Nature des timbres
Registre aigu et médium
• The Glory that was Gershwin ~ Frank Chacksfield (CD)
Vous vous asseyez, vous « lancez » le disque et vous vous laissez guider par le chant émis par ce duo de « sirènes ». Ne cherchez pas à couper les décibels en quatre et encore moins d’essayer de cerner la réponse en fréquences : Corinium a tous ingrédients nécessaires pour délivrer une musicalité de haute « tenue » sur toute la bande passante audible.
Quelques minutes de « mise en condition » pour découvrir l’excellente cohérence et la répartition entre les hautes fréquences et les fréquences intermédiaires. De cette façon, il sera impossible de rater les infimes informations qui gravitent dans le haut du spectre. Celles-ci sont nombreuses sur cet album consacré à Georges Gerschwin et Irving Berling.
Il est clair que cette enceinte file haut, mais elle s’exécute avec parcimonie. L’agressivité n’est pas l’apanage de ce modèle, ni des autres références de la gamme Acoustic Energy au demeurant. Cette « divinité acoustique » va droit au but en préservant l’équilibre subjectif. Aussi, et pour l’exemple, la trompette soliste est reproduite sans coloration excessive ni forme de stridence. On y retrouve un aspect lustré et une sorte « patine à l’ancienne » réalistes. L’ensemble de violons se distingue par des notes très fines et fort bien délimitées. De cette façon, la mélodie diffusée est précise et fort bien modulée.
Les instruments solistes et les vocaux qui « évoluent » dans les fréquences comprises entre 500 Hz et 5 kHz et au-delà sont reproduits distinctement. Le choix des haut-parleurs et la conception du filtre répartiteur joue un rôle déterminant dans le détourage de ces instruments. On ne décèle aucune trace d’amalgame avec le reste de l’orchestration. Il est vraiment très agréable de voir apparaître l’intervention des flûtes traversières. Celle-ci viennent carrément vous susurrer à l’oreille leur doux murmure. Leur signe distinctif : un sens profond de la nuance et de l’harmonie.
Les coups de cymbales sont d’une franchise et d’une beauté exceptionnelles, mais pas uniquement. Nous aurons aussi droit à cette caractéristique de faire durer les sons dans le temps. Ce que j’ai apprécié est cette faculté de pousser loin les harmoniques afin de rendre la restitution la plus vraie possible. Pour l’illustrer, il n’y a qu’à se pencher sur le perlé des notes de harpe et le tintement du triangle qui frétille avec une sorte de bonne humeur clairement affichée.
Transparence
• Rive Droite – Rive Gauche ~ Swing Band meets Daniel Huck (Edition Passavant Music) (CD)
Dans le prolongement des critères liés aux registre médium et aigu, Corinium se positionne comme une enceinte acoustique « douée » pour examiner méticuleusement le contenu d’un enregistrement de haute qualité. C’est justement le cas de cet album Rive Droite – Rive Gauche initié par Daniel Huck où l’ingénieur du son n’a pas cru bon, et c’est heureux, de retoucher à postériori sa prise de sons.
Cette magicienne issue des laboratoires ACOUSTIC ENERGY vous fait pénétrer dans l’antre d’une époque révolue qu’est l’ambiance Cotton Club. Le caveau où se déroule la « scène musicale » a été transformé en studio d’enregistrement. Cet aménagement nous fait bénéficier d’effets de réverbération qui n’ont pas été modifiés. Puisque nous sommes dans un environnement propice, par son degré de transparence inouï, cette « grande » colonne extrait facilement toutes les subtilités proposées par les musiciens. Celles-ci se manifestent, par exemple, par de minuscules bruits mécaniques des instruments à cuivre. Le bruissement du ballet sur la peau de la caisse claire et les coups de cymbales n’ont sont que quelques illustrations, mais quelles illustrations !
Registre grave
• Ainsi parlait Zarathoustra : Richard Strauss ~ Lorin Maazel & l’Orchestre Philharmonique de Vienne (CD)
Sur le papier, le constructeur nous indique que son « sommet » de sa gamme peut descendre dans le bas du spectre jusqu’à 38 Hertz. Mais qu’en est-il exactement ?
Forte de son ébénisterie profilée, de l’architecture interne très étudiée, de ses deux transducteurs de 14 centimètres de diamètre, Corinium se positionne comme une colonne de référence en matière de restitution du registre grave. Connaissant d’autres modèles de la gamme, je n’avais pas réellement de doutes. Je me devais cependant de vérifier cette donnée avec attention.
Je dois reconnaître que je n’ai pas été déçu. L’Ouverture de Ainsi parla Zarathoustra de Richard Strauss est un test qui, pour certaines concurrentes, devient une véritable épreuve. Pour Corinium, ce test est plutôt prometteur.
En premier lieu, les notes les plus graves de l’orgue sur l’introduction et le final descendent aux profondeurs attendues. Pas de limite subjective n’est à relever. Les soubassements sont explorés avec un aplomb remarquable, de manière détachée par rapport à la masse orchestrale. De surcroît la sonorité apparaît pure, transparente et exclut toute formulation baveuse. La descente aux abysses ne pose aucun problème.
