totalisent chacun une quarantaine d’heures de fonctionnement.
Afin de ne pas trop m’éparpiller (c’était dur tellement on en redemande), j’ai essayé de limiter cette écoute à quelques dizaines de CD que je connais absolument par cœur, parmi lesquels :
– Thelma Houston & Pressure Cooker : « I’ve got the music in me »
– Pink Floyd : Dark side of the Moon (remasterisé)
– Vivaldi : concerti pour violoncelle Christopher Hogwood
– Brahms : concerto pour violon opus 77, Gidon Kremer et philharmonique de Vienne
– Rachmaninov : concerto pour piano n°2, Sviatoslav Richter et philharmonique de Varsovie
– Ray Charles : the definitive Anthology
– Jane Monheit : Come dream with me
– Diana Krall : the look of love
– Dream Theater : a dramatic turn of events
– Megadeth : Th1rt3en
– Seal : greatest hits
– Billy Cobham : Powerplay
1° Comparatif : DAC200 contre Myryad Z114
D’entrée de jeu, on sent que l’on a affaire à deux types d’écoute de très bon niveau, avec beaucoup de points communs , particulièrement en ce qui concerne leur côté analytique qui permet d’appréhender les moindres micro-informations du morceau écouté. Les subtilités du mixage se révèlent au grand jour, et le revers de la médaille, c’est que ces deux sources seront impitoyables pour les mauvais enregistrements.
Côté registres, le Myryad apparait immédiatement comme plus montant avec également une très légère bosse dans le médium/haut-médium. Il semble ainsi plus chaleureux au premier abord, mais peut se révéler un poil plus insistant, notamment sur les cordes (et en particulier les violons), les synthétiseurs dans leur registre haut mais surtout les cymbales. C’est d’ailleurs particulièrement audible sur le CD de Billy Cobham, où le Myryad pourra se montrer un tantinet agressif.
Avec le DAC200, point de cela. D’emblée il montre une de ses principales qualités : sa neutralité. Neutralité qui d’ailleurs pourrait passer pour de la platitude lorsqu’on le compare à des sources plus typées « chaleureuses » et lors des premières écoutes.
Mais au fur et à mesure, le DAC200 montre tous les aspects de sa personnalité : sur le Moderato du concerto pour piano n°2 de Rachmaninov, et malgré l’âge déjà conséquent de cet enregistrement, on ressent tout le détail des premiers accords martelés crescendo sans aucune impression de brouillage des notes.
Le DAC 200 s’en tire aussi bien dans des registres rock, voire métal : le suivi des arpèges à la guitare et de la ligne de basse des virtuoses de Dream Theater sur « Outcry » par exemple, est un régal de précision.
Là où le Myrad est, à mon avis, légèrement devant, c’est sur les petites formations typées jazz : Diana Krall et Jane Monheit ont ainsi une légère pointe de « suavité » supplémentaire avec le Myryad.
Cependant, comme je le soulignais plus haut, le côté plus montant et la petite prédominance dans le médium font que forcément, les voix féminines sont à leur avantage. Il n’en reste pas moins qu’à la longue, et selon les enceintes utilisées, cette petite coloration pourra parfois interpeller, sur des cuivres notamment.
Pour ce premier match, et malgré un Myryad Z114 d’un excellent niveau, le DAC200 me semble globalement supérieur, ne serait-ce que grâce à sa neutralité.
2° Comparatif : DAC200 contre Oppo 93
Dès les premiers instants, et comme on le dit au Vatican, Ite Missa est, que l’Oppo soit excellent en lecture blu-ray et DVD, c’est un fait, mais en analogique, son DAC interne se fait proprement laminer par l’Atoll.
La restitution de l’Oppo est extrêmement sèche et sans âme, le grave est en retrait, l’extrême aigu à la limite du sifflant, en bref toute émotion a disparu. Même Ray Charles donne l’impression de jouer sur un Bontempi fatigué sur « Shake your tailfeather » … Passage sur le DAC200 (je calais les morceaux à la seconde près) : le Rhodes explose de joie et mister Ray nous abreuve avec délice de sa voix rocailleuse … c’est un gouffre, que dis-je, un monde qui sépare ces deux sources !
