Écoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués à domicile pendant trois semaines avec les éléments suivants :
– Lecteur CD YBA Classic Player 2 en mode intégré & drive seul
– Platine vinyle THORENS TD 166 Mk2 & cellule REGA MM Elys2
– Enceintes acoustiques PE LEON Kantor & RECITAL Audio Mutine Hefa EX
– Casque d’écoute AUDIO-TECHNICA ATH-A2000Z
– Câbles de modulation ESPRIT Beta 8G 2019, VAN DEN HUL the Orchid, NORDOST Life White Lightning
– Câble numérique coaxial ESPRIT Eterna
– Câbles HP ESPRIT Aura & Beta 8G 2019
Pour l’alimentation secteur : filtre secteur LAB12 Gordian & cable de tête Knack Mk2, barrette FURUTECH F-TP 615 et ESPRIT Volta, câble secteur de tête FURUTECH G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque. Câbles secteur ESPRIT Celesta & Eterna.
• CD sélectionnés : Vivaldi and Friends ~ Jeannette Sorrell – Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens – Silk Road Suite ~ Kitaro and London Symphony Orchestra – Direction : Paul Buckmaster – jazz på svenska ~ Jan Johansson – Sarabande de Haendel – Barry Lyndon ~ bande originale du film – Meedle ~ Pink Floyd – Toccata & Fugue – Jean-Sébastien Bach ~ transcription et direction d’orchestre : Léopold Stokowski – Vivaldi and Friends ~ Jeannette Sorrell – Quiet Nights ~ Diana Krall – Rive Gauche ~ Swing Band meets Daniel Huck (Edition Passavant Music) – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Naim CD test Sampler N°6 – Ouverture de Ainsi parlait Zarathoustra ~ Richard Strauss – Midwinter Night’s Dream & A Moveable Musical Feast ~ Loreena McKennitt – Indiscretion ~ The Curious Bards – Dance into Eternity ~ Omar Faruk Tekbilek – Sketchs Caucasiens ~ Ippolitov-Ivanov – National Symphony Orchestra of Ukraine – Direction Arthur Fagen, etc…
• Vinyles sélectionnés : The Secret of Climbing ~ Stephen Fearing (édition Rega) – Holliwood, Workshop & Down Home ~ Chet Atkins – Ted Heath Salutes Benny Goodman – Barry Lyndon ~ bande originale du film – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – « Jalousie » par Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli – Nameless & Stay Tuned ~ Dominique Fils-Aimée, etc…
Nature des timbres – capacités d’analyse
Registre aigu
• Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens
Selon les répertoires sélectionnés, on pourrait croire que les hautes fréquences puissent apparaitre écourtées. L’album Giants of Jazz play Brassens démontre qu’il n’en est rien. Certes, pas de surbrillances exacerbée, mais des hautes fréquences franches et nettes. Il n’y a pas besoin de tendre l’oreille ou d’être hyper attentif : l’amplificateur s’exprime clairement sur la trompette, la trompette bouchée ou encore le violon soliste.
En montant le son, il pourrait éventuellement, et à la marge, y avoir une once de sécheresse, mais tout est relatif. Le SA 550 se tient bien lorsqu’il s’agit de lever le voile sur les micro détails. De surcroît, on peut féliciter les concepteurs du produit lorsqu’il s’agit de détourer les instruments et les voix. Par ailleurs, on ne décèle pas forcément une sonorité onctueuse. Cet amplificateur joue plutôt la carte de la franchise. Ainsi, les enregistrements un peu trop « sur vitaminés » dans les hautes fréquences seront restitués conformément à la prise de son et au mixage. Aussi, à niveau d’écoute plus élevé, l’aspect « aiguisé » de ces instruments peuvent laisser apparaître ici de légères traces de sécheresse. Il ne faut pas faire de cette remarque une généralité, cet amplificateur sait se tenir, notamment sur son esprit d’ouverture.
De cet album et d’autres, nous retiendrons une excellente transparence. Cette caractéristique se concrétise par un excellent grain d’une part et la mise en valeur d’un bon nombre de nuances et de variations en tous genres.
Registre médium & transparence
• Silk Road Suite ~ Kitaro and London Symphony Orchestra – Direction : Paul Buckmaster
Ce rare album Silk Road Suite illustre parfaitement de ce qu’est en capacité de délivrer cet amplificateur sur la bande de fréquences médium. C’est d’ailleurs sur ce registre que l’amplificateur se montre le plus éloquent. Les différentes compositions de Kitaro retranscrites pour Orchestre Symphonique par Paul Buckmaster resplendissent de mille feux.
