Origine : Canada
Lecteur CD
Réponse en fréquence : 5 Hz à 20 kHz (+/- 0,5 dB)
Taux de distorsion : < 0,01 % à 1 kHz
Rapport signal / bruit : 118 dB à 1 kHz
Séparation des canaux : > 90 dB
Plage dynamique : 95 dB
Niveau de sortie analogique : 2,2 V (+/- 0,1 V)
1 paire de sorties analogiques asymétriques RCA
1 sortie numérique optique Toslink
1 sortie numérique coaxiale S/PDIF
1 entrée USB en façade
En 2021, il faut bien admettre que les fabricants de lecteurs CD ne sont plus légion. NAD fait partie de ceux qui souhaitent pérenniser l’offre à des tarifs raisonnables.
Le constructeur emblématique compte encore trois modèles à son catalogue dont le C 568 sensé représenter le haut de gamme de la série classique à laquelle nous sommes le plus habitués.
D’apparence simple, ce lecteur fait preuve de sobriété quant à sa présentation. La face avant tout plastique grise et toujours aussi triste accueille les fonctions principales via des touches et une molette. Ces fonctions sont relayées par une télécommande plastique. Un afficheur bleu fluorescent indique les informations utiles pour suivre le bon déroulement des opérations de lecture, sauts de plages, temps, etc…
Outre le bouton de mise sous tension et le tiroir de chargement du CD, la face avant se voit équipée d’un port USB. Il sera ainsi possible de connecter une clé USB afin de lire les fichiers MP3 et WMA stockés sur celle-ci.
L’ensemble du mécanisme, de l’alimentation, des cartes numériques et analogiques reposent sur un socle en tôle pliée de faible épaisseur assurant une rigidité minimale Le berceau repose sur quatre pieds en plastique dont on peut contester l’efficacité réelle.
Le constructeur ne s’étend pas sur la plateforme mécanique. Derrière la mécanique, on aperçoit un transformateur toroïdal dont nous ne connaîtrons pas la valeur, associé à une série de régulateurs de puissance séparés pour les sections analogiques et numériques. Il est fait simplement mention de condensateurs au polypropylène et résistances à film métallique pour assurer une réponse en fréquence précise et linéaire.
Visiblement NAD a préféré communiquer sur l’étage de conversion qui s’appuie sur une puce Wolfson WM8741 24 bits – 192 kHz reconnue pour sa linéarité. Le constructeur met aussi l’accent sur l’horloge interne de haute précision Crystek Clock Module afin de réduire le jitter et les instabilités numériques.
NAD est fier de ses circuits M4562, de qualité studio. En outre, le constructeur précise qu’en dehors du condensateur de sortie de type mono-couche, aucun autre condensateur n’est utilisé sur le trajet du signal.
Outre le duo de connecteurs RCA ordinaire de l’étage de sortie analogique, NAD a prévu deux sorties numériques : une sortie coaxiale qui bénéficie d’un étage tampon et d’un transformateur pour l’isoler du convertisseur. Son impédance de sortie a été ajustée à 75 Ohms. Une sortie optique équipe le NAD C 568 permettant la connexion à des appareils qui ne proposent que cette connectique.
Contrairement aux autres lecteurs CD de cette série, le C 568 bénéficie d’une fiche secteur IEC permettant un choix plus étendu de câbles secteur de qualité supérieure à celui fourni d’origine.
Ecoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués à domicile avec les éléments suivants :
– Préamplificateur YBA Classic 3 Delta & bloc de puissance YBA 3 Delta / double transformateur 2 x 400 VA,
– Amplificateur intégré YBA Genesis IA3A,
– Enceintes acoustiques : PE LEON Kantor, DAVIS Nikita 3.0,
– Câbles de modulation ESPRIT Beta 8G 2019, YBA Glass, VAN DEN HUL the Orchid,
– Câbles HP ESPRIT Beta 8G 2019, YBA Diamond, MELODIKA Brown Sugar BSSC45.
Pour l’alimentation secteur : barrette FURUTECH F-TP 615 et ESPRIT Volta, câble secteur de tête G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque. Câbles secteur ESPRIT Celesta & Eterna.