Forte de sa personnalité, nous profitons de ces multiples informations et de ces subtiles vibrations émises par l’orgue. L’enceinte contribue grandement à démontrer que l’instrument est un « organe », en quelque sorte, vivant qui ne se cantonne pas à délivrer des sonorités monocordes. Elle va fouiller plus profondément le contenu du signal.
Les coups de timbales qui ponctuent la partition prennent, à leur tour, une dimension réaliste. Leur poids et l’aspect matérialisé sont tout à fait convaincants. La résonance de s’apprécie notamment lors de l’impact du marteau sur la peau de ces percussions. Cependant, aucune lourdeur superflue n’est à redouter, sous condition d’éloigner suffisamment les enceintes des murs arrières et latéraux.
Scène sonore
• Suite Symphonique Opus 60 « Lieutenant Kijé » – Sergey Prokofiev ~ Direction : Yuri Simonov & The Royal Philharmonic Orchestra (CD)
Afin de bien fixer les idées, Corinium est une colonne pensée et réalisée pour fonctionner dans une pièce d’écoute de moyenne à grande dimension. C’est dans ce dernier cas qu’elle pourra pleinement délivrer son potentiel en terme de spatialisation.
Dans ces conditions, nous pouvons tranquillement explorer des répertoires où un orchestre symphonique ne sera pas à l’étroit. C’est justement le cas de cette « fresque » signée Sergey Prokofiev : Lieutenant Kijé extrait de la Suite Symphonique Opus 60 – un thème qui a inspiré le chanteur Sting lorsqu’il a créé Russians.
Les premières mesures donnent le ton, et, surtout l’envergure – dans tous les sens du terme – de cette Suite Symphonique à la prise de son particulièrement soignée. L’immersion est instantanée. Ce qui est intéressant dans ce test, c’est avant l’image délivrée par cette enceinte acoustique; croyez-moi, ça n’est pas un mince compliment. Pour tout dire, on en oublie complètement sa présence physique au sein de l’espace d’écoute. L’existence de l’orchestre s’approche de près de ce que l’on peut ressentir dans une salle de concert. Les pupitres prennent une place bien définie qui démontre un étagement de chaque plan et une organisation impeccable de chacun d’eux.
A partir de là, nous avons affaire à de superbes contrastes entre le groupe de contrebasses, de violoncelles et de violons. Les instruments solistes ou plus isolés sont, par ailleurs, instantanément décelés. La profondeur de champ contribue à rendre encore plus « visibles » ces divers contrastes.
N’oublions pas que le recul entre l’auditeur et les enceintes a toute son importance. L’objectif est de parvenir à la fois à une cohérence entre chaque registre, un détachement des fréquences graves par rapport aux autres fréquences et un excellent relief. Pour ma part une distance point d’écoute / enceintes d’environ trois mètres a permis d’obtenir une image idéale.
Il est évident que l’architecture de l’ébénisterie et le choix des composants jouent en faveur de cette superbe présentation scénique. Ces éléments constitutifs joue un rôle précis sur l’extension de la scène sonore en largeur et en hauteur. Aussi, il n’est pas nécessaire d’être un audiophile averti pour se rendre compte que Corinium délivre une scène sonore panoramique à souhait, et libre de toute contrainte, y compris à niveau d’écoute moyen à faible.
Compte tenu de l’image tridimensionnelle qui nous est réservée, la niveau d’aération entre les groupe de musiciens et musiciens solistes est tout simplement spectaculaire. Aussi, et en dépit d’une masse orchestrale bien fournie, il ne sera compliqué d’entendre distinctement les interventions de la harpe, du glockenspiel, du triangle qui viennent « gentiment » vous caresser les oreilles avec délicatesse.
Enfin, si l’envie nous prend de monter le niveau sonore, cette colonne restera toujours stoïque face aux montées en puissance. De ce fait, que lque soit le niveau de sollicitation, on peut s’assurer d’une image toujours stable.
Capacités de réaction – dynamique – rigueur
• If I Should Fall from Grace with God ~ The Pogues (CD)
La sensibilité de 92 dB est déjà un bon point. Ce rendement autorise l’association avec un grand nombre d’électroniques transistors comme à tubes, incluant des amplificateurs de puissance modeste. Par ailleurs, pour incarner la tradition chère à ACOUSTIC ENERGY, cette enceinte a le répondant nécessaire pour faire face aux situations complexes et ainsi faire face à toute forme « d’excentricité musicale ». Si je me réfère aux « frasques » de certains thèmes de l’album If I Should Fall from Grace with God ~ The Pogues, je me porte garant de sa réactivité. Celle-ci est à corréler avec celle de l’amplificateur qui lui sera confié – le maître d’œuvre étant en l’occurrence ici l’intégré CANOR AI 2.10.
Corinium diffuse une musicalité absolument imperturbable quels que soient les écarts de dynamique, les accélérations et changements d’intensité. Elle travaille avec une constance, démontrant une très grande rigueur.
