MB2A – TOSCA AT 3
Amplificateur intégré à tubes
Origine : France
Puissance :
2 x 12 watts / 8 ohms sur charge résistive
2 x 20 watts / 8 ohms sur charge inductive
Bande passante : 15 Hz à 35 kHz
4 entrées haut niveau sur connecteurs RCA
C’est toujours une joie pour moi de découvrir une nouvelle marque de produits haute fidélité; ça l’est d’autant plus si, de surcroît elle est française, et comble de bonheur il apparaît que MB2A est née à Metz à quelques kilomètres de chez moi. Il ne m’était donc pas permis de passer à côté ou de mentionner simplement ces produits sans aller les découvrir à l’écoute, les manipuler, les ausculter…..et les apprécier. La gamme MB2A est déjà riche puisqu’elle comporte 3 amplificateurs intégrés, déclinés également en version « + » et Signature, un préamplificateur à tubes phono MM (pour cellules à aimant mobile), et une gamme complète d’enceintes acoustiques et de câbles modulation, HP, et secteur. Tous ces produits sont fabriqués dans un petit atelier dans la périphérie de Metz (en Moselle) selon des critères rigoureux notamment dans la sélection des composants électroniques, selon des principes techniques simples (mais pas simplistes) et éprouvées, et qui donnent du résultat à l’écoute. L’objectif est de proposer une restitution sonore naturelle, sans fioritures, mais surtout sans caricatures. Cette « histoire » née d’une passion commune prend les traits d’un accueil chaleureux de la part des responsables de la société pour cette découverte.
Le premier contact avec l’amplificateur AT 3 est sans commune mesure avec d’autres amplificateurs. Il s’agit d’un amplificateur intégré de petite dimension, que je qualifierais même de compacte, dont la présentation est des plus rassurantes qui soit. Bien construit, bien fini, superbement présenté, sa face avant ne regroupe qu’un minimum de fonctions : un potentiomètre de volume (d’origine Alps), un sélecteur de sources rotatif pour les quatre entrées haut niveau, et au centre une minuscule diode bleue qui signale que l’appareil est sous tension. Pas de télécommande, et on pourra peut être regretter l’absence d’une boucle monitoring pour ceux qui utilisent encore des enregistreurs analogiques et / ou une sortie pour un amplificateur casque (ce qui est mon cas).
Au verso, on trouvera une connectique de haut de gamme d’origine WBT, fiches RCA au rhodium, et HP en platine permettant la connexion de fiches bananes, fourches, ou fil nu. Par ailleurs, pour la mise sous tension dont l’interrupteur se trouve au verso de l’appareil, le concepteur a eu la bonne idée d’opter pour une solution à 2 positions permettant d’inverser la phase secteur – c’est simple, mais astucieux, et diablement efficace.
L’électronique est implantée au sein d’un châssis compact entièrement en aluminium qui repose sur 3 pieds – concept qui a fait par ailleurs ses preuves dans le domaine de la gestion des vibrations, du découplage, et de l’immunité contre toutes sortes de vibrations parasites internes ou externes, de par les propriétés amagnétiques et anti-statiques.
Sur le plan technique, l’AT 3 utilise un schéma de type parallèle simple étage configuré en pure classe A. Tous les composants sont reliés entre eux selon le principe du câblage « en l’air » faisant ainsi abstraction d’un circuit imprimé, ce qui a pour conséquence la suppression de l’effet « mémoire » parasite propre à l’utilisation de circuits imprimés. Du coup, ce montage permet de réduire le trajet du signal entre les composants, avec un incidence directe sur la transparence et le degré d’ouverture.
L’étage d’entrée est confié à un tube 6 SL 7 et chaque étage de sortie utilise un tandem de tubes 6V6 avec configuration en pure classe A. On notera que la polarisation s’effectue de façon automatique.
Les autres composants ne sont pas en reste, puisque les concepteurs n’ont pas hésité à doter cet amplificateur de transformateurs de sortie fabriqués pour eux sur cahier des charges spécifique en tôle à grains orientés et fil de cuivre OFC délivrant suffisamment de courant pour driver notamment des enceintes au rendement moyen, et ce, en dépit d’une puissance considérée comme modeste, mais qui tient ses promesses.
Enfin, outre les tubes sélectionnés à l’écoute, les autres composants ont été choisis en fonction de leurs propriétés électriques mais aussi pour obtenir des résultats optimaux et homogènes sur le résultat musical. Ont été retenus comme références des condensateurs chimiques JJ, Mundorf série Silver Oil, et Elna Simic.
Côté descriptif, l’essentiel a été dit – place à l’écoute. |
ECOUTE
Les tests d’écoute ont été effectués en deux étapes : amplificateur AT 3 associé avec des enceintes Tosca Aria 4 associées au caisson Tosca Sub 10 – câbles modulation, HP, secteur Tosca. Pour ce test, la source était un simple lecteur de DVD / CD d’origine Nad.
Test N° 1 : Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire – Volume 2
A tout dire, la première impression qui se dégage à l’écoute de ce système est surprenante, voire déconcertante. Ne cherchons pas de comparaison entre ce système à un autre : il n’y en a tout simplement pas !
En 35 ans d’écoutes, je n’ai jamais entendu un système sonner de cette manière. Pour moi, c’est une réelle nouveauté, et il convient tout d’abord faire la distinction entre le caractère musical de l’amplificateur et les enceintes qui y sont associées – à savoir les fines colonnes Tosca Aria 4 et le caisson Sub 10.