• CD sélectionnés : Naim CD test Sampler N°6 – Le Son Plaisir ~ Onkyo CD test Onkyo – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – « Prodiges » ~ Camille Berthollet – The Glory that was Gershwin ~ Frank Chacksfield – Chambre avec vue ~ Henri Salvador – The Singing Clarinet ~ Giora Feidman – Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens – La Tradition Symphonique ~ Tri Yann & l’Orchestre National des Pays de la Loire Vol. 1 & 2 – Direction : Hubert Soudant – Meedle ~ Pink Floyd – Stereo Concert Series ~ Decca Phase 4 – Barry Lindon ~ bande originale du film – Mozart par l’ensemble Zefiro ~ Direction Alfredo Bernardini – The Voice of The Trumpet ~ Lucienne Renaudin Vary – Jazz på svenska ~ Jan Johansson – Sonates de Domenico Scarlatti ~ piano : Mikhail Pletnev – Again & The Mist of Avalon ~ Alan Stivell, etc…
Approche musicale
Jusqu’ici, on ne peut pas dire que NAD ait été le spécialiste en matière de lecteurs CD. Les faibles moyens mis en action pour faire chanter vos précieux CD n’ont pas permis de valider une musicalité de niveau supérieure par rapport à la concurrence.
Le C 568 semble toutefois rompre avec cette tradition. En effet, NAD a souhaité doter sa machine de composants visant à restituer la musique plus naturelle, moins ennuyeuse, moins « bodybuildée », peut-être même plus analytique, que celles des autres lecteurs du catalogue. Il est certain que ce lecteur CD va plus loin que les moutures précédentes ainsi que les deux autres lecteurs du catalogue actuel. Nous allons voir si le CD 568 est à la hauteur de ses ambitions.
Nature des timbres
• Barry Lindon ~ bande originale du film
Il n’y a pas de doutes, ce lecteur CD a fait de réels progrès par rapport aux versions précédentes. De plus, il se démarque des deux autres lecteurs de la série actuelle C 538 et C 546 BEE.
Le C 568 se montre relativement linéaire sur le spectre audible. Je n’ai pas relevé de creux ou de bosses significatives.
Sans filer très haut, ce lecteur fait preuve d’une belle douceur générale appréciée sur les nappes de violons ou le violon soliste des extraits interprétés par the Chieftains. Comme beaucoup de produits NAD, nous observons un texture « lisse » que je laisserai à chacun le soin d’apprécier.
Le registre médium fournit un bon nombre d’informations sans toutefois fouiller le message en profondeur. Il est même dommage qu’un léger voile nuise à la luminosité sur certains passages particulièrement éloquents. En revanche, le bas-médium accuse une petite surépaisseur; une coloration qui pourrait finalement bien plaire.
Le registre grave me semble un peu court. J’aurais souhaité que le pupitre de contrebasses de la Sarabande de Haendel se démarque plus nettement, qu’il soit plus affirmé, qu’il soit plus profond. On retrouve aussi cette forme de légèreté sur les coups de timbales qui manque un peu de consistance. Pas de valeurs abyssales à faire trembler murs et plafond, mais une reproduction « contenue » qui reste dans les normes des sources numériques de cette catégorie.
Fluidité
• Naim CD test Sampler N°6
Sur le thème de la fluidité, le C 568 a tout juste. Tous les styles musicaux « abordés » sur le CD test Naim Sampler N°6 permettent de valider le comportement de ce lecteur CD. La musique s’écoule sans une once d’hésitation. Elle se montre assez régulière, linéaire, tant sur les vocaux que sur les autres instruments. Les cuivres sont exempts d’agressivité ou autres formes d’acidité – tout semble bien huilé.
Les notes s’enchaînent normalement avec la liberté qui convient bien; la musique s’écoute sans stress quelque soit le niveau. On appréciera, ou pas, la douceur qui accompagne cette fluidité.
Transparence
• The Glory that was Gershwin ~ Frank Chacksfield
Le pouvoir de résolution inhérent à la section de conversion et des horloges interne était sensé nous faire bénéficier d’une analyse poussée des informations consignées sur un bon enregistrement numérique.
Je n’ai pas été entièrement convaincu que le C 568 affichait une transparence exceptionnelle, même dans sa catégorie. Ce CD The Glory that was Gershwin nous fait bénéficier habituellement d’une reproduction riche en détails. Ceux-ci n’apparaissent pas d’emblée : certaines nuances sont plus ou moins masquées. Il y a un côté « clair / obscure » qui, paradoxalement, laisse dans l’ombre certaines informations avec, à la clef, une formulation un peu simplifiée, voir un manque de précision, empêchant d’avoir accès à l’intégralité du message musicale.
Ces petits manquements se ressentent notamment sur les notes harpe, les coups de cymbales, les percussions, les cuivres dont le contour n’est aussi défini qu’il n’y paraît. Je ne peux pas dire que tout cela manque de précision, cependant j’ai trouvé que ce lecteur se montrait quelques fois superficiel.
