MOON Néo 260 D
Origine : Canada
Lecteur CD intégré
Bande passante : 2 Hz à 100 kHz +0/-13 dB
Taux de distorsion : 0,005%
Rapport signal / bruit : 120 dB
Séparation des canaux : 116 dB
1 sortie RCA asymétrique
1 sortie XLR symétrique
1 sortie numérique AES/EBU (XLR)
1 sortie numérique coaxiale S/PDIF
2 entrées numériques S/PDIF
1 entrée numérique optique,
1 entrée numérique asynchrone USB-B
Comme beaucoup de constructeurs, Simaudio a quelque peu délaissé le secteur du compact disc au profit des sources dématérialisées. Je ne saurais dire s’il faut s’en réjouir, mais la marque canadienne ne compte désormais plus que deux modèles de lecteurs CD intégré dont le MOON Néo 260 D. Ce lecteur peut aussi être livré en simple Drive (transport) et prendra alors la référence de Néo 260 DT. Il est précisé que le lecteur 260 D est doté d’un convertisseur de 32 bits qui autorisera parallèlement l’exploitation des supports dématérialisés. Cependant, le transport Néo 260 DT pourra recevoir, le cas échéant, la carte de conversion pour devenir un lecteur intégré autonome et prendre alors la référence de 260 D.
C’est la version classique en lecteur CD intégré qui m’a davantage intéressé et qui fait l’objet du présent banc d’essai, fruit de nombreuses séances d’écoutes dans des configurations différentes.
Le 260 D est un lecteur d’apparence à la fois fine et cossue. Sa présentation et sa finition sont impeccablement réalisées et montrent que le constructeur Canadien sait mettre en valeur ses produits. Le 260 D pour être livré à la demande en trois finitions : entièrement noire, entièrement gris aluminium ou bi-ton.
La façade et les flancs sont usinés dans l’aluminium massif pour s’affranchir de toutes formes de perturbations d’origines « mécaniques » et électroniques. Son châssis en tôle épaisse pliée repose sur quatre pieds de faible épaisseur qui, visiblement, font correctement leur travail en matière de découplage.
Le Néo 260D emprunte la plus grande partie de sa technologie au modèle 650D de la série Evolution, ce qui n’est pas peu dire.
Curieusement, le constructeur ne s’étend pas sur l’électronique. Nous savons que deux cartes totalement distinctes « animent » l’appareil. La première est dédiée à l’étage de sortie analogique configuré en mode symétrique et double mono.
L’alimentation linéaire a été soignée aux petits oignons. La seconde carte lui est entièrement consacrée et on y retrouve un transformateur « propriétaire » torique secondé par neuf condensateurs d’origine Nichicon totalisant la bagatelle de 19.800 microfarads. Rien de surprenant à ce que MOON ait, ici encore, mis l’accent sur cette section afin de garantir un « comportement » idéal de son lecteur.
Le mécanisme de lecture est lui aussi propriétaire et adopte la référence M-Quattro Drive. Ses composants sont issus de constructeurs connus, mais MOON effectue l’assemblage et l’optimisation dans sa propre manufacture. Il est implanté sur le châssis via une structure « flottante » à quatre points, à base d’une composition faîte de gel aux fins d’absorber les vibrations qui pourraient nuire au fonctionnement de l’horloge interne et augmenter l’effet de jitter.
ECOUTE :
Les tests d’écoutes ont été réalisés en auditorium en plusieurs épisodes avec le matériel suivant : amplificateurs intégrés MOON 340i & 600i, AIR TIGHT ATM-1S, CARY SLI-80, VTL IT-85, préamplificateur VTL TL 2.5 I & bloc de puissance ST-150 – DAC MOON 380 D Mind – enceintes acoustiques SPENDOR D7 & SP2/3R², ELAC FS 407 & BS 312, PE LEON Alycastre, câbles modulation NORDOST et AUDIOQUEST Sydney, ESPRIT Aura et HP NORDOST Heimdall 2, ESPRIT Aura.
