PIONEER A-A6MK2-K
Origine : Japon
Ampli-préampli intégré à transistors
Puissance : 2 x 60 watts / 4 ohms
Bande passante : 20 Hz à 20 kHz
Distorsion : < 0,20%
Facteur d’amortissement : non spécifié
Rapport signal / bruit : non spécifié
3 entrées haut niveau,
1 entrée phono MM,
1 entrée monitoring,
1 sortie enregistreur,
1 sortie casque jack 6,35
Très critiquée au cours des deux dernières décennies par rapport à ses choix en matière audio, tout le monde avait peut-être oublié que la marque PIONEER s’était pourtant distinguée dans les années 70 en matière de haute fidélité avec certaines références hautement musicales pour l’époque, et un savoir faire qui permettait de revendiquer des prestations honorables – tous produits confondus.
Il y a quelques années, la marque Japonaise s’est rapprochée du concepteur d’enceintes acoustiques TAD, et dans cette perspective, une poignée de passionnés employés par la Société a souhaité réhabiliter l’image de marque de Pioneer et « revenir par la petite porte » en proposant de nouvelles références audio dignes du monde de la haute fidélité, avec pour objectif des tarifs accessibles.
Aux côté des incontournables produits « grand public – home cinéma » toujours très présents au catalogue, existent depuis quelques années quelques références qui n’ont pas manqué de susciter notre attention et notre curiosité, dont cet amplificateur intégré A-A6MK2-K.
La première approche, qui est avant tout visuelle, inspire un certain respect avec une présentation pour le moins dépouillée et un design qui se démarquent des amplificateurs de la concurrence, et ont fait l’objet d’une certaine recherche de très bon goût. La façade en aluminium, totalement dépourvue de gadgets et réglages inutiles, est en deux parties et ne regroupe que l’essentiel des commandes. On y trouve un réglage de volume, une sélecteur pour les 5 sources dont l’activation s’effectue par relais, un commutateur « direct », un superbe afficheur à fond bleu indiquant les fonctions et sources en cours, et – oh surprise ! – une prise casque au standard traditionnel jack 6,35.
D’autres commandes sont disponibles via la télécommande fournie d’origine qui inclut toutes les fonctions d’un lecteur CD / SACD de la même marque. La télécommande permet en outre de régler la balance (c’est très bien), mais aussi le registre grave et aigu bien inutiles à mon sens.
Le verso de l’appareil est relativement « soft » lui aussi : on dénombre 6 paires de fiches RCA plaquées or pour la connexion de trois sources haut niveau, d’une platine vinyle à cellule MM (aimant mobile), d’une entrée et d’une sortie pour un enregistreur analogique. Quatre bornes HP de qualité plutôt moyenne complètent le tableau arrière : elles sont vissantes, ce qui induit que l’on pourra utiliser les fils nus et fourches.
On assez peu d’informations relative à la typologie du circuit, mais Pioneer indique que l’étage de sortie est du type « double mono » / symétrique, configuré autours d’un transformateur torique Twin EI de bonne capacité. Cet étage de sortie embarque des transistors d’origine Sanken et fonctionne en classe AB pour délivrer une puissance de 2 x 60 watts sous 4 ohms.
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ECOUTE
Les tests d’écoutes ont été effectués avec un lecteur CD Pioneer PD-D6MK2-K, des enceintes acoustiques B & W 684, CM 8, Davis Matisse, Rega RS 3, quelques référence JM Lab – Focal, des câbles YBA Glass et modèles plus communs.
CD utilisés : Requiem de Mozart par Herbert Von Karajan – Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire – volume 2 – Doubles Jeux par Laurent Korcia – La Folia par Gregorio Paniagua – Modern Jazz Quartet With Laurindo Almeida.
1° Timbres
Quelles que soient les enceintes acoustiques utilisées ou les conditions d’écoutes, les premières impressions en matière de timbres sont loin d’être dénuées d’intérêt. Le Pioneer A-A6MK2-K surprend agréablement grâce à une palette de couleurs musicales étendue, qui rend pas l’écoute ni ennuyeuse, ni agressive, comme c’est quelque fois le cas avec d’autres amplificateurs intégrés de gamme et / ou de prix identique.
