YBA Passion IA 350 Origine : France
ECOUTE Les tests d’écoutes ont été réalisés dans les conditions suivantes :
Pour l’alimentation secteur : barrette FURUTECH F-TP 615, câble secteur G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque. CD utilisés : CD test NAIM Sampler N° 6 – Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Quiet Nights par Diana Krall – Celtic Spectacular par Erich Kunzel – » Air Varié » d’après Colombi (école de Madène 17ème siècle) – The Singing Clarinet par Giora Feidman – Sonate Kk 87 ‘’ de Scarlatti interprétée au piano par Mikhail Pletnev – Requiem de Mozart sous la Direction de Herbert Von Karajan – Double Jeux par Laurent Korcia – Dance Intro Internity par Omar Faruk Tekbilek – Les géants du Jazz jouent Georges Brassens – Porgy and Bess de Gershwin / suite orchestrale dirigée par Frank Chacksfield, etc … Je remercie le concepteur Yves Bernard ANDRE pour ses explications et sa disponibilité, ainsi que le distributeur JFF – Diffusion et Audiofréquences qui ont bien voulu mettre cet amplificateur à ma disposition pour un mois afin de pouvoir réaliser ces tests d’écoutes et vous les présenter en avant première. 1° Analyse et approche globale
Une fois qu’il a atteint sa température optimale, soit au bout de 48 heures tout de même, l’IA 350 prend ses marques et délivre des couleurs musicales naturelles. Le registre aigu, à la fois très doux et ultra fin, laisse passer un bon nombre de petites nuances et de micro détails. Ce registre aigu s’articule autour d’un registre médium fort bien documenté duquel s’échappe une large palette de contrastes fort plaisants. Ce qui interpelle, se sont les propensions de l’IA 350 à délivrer une sonorité de type analogique, plutôt douce – un peu nouvelle chez YBA. En comparant la suite orchestrale ‘’ Porgy and Bess de Gershwin ‘’ dirigée par Frank Chacksfield avec son édition originale en vinyle, on comprend l’objectif recherché par le concepteur. Ainsi, la similitude entre les deux « gravures » apparaît indiscutable. L’IA 350 ne force pas le trait sur la clarté, il cherche plutôt à arrondir certains angles. Par ailleurs, les cuivres se mêlent et s’opposent tour à tour aux cordes avec des très beaux contrastes mettant parfaitement en valeur chaque groupe d’instruments. On sera sensible aux interventions ponctuelles d’un jeu de harpe et à celui d’une flûte traversière qui viennent s’ajouter à la masse orchestrale donnant une touche d’originalité et une haute tenue en couleur de cette interprétation magistrale. Dans le même esprit, je ne dissimulerais pas ma surprise à l’écoute de ‘’ Quiet Nights ‘’ par Diana Krall. Ce CD s’illustre par des vocaux romantiques ; romantisme relayé par l’amplificateur qui restitue de manière intense l’expression de l’artiste. La formulation et le phrasé me semblent très fidèles, d’autant que cet amplificateur réussit l’exploit d’évincer toutes les « sifflantes » issues d’une analyse mal maîtrisée et / ou trop insistante sur les « S ». Enfin, j’ai particulièrement été impressionné par la richesse et la justesse du clavecin qui illustre un » Air Varié » d’après Colombi (école de Madène 17ème siècle). Ce clavecin « crève l’écran » dans la mesure où l’on entend distinctement l’impact du marteau qui frappe chaque corde de l’instrument avec un grain et une précision impeccables, laissant s’échapper les tonalités typiques de l’instrument, qui vont du chatoyant à l’aigrelet avec une foule de variations qui suscitent une belle émotion. Le jeu de violon soliste nous susurre à l’oreille des notes de musique veloutées et hautes en couleurs. En arrière plan, la viole de gambe et son subtil contrechant arrive en renfort de cette partition riche en harmoniques, dépouillée de toute forme d’artifice, de colorations trop prononcées. Aucune « fausse note » ou faute de goût ne viennent troubler l’expression qui se veut naturelle d’un bout à l’autre de l’extrait musical. Les caractéristiques du grave révèlent un registre qui semble moins profond que, par exemple, celui du bloc de puissance Classic 1 double transformateur du même concepteur (réécouté lors des séances comparatives en auditorium). Il n’en demeure pas moins que ce grave est résolument ferme, bien tendu, et d’une assise, qui rassure. A noter que l’infra grave prend sa place lorsque l’on associe l’IA 350 avec le lecteur CD Passion 430 – comme quoi les deux produits se complètent admirablement. Sur plusieurs extraits musicaux, on relève une belle lisibilité des jeux de contrebasse ou de basse électrique qui prennent alors une texture charpentée qui privilégie et va également dans le sens du rythme.