Bonne surprise : le SA 550 met toute sa force, toute sa pertinence, toute sa bonne humeur au service du milieu du spectre – les plus « fréquenté » en définitive. Ces suites orchestrales sont reproduites avec une clarté qui n’occulte rien de la richesse du message sonore et, ne laisse la place à aucune concession. Kitaro a pour habitude d’illustrer ses arrangements par des percussions qui donnent une saveur toute particulière à sa musique. Elles sont reprises ici avec leur teinte éclatante. L’amplificateur effectue un travail d’analyse des plus intéressant qui soit.
Clochettes, triangle carillon, tambourin, et autres percussions sonnent dans votre pièce d’écoute avec une splendeur simplement magique. Notre attention est immédiatement attirée par leur finesse et leur couleur respective. La musique prend alors des teintes variées, également remarquées sur la section de cuivres et de cordes. Ce qui fait la richesse de l’audition est cette faculté de traiter les harmoniques avec une délicatesse assez peu fréquente sur des amplificateurs de cette catégorie. Les sons s’éteignent dans le temps et l’espace avec une remarquable distinction. Celle-ci révèle un beau panache.
Registre grave
• Jazz på svenska ~ Jan Johansson
Le registre grave a des qualités et des défauts. Commençons par ses qualités. Le SA 550 étant un analyste de premier ordre, ses facultés à décortiquer méticuleusement la sonorité d’une contrebasse sont largement reconnues. Justement, la contrebasse qui accompagne le piano de Jan Johansson est ferme et bien « tenue ». L’objectif ayant trait à sa lisibilité est atteint. Le suivi mélodique ressort avec une précision indiscutable. L’assise repose sur une base solide. Pas de boursoufflure ni empâtement ne sont à redouter. Derrière la texture dégraissée, on devine sans peine la dextérité du contrebassiste et sa technicité visant à faire vibrer son instrument.
Le piano prend le même chemin : il joue avec un bon aplomb ces mélodies Scandinaves en endossant un style jazz qui reflète le comportement sain et l’agilité que cette électronique est en capacité de fournir.
• Sarabande de Haendel – Barry Lyndon ~ bande originale du film
Si cet amplificateur a énormément de qualités, il a aussi ce défaut de ne pas descendre aux valeurs attendues dans le bas du spectre.
L’exercice initial consistait à démarrer par Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss et de porter une attention à l’Ouverture et le Final aux grandes orgues. En l’état, j’ai trouvé que l’amplificateur était un peu « court » et ne descendait pas aussi profondément que souhaité. Je me suis dit qu’il ne fallait peut-être pas trop insister ou chercher la petite bête. Après tout, l’ensemble des extraits musicaux de ce test me semblaient satisfaisants sur ce registre. Aussi, les autres caractéristiques font oublier ce manque d’extension vers les fréquences les plus graves.
J’ai tout de même souhaité refaire des essais avec la Sarabande de Haendel en me polarisant sur la ligne de contrebasses, violoncelles. Celles-ci manquent d’une excursion dans les fréquences graves et, pour être franc, de « coffre ». Les percussions n’échappent, malheureusement pas, à cette sensation de « légèreté ». En revanche, l’amplificateur ne fait pas, pour autant, abstraction de l’impact du marteau sur la peau des timbales. Celles-ci revêtent une texture percutante, pleine, matérialisée et dégraissée. Aucune bavure n’est à l’ordre du jour. Le comportement nous démontre que le SA 550 a le répondant nécessaire pour ponctuer habillement les phrases musicales.
Capacités de réaction – dynamique – rigueur
• Meedle ~ Pink Floyd
Le SA 550 est un amplificateur qui a du répondant – personne n’en disconviendra, mais ce n’est pas l’amplificateur le plus rapide du monde non plus. Il se situe dans la moyenne des électroniques de sa catégorie. Que l’on se rassure, il est en capacité d’affronter les rythmes endiablés de Pink Floyd. A titre personnel, j’aurais souhaité davantage d’entrain sur One of these Days extrait de l’album Meedle.
Quoi qu’il en soit, le SA 550 fait « proprement » le travail : je dirais qu’il joue davantage la carte de la délicatesse que celle du démonstratif. Selon les goûts de chacun, cela peut même se transformer en un avantage.
Ne croyez pas pour autant qu’il s’agit d’un amplificateur empreint de mollesse. Il a suffisamment d’énergie pour accompagner une rythmique composée de la batterie, la basse, et la guitare électrique. L’expression est assez vive : elle a cette vertu d’être proposée avec une rigueur infaillible. Aucun débordement, aucun dérapage incontrôlé ou autre phénomène de distorsion ne viennent entacher le plaisir de l’écoute, y compris à volume sonore élevé. Imperturbable, l’amplificateur délivre un comportement parfaitement stable face à l’intensité sonore dont Pink Floyd ne se prive pas. Pour tout dire, le SA 550 n’a pas vocation à vous « forcer la main », si je puis dire.