J’ai été assez surpris de voir comment cet intégré se comportait avec de la musique classique et la finesse avec laquelle il retranscrit le registre aigu, qui s’articule autours d’un médium relativement fouillé. Le moins que l’on puisse dire est que l’amplificateur donne dans le détail et la subtilité. J’ai trouvé fort agréable le filé doux et soyeux du violon de Laurent Korcia sur « Double Jeux ». Le frottement de l’archet sur les cordes de l’instrument montre un respect qui ne peut faire l’objet d’aucune critique objective. Dans le même esprit, j’ai apprécié le grain du clavecin sur différents extraits de » La Folia » par Gregorio Paniagua. En complément, les timbres du cromorne et des flûtes baroques prennent une couleur vraisemblable et crédible.
Si l’on pousse l’exercice un peu plus loin en écoutant le Requiem de Mozart, on pourra se réjouir de la texture sonore que prend la voix de la soliste Maria Stader et des chœurs qui l’accompagnent. Ce Pioneer se fait un malin plaisir à donner au registre médium et aigu des teintes nuancées et même élégantes.
En revanche, là ou ce Pioneer pêche un peu, c’est sans aucun doute sur le registre grave qui paraît écourté, et quelles que soient les enceintes acoustiques mises en œuvre. Cette remarque prend tout son sens avec des enceintes acoustiques, qui elles-mêmes ne proposent pas un registre grave abyssale (B & W 684 et Rega RS 3). Ce registre grave a pourtant l’air ferme, bien tendu, assez lisible, mais s’avère tout de même un peu court, et on s’en rend compte lors de l’écoute de Valéria par le Modern Jazz Quartet With Laurindo Almeida, où le jeu de contrebasse affiche une faiblesse assez notable. La même frustration est à relever pour le jeu de piano qui manque aussi un peu de poids sur les notes les plus graves. Le contraste avec les très beaux timbres observés sur les registres médium et aigu m’a quelque peu laissé sur ma faim.
2° Fluidité
De tous temps, Pioneer a toujours privilégié l’aspect fluide de ses électroniques, et le A-A6MK2-K ne déroge pas à cette règle. Outre une restitution finalement assez douce, la musique coule avec bienveillance et un aspect très libre qui permet de lui attribuer une excellente mention sur le comportement fluide qui nous est offert. Ainsi, grâce à cette douceur et cette fluidité, sur Valéria interprétée par le Modern Jazz Quartet, le difficile jeu de vibraphone passe comme une lettre à la poste, et ne « vrille » à aucun instant. Le plus tatillon des audiophiles pourrait peut-être dire que ce vibraphone s’avère quelque peu simplifié, ce qui expliquerait sa facilité d’expression et sa texture un peu lisse. Sans doute qu’il y a un peu de cela, mais toutes proportions gardées, on est déjà sûr qu’avec un grand nombre d’enceintes acoustiques, on obtiendra une sonorité d’ensemble fort agréable.
Avec Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire, je n’ai senti à aucun moment une forme quelconque d’accroc, même sur les orchestrations chargées ou des rythmes « endiablés ». Sans faire preuve de mollesse ou de complaisance, les instruments acoustiques et électriques, la batterie et les chœurs cohabitent dans une ambiance conviviale, avec une forme de délié qui inspire la sérénité et le confort. Le Requiem de Mozart est restitué à son tour avec une aisance et une facilité qui suggère une électronique saine, bien pensée, bien conçue, et bien réalisée.
3° Scène sonore – Dynamique – Réactivité
Visiblement, le Pioneer A-A6MK2-K embarque une alimentation saine, puisqu’il faut se lever de bon matin pour le mettre à genoux – tout au moins avec les enceintes sélectionnées. Ainsi, sans être la référence du moment, l’amplificateur tire son épingle du jeu en toutes circonstances. Sur le Requiem de Mozart, les réactions sont instantanées lorsque les percussions se mettent à « gronder » ou que la vague de chœurs prend du volume. Le coté tonique ne se dément pas, et la dynamique est largement au rendez vous lorsque la situation musicale l’exige.
Très attendu au coin du bois par mes soins, je dois aussi saluer ici le bon vouloir de l’extension de la scène sonore en largeur. Sans pousser le volume dans ses derniers retranchement, la pièce d’écoute s’emplit et s’imprègne assez rapidement des ambiances musicales, et cet amplificateur ne donne pas l’impression de focaliser la musique dans les coins gauche et droit ; il se passe donc beaucoup de choses entre les enceintes. La scène sonore prend également du volume en hauteur, mais on aurait souhaité un aspect tri-dimensionnel plus complet ; la profondeur de champ et l’étagement des plans apparaissent ici quelque peu timides, et j’aurais souhaité un côté holographique un peu plus marqué.
