ATOLL – CD 200 SE
Origine : France
Bande passante : 5 Hz – 20 kHz
Rapport signal/bruit : 120 dB
Distorsion : < 0,002 %
Temps de montée : 1,5 µs
Conversion : 24 bits – 192 kHz
Sorties analogiques asymétriques RCA
Sortie numérique : 1 coaxiale
Entrées numériques :
1 coaxiale (option), 1 optique (option), 1 USB (option)
![cd 200 recto](https://audiophile.fr/wp-content/uploads/cd-200-recto.png)
Depuis qu’ ATOLL existe, il y a une manie qui consiste à dire que les produits de la marque ont une fâcheuse tendance à sonner sèchement, à dénaturer le son, ou encore à mettre en lumière exagérément le haut du spectre. Outre les goûts personnels de chacun d’entre nous, il convient de bien faire la part des choses, et de remettre les pendules à l’heure !
Par ailleurs, la recherche de la quête du graal musical n’est pas un exercice aisé, et le constructeur français s’évertue patiemment depuis près de 15 ans à mettre au point des produits, peaufinés au fil des années, avant tout destinés donner du bonheur musical de la façon plus harmonieuse et la plus « détendue » qui soit.
Très attentif à la qualité des timbres, dès le commencement de son aventure, ATOLL a été sensible aux attentes de ceux qui souhaitent optimiser leur système haute fidélité en choisissant des éléments d’origine et de marque différente. En tout état de cause, le constructeur propose depuis l’origine une gamme étendue d’électroniques et de lecteurs CD musicaux, dans une tranche de prix encore accessible, dont ce lecteur CD 200 dans sa seconde mouture baptisée SE (Spéciale Edition).
Le présent compte rendu du CD 200 SE a pour objectif de mettre en valeur son réel potentiel musical, mais aussi de corriger un certain nombre de « on dit » parfois peu flatteurs.
Pour faire un descriptif rapide, le CD 200 SE est présenté dans le classique format d’un lecteur CD dont le tiroir de chargement se trouve en façade. Cette façade en aluminium épaisse de 8 mm rassemble la trappe de chargement du Compact Disc, un afficheur de couleur verte et les principales touches de fonctions. En outre, la télécommande permet d’étendre les possibilités de programmation supplémentaires, et de piloter les électroniques de la marque. Le dessin de cette façade diffère de celui des autres lecteurs CD 30, 50, 80, et 100 : elle est davantage travaillée, et son design sobre fait l’objet d’une recherche de bon goût et donne une impression de sérieux. Les petites touches de fonctions sont fraisées dans l’aluminium et réaffirment l’attention qui a présidé la conception de ce lecteur.
Electronique et mécanique reposent sur un socle en forme de » U » en tôle épaisse, qui assurera une bonne rigidité. Pas de mentions particulières concernant le découplage : quatre pieds en matière de synthèse moulée assurent ce travail avec efficacité.
Le verso du CD 200 SE comprend deux sorties analogiques RCA asymétriques, une sortie numérique coaxiale, et une prise IEC pour l’alimentation secteur.
A l’heure où je rédige ce compte rendu, ATOLL dévoile une nouvelle évolution du CD 200, qui pour la circonstance, prend le suffixe de SE-2. Comme les autres références (CD 50, 80, 100), ce modèle peut être équipé d’une carte optionnelle comportant 3 entrées numériques : 1 entrée numérique coaxiale – 1 entrée numérique optique – 1 entrée USB. Les entrées numériques coaxiale et optique autorisent la conversion des signaux numériques jusqu’à 24 bits / 192kHz. L’entrée USB (type B) est destinée à la conversion des fichiers jusqu’à 24 bits / 96kHz. La sélection de ces entrées numériques est directement accessible par la télécommande ou par les boutons de la face avant.
Depuis sa mise sur le marché, le CD 200 a fait l’objet d’une première évolution. Cette évolution portait notamment sur un changement de mécanique : la base Philips Vam 1202 a laissé la place à une base d’origine Teac montée sur un châssis anti-résonant aux fins de juguler l’effet de jitter, et de nouveaux convertisseurs font leur apparition.
Le CD 200 SE embarque des technologies novatrices, fruit de nombreuses optimisations mises en œuvre à l’écoute. ATOLL a mis l’accent sur l’alimentation en séparant les sections dédiées aux étages numériques, à l’afficheur, à la mécanique, de celle destinée aux étages de sortie différentiels à composants discrets polarisés en classe A. Pour cette section analogique, ATOLL a monté un transformateur torique de forte capacité : 160 volts – ampères. On dénombre aussi 7 sous sections d’alimentations régulées, dont une spécifique pour le convertisseur, pour parfaire la stabilité du courant dans la « machine », et le total capacitif est porté à 17000 micro-farads. Les capacités de technologie MKP contribuent à confirmer le bon comportement de ce lecteur et asseoir sa musicalité, comme nous verrons dans les chapitres suivants. Un second transformateur de 15 volts – ampères achemine le courant nécessaire à l’étage de conversion.