CD utilisés : Naim Sampler N°6 – Quiet Nights par Diana Krall – Celtic Spectacular par Erich Kunzel – Dance into Eternity par Omar Faruk Tekbilek – La Folia de la Spagna par Gregorio Paniagua – La Belle enchantée par Tri Yann – Collaboration par le Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – « Prodiges » par Camille Berthollet, etc…
Impressions d’ensemble et musicalité
Ce lecteur CD en mode « intégré » a été testé au sein de différentes configurations aussi diverses que variées. Cela m’a permis « d’apprécier » ses caractéristiques musicales à leur juste valeur. Parmi elles, j’ai pu me rendre compte que ce lecteur avait un comportement très sain par sa linéarité et par sa cohérence qui reflètent parfaitement l’état d’esprit avec le quel ce produit a été conçu. Le MOON 260 D fait le job, et il le fait plutôt bien dans son ensemble.
• Couleur des timbres et transparence
Le MOON 260 D a un tempérament chantant qui fait honneur à son ancêtre CD 5.3 de la Classic Série analysé dans ces mêmes colonnes en juin 2007 (voir banc d’essai). A l’époque, ce lecteur CD m’avait fait une forte impression, et je peux dire que le 260 D en est l’héritier par la couleur de ses timbres variée, et l’étendue subjective de sa bande passante. Le registre aigu est fin; il file haut mais sans une insistance outrancière. La clarté s’appréciera aussi bien sur les jeux de violons que sur celle des cuivres, reproduits avec belle délicatesse qui met en valeur leur teinte sonore respective.
Avec le 260 D, le concepteur a été très loin car il a su conjuguer le registre aigu décrit ci-avant avec la douceur sans mettre en péril la très belle transparence dont nous fait bénéficier ce lecteur.
Le registre médium est, à mon sens, efficacement « travaillé » de façon à reproduire le milieu du spectre avec une superbe justesse qui côtoient à merveille le registre aigu. Les fréquences médiums / aigües se complètent harmonieusement et aboutissent à une transparence qui ne vous échappera pas et que vous apprécierez de bout en bout d’un enregistrement qualitatif. Quelque soit le système audio mis en œuvre, beaucoup d’informations sont extraites et proposés sous un jour « sans nuages ». La fine analyse effectuée par un mécanisme optimisé, une section de conversion, une horloge interne aboutie, et un étage de sortie réalisé avec un soin et un professionnalisme affirmés conduisent aussi à un détourage des instruments et des voix qui ne laissent aucune place à l’approximation. Le message (sonore) est clair, net, précis, et sans bavure. On lui retrouve aussi une « constitution » assez voisine du monde de l’analogique qui ne laissera sans doute pas les puristes indifférents.
Le registre grave prend une place « enviable » sous tous les angles. Les fréquences les plus « profondes » sont honorablement restituées, même si, à titre personnel, j’aurais souhaité qu’elles descendent un peu plus bas. N’ayez crainte : les grandes orgues, les contrebasses, les guitares basses n’accusent pas de limites frustrantes. Par ailleurs, les « lignes » de basses reflètent une excellente définition, dégraissées, et d’une lisibilité à prendre en référence. J’ai pu apprécier un comportement sans lourdeur ni limites apparentes aussi bien sur le jeu des contrebasses qu’au niveau de l’impact des percussions dont le « volume » et l’aspect « organique » et matérialisé sont simplement réalistes.
• Fluidité – aspect naturel
Avec ce lecteur CD, les phrases musicales s’écoulent librement et les notes s’enchaînent logiquement sans sans l’ombre d’une hésitation. Reprenant la philosophie « maison », ce lecteur CD montre le chemin d’une musicalité fluide qui a fait ses preuves sur les séries précédentes et qui s’affirme toujours sur l’ensemble des produits actuels dont le CD 260 D. Il apparaît évident que le flux musical fait totalement abstraction de toute forme de dureté ou autres écueils qui viendraient perturber une très belle pièce musicale.
Ceci me conduit à mettre l’accent sur l’aspect naturel qui ressort de ces multiples et longues séances d’écoutes. Outre la beauté des timbres – paramètre important – il apparaissait nécessaire que le déroulé et l’enchainement des phrases musicales s’effectue sans caricatures ni faux semblants. Sur ce point, ce lecteur CD n’appelle que des éloges, et se place dans le peloton de tête des meilleurs produits numériques du moments, tous supports confondus.
