ESOTERIC C-03 – A-80
Préamplificateur 1 Amplificateurs transistorisés (blocs monophoniques)
Origine : Japon
Préamplificateur :
3 entrées haut niveau RCA
2 entrées haut niveau XLR
2 sorties haut niveau XLR
1 sortie haut niveau XLR
Bande passante : 5 Hz à 120 kHz
Distorsion : 0,05%
Rapport signal / bruit : > 110 dB
Boucle monitoring : néant
Amplificateurs de puissance :
Puissance : 2 x 200 W sous 8 ohms
Bande passante : 10 Hz à 100 kHz
Distorsion : 0,05%
Rapport signal / bruit : > 100 dB
De plus en plus ESOTERIC confirme sa position sur le marché du très haut de gamme sans concession. J’en suis même à me demander jusqu’où le petit manufacturier qui appartient à TEAC va s’arrêter. Avec le préamplificateur C-03 et les blocs de puissance monophoniques A-80, on a réellement affaire à du » lourd » : le prix de ce matériel est, il est vrai, substantiel mais le concept ainsi que la musicalité de peuvent être remis en cause. Sur le plan esthétique, ESOTERIC a choisi la simplicité et la sobriété. Mais derrière ce masque, se cache des produits très élaborés, et poussés à l’extrême pour offrir le meilleur de la musique, avec en corollaire une fiabilité qui ne pourra pas être démentie.
S’agissant du préamplificateur C-03, la face avant ne reçoit que 2 commandes rotatives : une est destinée au choix des sources et l’autre au réglage du volume; entre les 2, on trouve un afficheur matriciel qui peut être éteint le cas échéant.
On notera que le C-03 est commercialisé en version dite » ligne », mais qu’une version phono peut être également disponible.
Le circuit général de ce préamplificateur est entièrement double mono, et du type symétrique comme en témoignent les connecteurs d’entrées et sorties XLR. Qui dit double mono, dit double mono de façon intégrale depuis l’arrivée du courant : en effet chaque canal dispose de son transformateur torique dédié. De plus, chaque partie qui compose les circuits est entièrement enfermée dans un compartiment indépendant de manière à ne pas perturber les autres circuits. Les composants ont été choisis à l’écoute, et ont fait l’objet d’un tri méticuleux, et le C-03 partage certains composants avec d’autres produits de cette gamme d’exception.
Le C-03 est souple à utiliser via sa télécommande, sa connectique est riche et on relèvera la très haute qualité des fiches RCA et XLR directement boulonnées sur le châssis, mais je regrette à titre personnel l’impossibilité de connecter un enregistreur analogique. Son châssis est tout ce qui il y a de plus stable; entièrement en acier et aluminium, ce dernier repose sur 3 pieds de conception élaborée lui permettant un sérieux découplage et donc une excellente immunité contre toute forme de vibration.
Les blocs de puissance à transistors A-80 font l’objet de la même attention. Assemblés au sein d’un châssis totalement inerte, ils accueillent tout d’abord un transformateur toroïdal de 1000 Volts / ampères destinés à garantir la puissance de 200 watts sous 8 ohms et 400 watts sous 4 ohms, sans fléchir d’un cheveu. Autours du transformateur, on observe l’implantation de 2 condensateurs totalisant 66000 micro-farads visant à stabiliser le courant et offrir une dynamique peu ordinaire, d’ailleurs confirmée par l’écoute.
On notera que le A-80 dispose de 3 entrées dont la sélection peut être effectuée par des poussoirs en façade; ainsi 3 fiches sont disponibles au verso de l’appareil : 2 RCA pour le mode asymétrique, et 1 XLR pour le mode symétrique. Les bornes HP sont issues du catalogue WBT.
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ECOUTE
Les tests d’écoute ont été effectués avec le matériel suivant : lecteur CD ESOTERIC P-05 – convertisseur ESOTERIC D-05, et des enceintes B & W Diamond Signature, ainsi que des câbles secteur, modulation et HP fournis par l’importateur, et YBA Diamond.
Test N° 1 : Madame BUTTERFLY – Rome Opéra Orchestra – Léontyne Price : Soprano
Avec cet enregistrement édité chez RCA collection Living Présence, on aurait pu craindre certains manquements, et une mise en évidence des carences qui pourraient caractériser un enregistrement qui date de 1959.
Eh bien non ! Tout d’abord l’enregistrement est de premier ordre, remarquablement »retravaillé », et il s’en dégage ici un aspect musical des plus naturel qui soit. La scène sonore prend une belle dimension, et semble s’imposer à l’auditeur sans qu’elle ne devienne envahissante. On sent que couple ESOTERIC en » a sous le pieds », mais son énergie, il la garde pour autre chose et surtout quand cela est nécessaire – pas de manifestations ou signes intempestifs destinés à épater les amateurs de fortes sensations. Quand l’orchestre s’impose, les C-03 / A-80 répondent à l’appel de façon magistrale, et je dirais majestueuse, sans accroc, sans vulgarité – tout est proposé dans le grâce et le discernement. Dans cet enregistrement, on retiendra naturellement la voix de Léontyne Price, Soprano pour la circonstance. Avec ce couple ESOTERIC, on est frappé par l’aspect très » vivant » de l’interprète, avec une restitution très déliée et très humaine de la voix. On perçoit de façon nette mais subtile, la reprise de respiration entre chaque phrase, et surtout aucun sifflement ne se fait sentir sur les » S » comme on y assiste bien souvent avec des systèmes audio très ou trop aseptisés.