Aucun dérapage ni forme de distorsion n’ont été relevés. La « robustesse » musicale va de pair avec le côté vivant, qui singularise aussi les autres enceintes du constructeur. A haut niveau d’écoute, la finesse et la texture des timbres sont totalement épargnées de toute forme de distorsion.
• Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens (CD)
Dans cet épisode lié aux capacités de réaction, il ne fallait surtout pas oublier la prestation des Géants du Jazz jouent Georges Brassens.
La section rythmique affiche une vivacité qui démontre que notre protagoniste sait « monter dans les tours » lorsque la situation le nécessite.
Aussi, on se plait à écouter les extraits les plus « cinglants » de cet album et on se surprend même à taper du pieds pour accompagner la mesure. Aucun dérapage incontrôlé ne vient perturber l’enchaînement des phrases musicales. Sur ce dernier point, la fluidité est également le fil conducteur d’une musicalité « engageante ». Les musiciens ont vraiment l’air de « s’éclater » et cela se ressent fort bien. La cadence est fort bien respectée : elle contribue à rendre l’expression simplement enthousiasmante.
Séquence plaisir d’écoute – émotion – sens de l’expression
• Les Égarés ~ Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Emile Parisien, Vincent Peirani (CD)
S’agissant maintenant du seul plaisir de l’écoute, Corinium fait partie de ces enceintes colonnes incontournables pour faire passer des émotions. Il est vrai que les points décrits ci-avant y contribuent pleinement.
On se laisse facilement prendre au jeu d’une écoute détendue, notamment lorsque l’on entre dans l’univers de Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Emile Parisien et Vincent Peirani. Il est vrai que la prise de son joue un rôle déterminant, mais elle ne serait rien sans des éléments audio de haute qualité et / ou à forte personnalité.
Le titre de l’album « Égarés » n’est pas du tout autosuggestif dans la mesure où Corinium ne s’égare pas, et de loin, dans les dédales d’une reproduction caricaturale ou, au contraire, simplifiée. Elle met l’accent sur de nombreux détails, tels que le son de la kora (instrument à corde Malien constitué d’une volumineuse demi-calebasse en guise de caisse de résonance et de 21 cordes). Grâce au doigté du talentueux Ballaké Sissoko, nous assistons à une fabuleuse succession de notes qui s’égrènent et se dispersent avec la légèreté d’une harpe dans l’espace sonore. On y appréciera notamment la limpidité et l’excellence de l’interprétation.
La magie de ce répertoire n’est pas exclusivement liée à la sonorité de la kora. Les autres instruments joue également leur partition pour donner des tons et des mélanges de genres qui, assurément, vous procurent ce petit frisson de plaisir que seuls les produits mûrement élaborés peuvent nous transmettre.
• Midwinter Night’s Dream & A Moveable Musical Feast ~ Loreena McKennitt (CD)
Dans ce banc d’essai, je n’ai évidemment pas omis de porter mon attention sur les voix. Attention, le caractère analytique ne passera sur aucune imperfection liée à un enregistrement ou un mixage plus ou moins bien réalisés.
Sur les vocaux de Loreena McKennitt, Corinium incarne la « voix de la raison ». Cela tombe à point nommé, puisque la dernière née ACOUSTIC ENERGY travaille dans le même esprit. Pas de stridence décelée sur les « S » de fin de phrase, mais des timbres, oh combien, naturels. La texture est charnelle, onctueuse et pour tout dire charmeuse. Le phrasé est clairement restitué, la teinte de la voix est onctueuse.
A travers ces deux albums, Loreena McKennitt réussit à nous sensibiliser à un répertoire coloré qu’elle puise dans les racines celtiques. Si lors des prises de son et sur scène, elle y arrive très bien, à l’évidence et avec comme partenaire Corinium, l’objectif est atteint lors d’une écoute chez soi.
Accompagné par des musiciens qui cultivent aussi l’art de transmettre des émotions, nous sommes à cent lieues d’une emprunte musicale « clinique ». La gradation des timbres propre à chaque instrument apparaît spontanément au fur et à mesure du déroulement des phrases musicales et vocales. C’est cela qui a retenu mon attention et rend l’écoute palpitante.
Du violoncelle à la harpe bardique, en passant par les percussions et autres instruments traditionnels, chaque tonalité est habillement décortiquée, subtilement reproduite – une reproduction où la finesse prédomine.
Conclusion :
Quelle que soit sa finition, il faut reconnaître qu’elle a une fière allure cette colonne Corinium. ACOUSTIC ENERGY n’a pas fait que du beau, il a fait aussi du bon. Nous retrouvons l’emprunte musicale du constructeur Britannique, mais le degré d’expression générale est multiplié par dix. De la beauté des timbres à la spatialisation en passant par la transparence, Corinium devient une des enceintes de référence dans sa catégorie.
Prix finitions noire, blanche, bois : 7200 € la paire (06/2025)
Prix finition British Racing Green : 7920 € la paire