• Scène sonore : construction et agencement
Le lecteur MOON 260 D est un lecteur généreux sur lequel nous pourrons compter lorsqu’il sera nécessaire de faire « parler » à haute et intelligible voie un orchestre symphonique. J’ai pu m’apercevoir que cette source avait des prédispositions à « structurer » intelligemment la scène sonore. Nul besoin de tendre l’oreille pour identifier chaque plan et ou chaque instrument de musique. Chacun d’eux prend la place qui lui a été assignée lors de la prise de son. Sans vouloir évoquer un aspect tri-dimensionnel, j’ai bien senti que ce lecteur s’affranchissait de toute forme de « rétrécissement » tant en largeur qu’en hauteur. La scène sonore prend même une extension qui aboutit à un message sonore aéré qui génère un dimensionnement assez réaliste des instruments et du lieu de chaque prise de son. Nous pourrons d’ailleurs évoquer le mot holographique tant la spatialisation s’affiche comme édifiante.
Aussi, il sera alors aisé de distinguer le contraste entre chaque plan : dès lors, l’auditeur pourra « cibler » sans effort les groupes d’instruments ou de voix de premier plan qui se distinguent de ceux de second plan ou troisième plan. Cet « agencement » permet de faire émerger une foule d’instruments parfois confondus dans la masse orchestrale, voir même dans certains cas flous ou à peine audibles.
• Dynamique – réactivité – rigueur
Dans sa version de base, ce lecteur CD se veut réactif, vigoureux, et ne traîne jamais des pieds pour faire face aux grands écarts de dynamique. Les réactions sont instantanées et les attaques de notes sont prises en charge avec un tel dévouement et ce quelque soit leur intensité. En ce sens, la gestion des harmoniques aboutit à une série de fin de notes qui s’éteignent dans le temps et l’espace naturellement et sans coupure abrupte. Ce point précis montre le degré de rigueur avec le quel ce lecteur gère les signaux numériques et analogiques. De surcroît, la conception générale de l’électronique et de la mécanique joue un rôle déterminant sur l’image sonore qui nous amène à découvrir d’une stabilité imperturbable.
Ce comportement irréprochable est à corréler avec le degré d’analyse; chacun d’eux contribue à donner de l’expression à la musique en mettant l’accent sur les micro détails, les petites inflexions, et une foule de nuances qui viennent enrichir le message sonore pour lui donner une signification la plus fidèle possible. Ces caractéristiques excluent cependant toute forme de stress. Le déroulement « logique » des phrases musicales s’effectue avec une excellente maîtrise, une belle cohérence, une homogénéité, et une justesse des plus sympathiques qui soient.
Communication avec l’auditeur
• Quiet Nights par Diana Krall
Avec cet album, vous aurez une idée précise du degré d’expressivité et d’émotion qu’est capable de transmettre ce lecteur CD. La voix suave de l’interprète est divinement reproduite. Les yeux fermés, nous pourrions croire en sa présence dans la pièce d’écoute. Les articulations de chaque mot, les respirations apparaissent criantes de vérité. Vous vous délecterez, comme je me suis délecté, à apprécier l’orchestration en toile de fond, sobre et bien amenée. Le bruissement des cordes de guitare jazz est savoureux, tout comme les notes de piano dont le délié et la pureté donnent la chair de poule. La transparence et la finesse sont poussée à leur paroxysme : on les appréciera au travers le jeu de drums et les frêles coups de cymbales qui ponctuent chacun des extraits.
• Celtic Spectacular par Erich Kunzel
De la grande et belle orchestration, en voici. La dynamique foudroyante de certains passages est absolument émouvante et les grands écarts sont gérés avec une minutie et une loyauté qui montrent les réelles capacités de ce lecteur à gérer les masses orchestrales avec une main de fer. Les sections de cordes et de cuivres, les percussions montrent que le flot orchestral n’accuse aucune limite. Toute la culture celtique resplendit ici de mille feux où se mêlent modernisme, tradition, sans compter quelques vocaux du meilleur cru qui soit qui vous transmettent cette sensation de bien être que seuls les grands produits sont en capacité de transmettre.