La grande question était de savoir si la légendaire transparence YBA était au rendez vous – cette transparence si cristalline qui faisait la différence avec tant d’autres électroniques de marques et d’origine différentes. Il m’aura fallu de longues heures d’écoutes pour me forger une opinion définitive dans la mesure où l’IA 350 ne sonne pas tout à fait comme les anciennes références Classic et Signature. En marge de cette remarque, c’est notamment au travers du CD d’Omar Faruk Tekbilek » Dance Intro Internity » que cet amplificateur s’est révélé plutôt convainquant dans la mesure où il va fouiller en profondeur et fait ressortir un grand nombre de petites choses qui se trouvent » consignées » sur un enregistrement bien réalisé. L’excellent détourage de l’oud (instrument arabe à cordes pincées), de la flûte, le tintement éclatant d’un triangle ou d’un carillon, et plus généralement des percussions vont de pair avec la remarquable extinction des notes dans le temps et l’espace, qui traduit une gestion des harmoniques finement appréhendée. L’authenticité musicale qui en découle valide une transparence de bon aloi. On pourra toujours reprocher à l’IA 350 de manquer de clarté, il n’empêche que d’un point de vue général, l’analyse est suffisamment poussée pour ressentir les impressions de Diana Krall lors des séances d’enregistrement de l’album » Quiet Nights « . On y décèle parfaitement l’intonation gutturale, le phrasé, l’excellente diction de l’artiste, et cette volonté à faire partager ses convictions à son auditoire. Le fond orchestral discret constitue un complément qui enrichit l’expression et les « vibrations » de la chanteuse, et sont les vecteurs d’une belle cohérence d’ensemble.
Aucun doute, l’IA 350 ne peut renier ses origines. La fluidité YBA est caractéristique : les notes s’enchaînent avec facilité et une logique imparables. C’est un véritable régal d’écouter » Valéria » interprétée par la Modern Jazz Quartet, où les attaques de piano ainsi que celles de la contrebasse dansent sous vos yeux avec un entrain et une vivacité qui rappellent bien la rigueur de conception de l’ensemble des produits YBA des époques et gammes précédentes. Certes, au premier abord l’IA 350 pourrait sembler un tantinet discret, voire par moment introverti. Avec certaines enceintes acoustiques et dans certaines conditions, il pourrait même manquer de linéarité. Rassurez vous, il n’en est rien : sur les extraits les plus démonstratifs, cet amplificateur sait donner du sens à la musique et s’avère éloquent et très vivant. Je pense que cet amplificateur prouve son aptitude en matière d’ouverture lorsqu’il est notamment associé avec le lecteur Passion CD 430.
Stable et stoïque, l’AI 350 fait des prouesses. Il encaisse les grands écarts de dynamique sans sourciller, sans fléchir, ou renoncer devant les difficultés. Mieux encore, ses capacités d’accélération m’ont permis de tester et d’apprécier cette forme d’engouement et cette envie de faire partager à son auditoire sa bonne santé grâce à des qualités d’élocution remarquables. Aucune trace de traînage n’est à relever : les capacités à réagir vite et bien ne laissent aucun doute en matière de comportement général. L’étagement des plans nous révèle une construction générale bien organisée où l’on repère rapidement chaque groupe d’instrumentistes, leur positionnement au sein du lieu de la prise de son. La profondeur de scène sonore permet d’obtenir de beaux reliefs qui font bien la distinction entre les instruments de premier plan et ceux de second ou de troisième plan. La scène sonore se veut panoramique, étoffée, mais sans excès : elle est soigneusement structurée. Sur ce thème, l’IA 350 n’en fait pas trop : la scène sonore se déploie avec une belle aisance et emplit correctement la pièce d’écoute. La séparation des canaux nous dévoile une scène sonore large, mais qui ne dépasse pas le cadre des enceintes acoustiques, sans focalisation outrancière : on peut ainsi se passer d’un réglage de correction de la balance. L’IA 350 s’adapte aux dimensions de la pièce d’écoute, mais aussi aux enceintes acoustiques qu’il a pour mission de driver. La dynamique, sans être foudroyante ou démesurée nous permet d’écouter sereinement absolument tous les styles de musique et dans toutes les conditions. Les chœurs qui accompagnent » Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire » s’en donnent à cœur joie pour libérer toute leur énergie et faire partager leur enthousiasme et leur plus profonde conviction. L’alimentation surdimensionnée autorise une grande réserve en énergie et des capacités à réagir au quart de tour en toutes circonstances. Les très belles « pièces musicales » qui illustrent » Celtic Spectacular » par Erich Kunzel vous plongeront dans un univers où la scène sonore est ample, aérée, bien orchestrée qui m’incite à dire que l’IA 350 s’y entend pour faire « respirer la musique ». Si au premier abord cet amplificateur semble un peu « contenu », nous sommes obligés au final d’admettre qu’il suit les rythmes sans perturbations. La réserve d’énergie de l’IA 350 permet de driver des enceintes acoustiques pas toujours simples à mettre en œuvre, y compris la LEEDH E2 – ce mariage ne faisant cependant pas l’unanimité.