Ne voulant pas perdre plus de temps à humilier ce pauvre Oppo (que je vais pourtant garder ! ) , je modifie les câblages et je passe au test suivant.
3° Comparatif : toutes sources connectées derrière le DAC200
Etant donné que le DAC200 ne propose que deux entrées coaxiales, il me faut choisir quelle source sera connectée au DAC en optique. Le Myryad sera forcément en coax, vu qu’il ne propose pas de sortie optique. Afin de mettre l’Oppo sur un pied d’égalité en matière de connexion face au Myryad, je le met en coax, laissant ainsi l’optique au Sonos Connect.
Le DAC200, quant à lui, sort en symétrique vers l’Accuphase.
Je commence avec Thelma Houston et le morceau « I’ve got the music in me », sur le Sonos. L’intro et son octave familière au piano emplit la pièce, puis Dame Thelma prend une inspiration (et dieu sait si on l’entend !) … et je la retrouve là, dans mon salon, juste devant moi ! L’immersion est absolument saisissante : la batterie entre en jeu, les cuivres, les bois, tout se met à sa place d’une manière remarquablement fluide et naturelle …
Hop ! bascule sur le Myryad : le côté chatoyant et montant du lecteur seul a disparu. On le retrouve plus sage, plus neutre mais bien évidemment avec la grande précision qu’apporte l’Atoll. Preuve si il en fallait que le DAC interne d’un lecteur fait quasiment tout le travail.
Même test en confrontant cette fois le Sonos à l’Oppo … Ce dernier est littéralement transcendé par le DAC200 : finies les sonorités sèches et froides du lecteur seul, et place à la musique dans toute son ampleur. J’ai même l’impression fugace d’une précision encore plus grande.
Alors ? Effet placebo ou réelle influence du drive ? Toujours est-il que le comparatif sur le Rachmaninov semble confirmer cette impression et tourner (de très très peu) à l’avantage de l’Oppo : la « stabilité » des cordes me parait meilleure, le tempo est mieux suivi … idem sur la basse électroacoustique de « If » de Jane Monheit : la vibration de la corde semble plus palpable. Je suis assez surpris de cette constatation car pour être tout à fait honnête, je ne m’attendais pas du tout à une différence notable, ou tout au moins brièvement perceptible sur certains enregistrements.
Pour l’instant donc, le couple Oppo 93 / DAC200 semble tirer son épingle du jeu …
Mais comme l’achat de ce DAC s’est fait principalement pour évoluer vers la dématérialisation, autant le tester dans les conditions auxquelles je le destine.
Dès le lendemain, je commence une écoute plus approfondie et plus variée, afin de tenter de pousser ce DAC dans ses derniers retranchements. Pour cette écoute, seul le Sonos est relié au DAC, mais cette fois-ci en coaxial par l’intermédiaire du Sommercable Hicon Vector.
Je m’installe confortablement et commence par un hors d’oeuvre assez léger : le concerto pour violoncelle en ré mineur de Vivaldi. Les premières notes en font que conforter l’impression que j’avais : pas d’exubérance, pas d’excès de chaleur mais pas de froideur non plus, neutralité est le maître mot. La musique avant tout. Les timbres sont parfaitement respectés : le violoncelle n’a pas ce coffre parfois exacerbé des électroniques trop chaleureuses, les violons (qui peuvent vite paraitre crispants sur cet enregistrement et un mauvais lecteur) sont ici bien discernés et fluides. La dynamique est excellente. Et l’on retrouve cette précision de la partition presque surprenante : les attaques de l’archet et les vibrato sont d’un réalisme rare, une attaque est une attaque, un legato est vraiment « lié », bref, on se surprend à osciller de la tête au rythme de la partition.
Pour faire dans le contraste maximum, j’enchaine avec Megadeth et son petit dernier, « Th1rt3en ». D’aucuns crieront au sacrilège. Personnellement, et même si je pressens quelques réactions, je trouve que le métal est un excellent test en ce qui concerne les temps de réponse, le « traînage » ou pas, etc, etc … (et accessoirement c’est un genre que j’aime, donc … ).
Je mets donc « Fast lane », qui, avec sa rythmique très rapide et sa double pédale, me semble être la plage idéale.