Il m’a fallu tout de même attendre quelques minutes pour m’habituer à cette nouvelle donne musicale – Je m’explique. Les enceintes dont on reparlera ultérieurement sont de fines colonnes utilisant 4 mini haut-parleurs d’origine Fostex de type large bande, qui concentrent leur restitution sur le registre médium avant tout – mais quel médium ! Sans projeter la scène sonore en avant, sans effet »loupe » ce système a le pouvoir de mettre en évidence et de détourer les instruments de musique et les voix de façon parfaite et surtout très réaliste.
Aucun instrument de musique n’est voilé, ou n’est mis de côté. J’ai retrouvé par exemple au sein de l’Orchestre National des Pays de Loire un jeu de cromorne évident à entendre, astucieusement mis en valeur, et qui sonne comme un véritable instrument médiéval en bois. Même constat avec le jeu de mandoline parfois discret ou absent sur certains systèmes; on arrive aisément à suivre la ligne mélodique sans tendre l’oreille. Le jeu du petit triangle parfois inaudible teinte normalement.
J’ai été également conquis par la transparence générale, l’étagement des plans et le relief procuré, l’enchaînement et la limpidité sur les grandes envolées de cordes de l’orchestre. On sent bien ici que l’AT 3 a de l’énergie à revendre, mais il le fait de façon élégante, à la fois douce et précise, sans agressivité avec beaucoup de distinction et d’aisance. La scène sonore est ample, mais ne déborde jamais, comme j’ai pu le constater avec l’ensemble de choeurs qui accompagne les interprétations du Groupe Tri Yann au meilleur de sa forme. S’agissant des vocaux solos et des choeurs, on sent un côté chaleureux (mais pas trop), très communicatif, enthousiasmant, et surtout NA-TU-REL.
Test N° 2 : La Folia – Gregorio Paniagua
Le test d’écoute dont l’enregistrement est de meilleure qualité, confirme sans problème l’absolue neutralité du système et de l’amplificateur notamment. Cette écoute n’a absolument rien à voir avec celle proposée par certaines électroniques chinoises qui ont tendance à simplifier le message musical, ou à le rendre tantôt sirupeux, ou même pire d’une sécheresse absolue. Avec l’AT 3, on a affaire à du grand art et l’écoute de la Folia confirme une infinie précision sur les percussions, une finesse et une élégance hors du commun qui se traduit par un jeu de clavecin réaliste, ayant du grain et du corps, et donc très naturel.
J’ai retrouvé également la restitution d’une simple flûte à bec conforme à l’original et le souffle de l’interprète met en évidence un côté transparent sans équivoque. Le pizzicato du violon est à la fois précis, claire, et s’approche à s’y méprendre de celui d’un violon écouté en direct.
Test N° 3 : Double Jeux – Laurent Korcia
Dans l’extrait Minor Waltz : 3 interprètes, Laurent Korcia au violon, Pierre Boussaguet à la contrebasse, et Michel Portal au bandonéon. Ici encore, le côté naturel est mis à l’honneur et le jeu de violon apparaît comme bien « cerné »; il est proposé avec une infinie fluidité sans agressivité, avec de la conviction et la précision qui met d’ailleurs en évidence les qualités artistiques du musicien. Le jeu de contrebasse est d’une lisibilité exemplaire, sans aucune boursouflure, mais surtout cette contrebasse prend une dimension réaliste au sein de la scène sonore. D’ailleurs sur ce point de la scène sonore, on peut remarquer que celle-ci est fort bien aérée et les musiciens ne donnent pas l’impression de jouer « les uns sur les autres » et une excellente spatialisation de la scène sonore rend cette écoute crédible. Enfin, les accompagnements du bandonéon sont soyeux, et on perçoit de façon très distincte toutes les petites subtilités du jeu de l’instrument, tels que les bruits mécaniques des touches de l’instrument – rien n’est filtré ou laissé au hasard.
Test N° 4 : Remember The River – Fred Simon (CD Sampler 6 Naim Audio)
Cet enregistrement effectué avec soin par Naim Audio est particulièrement savoureux à écouter dans ce contexte. Sur cet extrait, le trio saxophone / piano / contrebasse forme à la fois un tout indissociable, mais chaque musicien garde son autonomie si je puis dire. Le jeu de saxophone est bien modulé, varié, avec un velouté et un degré de précision incroyable. Il n’est nullement besoin de tendre l’oreille pour entendre les petits claquements des clefs de l’instrument. J’ai été particulièrement saisi par le jeu de contrebasse d’une sublime lisibilité et d’une excellente franchise, avec un pincement des cordes très authentique du quel émane de petits claquements issus du jeu de main du musicien. Enfin, la part belle est accordée au piano qui prend ici la dimension de celle d’un véritable piano de concert. Le poids et l’attaque des notes est tout à fait exceptionnel, et la présence donne une excellente illusion de présence dans la pièce d’écoute. A aucun moment, l’amplificateur n’a capitulé ou n’est parvenu à manquer d’énergie : la réaction est immédiate, confirmant son aisance et sa fluidité en toutes circonstances.
Conclusion :
Si les « petits » watts du Tosca AT 3 paraissent un peu légers sur le papier, sachez que cet amplificateur aura de quoi vous surprendre sur bien des points à condition de lui associer des enceintes de moyen ou haut rendement et une source de qualité audiophile. Sonner vrai, sonner juste, voilà la réponse qu’apporte immédiatement l’AT 3 dans sa version classique.
Cotations : |
Musicalité : 10 / 10
Rapport qualité – prix : 10 / 10 |
Prix : 3450 € (03/2010)
Test d’écoute réalisée par
Lionel Schmitt
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