Scène sonore
• Toccata & Fugue – Jean-Sébastien Bach ~ transcription et direction d’orchestre : Léopold Stokowski
Le plus grande qualité de cette « production » JBL est indiscutablement la représentation de sa scène sonore. Celle-ci est d’une largeur incroyable. Cela donne une image holographique réellement impressionnante, sans déborder du cadre imposé par les enceintes acoustiques. J’ajoute que cette image repousse la limite imposée par le positionnement et les performances des enceintes acoustiques. La structure est bien cadrée.
Cela nous donne accès à une reproduction ample et aérée. Comme la conception de l’amplificateur se fonde sur une analyse poussée du message sonore, nous avons une accès illimité à une multitude de détails qui émergent de la masse orchestrale bien fournie de cette Toccata & Fugue de Jean-Sébastien Bach, transcrite et dirigée par Léopold Stokowski en personne.
Chaque pupitre prend une position conforme à la volonté du preneur de son et une implantation clairement définie dans le studio d’enregistrement. L’étagement des plans est organisé en conséquence. On distingue facilement les instruments de premier plan de ceux de second plan, sans oublier ceux qui sont isolés. Il est très agréable de voir les pupitres « évoluer » devant vous de manière très documentée y compris au centre de l’espace sonore. La répartition de l’espace sonore est admirablement bien agencée.
La hauteur de scène sonore est aux antipodes d’une présentation ramassée. La profondeur de champ est plus limitée qu’avec des amplificateurs de gamme et tarifs supérieurs, mais, là encore, on oubliera bien vite cette caractéristique, tant les plans sont proposés avec d’excellents contrastes.
Séquence plaisir d’écoute – émotion – sens de l’expression
• Vivaldi and Friends ~ Jeannette Sorrell
Sur ces séquences consacrées à de grands compositeurs et signées Jeannette Sorell, cet amplificateur surprendra agréablement les audiophiles et les mélomanes. Sur le plan émotionnel, on peut s’attendre à d’excellentes sensations.
Pour ma part, j’ai été particulièrement enthousiasmé par le grain des instruments à cordes, incluant le clavecin, et ce comportement pétillant qui parvient sans voile à l’auditeur, y compris à bas niveau d’écoute. Cet amplificateur a un tempérament « avenant », communicatif. La fluidité joue aussi un rôle déterminant dans le déroulé de la partition. Les « à peu près » et « accrocs » éventuels n’ont pas « droit de cité ». Ceux qui attachent une importance à la définition, et c’est mon cas, seront conquis par le fruité qu’est en capacité de délivrer cet amplificateur.
Ensuite, j’ai constaté une reproduction linéaire et cohérente sur toute la bande passante audible. En dehors, d’un registre grave un peu en retrait – nullement gênant dans ce contexte, je n’ai pas décelé de creux ou de bosses qui pourraient ternir le plaisir de l’écoute. Le SA 550 est un amplificateur qui donne la parole à tous les instruments acoustiques. Les notes et sons s’enchaînent avec un bel entrain, sans anicroches, ni hésitations et le placent parmi les « premiers de cordée » dans cette frange de produits.
• Quiet Nights ~ Diana Krall
Un focus sur les voix nous donnera une bonne idée de la façon dont s’y prend l’amplificateur pour « communiquer » avec l’auditeur. Diana Krall se tient donc à notre disposition pour nous faire partager le son de sa voix envoutante. Ne nous mentons pas, la voix n’est pas aussi chaleureuse que de coutume. Quelques petites « sifflantes » sur les « S » gomment un peu la texture purement suave de l’artiste. Cela peut, au demeurant, varier selon que l’on utilise la source numérique en mode intégré ou en mode simple drive. Dans les deux cas de figure, la présence de Diana Krall dans la pièce d’écoute est établie. Nous assistons à un lien étroit avec l’auditeur.
On se félicitera de l’accompagnement orchestral riche en substance de toutes natures. La notion d’ouverture se matérialise par une analyse constante et avérée du signal. Il est agréable de pouvoir savourer le contact du ballet sur la caisse claire de la batterie et, tout aussi bien, les coup de cymbales qui étincellent avec une magnifique finesse. Les frets qui illustrent les changements d’accords de la guitare acoustique sont bien audibles. La sonorité du piano démontre que la petite formation orchestrale a aussi quelque chose à raconter.