Capacités de réaction – dynamique – rigueur
• Meedle ~ Pink Floyd
Quitte à mettre cette source en condition, autant le faire avec un CD qui « arrache ». Meedle de Pink Floyd est un test redoutable, voir parfois douloureux pour les éléments hi-fi perfectibles.
Ni mou, ni rapide, ce lecteur CD montre de la bonne volonté à réagir correctement sur One of these Days sans toutefois atteindre des sommets en matière de dynamique.
Je qualifierai ce lecteur de « gentil ». Si l’agilité fait cruellement défaut, je ne pourrai pas lui reprocher une certaine rigueur sur le jeu de guitare basse dont on peut suivre facilement chaque note. Le C 568 ne s’emballe pas, ne dérape pas non plus. A mon goût, le bas du spectre manque un peu d’aplomb.
Les attaques du marteau sur la grosse caisse font preuve d’une ponctualité correcte. Cependant, un surplus de matière aurait été le bienvenu, même s’il faut se résoudre à admettre que la matérialisation est plutôt appréciable. Globalement, le C 568 réagit plutôt pas mal sur les charges complexes
Espace et scène sonores
• Stereo Concert Series ~ Decca Phase 4
En ce qui concerne l’espace sonore, sa dimension, son agencement, le C 568 n’a pas totalement réussi à transformer l’essai. La scène sonore offre une bonne dimension, mais les écoutes avec ces enregistrements Stereo Concert Series, nous sommes loin d’obtenir les effets panoramiques escomptés.
Si l’on retient simplement la Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach « orchestrée » par Léopold Stokowski, nous sommes un peu loin de pouvoir bénéficier du panorama habituellement relevé sur d’autres sources numériques. Si l’extension prend des proportions intéressantes et suffisamment marquées, j’ai eu le sentiment que ce lecteur assurait une reproduction « contenue ».
Les différents contrastes auxquels ces enregistrements nous habituent ne sont pas concluants. La scène sonore apparaît ramassée. Les effets stéréo et les pupitres sont bien positionnés à gauche et à droite, mais le milieu de la scène sonore n’a pas l’éloquence attendue. Je ne dis pas qu’il y a un vide, cependant, j’aurais souhaité qu’il y ait davantage d’informations. Un surcroît d’aération n’aurait pas été un luxe.
Sens de l’expression
• Chambre avec vue ~ Henri Salvador
Si ce lecteur CD a quelques qualités, il n’a décidément pas réussir à attirer mon attention en ce qui concerne son sens aigu de l’expression. Chambre avec vue d’Henri Salvador contient tout ce qu’il faut pour faire frémir tout auditeur en attente d’émotions fortes.
Je trouve que ce lecteur manque un peu de conviction en comparaison avec des concurrents qui ont fait leurs preuves depuis longtemps dans cette catégorie et cette tranche de prix.
Le C 568 ne réussit pas le prodige « d’atteindre » un public en attentes d’émotions fortes. La diction de l’artiste est bonne, mais sa présence n’assure pas la communication entre l’interprète et l’auditeur. Les magnifiques orchestrations qui accompagnent Henri Salvador, qui mettent habituellement en valeur l’interprétation pour forme un ensemble harmonieux sont simplifiées. Il manque ce petit « plus » qui vous fait vibrer. Différents câbles de modulation mis en œuvre ne changent malheureusement pas grand chose.
• Dance into Eternity ~ Omar Faruk Tekbilek
Décidément, ce lecteur CD manque d’agilité. Pourtant parfaitement rôdé, j’ai trouvé la reproduction de Dance into Eternity un peu « coincée ».
Certes, le C 568 « fait de la musique » – c’est certain, mais il a le gros défaut de ne pas chanter. A mon goût, il ne va pas assez loin dans les détails. Bien que, globalement, la restitution soit homogène, beaucoup de détails passent à la trappe, le grain fin et les nuances m’ont semblé discrètes.
Le jeu de flûte baroque ne résonne pas aux oreilles comme il aurait du. Si la teinte boisée et les harmoniques du jeu de oud sont bel et bien perceptibles, j’ai le sentiment que les infimes vibrations de l’instrument n’arrivent pas atteindre des niveaux optimaux. Globalement, nous avons affaire à une reproduction plus « monolithique » que portée sur la nuance. A tout dire, le charme est loin d’opérer.
Conclusion :
Le NAD C 568 est une source qui a évolué par rapport aux millésimes précédents. Cependant, il n’a pas tous les arguments nécessaires pour convaincre les audiophiles exigeants face à quelques références de sa catégorie et de prix voisins. Loin de renverser la table en matière de musicalité, ce lecteur est plutôt destiné à compléter un système audio de début de gamme.
Prix : 780 € (03/2021)