Il ne faut pas énormément de temps pour comprendre que cet amplificateur a été conçu et réalisé par YBA dans le but de faire passer des émotions. Prenons quelques exemples. L’IA 350 vous fera profiter du talent de Laurent Korcia qui nous présente un » Minor Waltz » (extrait de l’album » Double Jeux « ) particulièrement « poignant ». Ce virtuose s’emploie à faire chanter admirablement son violon. Le « grain » de l’instrument et le frottement de l’archet sur les cordes met en valeur une étendue de variations à l’intensité absolument étonnante. Plus que cela, la perception des vibrations des doigts plaquant les accords sur le manche de l’instrument montrent à quel point l’interprète maîtrise son sujet, et cela s’entend ! Vous « frémirez » à coups sûr en écoutant attentivement les extraits qui illustrent la » La Folia » de la Spagna dirigée par Gregorio Paniagua. Les flûtes baroques, le cromorne, la viole de gambe offrent une tonalité boisée d’une justesse prodigieuse et d’un naturel saisissant. Le clavecin de la » Folia » de la Spagna, tout comme celui qui illustre un » Air Varié » d’après Colombi (école de Madène 17ème siècle) s’illustre par sa teinte sonore riche où l’on entend chaque marteau frapper les cordes de l’instrument avec une belle précision, leur impact impeccablement maîtrisé, qui aboutit à des couleurs qui vont du chatoyant à l’aigre-doux. Les multiples variations qui illustrent cet album sont simplement délicieuses et vous donneront à coups sûr de véritables frissons de plaisir et de beaux moments d’émotion intense. Cette communication avec l’auditeur prendra tout son sens lorsque l’on écoute la magnifique » Sonate Kk 87 » de Scarlatti. On comprend alors qu’il se passe quelque chose de magique dans la pièce d’écoute : oui, il s’établit un véritable dialogue entre l’interprète et l’auditeur. La mélodie se concentre sur le mouvement des doigts de l’artiste qui glissent sur le clavier avec une dextérité saisissante et une légèreté qu’il convient de souligner. 2° Comparaison avec l’ensemble YBA Classic 3 Delta / double transformateur Visiblement et tant que tel, l’amplificateur Passion IA 350 est un produit techniquement abouti : musicalement il ne passera pas inaperçu. Puisque cette opportunité m’en était offerte, je me suis risqué à comparer l’ensemble Classic 3 Delta avec ce nouvel intégré. Pourtant bien plus puissant que le bloc de puissance 3, je ne suis pas totalement persuadé que, sur ce point précis, ce surcroît de puissance apporte un gain significatif dans la configuration et les conditions qui étaient les miennes. Côté transparence, il apparaît que l’ensemble Classic 3 s’est toujours distingué par ses teintes musicales et sa transparence cristallines. Aussi, j’observe que l’IA 350 ne parvient pas à surpasser les caractéristiques de la Ligne 3, qui demeure pour la circonstance une bonne référence. En ce qui concerne les timbres, je me suis aperçu que l’ensemble Classic 3 filait plus haut et « respirait » peut-être mieux sur le haut du spectre audible que l’IA 350, avec un zeste de finesse supplémentaire. Pour résumer, on peut dire que cette récente mouture Passion IA 350 ne sonne pas de la même manière que la Ligne Classic 3. Le registre médium / aigu n’a pas la même tonalité : l’IA 350 revendique un tempérament musical plutôt doux et qui se veut proche de l’analogique, tandis que la Ligne Classic 3 joue davantage la carte de la pureté et peut-être quelque chose d’aérien. Il n’y a pas de conclusions à tirer, c’est une affaire de goût personnel. Là où l’écart se creuse en faveur de l’IA 350, c’est sur le domaine de l’ampleur de la scène sonore : ce nouvel amplificateur intégré nous offre une scène sonore plus panoramique et davantage étoffée. Il est indéniable que l’alimentation plus « conséquente » de l’IA 350 par rapport au bloc de puissance Classic 3 amène une réserve d’énergie supplémentaire perceptible. La conception et la réalisation de l’IA 350 rendent sa musicalité plus onctueuse, plus « enrobée », et légèrement plus chaleureuse. Cependant, des différences plus ou moins significatives apparaîtront en fonction de la source et des enceintes associées. Enfin, il faut reconnaître que l’IA 350 amène un surcroît de matière indiscutable sur les instruments qui ont de « l’étoffe » tels que les tambours et autres percussions qui affichent un aspect plus « consistant », tout en restant dans le strict respect de la densité qui leur est propre.
Conclusion :Le nouvel amplificateur intégré Passion IA 350 est un amplificateur aux possibilités d’exploitation étendues puisqu’il intègre une section convertisseur complète. Sa puissance substantielle lui permettra d’alimenter un grand nombre d’enceintes acoustiques. Sa philosophie musicale tranche avec celle des anciens produits Classic et celle de la récente gamme Genesis. Il me semble avoir compris que l’idée était de s’approcher d’une écoute proche de celle d’un disque vinyle. En ce sens, cet amplificateur nous ouvre des perspectives réellement intéressantes qui peuvent devenir exceptionnelles sous réserve que la source et les enceintes acoustiques soient méticuleusement choisies.
Prix : 4690 € (08/2014) Test d’écoute réalisé par
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