• Dance into Eternity par Omar Faruk Tekbilek
De l’émotion pur jus pour cet album dont les extraits sont tout simplement « prenants » tant par le soin porté à la prise de son que par l’application des musiciens à vous faire partager leur culture musicale. Le MOON CD 260 D tient à participer pleinement à l’exercice de l’art en reproduisant des sonorités et des ambiances musicales riches, tendres, réalistes, des plus naturelles qui soient, et qui vous toucheront assurément en plein cœur : en ce qui me concerne, le pari est gagné.
• La Folia de la Spagna par Gregorio Paniagua
La Folia de la Spagna ne laisse aucun doute sur les facultés que possède ce lecteur à transmettre une émotion à revendre. La beauté des timbres des instruments baroques se retrouve à chaque instant, à chaque note, à chaque phrase musicale. Ce lecteur s’attache à soigner les moindres intonations et leur donner la couleur qui convient, et toujours proche du son original. La douceur des flûtes baroques, la pertinence des percussions, la clarté du clavecin montrent réellement le chemin de la « Haute Fidélité » en matière de reproduction. On ressent aisément l’amour que portent les interprètes au travail de l’œuvre, leur attachement à reproduire une musique riche en subtilités. Les violons, violoncelles, violes de gambe prennent des intonations mises en exergue par un détourage finement « découpé » qui donne réellement envie de vivre cette « partition » avec enthousiasme.
• La Belle enchantée par Tri Yann
Ici le mélange des genres fera à coups sûr recette. De la ballade irlandaise, en passant par des comtes contemporains, le groupe s’emploie à faire chanter flûtes, cornemuses, harpe celtique, et faire crépiter la batterie sur des rythmes endiablés d’une guitare électrique, d’une guitare basse ou d’un clavier qui « travaillent à l’unisson.
A défaut d’avoir l’image, on se surprend à imaginer un marquis et sa belle danser des pastourelles, seuls au bal et sans leurs gens – c’est très impressionnant comme sensation. L’harmonisation des magnifiques vocaux vous fera ainsi traverser les âges, les pays celtes, les océans : voyage à travers le temps permis par ce lecteur CD qui s’adapte réellement à toutes les situations et styles musicaux et vous fera rêver à défaut de pouvoir voyager.
• Naim Sampler N°6
Avec une prise de son immaculée, ce CD rassemble des plages diverses et variées dont Rember The River qui brille de mille feux et comblera de joie les amoureux d’une forme de jazz particulièrement expressif. Le piano a une envergure qui leur place au milieu de votre pièce d’écoute. La ligne de contrebasse est déconcertante par sa lisibilité, sa précision, et le jeu de main de son interprète. Le saxophone sonne divinement bien. Sa teinte « cuivrée » est restituée avec une justesse incomparable. Je me suis plu à entendre les bruits des touches de l’instrument, ainsi que toutes les inflexions, variations, reprises de souffle d’une présence difficiles à décrire,…. comme si vous y étiez.
• Prodiges par Camille Berthollet
Il est simplement fascinant le talent de cette jeune artiste. L’agilité du doigté et du coup d’archet est une pure merveille que ce lecteur CD s’emploie à accompagner avec le même talent que celui de l’artiste. De l’Eté des Quatre Saisons de Vivaldi en passant par Czardas, le ton est donné ! L’idée n’est pas seulement de mettre sur un pieds d’estale les prestations de cette violoniste, mais davantage de faire honneur à son talent que, finalement, ce lecteur CD s’emploie à valoriser. La sonorité du violon reflète bien la rectitude du CD 260 D lorsqu’il s’agit de véhiculer des sensations, de l’émotion, et vous faire partager de grands moments musicaux.
Conclusion :
Vous l’aurez deviné, ce lecteur CD signé MOON by SIM AUDIO m’a beaucoup enthousiasmé. Toutefois, derrière ce constat, se cache une réalité dantesque : le CD 260 D n’a pas son pareil pour procurer une dose d’émotion capable de faire « vibrer » les audiophiles en quête de sensations fortes et en attente d’une musicalité de « haute volée ». Enfin, si vous prenez soin de lui associer le convertisseur DAC MOON 380 D DSD, ses « forces musicales » seront alors décuplées. C’est dit : le CD 260 D est une référence dans sa catégorie !
Synthèse : | Musicalité : riche, naturelle, réaliste Appréciation personnelle : particulièrement séduit Rapport musicalité – prix : très bon |
Prix : 2700 € (11/2016)