Autant, le dire de suite, la restitution est franchement douce, fluide, et très homogène, et de la quelle il se dégage une part de délicatesse et de finesse rarement rencontrées.
Test N° 2 : COLLABORATION – The Modern Jazz Quartet with L. Almeida
Là, on change de registre et on teste l’ensemble ESOTERIC pour essayer de traquer les imperfections ou les points faibles. Eh bien ce n’est pas au niveau des électroniques que j’ai trouvé ces points faibles, mais sans doute au niveau des enceintes acoustiques elles-mêmes. Compte tenu des » possibilités » d’expression des C-03 / A-80, j’aurais associé d’autres enceintes que les BW Diamond Signature plutôt destinées à des ensembles moins » puissants ».
Néanmoins, on est littéralement scotché au fauteuil d’écoute lorsque l’on écoute le jeu de piano, qui est franc, net et qui offre une ampleur quasi identique à celle de l’instrument, qui, s’il avait été trouvé sur place, aurait sans doute donné un résultats très approchants.
Le test du xylophone ne pardonne pas dans les systèmes audio qui offrent une restitution approximative. Ici, j’ai eu beau chercher l’erreur, le déraillement, ou la distorsion qui feraient flancher ce système : eh bien, c’est raté. Ce xylophone passe comme une lettre à la poste avec une justesse de timbre eceptionnelles et une teinte sonore des plus naturelle qu’il m’ait été donnée d’écouter.
Le jeu de contrebasse est d’une lisibilité remarquable, et l’on se surprend à » voir se balader » sur le manche de l’instrument la main gauche qui plaque les accords. Parmi les micro informations que l’on est en droit d’attendre d’un tel système, on sera surpris par les détail des jeux de cymbales de la batterie, clairement restituées, mais avec ce côté ciselé tout à fait inattendu. Je ne crois pas me tromper en exprimant à nouveau que les C-03 / A-80 font preuve de détails et de subtilité, mais ceux-ci sont savamment dosés, et deviennent une évidence à l’écoute.
Test N° 3 : Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire – Volume 2
Jusqu’ici, on avait affaire à des enregistrements relativement anciens, et on pouvait alors s’attendre à une restitution relativement douce. Avec cet enregistrement public, on peut passer en revue à peu près tout ce qui touche à la musique de fusion. Outre, les membres de Groupe Nantais, s’ajoutent un ensemble de choeurs, au quel vient se mêler l’Orchestre National des Pays de Loire.
Lorsque tout ce petit monde se met à s’exprimer en même temps, ça peut faire beaucoup, surtout si la batterie et la guitare électrique s’en mêlent. Pas d’inquiétude : ici, tout est disctinctement perceptible, tout est audible, sans aucune confusion : chaque interprète est à sa place et joue de façon totalement libre, car on relèvera d’une part beaucoup d’air entre les musiciens – la scène sonore est ample – et d’autre part, on assiste à un superbe détourage des instruments et des voix. Ainsi personne ne vient empiéter sur les plates-bandes de son voisin.
L’Orchestre joue de manière magistrale, et la part belle revient aux nappes de violons et aux cuivres qui ont un velouté réellement enthousiasmant qui confirme la douceur et la fluidité de la restitution. Les percussions frappent de façon pleine avec du corps et de la consistance, la batterie donne un tempo redoutable sans sonner de manière surajoutée. Le violon solo n’a pas l’air d’un »crincrin » qui »gouaille » pour se faire entendre; certes il est électrifié pour la circonstance, mais il s’inscrit dans un registre très lisible et lisse, sans crisper l’auditeur.
Naturellement, les micro détails qui apparaissent ça et là confirment la transparence générale : ainsi, pas besoin de tendre l’oreille pour quelques notes de mandolines ou les interventions sporadiques d’un minUscule triangle; ces instruments sont bien présents et remarquablement restitués. Côté vocaux, on appréciera le côté naturel des chants solos, mais aussi la puissance des choeurs qui interviennent avec une grande et belle conviction. A ce titre, on peut aussi noter un étagement des plans et une mise dans l’espace très crédibles des différents interprètes ou groupe d’interprètes. Enfin les interventions de la guitare électrique viennent ici totalement compléter le » dispositif » orchestrale, sans masquer quoique se soit du jeux des autres musiciens ou pupitres – en fait tout s’effectue dans la nuance, la délicatesse, et une forme de respect en quelque sorte.
Conclusion :
Sous des airs d’une apparente simplicité, cet ensemble ESOTERIC se distingue à plus d’un titre : généreux, spontané, d’une grande franchise, et d’une remarquable neutralité, ce système »distille » la musique avec une grande élégance, un parfum naturel, et un équilibre presque parfait – je dis quasiment, car en matière audio la perfection n’existe pas ! – en clair c’est un Grand Système qu’il faut absolument écouter.
Cotations : |
Musicalité : 9 / 10
Rapport qualité – prix : 7 / 10 |
Prix :
Préampli C-03 : 8990 € (11/2009)
Amplis A-80 : 18990 € la paire
Banc d’essai réalisé par
Lionel Schmitt
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