Section Dac
A mon sens, il n’est utile d’avoir recours à un Dac externe pour tirer profit d’enregistrements numériques. Équipé d’une puce ESS ES9038K2M, le convertisseur interne fait plus qu’honorablement son travail d’analyse. Et même pour tout dire, nous obtenons des performances musicales un peu supérieures à celles d’un lecteur CD intégré, ce qui n’est pas un mince compliment. En mode coaxial, les caractéristiques décrites ci-avant sont identiques puisque les tests en été effectués en parallèle. La valeur ajoutée d’une connexion directe au module de conversion N/A se traduit par une présence accrue des musiciens et une douceur supplémentaire qui accrédite davantage les voix et instruments acoustiques. L’équilibre tonal général y gagne également.
Par ailleurs, « l’interface » Bluetooth AptX s’appaire instantanément avec un appareil nomade de type de téléphone portable ou tablette. La musicalité correspond à celle que l’on peut attendre d’une telle utilisation dont la qualité est satisfaisante. Cette possibilité plaira à coup sûr à un jeune public qui a oublié l’existence du CD.
Section phono MM
• The Secret of Climbing ~ Stephen Fearing (édition Rega)
• Holliwood, Workshop & Down Home ~ Chet Atkins
• Ted Heath Salutes Benny Goodman
• Barry Lyndon ~ bande originale du film
L’écoute de disques vinyles laissent entrevoir une bonne approche sur des pressages qualitatifs, expressifs et bien réalisés. Le module phono est en cohérence avec le tempérament de l’amplificateur. Sur les cuivres, on constate un léger surlignage sur le haut médium / aigu. Ce petit côté « incisif » entendu sur Ted Heath Salutes Benny Goodman n’est pas systématique avec d’autres instruments de musique.
A contrario, l’écoute de The Secret of Climbing par Stephen Fearing offre une texture naturelle, sur le plan harmonique produit par le jeu de guitare acoustique, d’une part, sur la voix grave et suave de l’artiste, d’autre part. Le « présentiel » est d’un réalisme auquel je ne m’attendais pas.
Je me suis aussi réjoui des différents thèmes interprétés par Chet Atkins. La reproduction de ses différentes guitares (acoustiques et électriques) constitue une bonne surprise. On découvre la technicité du musicien et aussi les différentes sonorités de ses guitares. Pas de chaleur, ni de rondeur outrancière, mais une justesse, un piqué et une suite de timbres à la saveur exquise.
Mine de rien, la section phono remplit correctement son rôle et même davantage si l’on écoute les différents thèmes qui illustrent, par exemple, la bande originale du film Barry Lyndon.
Sortie casque
Pour être complet et s’adapter à une demande la plus large possible, le SA 550 nous procure la possibilité de l’écoute au casque. Malheureusement, la prise en façade est au format jack 3,5. Je dois avouer que cette formule, de plus en plus répandues, ne va pas de pair avec la classe à laquelle appartient l’amplificateur. L’insertion de la fiche met automatiquement hors circuit les enceintes acoustiques.
Le casque d’écoute AUDIO-TECHNICA ATH-A2000Z étant livré avec une double fiche 3,5 / 6,35 mm, j’ai pu effectuer une analyse de cette sortie. Contrairement à bon nombre d’amplificateurs intégrés pourvus d’une sortie casque, je dois admette que l’écoute est tout à fait « recevable » et même agréable. Sur ce point le SA 550 fait mieux que la plupart de ses concurrents. Certes, nous n’atteignons pas les « valeurs » obtenues avec des amplificateurs casques séparés, souvent de prix équivalents à cet amplificateur.
Cependant, de très beaux timbres, le grain des instruments, une belle transparence et une étendue de la scène sonore épatante sont loin d’être négligeables. Toutefois, à y regarder de près et écouter attentivement, le contour des instruments n’a pas la définition relevée lors de l’écoute avec des enceintes acoustiques.
Pour compléter, les effets stéréo sont bien répartis dans l’espace, équilibrés, assez proches de ceux d’une écoute sur des enceintes acoustiques de qualité. Nous arrivons correctement à déceler le positionnement des intervenants dans le lieu de la prise de son, sans qu’il y ait une focalisation trop prononcée sur chaque canal et un « vide » au milieu.
Conclusion :
Dans la catégorie dans laquelle il concourt, l’amplificateur intégré JBL SA 550 est bien placé. Sympa à regarder, complet dans ses fonctionnalités, il propose une restitution musicale qui met l’accent sur les hautes et moyennes fréquences. Cela lui confère une transparence et une définition de premier plan. Ce qui le singularise, ce sont les dimensions de la scène sonore. Holographique, sa présentation aboutit à un message sonore ample et aéré. A titre personnel, je regrette juste que le grave soit un peu écourté.
Sur le plan émotionnel, l’amplificateur a toutes les prédispositions pour faire passer un message clair, chantant et vous faire profiter pleinement de vos musiques préférées – tous supports confondus.
Prix : 2000 € (10/2024)