Pétillant ! voilà un terme qui conviendrait assez bien au A-A6MK2-K lorsque l’on écoute Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire.
Un grand nombre d’extraits de cet album en public rassemble les interprètes du groupe, auquel s’ajoutent des chœurs puissants, et une masse orchestrale substantielle. Ajoutez des coups de guitare électrique, une basse, une batterie, et des percussions musclées. Avec cet amalgame d’instruments de musiques et de voix, ce Pioneer ne perd ni le Nord, ni le sens du rythme, et réagit impeccablement aux grands écarts de dynamique et aux charges complexes. Aucun fléchissement particulièrement gênant n’est à relever, et les coups de cymbale sont aussi précis que les solos de violon, ou le jeu de mandoline pourtant discret et qui arrive à se faire entendre au sein de la masse orchestrale.
Un parallèle peut être effectué avec le passage » Valéria » par le Modern Jazz Quartet. Si effectivement, le jeu de contrebasse et de piano accusent de petites limites, on ne pourra pas leur reprocher un manque de réactivité ou une approximation dans leur restitution. Pas de » raté » ou de » retard à l’allumage « , cet amplificateur réagit bien aux écarts de dynamique, et il ponctue bien chaque note de façon à ce qu’elle soit reproduite de façon intelligible, et avec la rigueur attendue.
4° Transparence et analyse
Sans être l’amplificateur le plus analytique du moment, j’ai été agréablement surpris par la très bonne transparence qui caractérise l’A-A6MK2-K. Pas besoin de solliciter le correcteur de timbre aigu pour forcer sur des détails qui seraient plus ou moins masqués. J’ai trouvé que cet amplificateur faisait preuve d’un sens de l’analyse lui permettant de délivrer une musique naturelle, et qui laisse supposer qu’il a des facultés à laisser s’exprimer de façon limpide des instruments qu’un preneur de son distrait aura laissé un peu dans l’ombre. Ainsi, au travers de l’écoute de Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire, le son lointain du triangle arrive à émerger de la masse orchestrale. Dans la continuité de cette analyse, le jeu de cromorne accompagné lui-même par quelques notes de mandoline permettent de confirmer que l’ouverture fait partie du langage de Pioneer, et que la notion de transparence est une qualité dont bénéficie de petit amplificateur intégré.
Pour être vraiment complet, j’ai été convaincu (pour ne pas dire conquis) par le jeu de clavecin de » la Folia » de Gregorio Paniagua, qui après plusieurs séances d’écoute a pris un ton particulier, une saveur très baroque, un grain et une matérialisation, qui lève le voile sur toutes formes d’opacité avec des nuances réellement audibles – les amateurs de musique baroque et classique apprécieront.
5° Communication avec l’auditeur et conclusion
A n’en point douter, les concepteurs de chez Pioneer ont tout misé pour faire de l’A-A6MK2-K un amplificateur musical. Certes, il n’a pas peut-être pas le talent d’électroniques cinq ou dix fois plus onéreuses, mais son côté neutre permet d’en attendre des sensations et un brin d’émotion sur les passages musicaux de bonne qualité.
Loin d’être extraverti, l’A-A6MK2-K sait parler aux auditeurs, qu’ils soient audiophiles, mélomanes, ou les deux à la fois. Sa relative neutralité lui permet ainsi de revendiquer une musicalité assez naturelle, et en tout cas dépourvue de réelles traces de caricatures ou déformations qui le rendrait insupportables à la longue. Au fil des écoutes, j’ai senti des vocaux expressifs, communicatifs, où l’on ressent assez bien la conviction des interprètes. Loin de simplifier le message musical, chaque instrument ou groupe d’instrument a droit à des égards et une forme de respect qu’il serait mesquin d’occulter. Le comportement général est dans la globalité très bon, mais on regrettera tout de même un registre grave un peu court, et un étagement des plans légèrement simplifié.
Cotations : |
Musicalité : concluante
Appréciation personnelle : agréablement surpris
Rapport musicalité – prix : bon
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Prix : env. 500 € ( 08/2012)
Test d’écoute réalisé
par Lionel Schmitt
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