La section conversion fait appel à un convertisseur d’origine Burr-Brown 1794 24 bits-192 kHz avec un sur-échantillonage 8 fois, et ATOLL de préciser que les étages de sorties différentiels à composants discrets sont polarisés en classe A.
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ECOUTE
Les tests ont été effectués au cours de plusieurs séances d’écoutes avec les amplificateurs ATOLL IN 200, préamplificateur PR 200 – amplificateur AM 100, amplificateur REGA Elicit 2, enceintes acoustiques B & W CM 8 et CM 9, DAVIS Matisse, et câbles modulation YBA Glass. On pourra également noter que les amplificateur ETALON Origo et Suprampli seront à leur tour des compléments idéaux pour tirer le meilleur profit de ce lecteur CD.
CD utilisés : Valérie par le Modern Jazz Quartet – Requiem de Mozart par Karajan – Ainsi parla Zarathoustra de Richard Strauss par le London Philarmonic Orchestra – Double jeu par Laurent Korcia – Romance de la suite symphonique de « Lieutenant Kué » de Serge Prokofiev.
1° Timbres et Fluidité
L’éventail d’amplificateurs et d’enceintes utilisées pour ces différents tests montrent que le CD 200 SE conserve une constance et une homogénéité dans tous les cas de figures. Dès les premières minutes d’écoutes, on sent que ce lecteur CD a quelque chose à dire et qu’il met beaucoup de conviction dans la façon dont il s’exprime. La bande passante apparaît comme étendue et c’est essentiellement vers le haut du spectre qu’elle trouve son apogée. J’attire immédiatement l’attention sur le fait qu’à aucun moment, il n’est question de sécheresse, de dureté, ou de formes quelconques d’acidité. Le registre aigu file haut, avec beaucoup de finesse et de distinction. Il s’articule autours du médium avec beaucoup d’astuce et sans décrochement. Cela permet d’obtenir une excellente transparence, et de nombreux détails souvent laissés pour compte par pas mal de concurrents.
Le registre médium, parfaitement à sa place, a fière allure et contribue à donner ses lettre de noblesse à ce lecteur CD qui joue avant toute la carte de la franchise, sans colorations outrancières. La palette de couleurs sonores est étendue et garantit une variété de timbres qui tranche avec l’aspect parfois terne que l’on rencontre assez fréquemment avec d’autres lecteurs CD. Ce qui est sûr, est que le CD 200 se concentre sur l’essentiel et qu’il délivre une musicalité dégraissée, et au risque de me répéter, dénuée de toute forme de dureté ou d’acidité comme on peut parfois le dire ça et là.
Le registre grave apparaît comme légèrement en retrait, ou en tout cas ne descend pas de façon aussi abyssale, en comparaison avec d’autres lecteurs CD de gamme, de tarifs il est vrai, plus élevés. En revanche, je salue sa ponctualité, son côté ferme et tendu, et sa lisibilité bien ancrée. A chaque écoute de « Valéria » par le Modern Jazz Quartet, je me prends à admirer la rectitude et la précision du jeu de contrebasse qui ne fait à aucun moment défaut.
Par ailleurs, la grande force du CD 200 repose sur cette faculté à proposer une restitution à la fois propre, et remarquablement fluide. Les notes de musique, les instruments ou groupes d’instruments s’enchaînent avec une très belle facilité, et offrent alors un confort d’écoute assez qui retient l’attention et procure une belle émotion. Sur ce thème, le CD 200 SE a des points communs avec le CD Intégré Classic Delta ou Sigma de chez YBA. Aucun dérapage ou accrocs ne sont à relever. Si l’on reprend « Valéria » comme test musical, on s’aperçoit que le difficile jeu de vibraphone ne « vrille » à aucun moment, quelque soit l’intensité ou la variation de son jeu.
2° Scène sonore et transparence
Une des grandes forces du CD 200 SE est sans aucun doute la générosité de la scène sonore. Celle-ci se veut ample, au sein de laquelle tous les musiciens semblent à leur aise. A titre de comparaison, la dimension de la scène sonore est réellement plus étendue que celle du CD 100 SE du même constructeur. Celle-ci se déploie aussi plus facilement, et emplit davantage la pièce d’écoute. A aucun instant je n’ai ressenti des limites ou une forme de compression. L’étagement des plans et la structure permettent de faire une certaine différence entre les musiciens placés au premier rang, et ceux placés au second ou troisième plan. En tout cas chacun prend sa place avec aisance et l’aspect très aéré débouche sur une écoute confortable, dénuée de toute contrainte ou frustration.
De fait, lorsqu’un produit « respire » de cette manière et avec autant de facilité, il en émane une foule de petites nuances et de détails qui nous permettent d’en déduire que la transparence est aussi un des point fort de cette source. Dès lors, je peux garantir que le CD 200 SE nous gratifie d’une foule de petites choses qui suscitent un vif intérêt. On relève que l’infime tintement du triangle, le coup de cymbale qui s’éteint progressivement dans le temps et l’espace sont minutieusement gérés de manière à les rendre crédibles, et laissent alors apparaitre la très belle transparence qu’est capable de fournir ce lecteur CD. Il faut noter aussi que ce lecteur ne passera pas sur les défauts d’une prise de son défectueuse ou d’un mixage aléatoire.