D’emblée, la précision du DAC200 fait merveille. Contrairement à bon nombre de lecteurs ou de DACs, la finesse de la rythmique est ici parfaitement transcrite et comme découpée au scalpel. J’en arrive même à entendre des subtilités que je n’avais jamais entendues sur ce titre ! La batterie est également sans pitié : la double-grosse caisse ne « bave » absolument pas, les différences de tonalité des toms ressortent parfaitement bien tandis que les cymbales ne sont pas du tout (comme parfois sur certains lecteurs) noyées dans la masse. L’effet foot tapping est immédiat, et la fidélité du grain de voix rocailleux et inimitable de Dave Mustaine ajoute à l’impression de présence de l’ensemble.
Dans tout ce flot de qualités vient malgré tout une petite remarque plus négative : le DAC200 me semble un petit peu court dans l’extrême grave. Cela ne se détecte pas forcément de manière flagrante sur tous les enregistrements , mais plutôt ponctuellement, par exemple sur une note de basse appuyée ou (c’est comme cela que je l’ai ressenti) sur une grosse caisse.
Entendons-nous bien : ce trait de caractère du DAC200 n’est pas un défaut avec un grand D, et je pense d’ailleurs qu’il ne sera discernable qu’avec des enceintes capables de descendre proprement assez bas, mais il se doit d’être signalé.
D’ailleurs, cet extrême grave un poil court est peut-être aussi une impression subjective liée au « tendu » de ce DAC.
IPad en main (vive le Sonos et la CDthèque au bout des doigts ! ), je continue avec bonheur mes pérégrinations musicales : je ne résiste pas à l’envie de revenir au Grand Ray … « Imagine » … Et là … : je crois bien que c’est avec ce morceau que l’Atoll m’a mis sa plus grande claque ! C’est dans ces moments-là qu’on voudrait dire « Stop ! je ne touche plus à rien dans mon système ! ».
Les timbres, la dynamique, le réalisme de la scène sonore, la voix, TOUT est saisissant de réalisme, de vie, d’émotion, bref, on est dans un club privé avec Ray Charles, et on ne se lasse pas de son talent et de celui de ses musiciens. La subtilité des doigts sur le clavier du Rhodes, le toucher feutré de la basse, la voix, les chœurs … rien ne manque … c’est beau, tout simplement. Une grande, très grande révélation.
J’en ai la confirmation sur « the great gig in the sky », où la voix de Clare Torry associée au piano de Richard Wright m’amènent cette réaction épidermique que l’on connait parfois (et que je vous souhaite !) : vous savez ? Les poils qui se hérissent sur les bras et le frisson qui vous parcourt l’échine…
Et je pourrais vous citer des tonnes d’exemples dans le même genre, tant cette écoute m’a enchanté, mais j’ai l’impression que ce CR devient trop long, donc arrivons-en à la conclusion :
Conclusion :
Ce DAC200 est, à mon sens, une véritable réussite de la part (Cocorico !) d’Atoll. Il offre une restitution particulièrement définie, presque chirurgicale, avec une grande neutralité sur l’ensemble du spectre.
Si certains auditeurs pourront interpréter cette neutralité comme de la froideur, il serait cependant dommage de s’arrêter à cette première impression car au fil des écoutes, le DAC200 révèlera toutes ses qualités et sa capacité à délivrer la musique sans aucune coloration ou générosité de telle ou telle partie du spectre. On notera également une scène sonore d’une belle largeur, appréciable sur les grands ensembles symphoniques.
En ce qui concerne les points en retrait, j’en vois deux : tout d’abord cet extrême grave très légèrement écourté, mais aussi, sur certains morceaux, une certaine impression de « rétrécissement » de la profondeur sonore, un peu comme une « 3D écourtée ». Il faut cependant reconnaitre que cette sensation n’est pas « marquée au fer rouge » mais plutôt fugace sur certaines orchestrations.
La qualité de fabrication et la connectique sont à l’avenant, avec cette possibilité assez unique dans cette gamme de prix de pouvoir être directement connecté à une source dématérialisée via le couplage wifi, Atoll fournissant « de série » le dongle adéquat.
Le mot de la fin ? Essayez d’y jeter une oreille : qu’il vous séduise ou non, il mérite d’être écouté ! Pour ma part, je l’ai adopté sans réserves.
Prix : 1500 € (04/2012)
Ecoute réalisée par
Scudabear
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