3° Dynamique – réactivité – rigueur
Comme tout produit ATOLL de la gamme 50, 80, 100, et tout comme l’amplificateur IN 200, ce lecteur CD ne déroge pas à cette règle qui consiste à rendre la musique vivace. Ainsi, la dynamique et la réactivité sont au cœur de la restitution musicale. J’irais même jusqu’à dire que le CD 200 SE démarre au quart de tour. Avec l’amplificateur REGA Elicit 2, dont le tempérament musical est différent de celui des autres électroniques ATOLL utilisées, on ne sent absolument aucun frein à l’expression. Si l’on prend en exemple, le « Requiem » de Mozart ou l’ouverture de « Ainsi parla Zarathoustra » de Richard Strauss, on sent bien que la montée en puissance de l’orchestre et / ou des cœurs ne trouvent pas de limites objectives et subjectives critiques. Les impacts de cymbales, et plus généralement de percussions ne viennent absolument pas perturber l’envolée des cordes. A l’écoute du Requiem de Mozart, les chœurs prennent place autours de l’orchestre avec un équilibre tout à fait satisfaisant – une forme d’harmonie suggère un comportement sain et des aptitudes à « digérer » des ensembles orchestraux pour le moins chargés ou complexes. Le moins que l’on puisse dire est que la gestion des impacts est franche, nette, et bien tenue.
En écoutant Valérie par le Modern Jazz Quartet, inutile de vous dire que l’on passe de bons moments à écouter le jeu de piano et celui de la contrebasse qui l’accompagne. Pour ma part, ça respire vraiment l’authenticité ; les attaques sont vraiment foudroyantes et réagissent sans traînage aux moindres inflexions. Chaque note, chaque timbre, chaque variation, fait l’objet « retranscription » qui prend le sens de la nuance, et rompt avec toute forme de monotonie qui affecte malheureusement des lecteurs de cette génération.
4° Communication avec l’auditeur
Autant annoncer immédiatement la couleur : le CD 200 a passé avec succès la difficile épreuve qui consiste à communiquer avec l’auditeur, à lui parler musique et non pas simplement de sons. Le CD 200 n’est pas Merlin l’enchanteur, mais les concepteurs ont vraiment souhaité proposer un lecteur relativement neutre et droit.
Si l’on en juge par l’extrait « Minor Waltz » interprété par Laurent Korcia, je puis vous dire que la sonorité du violon est tellement expressive et restituée avec une telle générosité qu’elle m’a procuré quelques frissons que seuls des produits de haut de gamme sont capables de procurer. J’ai trouvé la sonorité de ce violon soyeuse et même douce. L’archet glisse sur les cordes de l’instrument avec précision et une matérialisation de bonne « tenue ». L’accordéon qui accompagne ce violon par quelques notes n’a rien filtré des petits bruits mécaniques liés aux touches de l’instrument. On surprend même des bruits de respiration qui viennent s’inviter à la partition ; le CD 200 CD et les produits associés n’iront pas jusqu’à faire la distinction entre des bruissements issus du jeu de l’accordéon ou de la respiration des interprètes, mais on sent bien que le sens de l’analyse est poussé assez loin.
La suite symphonique « Lieutenant Kué » – « Romance » de Serge Prokofiev ne font pas figure de parents pauvres. La qualité des timbres et l’aspect bien détouré de chaque instrument ou groupe d’instrument permettent à ce lecteur de revendiquer une place de premier plan dans la catégorie des produits qui savent parler à un auditeur. L’ensemble de violoncelles est restitué avec un phrasé précis qui nous permet de percevoir distinctement le grain et les vibratos. L’ensemble de violons qui vient compléter la partition plane au-dessus de tout cela de manière aérienne, avec un filé à la fois léger et harmonieux. Une excellente note est à décerner à l’accompagnement de harpe, délicatement mêlé aux notes de glockenspiel dont le tintement résonne avec un charme inoubliable.
Conclusion :
Tout au longs de ces essais, il semble que la clarté et la précision constituent les principaux traits de caractère de ce lecteur. En outre, ce lecteur réussit l’exploit de concilier avec soin, le sens du détail et une restitution sonore finalement assez douce, pleine de vie et naturelle. Dans la globalité, la musicalité de ce lecteur de CD ATOLL est harmonieuse, épurée, équilibrée, vivifiante et exempte de tout artifice flatteur. Ce qui certain est que le CD 200 SE permet ainsi à l’auditeur de bénéficier d’une musicalité aux antipodes de l’ennui, et de se laisser bercer par elle.
Synthèse : |
Musicalité : de très bon niveau
Appréciation personnelle : digne d’intérêt
Rapport musicalité – prix : très bon |
Prix : 1500 € (07/2012)
Test réalisé par Lionel Schmitt
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